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&• la verge Taillante , le fout eft caché fous la
peau ; aufti le maimon, quoique très-vif & plein
de feu , n’a rien de la pétulance impudente des
babouins ; il eft doux * traitable & même caref-
Tant. On le trouve; à Sumatra., & vraifemblable-
înent dans les autres provinces de l’Inde méridionale
j & il ne peut fubfifter long-temps dans notre
climat.
Le maimon eft le finge à queue de cochon , des
glanures d’Edwards.
MAIPOURI, nom que porte le tapir à la
Guiane. Voye^ T a p i r .
MAKI-PIE, ou GRAND MAKI, eft le vari.
Voyeç V a r ï .
MAKIS , nom générique fous lequel on défigne
trois efpèces d’animaux qui ont les pieds conformes
comme les linges ; une longue queue & lé
mufèâu alongé comme celui d’une fouine , avec
fix dents incifives à la mâchoire inférieure, au
lieu que tous les finges n’en ont que quatre! Ces
trois animaux font le mococo , le mongous & le
vari. Ils fe trouvent à Mozambique , à Mada-
gafcar & dans les iftes voifines. Voye^ M o c o c o ,
M o n g o u s & V a r i .
MALAKÀIA , dans Barrère, eft le margay ,
petite eipèce de chat-tigre. Voyez M a r g a y .
MALBROUCK , ( le ) eft un linge de la famille
des guenons. Il a la queue à-peu-près longue _
comme la tête & le' corps pris enfemble ; les paupières
couleur de chair ; la face d’un gris cendré ; les
yeux grands ; le mufeau large & relevé ; les oreilles
grandes, minces & couleur de chair : il porte un bandeau
de poils gris comme la mone ; mais au refte,
il a le poil d’une couleur uniforme, d’un jaune brun
fur les parties fupérieures du corps , & d’un gris
Jaunâtre fur celles du deflous. Il marche à quatre
pieds , & il a environ un pied & demi de longueur.
On le trouve à Bengale. Il paroît même,
par le témoignage des voyageurs, que ce n’eft
pas la feule efpèce ou race de ces finges qui s’y
trouve , & qu’il y en a quatre variétés ; favoir ,
des blancs, des noirs, des rouges & des gris, &
ils difent queles noirs font les plus aifés à appri-
voifer.
Ces Animaux font ardens & adroits à dérober
les fruits & fur-tout les cannes de fucre ; l’un
d’eux fait fentinelie fur un arbre ; dès qu’il apper-
Çoit quelqu’un, il crie houp, houp, houp , d’une
Voix haute & diftinéfe : alors tous jettent les
cannes qu’ils tenoient dans la main gauche , &
s’enfuient en courant à trois pieds ; & s’ils font
Vivement pourfuivis , ils jettent encore ce qu’ils
tenoient dans la main droite , & fe fauvent en
grimpant fur les arbres où ils fautent de branche
en branche ; les femelles même chargées de leurs
petits qui les tiennent étroitement embraffées ,
lautent aufti comme les autres , mais tombent
quelquefois.
Ces animaux ne s’apprivoifent qu’à demi ; il
faut toujours les tenir à la chaîne ; ils ne prs-
M A M
duifent pas dans l’état de fervitude, même dans
leur pays. Au défaut de fruits & de plantes
fucculen-tes, ils mangent des' infeétes , & quelquefois
ils. defcendent fur le bord' des fleuves &.
de la mer pour attraper dés poiffohs & des
. crabes; ils mettent leur queue entre les pinces
du crabe , & dès qu’elles, ferrent., ils • l’enlèvent
brufquement & l’emportent pour le. manger à
leur aile.- Ils cueillent les noix. de. cocos- , & en
favent fort bien tirer la liqueur pour la boire ,
& le noyau pour le manger; ils boivent aufti
du qui découle par des bambours qu’on met
exprès à la tige dés- arbres pour en attirer la
liquèur; on les prend par le moyen des noix de
, cocos où l’on fait une petite ouverture ; ils y
fourrent la patte avec peine, parce que le trou
eft étroit, & les .^ens- qui font à l’affût les attrapent
avant qu’ils ne puiffent fe dégager.
