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ainfi continuellement en alerte ; malgré notre vigi- 1
lance , nous ne pûmes jamais venir à bout de
le tirer ; il continua fon manège durant deux nuits
entières ; la troisième il revint ; mais laffé apparemment
de ne pouvoir venir à bout de fon projet
, & voyant d’ailleurs que nous avions augmenté
le feu, duquel il craignoit d’approcher de
trop près , il nous quitta en hurlant d’une manière
effroyable. Son cri hou , hou, a quelque chofe
de plaintif, il eft grave & fort comme celui du
boeuf ».
« Quant au goût de préférence que l’on fuppofe
au jaguar pour les naturels du pays, plutôt que
pour les Nègres & les Blancs, continue le même
voyageur , je préfume que c’eft un conte. J’ai
voyagé avec les Sauvages dans des endroits où il
y avoit des tigres , & de la plus grande taille ;
jamais je n’ai remarqué qu’ils en euuent une peur
bien grande. Ils fuljpendoient comme nous leurs
Hamacs à des arbres , s’éloignoient à une certaine
diftahce de nous , & ne prenoient pas même la
précaution d’allumer un grand feu ; ils fe con-
tentoîent d’en faire un très-petit, qui le plus fou-
vent s’éteignoit dans le cours de la nuit : ces Sauvages
étoient cependant habitans de l’intérieur
des terres , & connoilïoient par conféquent le
danger qu’il y avoit pour eux ; néanmoins ils
paroiffoient fort peu émus , quoiqu’entourés de
ces animaux ».
Le jaguar eft le pardus an lynx Brafilienfibus
jaguar a dïEla Marcgravii de Ray , & le tigris ame-
ricana jaguara Brafilienfibus de Klein.
JA GU ARA , au Bréfil, jaguar. V. Ja g u a r .
JAGUARÈTE, (le ) autre animal de proie du
■ nouveau monde, qui diffère du jaguar en ce qu’il
■ a le poil court, plus luftré, & d’une couleur
toute différente , étant noir, femé de taches encore
plus noires. Du refte , il reffemble fi fort
au jaguar par la forme du corps, par le naturel
<k par les habitudes, qu’il fe pourroit que ce ne
fut qu’une variété de la même efpèce.
JÂIHAH , nom donné dans la baffe Ethiopie
a un animal qu’on dit être une forte de renard ,
& qui paroît n’être pas autre qu’un lynx ou un
caracal , vu l’inftinct qu’on lui attribue de chaffer
de concert avec le lion , dont il partage la proie.
JANOUARA ou JANOUARE, par les anciens
voyageurs & dans l’ancienne Encyclopédie,
«ft le jaguar. Voye^ Ja g u a r .
JAQÜEPAREL, à Bengale , chacal. Voyeç
C h a c a l .
JA VARI, aux ifles Antilles , pécari, Voyez
P É C A R I .
J AV ARIS , nom fous lequel, ainfi que fous
les traits fabuleux d'avoir le nombril fur le dos ,
de refpirer par cette, ouverture , &c. le pécari eft
défigné dans l’ancienne Encyclopédie. Voye\[ Péc
a r i .
JELDOVESI, en Turquie, race de chameaux
appellés chameaux de vent , parce qu’ils font plus |
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e t its ,' plus é v e illé s , & plus légers que les autres;
Voyez à la fuite de l’article C h a m e a u .
JERBOA ou GERBUA,‘ en Arabie , eft le
gerbo. Voye^ l’article G e r b o i s e .
JESEF, en Arabie & en Barbarie, babouin.
Voye^ B a b o u in .
JEVRASKA, efpèce de marmotte qui fe trouve
en Sibérie, Elle a la tête ronde & le mufeau
écrafé ; on ne lui voit point d’oreilles, & l’ouverture
du conduit auditif eft cachée fous le poil.
La longueur du corps , y compris la tête , eft
tout aü plus d’un pied ; la queue n’a guère que
trois pouces ; elle eft prefque ronde auprès du
corps, enfuite elle s’applatit, & fon extrémité
paroît tronquée. Le corps de’ cette marmotte je-
vraska eft allez épais , fon poil eft fauve mêlé
de gris , & celui de l’extrémité de la queue eft
prelque noir. Les jambes font courtes, celles de
derrière font feulement plus longues que celles de
devant. Les pieds de derrière ont cinq doigts
armés de cinq ongles noirs &. un peu courbés ;
ceux de devant n’en ont que quatre.
