
fer de remarquer que le couricaça me paroît très-
différent des courlis. Le peu de courbure de fon
be c, fon épaiffeur dans une grande partie de fa
longueur ne permettent pas de le placer dans le
même genre. Mais on en pourroit former un dont
le caraSère feroit le bec droit & très-gros de fa
bafe aux deux tiers de fa longueur, légèrement
courbé ;en bas., &. allant fubitement en décroif-
fant dans le refte de fa longueur.
COURRIER. Voye^ C h e v a l i e r a u x p ie d s
r o u g e s . -
COURLAN. Voyci C o u r l i r i .
COURLERET. Voye^ C o u r l i s .
COURLIS.
Les courlis font des oifeaux de rivage , affez
grands en général : ils fréquentent de préférence
les bords de la mer , & quelquefois auiïi les marais
, les terres baffes inondées ou fort humides :
ils fe nourriffent de vers & d’infe&es : ils ont quatre
doigts trois devant, un derrière ; le doigt du
milieu eft réuni avec les deux latéraux par une
membrane qui s’étend fur le doigt intérieur jufqu’à
la première articulation , & fur l’extérieur un peu
au-delà : la partie inférieure de leur jambe eft dégarnie
de plumes ; leur bec eft fort long, arqué
ou courbé en en-bas, grêle &. obtus à fon extrémité.
Nous ne connoiflons que deux efpèces de
courlis dans les provinces feptentrionales de la
France ; il ne paroît pas qu’il y en ait un plus
grand nombre dans le nord de l’Europe ; mais les
efpèces font plus multipliées dans les régions méridionales.
On trouve des courlis dans l’ancien 8t
le nouveau continent, & toujours un plus grand
nombre d’efpèces dans les terres qui font au midi,
que dans celles’qui font au nord. Les deux efpèces
qui fe rencontrent dans les régions feptentrionales
de l’Europe , font le courlis proprement dit, & le
petit courlis ou corlieu. Je ne parlerai que du premier
dans cet article.
C o u r l y . BR1SSON , tom. V , pag. 311. Genre
ix x vm .
Idem. PI. enl. 818.
C o r l i s , C o r l ie u . B e l l . ifijH nat. des oif.
pas. 204 , fig. pag. 207.
Idem, idem Port, d 01J. pag. 47.
La plupart des auteurs ont nommé le ceurli en
latin numenius , mot dérivé du terme grec dont
on fe fervoit pour défigner le croiffant de la lune.
Cette dénomination eft fondée fur une efpèce
de rapport qu’on a cru trouver entre le croiffant
& le bec du courlis : on l’a aufli appellé fouvent
en latin arquata , & quelquefois falcinellus, noms
qui font relatifs à la courbure du bec & à fa ref-
femblance avec une faux.
Terquata 3 arcafe , chariotfpid^ago , arcuato ,
en Italien ;
Brach-vogel, wind-vogel 3 wetten-vogel , ju t - v o -
sel 3 &c. en Allemand ;
Hanikens, en Hollandois
Curlew 3 water-curlew 3 kurlu , whanpe , jack 9
curle-w 3 en Anglois ;
Suivant M. Salerne,
Turlu , corbigeau , en Poitou ;
Corbegeau , corbichet 3 en Bretagne ;
Turlui 3 courleru 3 en Picardie ;
Curlu 3 turlu 3 en Bourgogne ;
Corlui, corleu'3 corlu 3 en Baffe-Normandie. .
Le courlis eft aufli gros qu’un coq ordinaire ; il
a , du bout du bec à celui de la queue , deux
pieds un pouce , trois pieds quatre pouces de vol ;
ion bec eft long de cinq pouces huit lignes ; la
partië des jambes , dégarnie de plumes , a dix-
huit lignes de longueur, & le pied trois pouces 1
les ailes pliées s’étendent aux trois quarts de la
queue ; la tête & le cou font couverts de plumes
brunes dans leur milieu, fauves fur les cotés ; elles
. font petites, & en général les courlis ont le cou
peu garni de plumes : la gorge eft blanchâtre ,
avec une très-petite tache grife fur chaque plume :
le deffus du corps eft varié de brun, de.fauve
& de blanchâtre fale ; la poitrine & les côtés font
d’un gris-fauve , & chaque plume eft marquée de
bandes tranfverfales brunes, dont là plus externe,
ou celle qui eft près de l’extrémité de la plume ,
a la forme d’un fer de lançe ; les couvertures du
deffus des ailes font variées de blanchâtre , de
brun, de cendré , & ces couleurs font tellement
difpofées, que les taches qu’elles forment paroif-
fent comme engrenées les unes avec les autres t
les pennes de l’aile font au nombre de trente T
variées de taches & de bandes noirâtres, grifes ,
blanchâtres , brunes , comme engrenées aufli les
unes dans les autres : les deux plumes du milieu
de la queue font grifes, les latérales font blanches
, & toutes font rayées tranfverfalement de
brun : la portion fupérieure du bec eft brune dans
fa plus grande partie , & l’inférieure blanchâtre. :
l’une & l’autre deviennent noirâtres vers le bout 1
les pieds &. les ongles font bruns , ainfi que la
partie des jambes dégarnie de plumes.
