
rf avoient que la tête blanche , dont tout le rèfte
du plumage étoit d’un brun tirant au gris.
Les combattons font plus gros que le chevalier
comfiùn ; ils font moins hauts montés que les chevaliers
en général. Ils leur reflemblent d’ailleurs
par la manière de vivre, & ils font de même du
LXXVe genre» J’en ai vu affez fouvent au prin- J
temps , dans les marchés de Paris , ou ils n’ont pas
le prix d’un gibier fort eftimé.
COMMANDEUR.
Troupiale à ailes rouges. B r i s s . tom. II pag. 97.
Troupiale à ailes rouges de la Louifiane. PI. enl.
402.
Etourneau à ailes rouges. C a t e s b . tom. i , pag.
13 > p 1- 13■
Le commandeur eft du XIXe genre ou de celui du
troupiale. C’eft un oifeau de l’Amérique feptentrio-
nale. On le trouve dans la Virginie, la Caroline, au
Mexique & à la Louifiane. Il eft de la groffeur
d’un merle ; fon plumage eft d’un noir très - foncé
& luftré ^ excepté les petites couvertures des ailes
qui font d’un rouge-cramoifi très-vif, & qui for- !
ment fur le haut de l’aile une plaque brillante,
oblongue , dont les dimenfions font à-peu-près de
deux pouces fur un ; le bec, les pieds & les ongles
font noirs ; les yeux font de la même couleur , &
l’iris eft d’un beau blanc.
La femelle, plus petite que le mâle , a les
plumes bordées d’un filet gris, & la tache de fes
ailes n’eft ni auffi large, ni d’un aufli beau rouge
que fur les ailes du mâle.
Catesby nous apprend que le commandeur fait
fon nid, à la Virginie & à la Caroline , parmi
les joncs ; il en entrplaffe les pointes, de manière
qu’elles forment une forte de toit fous lequel le
nid fe trouve à couvert. Suivant le Page du Prats
les oifeaux de cette efpèjpe ne paroiffent à la Loui-
fiané qu’en hiver, mais en fi grand nombre , qu’on
en prend quelquefois trois cens d’un coup dè
filet. Le même auteur prétend qu’on ne leur fait
la chafte que comme à des oifeaux nuifibles, parce
que ^quoiqu’ils prennent quelquefois beaucoup
de graille , leur chair n’eft jamais un bon manger.
Je ne nierai point à l’auteur de l’hiftoire de la
Louifiane, que les oifeaux dont il s’agit ne foient
nuifibles ; Catesby en dit autant, & nous apprend
que, par leur nombre , ils font de grands dégâts
dans les terres enfemencées de riz &' d’autres
grains , quoiqu’ils fe nourriffent auffi d’infe&es, &
qu’ils endommagent les fruits, pour lefquels ils
ne manquent pas de goût : mais le Page du Prats
fe trompe, quand il dit qu’on ne fait à la Louifiane
la chafte aux étourneaux à ailes rouges, ( car
c’eft ainfi qu’on y nomme les commandeurs ) que
comme à des oifeaux nuifibles. Non - feulement
cette chafte a pour but d’en diminuer le nombre
& par conféquent les dégâts qu’ils peuvent faire ,
mais encore d’en retirer du profit de deux manières.
Feu M. le Beau, Médecin du Roi à la Louifiane
, ou il a long-temps exercé fa profe filon, &
ou il donnoit a l’étude de l’hiftoire naturelle le loifir
que lui laifloient fes occupations, m’a certifié ,
fur les étourneaux à moignons rouges , lés faits fui-
vans : On prend à la Louifiane une prodigieufe
quantité de ces oifeaux ; les chaffeurs les apportent
par paquets dans les marchés , comme on
expofe les alouettes en vente dans les nôtres : le
peuple achète volontiers de ces oifeaux, & les
pourvoyeurs ne manquent guère d’en rapporter
chez leurs maîtres : c’eft moins pour leur chair
qu’on les recherche , quoique M. le Beau ne
m’ait jamais dit qu’elle fût mauvaife , que pour
la plaque rouge qui orne leurs ailes. Avant de
préparer ces oifeaux pour la table , on leur enlève
la peau fur laquelle eft placée la plaque rouge ;
on a foin d’étendre cette peau & d’empêcher
qu’elle ne fe retire en féchant. Lorfque les nègres
qui fervent à la cuifine , on les pauvres parmi le
peuple, ont amaffé quelques douzaines de ces
moignons ou plaques rouges, ils les vendent à
des particuliers connus pour en faire trafic : ceux-
ci les colent fur des feuilles de papier par centaines
, mettent ces feuilles de papier entre deux
cartons , confervent le tout dans des boëtes bien
fermées , & , lorfqu’ils ont une occafion , font
pafter en Europe plufieurs milliers de moignons
préparés & confervés comme je viens de le dire.