Dans les provinces de l’Inde, habitées par les
Brames, qui épargnent la vie de tous les animaux
les ftnges font en nombre infini ; ils viennent
en troupes dans les villes ; ils entrent dans les
maifons à toute heure , en toute liberté , enforte.
que ceux qui vendent des denrées,_ ont bien de
la peine à les conferver. Il y a dans Amadabad
capitale du Guzarate , deux ou trois hôpitaux
d’animaux , où l’on nourrit lès finges eftropiés 5.
invalides & même ceux qui, fans être malades ,
veulent y demeurer. Deux fois par femaine les,
finges du voifinage de cette villè fe rendent
d’eux-mêmes tous enfemble dans les rues, enfuite
ils montent fur les maifons qui ont chacune une
petite terraffe où l’on va coucher pendant les
grandes chaleurs. On met ces deux jours-là fur
ces petites terraffes , du riz , du millet , des
cannes de fucre , dans la faifon , &c. ; car , s’ils,
rie trouvoient pas leurs provifions., iî$> rompraient
les tuiles dont le refte de la maifon eft couvert,
&. feroient un grand dêfordre. .Ils ne mangent
rien fans le bien fentir auparavant, & lorfqu’ils.
font repus , ils rempliffent pour le lendemain
les poches de leurs joues. Les oiféaux ne peuvent
guere nicher fur les arbres dans les endroits ©ù
il y a beaucoup de finges qui détruifent leurs nids
& jettent les oeufs par terre. Du refte les , finges
échappent aiféme'nt au lion & aux autres bêtes
féroces • par leur légèreté & leur réfidence fur
les arbres , mais, lés ferpens leur font une guerre
continuelle.
Le malbrouck eft le cercopithecus primus , de
Clufius ; le faunus 'de Linneus.
MAMBRINE, ( chèvre ). Voyeç Chèvres»
MAMMOUT , nom fous lequel on adéfigné,
d’après les voyageurs & les chaffeurs Rufles &
Cofaques , un animal dont Phiftoire, toute fabu-
leufe qu’on l’ait rendue ,. porte néanmoins, fur un
des plus grands faits & des plus importants de-
l’hiftoire. de la Nature..
Depuis long-temps on trouvoit en Sibérie des
offemens d?une grandeur énorme, &quide.y©ien|
M A. M
appartenir à un animal d’une taille infiniment
fupérieure à toutes les efpèces qui exiftent actuellement
dans le Nord. Entre ces grands os , on
avoit furytout ramaffé ceux qui reffembloient à
des défenfes d’éléphant ; ces offemens fe trouvoient
à peu de profondeur fous terre, quelquefois prefque
à fa furface ; de-là le peuple avoit formé la fable
du mammout , prodigieux animal qui vivoit &
mouroit fous terré, fans jamais paroître au jour ,
& dont pourtant Muller donne la defcription
fuivante. « Il a , dit - il, quatre ou cinq aunes
de haut, & environ trois braffes de long ; il eft
d’une couleur grifâtre , ayant la tête fort longue
& le front très-large ; des deux côtés précifément
au-deflous des yeux il a des cornes qu’il peut
mouvoir & croifer comme il veut. Il a la faculté
de s’étendre confidérablement en marchant & de
fe rétrécir en un petit volume. Ses pattes ref-
femblent à celles d’un ours ».
Il n’eft: pas né.ceffaire ; je penfe , de relever
ces traits d’abfurdité ; néanmoins telle étoit la
croyance commune.en Ruffie jufqu’à Pierre-le-
Grand. Auparavant on ne recherchoit des os de
mammout que ceux qui reffemblent aux défenfes
de l’éléphant & auxquelles on donnoit le nom
de cornes de mammout ; ce prince ordonna qu’on
ramaffât non-feulement les. cornes de mammout,
mais encore tous les autres os appartenans à cet
animal, & qu’on les envoyât à Pétersbourg ; .
Plufieurs Rufles & Cofaques s’offrirent pour aller
faire ces recherches, & rapportèrent en effet des
têtes & un grand nombre d’offemens., lefquels ,
confrontés avec des os d’éléphant , offrirent un
rapport exaéf & complet avec le fquelette de ce
grand quadrupède.
Depuis ce temps , lesobfervations fe font multipliées
, & l’on s’eft pleinement convaincu que
les éléphâns ont en effet laiffé leurs débris dans
le Nord , &. que c’eft à ces- animaux qu’appartiennent
pour la plupart, les prétendus offemens
de mammout. M. Pallas , dans fon voyage en
Sibérie, les années dernières, découvrit une
grande quantité d’os d’éléphant avec un fquelette
entier de rhinoceros-^qui n’étoient enfoncés qu’à
quelques pieds de profondeur.
