
cnne de ces méthodes , qui , foumifé à
une expérience décifive , ait jufqu’à pré-
fent rempli fon objet. Une pareille méthode,
que rien ne prouve qui (bit encore
trouvée , me paroît infiniment difficile à
découvrir. En effet, tous les infeétes qui
détruifent les oifeaux defféchés, ont des
mâchoires qui leur fervent à rompre &
couper les matières dont ils font leur aliment
; fi l’on a trempé les peaux dans un
fluide empoifonné, lorfque le diffolvant
fera évaporé, la matière vénéneufe fe réduira
fous différentes formes fuivant fa
nature, & n’occupera de diftance en dif-
îance, que des points ifolés ; il reliera un
vuide des uns aux autres ; ce fera dans ce
timide' que les infectes , dont la vue elt excellente
& les mâchoires très-déliées ,
couperont la fubftance dont ils fe nourriront
, làns toucher ni aux molécules de
poifon , ni aux portions de matière fur
lefquelles elles -le feront agglomérées à
mefure de l’évaporation du diffolvant. Si
on a mêlé les molécules du poifon a quelque
corps gras qu’on ait etendu fur la
furface interne de la peau, il fe pourra
que les infeétes touchent le moins qu’ils
pourront à la peau, non pas à caufe du
poifon ; mais parce que les peaux molles
ne font pas de leur goût , & qu’ils préfèrent
celles qui font sèches ; mais rien ne
garantira les plumes qui n’auront aucun
eontaét, aucun rapport avec la fubftance
graffe contenant les molécules du poifon.
Quelle que foit la méthode qu’on emploie,
©n n’aura jamais, par fon moyen, réfolu
le problème, qu’àutant que les oifeaux
qu’on aura préparés, ayant été enfermés
avec des infectes deftruûeurs , ces infectes
feront péri de faim, fans avoir endommagé
les oifeaux, fans avoir dépofé leurs oeufs,
fans qu’il en foit né des v er s, où fans que
ces vers éclos aient p é r i, ou plutôt que
de toucher aux oifeaux, ou fort peu de
temps après y avoir touché : voilà l ’épreuve
qui demontreroit la bonté de la
méthode à découvrir;, car aucune de celles
qui ont été jufqu’à préfent foumifes à cette
expérience, n’en a furmonté la difficulté.
Puifqu’il eft indifpenfable d’enfermer les
oifeaux j & qu’il eft démontré qu’on ne
connoît pas de moyen de les garantir de
l’atteinte des infectes quand ils ont pénétré
dans les boëtes qui contiennent les
oifeaux , 'il ne relie qu’à conftruire ces
boëtes de façon que les infeâes ne puiffent
s’y introduire que le plus rarement qu’il
eft poffible, & qu’à les détruire quand ,
malgré les précautions qu’on a pu prendre ,
ils y ont cependant pénétré.
Des armoires vaftes ne conviennent pas
pour une collection d’oifeaux : elles font
préférables pour le coup d’oeil ; mais
elles ne rempliffent jamais bien leur objet,
parce qu’elles ne font jamais fermées affez
exaétement. Il faut renoncer à la décoration
pour ne s’occuper que de la sûreté. Des
boëtes dont le fond & les quatre côtés
foient affemblés à tenons &c à mortoifes,
dont le devant s’ouvre & fe ferme avec
un chalîis à couliffe, fur lequel les verres
reçus dans une rainure fuffifamment profonde
, foient maftiqués avec foin , rempliffent
mieux leur objet que tout autre
genre d’armoires. Plus le bois dont ces
boëtes font formées, eft dur,épais & ré-
fineux, moins il y aura à craindre qu’elles
ne fe fendent, ne fe déjettent, qu’il ne
s’y faffe des ouvertures,-& que des infectes
qui pourroient les percer, n’ouvrent
un paffage à ceux qui détruifent les oifeaux.
On peut faire toutes lés boëtes.
égales, Scies, ranger dans des cafés" fur u a
corps de tablettes décoré de moulures.
Par ce moyen, on imite à la fois l’apparence
des armoires.,. on a. des. boëtes sûres ,
& faciles à ouvrir au befoin.. Il fuffit de
les tirer fur le bord des tablettes., & de
lever le chalîis qui les ferme pardevant.
La meilleure polition pour ces boëtes, eft
de les ranger en face du jour dans un lieu
très-éelairé, parce que, comme je l’ai dit
déja,les.infeâes[aiment l’obfcurité.Ilefl bon
de peindre l'es-boëtes à l’huile en dehors;
mais il ne faut pas employer de peinture à
l’intérieur, parce qu’elle feroit tut obftacle
à le revêtir de papier blanc qu?il- faut y
coller.. Il produit deux effets ; il renvoie
plus de lumière , & rend plus fenlible à
la vue l’apparition des moindres atomes,
tombés fur le fond de la boëte. On verra
bientôt que c’eft de l’attention, à remarquer
ces atomes, de l’habitude à reconnoître
ce qu’ils font, que dépend la confervation
de la collection.