La femelle diffère du mâie en ce qu’elle eft un
peu plus petite.
Du temps de Belloft\& d’Aldrovande , fuivant
le rapport de ces auteurs, le courlis paffoit pour
un excellent gibier ; on en fait très - peu de cas
aujourd’hui. Nous ne voyons guère de courlis aux
environs de Paris , qu’au fort de l’hiver , & par
' les plus grands froids ; mais ils arrivent au printemps
en troupes nombreufes dans plufleurs provinces
maritimes de la France , y font leur
nid ; ils abordent deux fois l’année à Malte ; d’ou
l’on peut conclure qu’ils traverfent la Méditerranée
, & qu’ils paffent en Afrique. M. Adamfon les
compte au nombre des oifeaux qu’il a vu au Sénégal.
Voyage au Sénégal > pag. 138.
On eft fondé, d’après ces obfervations, à
regarder comme le même courlis que celui d’Europe
, ou comme une très - légère variété produite
par l’influence du climat , un courlis qui
fe trouve à Madagafcar ; fuivant la defcriptibn que
M. Briffon en fait, tom. V3 p. 321, 1a figure qu’il en a
donnée, PI. XV11I , & la représentation qu’on en
trouve, pl. enl. n°. 198. Ce courlis eft de la même
groffeur que le nôtre ; fon bec eft feulement un peu
plus long, les couleurs de fon plumage font plus
nettes. Je conferve un courlis de la Louifiane, qui
me paroît n’être qu’une variété du nôtre ; il le
furpaffe un peu en grandeur : il a le bec à proportion
beaucoup plus long ; le fond de fon plumage
eft un gris qui tire davantage fur le fauve ; d’aijleurs
il reffemble en tout à notre courlis.
C o u r l i s . Voytç C o r l i e u ( p e t i t ) .
C o u r l i s a t ê t e n u e .
Courlis à tête nue du Cap de Bcnne-Efpérance.
Pl. enl. 8.67.
M. le comte de Buffon eft le premier auteur
qui ait décrit ce courlis , apporté du Cap de
Bonne - Efpérance. Il a deux pieds un pouce de
longueur, de l’extrémité du bec au bout de la
queue : fa tête entière eft nue , 8c le fommet
en eft relevé par une forte de bôurlet couchéN&
roulé en arrière, dè cinq lignes d’épaiffeur , &
recouvert d’une peau d’un rouge fort vif & très-
mince : le haut du cou & le devant de la gorge
font aufli dénués de plumés, & la peau n’a paru
que livide dans l’animal mort : le fond du plumage
eft noir, enrichi de reflets verds ôc de reflets
pourpres fur les pènnes des ailes : leurs petites
couvertures font d’un ’ violet pourpré ; la
même couleur , mais moins foncée , s’étend fur
le dos , le cou & le de’ffous du corps : la partie
nue des jambes, les pieds &. le bec font rouges.
Genre LXXVUl.
> C o u r l i s b l a n c .
Courly blanc d’Amérique Pl. enl. 917.
Courly blanc du Bréfil. B r i s s . tom. V , pag. 339.
’ Corlieu blanc. C a t e s b . tom. 1 , p. 82 3pl. 82.