Lorfqu’on irrite ces animaux , ou feulement
qu’on veut les prendre, ils mordent violemment
& font entendre un cri aigu comme la marmotte ;
quand on leur donne à manger, ils fe tiennent
aftis , & portent à leur gueule avec les pieds de
devant ; ils fe recherchent au printemps , & pro-
duifent en été ; les portées ordinaires font de cinq
ou fix ; ils fe font des terriers où ils paffent l’hiver,
& où la femelle met bas 8c allaite fes petits. Du
refte , cette marmotte Jevraska paroît allez différente
de notre marmotte des Alpes, pour qu’on
doive la regarder comme formant une efpèce à
part.
JIYA , nom que porte au Bréfil, félon Marc-
grave , l’animal qu’il appelle autrement cariguei-
beju , 8c qui eft la faricovienne. Voyeç ce dernier
mot.
JOCKO ou ENJOCKO , à Congo , petit orang-
outang. Voyei O r a n g - o u t a n g .
JUMART. Nom que l’on a donné à trois
efpèces de mulets que l’on fuppofe produits par
l’accouplement du taureau & de la jument, ou
du taureau & de i’âneffe , ou enfin de l’âne 8c
de la vache. Le Do&eur Shaw dit avoir vu ce
dernier dans les provinces de Tunis & d’Alger;
« il .y. a , dit-il , une efpèce de mulet nommé
kumrach , qui vient d’un âne & d’une vache ;
ceux que j’ai vus n’avoient qu’une corne au pied
comme l’âne , mais ils en étoient fort différens
à tous autres égards , ayant le poil liffe 8C la queue
& la tête de vache , excepté qu’ils n’avoient
point de cornes ».
On lit dans le voyage de Mérolle , que dans
fille de Corfe, « il y avoit un animal portant
les bagages , qui provient du taureau 8c de
l’âneffe ; & que pour (e- le procurer, on couvre
l’âneffe avec une peau de vaçhe fraîche, afin de
tromper le taureau »,
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Néanmoins , M.deBuffon doute de la poflîbilité
d’aucune alliance prolifique entre les familles du
cheval & du boeuf, du moins dans nos climats,
& il rapporte le fait de l’accouplement d’un taureau
& d’une jument, lequel fut abfolument ftérile. j Quoiqu’il en foit de l’exiftencé ou de lapro-
duéfion des jumars, le fait, relativement à l’utilité,
eft d’affez peu d’importance ; ces mulets jumars,
fuppofe qu’ils puiffent exifter , ne devant participer
qu’en dégénération des qualités de deux
efpèces trop diftantes pour fe relever l’une l’autre ;
& en eux-mêmes étant très - certainement dans
l’impuiffance de former une race & de fe propager.
D’ailleurs , les différences dans la conformation
intérieure , qui font ici d’un bien plus grand poids
que les différences de forme extérieure , font fi
grandes entre les efpèces du cheval 8c de la vache,
que l’union de ces deux efpèces paroît être décidément
rejettée par la nature ; d’un côté quatre
eftomacs , des cornes, le pied fendu 8c toute la
charpente des os lourde 8c raccourcie ; de l’autre,
un eftomac unique , un pied folide , point de
cornes , 8c une charpente haute , fvelte & légère ;
ces différences, femblent fi confidérables 8c fi
intimes , quelle l’union 8c de la confufion de deux
femblables natures , il ne doit réfulter qu’une efpèce
de monftre , de conformation ambiguë, indécife
& qui ne fe peut produire que rarement, extraordinairement
8c d’une manière tout-à-fait hors du
plan régulier & général &. de la marche confé-
quente de la nature.
Dans l’ancienne Encyclopédie , au mot jumar,
on trouve ces mots. « Ju m a r , efpèce de mulet
connue des Romains, & née du cheval & de Va-
neffe , plus petite que le mulet ordinaire , mais
capable comme lui d’un grand travail ». Le produit
du cheval 8c de Fânefle , n’eft point un jumar,
mais un mulet, bien connu 8c diftingué par le nom
de bardeau.