L’ivoire des défenfes d’éléphant que l’on trouve en
Sibérie > eft plus ou moins altéré par fonféjour dans
laterre , fuivant la nature du fol où ila été renfermé ;
il eft quelquefois entièrement defféché & comme
calciné, & converti en une fubftance crayeufe
©u bolaire ; on en trouve de bruni , comme la
noix de coco ; d’autre dont la fubftance teinte de
bleu, fe convertit en turquoife : mais aufti un
très-grand nombre de ces défenfes font parfaitement
confervées, retenant encore toute la nature
de l’ivoire , dont elles offrent le. grain & la texture,
telle que nous l’avons décrite ( art. ivoire. ). Cet
ivoire fofîile eft très-folide ; it fe. polit & fe met.
en oeuvre comme l’autre : l’on prétend même que
la plus grande partie de. l’ivoire que trayaillent. I
M A M j S-ï
les Chinois , eft de cet ivoire folfile qu’ils tirent
d’un certain canton de la Tartarie , où il fe
trouve en telle abondance, qu’ils ont fiirnomme
cette contrée le cimetière des éléphâns.
Mais ce n’eft pas feulement dans l’Afie fepten-
trionale, que ces grands animaux , qui ne fe
trouvent plus aujourd’hui que dans les régions
du Midi , ont autrefois laiffé leurs dépouilles ;,
depuis qu’il s’eft formé des obfervateurs , on a
reconnu ces dépouilles dans prefque toutes les
contrées, de l’Europe ; en Pologne , en Allemagne
, en Italie , en France , dans les provinces-
de Languedoc , de Franche-Comté , de Lorraine
&c.'Ce qu’il y a de remarquable , c’éft que ces
offemens , défenfes ou dents , trouvés en terre,
font pour la plupart d’une proportion plus grande
que celle des éléphâns exiftans aujourd’hui-; quelquefois
même, comme dans la grande défènfe
trouvée près de Rome par M. le Duc de la
Rochefoucault & dépofée au- cabinet du Roi y
leur grandeur eft vraiment démefurée.
Un autre fait également remarquable , c’eft que
les mêmes dépouilles 8t débris d’éléphâns fe
trouvent dans la partie feptentrionaie du Nouveau
Monde , dans toute l’étendue duquel il ne fubfifte
aujourd’hui aucun animal que l’on puiffe comparer
à l’éléphant. Cette découverte de fquelette»
défenfes d’éléphant en Canada eft affez récente-
& en même-temps fi extraordinaire , que nous
croyons devoir la rapporter dans les termes même-
de ceux'-qui l’ont faite. « Après avoir paffé la
grande rivière de Miame, nous arrivâmes le foir
a l’endroit où fe.trouvent les os d’éléphant ; c’eft:
une grande place marécageufe où les animaux fàu-
vages-fe rendent dans certains temps de l’année ,
& qui n’eft éloignée que d’environ quatre milles
au fud-eft du fleuve Ohio : nous y arrivâmes
par une route, battue par les. boeufs fauvages y
( bifons) & vîmes de nos yeux une grande quantité
d’offemens , les uns épars, les autres enterrés
à cinq ou fix pieds fous terre , & qui perçoient:
dans la tranche du banc qui bordoit la route ^
nous trouvâmes entre autres deux défenfes de
fix pieds de longueur, que nous tranfportâmes à*,
notre bord avec d’autres os & des dents; l’année fui-»
vante nous rëtournâmes au même endroit, prendre-
un plus grand nombre de dents & de. défenfes
Extrait du journal d'un voyage fur Ira rivière d’Ohio*
par M. Croghan,. & envoyé à M. Francklin en
1765. Ces défenfes, dont l’une avoit fept pieds-
de longueur , ont en effet été portées à Londres *,
& reconnues, évidemment pour être des défenfes
d’éléphant, & même; d’un très-bel ivoire,
M. Collinfon avoit déjà écrit à M. de Buffom
fur le même fujeten. ces termes : « il y avoit à
environ un mille de la rivière. d’Ohio, fix fque-
lettes monftrueux enterrés debout, portant des.
défenfes de cinq à fix pieds de long , qui étoient
de la forme &. de la fubftance des défenfes d’éléphant,
y elles.- avaient trente pouces de. circon