Il eft à-peu-p'rès de la groffeur du courlis d’Europe
: fa longueur, du bout du bec à celui de la
queue , eft d’un pied onze pouces ; il à deux pieds
huit pouces de vol : fes ailes pliées ne s’étendent pas
tout-à-fait jufqu’au bout de la queue ; le fommet
de la tête , à fa partie antérieure , eft dégarni de
plumes & couvert d’une peau d’un rouge pâle :
tout le plumage eft blanc, excepté le bout des quatre
plus grandes pennes des ailes, qui eft d’un verd-
noir obfcur : 1e bec, la partie des jambes dénuée
de plumes; les pieds font d’un rouge-pâle. M. Briffon
dit qu’on trouve ce courlis en différens endroits
d’Amérique , & en particulier à Cayenne.
Il eft sûrement rare dans cette colonie; jamais il
ne s’eft trouvé parmi les oifeaux qùe j’en ai vu
apporter ; mais plufleurs fois parmi des oifeaux
de la Louifiane. Catesby dit que les courlis blancs
arrivent à la Caroline en grand nombre vers le
milieu de feptembre ; 'qu’ils y demeurent environ
fix femaines , Sc qu’ils difpâroiffent enfuite jufqu’à
l’année fuivànte ; qu’ils ont la chair & la graiffe
jaunes comme du fafran. Genre LXXVUl. ■
Courlis brun.
Courly brun de l’ifle de Luçom Voyage d la
nouvelle Guinée , pag. 87, pl. 47.
Il n’eft pas plus grand que le corlieu d’Europe :
tout fon plumage eft d’un brun-roux ; les yeux
font entourés d’une peau nue , verdâtre ; le bec
eft de la même couleur ; fes pieds font d’un rouge
couleur de laque, & l’iris d’un rouge très-vif. Genre
LXXVUl.
C o u r l i s b r u n a f r o n t r o u g e .
Courly brun du Bréfil. B riss*. tom. V, pag. 341.
Corlieu brun. C a t e s b . tom. 1 , pag. 83 3pl. 83.
Flamant gris, par les François de la Guiane ,
fuivant Barrere,
Catesby nous apprend que les courlis bruns arrivent
à la Caroline, & eh partent avec les courlis
blancs.Voye^ C o u r l i s b l a n c . Ils n’eft different
que parce qu’ils ont la tête & le cou d’un brun-
clair ; que le brun eft aufli la couleur' du haut du
dos , des couvertures du deffus des ailes & de la
queue , & que les pennes des ailes font brimes. Il
y a , à la vérité , bien de la différence entre le
plumage dont je viens de donner l’idée & celui
d’un oiféau tout blanc. Cependant-il ne m’en paroît
pas moins certain que’ les" Courlis bruns ne
font que de jeunes.courlis blancs dont le plumage
n’eft pas encore fait. Il y a sûrement plus de différence
du plumage gris des jeunes courlis rougés à
ce plumage dés mêmes oifeaux dans fon dernier
état ; il eft cependant avéré que ce font des oifeaux
de la même efpèce. Il me femble démontré
qu’il en eft de: même des courlis bruns, par rapport
aux blancs. Je conferve un de ces oifeaux, que j’ai
reçu de la Louifiane, & dont la vue me confirme
dans cette opinion. Son plumage eft varié de plumes
brunes jettées fans ordre , & il règne fur route fa
robe cette confufion de couleurs qu’on remarque
fur lé plumage de tous les jeunes oifeaux , dans
le temps qu’ils paffent de leur premier vêtement
à celui qu’ils doivent avoir par la fuite. L’obfer-
vation de Catesby, qui nous dit que les courlis
blancs & les bruns. arrivent & partent enfemble,
confirme encore mon opinion. Je fuis donc convaincu
que' le courlis bruit à front rouge eft une
efpèce à retrancher. Il eft vrai que le courlis brun
cjue je confervte eft plus grand qu’un courlis blanc
qui fait aufli partie de ma colleâion. Mais, malgré
cette différence, je perfifte dans mon fenti-
ment, parce que les proportions ne font pas toujours
exaéfes entre deux individus de même efpèce,
comme on paroît trop le croire , qu’au contraire
elles Varient quelquefois beaucoup , & que', fans
fortir du genre des oifeaux qui nous occupent ,
il y a des courlis rouges beaucoup plus grands les
uns que les autres. Genre LXXVIII.
C o u r l i s de Cayenne (le grand).
Courly à cou blanc de Cayenne. Pl. enl. 976.
Ce courlis eft très-grand ; il a plus de deux pieds
du bout du bec à celui de la queue ; fon bec eft
long à proportion , mais fes jambes, quoiqüe hao-
M m m m ij