JUMENT, ( la ) femelle du cheval, contribue
moins que le cheval mâle ou l’étalon^ à la beauté
du poulain , mais elle contribue peut-être plus
à fon tempérament ; ainfi, il faut qu’un è bonne •
jument poulinière ait du corps , du ventre 9 &
qu’elle foit bonne nourrice. Pour avoir de beaux
chevaux fins , on préfère les jumens Efpagnoles 8c
Italiennes , 8c pour des chevaux de carroffe.,
les jumens Angloifes 8c Normandes : cependant,
avec de beaux étalons , des jumens de tout pays
pourront donner de beaux chevaux, pourvu qu’elles
foient elles-mêmes bien faites & de bonne race ;
car, fi elles ont été engendrées d’un mauvais '
cheval, les poulains qu’elles produiront feront
fouvent eux-mêmes de mauvais chevaux.
Il faut avoir foin de n’admettre point dans un
haras de jumens à queue courte , parce que ne
pouvant fe défendre des mouches ,■ & en étant
beaucoup plus tourmentées que celles qui ont tous
leurs crins,, l’agitation .continuelle que leur caufe
la piçpiûre de ces infeftes ? fait diminuer la quantité
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de leur lait, ce qui influe beaucoup fur le tempérament
8c la taille du poulain.
Il faut encore tâcher de n’avoir pour le haras
que des jumens qui aient toujours pâturé, 8c qui
n’aient point fatigué ; les jumens qui ont toujours
été à l’écurie, nourries au fec , 8c qu’on met
enfuite au pâturage , ne produifent pas d’abord ;
il leur faut du temps pour que leur tempérament
fe faffe à cette nouvelle nourriture.
La jument eft plus précoce que l’étalon , 8C
elle peut produire à un an de moins. Les jumens '
font ordinairement en chaleur au printemps, depuis
la fin de mars jufqu’à la fin de juin , mais le temps
de la plus forte chaleur ne dure guère que quinze
jours ou trois femaines, 8c il faut être attentif à
profiter de ce moment pour leur donner l’étalon.
Pendant tout le temps qu’elles font en amour , il
fe fait en elles une émiftion ou plutôt une ftil-
lation de matière féminale fous la forme d’une
liqueur gluante & blanchâtre qu’on appelle dey
chaleurs, 8c dès qu’elles font pleines, ces émiflions
ceffent.
C’eft cette liqueur que les Grecs ont appellé
Yhippomanis de la jument , 8c dont ils prétendent
qu’on-peut faire des filtres , fur tout pour rendre
un cheval frénétique d’amour. Cet hippomanès
au refte , eft bien différent de celui qui fe trouve
dans les enveloppes du poulain , 8c qui n’eft
qu’une concrétion formée ou grumêlée dans la
liqueur de l’allantoïde , comme on le verra ci-
deffous ; le figne le plus évident de la chaleur
de la jument, eft cette liqueur qu’elle jette au-
dehors, mais on reconnoît encore la chaleur au
gonflement de la partie inférieure de la vulve 8c
aux fréquens henniffemens de la jument qui, dans
ce temps, cherche à s’approcher des chevaux.
Le premier poulain d’une jument n’eft jamais
fi étoffé que ceux qu’elle produit par la fuite ;
ainfi, on obfervêra de lui donner un étalon plus
gros , afin de compenfer le défaut de l’accroif-
lement par. la grandeur même de la taille ; il faut
aufli àvoir grande attention à la différence ou à.
la réciprocité des figures du cheval & de la
‘ jument, afin de corriger les défauts de l’un par
les perfe&ions de l’autre, & fur-tout ne jamais
faire d’accouplemens difproportionnés.
Quoique la fiaifon ordinaire de la chaleur des
jumens foit depuis le commencement d’avril jufqu’à
la fin de juin, il arrive affez fouvent que dans
un grand nombre, il y en a quelques-unes qui
font en chaleur avant ce temps ; on fera bien
de laiffer paffer cette chaleur fans les faire couvrir ,
parce que le poulain naîtroit en hiver , fouffriroit
de l’intempérie de la faifon, &. ne pourroit fucer
qu’un mauvais lait ; 8c de même loriqriune jumenc
ne vient en chaleur qu’après le mois de juin , on
ne devroit pas la laiffer couvrir , parce que lô
poulain naiffant alors en été , n’a pas le temps,
d’acquérir affez de force pour réfifter aux injures,
de l’hiver fuivant,
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