Ces moignons font connus de nos plumaciers qui
en font un fréquent ufage pour des garnitures de
robes, des manchons & diverfes parures. Il faut
que l’on prenne un bien grand nombre d’étourneaux
à la Louifiane, puifque M. le Beau, qui
fe préparoit à fon retour , raffembla , dans un
hyver , environ quarante mille moignons, dont il
laifta une partie à la Rochelle , & fe défit de
l’autre à Paris. Dans la première de ces deux villes,
où l’on trafique de ces peaux avec l’étranger, le
prix , en 1775 , étoit de 18 liv. le millier . & de
12 liv. à Paris , où on ne les emploie que pour les
modes & la pelleterie.
Le prix des moignons doit aufli dépendre de
leur beauté ; ceux des femelles, plus petits , &
mêlés de gris , ne doivent pas être de la même
valeur que ceux des mâles ; mais parmi ceux - ci
même, tous n’ont pas au moignon de l’aile une
plaque également belle ; il n’y a qu’un petit nombre
, dont les plaques font en entier d’un rouge
pur. Dans la plupart dés individus, le rouge eft
plus ou moins entouré de plumes d’une couleur
tirant fur celle qu’on appelle feuille morte ; & dans
l’emploi des moignons, c’eft autant à retrancher
néceffairement fur l’étendue de la plaque. Fernandez
prétend que la dégénérefcence du rouge fur
le moignon de l’aile, eft un produit dé l’âge. Je
^crains de contrarier un auteur qui a obfervé fur
les lieux ; mais, ayant eu occafion de voir à Paris
une première fois trois cens étourneaux à moignons
rouges , qu’on avoit envoyés de la Louifiane
; une fécondé fois, plus de cent de ces
oifeaux ; & à-peu-près mille, une troifième fois,
dans un envoi du même pays, compofé de neuf
mille peaux : je remarquai qu’à proportion que le
rouge étoit moins pur fur les ailes , il y avoit plus
de mélange de gris parmi le noir fur le refte du
corps. Comme ce mélange eft l’attribut de la femelle
, je ferois porté à croire que les-étourneaux
mâles, dans lefquels on en voit les traces , &.
qui ont un rouge moins pur aux ailes , font des
jeunes de leur elpèce. Cette variété dans le rouge
de la plaque qui couvre le moignon des ailes ,
eft la feule que j’aie obfervée dans le grand nombre
d’étourneaux que le hafard m’a mis fous les
yeux. Cependant M. le Curé de Saint Louis en
conferve un , dont la tête & le haut du cou font
d’un fauve clair.
Un auteur , dont l’autorité eft d’un grand poids ,
regarde les oifeaux repréfentés pl. enl. 236, fig.
2 6* 736, le premier fous le nom de troupiale de
Cayenne, le fécond, fous celui de troupiale de la
Guiane, comme une variété l’un de l’autre , &
l’un & l’autre comme une variété de l’étourneau
à moignons rouges de la Louifiane, ou du commandeur
: je fuis convaincu , avec le favant qui
eft de cette opinion , que le troupiale de Cayenne
& celui de la Guiane , ne font qu’une variété
l’un de l’autre ; mais je ne faurois croire avec lui
qu’ils en foient une de l’oifeau appellé commandeur.
Voici'mes raifons : trop de difproportion
dans la taille, une très-grande différence dans le
plumage , fans aucun trait qui tende à réparer
cette diffemblance.
Tes troupiales de la Guiane ne font guère
moins communs dans ce pays , que les étourneaux
a la Louifiane ; ce feroit donc au moins une race
très-conftante , & quelque chofe de ,plus qu’une
variété; Sucette fuppofition mêmè a befoin de-
preuves , que l’hiftoire de ces différens oifeaux ne
nous a pas encore fournies. '
CONDOR.
B r i s s . tom. I , pag. 474.
Cuntur ou coutour par les Péruviens.