Les boëtes ne doivent pas être trop
grandes, non-feulement parce qu’elles en
ferment mieux, mais parce que s’il s’ y
introduit quelqu’infeéte, il fe trouve moins
d’oifeaux qui puiffent être infeélés de fes
oeufs. Elles ne doivent pas non plus avoir
trop de profondeur, non-feulement parce
qu’on diftingue mal alors les objets placés
ait fond ; mais parce qu’il eft trop difficile
.d’y appercevoir , à travers le verre , les
atomes qui, tombés au-deffous des oifeaux,
décèlent la préfence des infeéles fans qu’on
les voie eux-mêmes. Une furface de deux
pieds & demi à trois pieds en quarré, de
neuf à dix pouces de profondeur pour les
petits oifeaux, du double pour les grands,
me paroiffent de bonnes proportions.
Si la colleûiotl eft deftinée à former
un objet d’étude, comme celle du Cabinet
du R o ip a r exemple, on eft forcé à ranger
les oifeaux dans les boëtes, fuivant la
méthode d’ornithologie, qu’on croit la
meilleure ; mais fi l’on ne fe propofe ,
comme chez la plupart des particuliérs, '
qu’un objet d’agrément, c’eft en mêlant
avec goût les oifeaux indifféremment, en
affortiffant, en oppofant les couleurs ,
qu’on remplira fon deffein. Cependant,
quelque but qu’on fe propofe, il eft une
façon également bonne ôc agréable d’arranger
les oifeaux. Elle confifte à pofer
ceux qui ne perchent pas, fur un pied plat
d’une épàiffeur & d’une étendue convenables.
Ces pieds faits en rond, avec une
moulure à leur bord, font d’une forme
agréable. On peut ranger dans les boëtes
les oifeaux :en gradin, fi on n’y met que
des oifeaux qui ne perchent pas, & qui
n’en aient pas la hauteur ; fi l’on y mele
des oifeaux qui perchent, les premiers
conviennent pour occuper le bas, &C on
réferve le haut pour les féconds. Une manière
très-bonne d’arranger ces derniers ,
foit qu’on les place féparement, foit qu’on
les reuniffe avec des oifeaux qui demeurent
toujours à terre, hors le temps où
ils volent, eft de les mettre fur des arbres,
factices. On les fait de la manière fuivante.
On choifit une baguette ou un bâton droit,
un peu moins haut que les boëtes, &
d’une groffeur convenable; ôn affujettitle
bas de ce bâton dans un pied en bois fo-
lide & d’un poids fuffifant; on perce , de
diftance en diftance, le bâton d’outre en
outre, fuivant qu’on en a befoin ; on fait
entrer à force, dans les trous, l’extrémité
des baguettes fur lefquelles on a perché
les, oifeaux. On les y attache en perçant
là baguette de deux trous écartés l’un de
l’autre autant que le font les pattes de
l’oifeau qu’on veut placer ; on fait paffer -
à travers les trous les fils de fer qui excèdent
les pieds, & on ferre fortement
ces fils autour de la baguette fur laquelle
on les roule. Son extrémité, deftinée à être
entée fur le bâton qui repréfente un tronc
d’arbre, doit être quarrée & enduite d’une
couche de gomme arabique, diffoute dans
l’eau. Cette forme rend la jonûion des
deux pièces plus folide, & la gomme en
fe defféchant, en affure l’union : il ne faut
pas percer le bâton St y adapter d’avance
des branches qui fe trouveroient trop dif-
tantes ou trop rapprochées; mais il faut
préfenter avec la main les oifeaux qu’on
veut pofer, obferver la diftance, le point,
le côté où ils forment un objet plus agréable
, faire une marque fur le tronc, St le
percer en conféquence pour y adapter la
baguette fur laquelle chaque oifeau aura
été attaché. Je dis chaque oifeau, parce
qu’il n’en faut guère mettre deux fur la
même branche ; comme on eft obligé de
n’en employer que d’horifontales , de
quelque manière qu’on préfente les oifeaux,
ils ne font un bon effet, qu’autânt qu’ils
font feuls fur chaque branche. Quand le.
faux tronc eft garni de tous fes rameaux,
on peut y attacher avec un peu de cire
verte quelques feuilles faélices ; elles rapprochent
de la nature, augmentent l’illu-
fion par cette raifon, répandent fur le tout
l’apparence de la v ie & en rappellent l’idée.
Mais il ne faut ni furcharger les rameaux
de feuilles qui couvriroient les oifeaux,
qui détourneroient l’oeil du fpeâateur ,
ni encore moins y mêler des fleurs artificielles
, qui produiroient un effet doublement
mauvais ; celui de difputer, par leurs
M i sm i j