Le condor eft le plus grand des oifeaux qui
jouiffent de la faculté de voler : il paroît habiter
de préférence les montagnes du Pérou, quoique
peut-être on le trouve aufli ailleurs , & même fur
l’un & l’autre continent. Tous les Naturaliftes
l’ont regardé comme étant du genre des vautours,
qùi eft le Xe de la méthode de M. Briffon. Cependant
il n’a pas les habitudes de ces orfea&x ;
il ne fe tient, a la vérité , comme eux , que dans
les lieux déferts & efearpés , fur les montagnes
les plus élevées, d’où il ne defeend que rarement '
dans les plaines ; mais il vit du produit de fa
chafte, des animaux qu’il enlève, &. non de cadavres
, comme les vautours.' Cette différence dans
les moeurs ne tient peut-être qu’à des befoins plus
grands, à ce qu’il eft mieux arnié, puifque fes
ferres paroiffent à proportion plus longues , plus
acérees-, & fon bec plus courbé.
Les auteurs & les voyageurs en grand nombre
ont parlé du condor ; très-peu l’ont vu ; de-là la
confufion & la diverfité dans les deferiptions qu’on
en a données. Peut-être aufli ne diffèrent-elles que
parce qu’un oifeau aufli grand eft plus tardif qué
les autres à prendre tout fon accroiflèment, &
qu’il a été décrit dans différens âges , ou que ,
n’étant pas affez connu pour qu’on fâche diftin-
guer le mâle d’avec la femelle , c’eft tantôt l’un ,
tantôt l’autre qui a été obfervé.
A u milieu de cette diverfité d’opinions , ou plutôt
de deferiptions, je ne peux mieux faire que
de copier ce que le P. Feuilléè a écrit fur les
condors , d’après un de ces oifeaux , qu’il étoit parvenu
à tuer. Il s’exprime dans les termes fuivans ;
« Les ailes du condor, que je mefurai fort
jj exaâement, avoient, d’une extrémité à l’autre,
jj onze pieds quatre pouces, & les grandes plu-
jj mes , qui étoient d’un beau noir luiiant, avoient
» deux pieds deux pouces de longueur ; la grof-
jj feur de fon bec étoit proportionnée à celle de
jj fon corps : fa longueur’ étoit de trois pouces &
jj l'ept lignes ; fa partie fupérieure étoit pointue ,
jj crochue & blanche à fon extrémité , & tout le
jj refte étoit noir ; un petit duvet court, couleur
jj de minime, couvroit toute la tête de cet oi-
jj feau ; fes yeux étoient noirs & entourés d’un
jj cercle brun-rouge ; tout fon parement & le
” deffous du ventre , jufqu’à l’extrémité de la
jj queue , étoient d’un brun-clair ; fon manteau ,
jj de la même couleur, étoit un peu plus obfcur ;
» les cuiffes étoient couvertes, jufqu’au genou, de
jj plumes brunes.. . . . Le fémur avoit dix pouces
jj & une ligne de longueur , & le tibia , cinq
; jj pouces & deux lignes ; le pied étoit compofé
jj de trois ferres antérieures &. d’une poftérieure :
» celle-ci avoit un pouce & demi de longueur ,
jj & étoit terminée par,un ongle noir, long de
jj neuf lignes; la ferre antérieure du milieu du
jj pied avoit cinq poucés huit lignes.. . . l’ongle ,
jj un poiiçe neuf lignes.. . . ; tous les ongles étoient
jj noirs.........; la jambe & les doigts étoient coujj
verts d’écailles noires jj.
Après avoir fait la defeription du condor, le
P. Feuillee nous apprend que les oifeaux de ce
genre habitent ordinairement fur les hautes montagnes
; ils n’en defeendent que dans la faifon des
pluies ; ils ne s’approchent du rivage de la mer
que le foir; ils y paffent la nuit, & regagnent
les montagnes le matin.
Le condor paffe pour être capable d’enlever un
mouton , pour attaquer les biches, & ne pas même
épargner les hommes : mais il y a bien de l’apparence
qu’on s’eft plu à exagérer les faits à fon
egard. Quoiqu’il foit propre au Pérou , ou du
moins qu’il y foit moins rare qu’ailleurs, il ne
paroît pas qu’il y foit encore bien connu , ioit à
caufe dè fa manière de vivre & des lieux inac-
ceflibles qu’il habite, foi.it que fon efpèce foit peu
multipliée.