
fe trouve ferrée contre le corps, les deux
furfaces de coton fe pénètrent, 8c quand
elles font féehes, elles ont contracté avec
la peau 8c la fourrure-, qui eft à l’intérieur
du corps , une adhérence qui fuffit pour
foutenir la queue.
Lorfque les plumes ont pris des plis
qu’on ne peut leur faire perdre, qu’elles
font, fur certaines parties, contournées,
de façon qu’on ne peut les ramener à leur
pofition, ou que, comme je l’ai dit plus
haut, elles fe trouvent trop preffées fur
les' bords des déchirures qu’il y avoit-à
la peau , qu’on a recoufue ou fortifiée
par de la to ile , tandis qu’il relie un vuide
au centre de ces déchirures , il faut, dans
tout ces cas , détacher les plumés , pour
enfuite les appliquer dans leur fens, 6c les
pofer oit elles manquent. On aura foin de
ne les enlever que les unes après les autres;
car fi on en tiroit plufieurs à la fois, on
courroit rifque de déchirer la peau ; on
les tirera d’une main , 8c en même temps
on appuiera les doigts de l’autre main fur
la peau, pour qu’elle ne fe rompe pas.
Quand les plumes feront enlevées, on
couvrira les endroits dégarnis , d’une
couche mince de coton gommé ; on aura
foin que cette couche fa i t , dans toute fon
étendue, d’une épaillfeur bien égale ; &
pour qu’elle adhère, que fon poids ne la
faffe pas tomber, on placera toujours le
corps de façon que la couche de coton
porte verticalement fur le lieu qui la recevra
; ainfi, fi c’eft fous le ventre, on
poféra l’oifeau fur le dos.
La couche de coton étant appliquée, on
prendra une ou deux plumes;, trois au plus
à-la-fois, on les arrangera au - deffus les
unes des autres , de façon que la même
ligne termine leurs tuyaux, 8c on les contiendra
en les tenant dans le milieu de leur
longueur un peu obliquement entre les
deux branches d’une de ces pinces fouples
que les metteurs-en-oeuvre appellent des
bnixilks. On tiendra cette pince de la main
gauche, de la droite on prendra , avec la
pointe d’un flilet, un peu de coton gommé,
on le roulera, avec la même pointe, autour
de la tige des plumes, à fa racine, &
on les liera ainfi enfemble, en empâtant ,
fous le coton, le duvet qui le trouve au bas
des plumes, puis on appliquera fur la couche
de coton gommé à l’endroit qu’il faut
regarnir, les plumes qu’on aura préparées,
comme je viens de le dire ; pour qu’elles
adhèrent plus folidement en les pofant,
avant d’ouvrir 8c de retirer la pince, on
appuyera en - travers, avec un ftilet, fur
l’extrémité des plumes. Pour réuffir à. les
appliquer, il faut commencer par les plus
longues, par celles qui doivent être pofées
fur la partie la plus baffe de l’endroit qu’il
faut couvrir ; il faut d’abord former la
ligne inférieure dans toute fa largeur, 8c
paffer fucceflivement aux lignes fupé-
rieures, précifément de la même manière
que le couvreur attache d’abord fur le toit
la dernière ligne ou la ligne d’ardoifes la
plus baffe la première rangée de plumes
ne fera pas falie par la gomme , parce qu’il
n’y aura que les tuyaux qui en foient touchés
, la fécondé ne le fera pas non plus,
parce que les barbes des plumes dont elle
fera compofée poferont fur les barbes de
la première rangée qui ne feront point
mouillées par la gomme. Ainfi de ligne en
ligne, puifque toutes n’auront de contaél
avec le coton gommé que par l’extrêmite
des tuyaux'des plumes, & par la portion
de ces tuyaux qui, dans l’état naturel étoit
enfoncé dans le tiffu de la peau. Mais je
préviens les perfonnes qui entreprendront
ce travail, qu’il demande de l’attention;
que pour ne pas falir les plumes, il faut
avoir foin d’effuyer fouvent les pinces 8c
le ftilet, 8c d’enlever la gomme dont ces
inftrumens fe chargent ; lorfque l’on approche
des plumes qui font demeurees
attachées au corps , il faut, pour placer les
lignes qui doivent fe trouver au - deffous',
8c en pofant les plumes dont elles feront
formées, pour ne pas falir celles qui les
couvriront, il faut relever ces dernières
avec un ftilet bien propre, & ne les abaif-
fer que quand les dernières lignes font
placées.
Enfin , il y a des peaux fi mal préparées,
fi endommagées ou fi ufées par les matières
employées mal-à-propos - pour les
deffécher, qu’il eft impoflible de les amollir
& de les monter ; d’autres fois les voyageurs
fe font contentés de vuider les oifeaux,
8c, fans les- écorcher, ils ont fait sécher le
corps entier au four, ou expofé-à l’ardeur
du foleil. On ne parviendroit pas , en
amolliffant la peau, à l’enlever de deffus
le corps, elle fe romproit par l’effort né-
ceffaire pour la détacher.
Dans les deux cas que je viens de fup-
pofer, il relie une reffource , elle confifte
à préparer un moule qui ait la forme du
corps de l’oifeau qu’on veut monter , êc à
pofer fur ce moule les plumes qu’on enlève
de la peau qu’on ne peut conferver.
Si l’oifeau excede un merle en groffeur,
on fait le moule avec de la filaffe la plus
fine ; on commence par prendre le fil-de-
fer qui doit traverfer le corps dans la longueur,
on roule autour la filaffe, on lui
donne la forme convenable, on l’affujettit
par un fil qu’on roule autour 8c qu’on
finit par lier.
Le fil de fer doit être couvert par la
filaffe à fes deux extrémités, il ne fert
qu’à donner plus de folidité au moule ;
enfuite on perce les pattes qu’on a détachées
de la peau, 8c on paffe à travers un
fil de fer aiguifé d’un, b ou t, de la même
manière que j’ai décrite pour les peaux
fraîches ; on enfonce le fil de fer par le
côté aiguifé dans le moule , à l’endroit
convenable pour que les pattes foient dans
leur pofition, 8c affez pour que le haut du
genou touche le moule ; on applique deffus
le moule 6c autour de l’extrémité du genou
un cercle de coton imbibé de gomme dif-
foute ; on enfonce perpendiculairement deffous
le moule un fil de fer fort aigu, 8c
plus long que les pattes ; ce fil de fer fert à
manier le moule fans le toucher immédiatement
; il doit être aufli aigu par fon extrémité
oppofée, on l’enfonce par la pointe
qui eft de ce côté dans une planche d’un
bois tendre, ou dans un large 6c épais morceau
de liège plat ; le moule le trouve armé
des pattes , porté fur une pique 6c dans la
pofition qu’auroit le corps qu’il repréfente.
On détache le croupion ; on y introduit
de haut en bas , ou de dedans en dehors,
un fil de fer aiguifé à fes deux bouts ; celui
qui refte faillant eft deftiné à pénétrer à la
partie inférieure du moule, dans l’endroit
oh la queue doit être placée ; quand elle eft
en pofition pour l’empêcher d’en changer,
on roule autour de l ’extrémité du moule
6c de celle du croupion un cercle de coton
gommé ; on détache enfuite la tête 6c une
portion du cou, s’il n’ eft pas mal confervé;
on paffe de même dans la tête 6c la portion
du cou l’extrémité d’un fil de fer aiguifé
à fes deux bouts ; on enfonce l’autre
extrémité dans le moule à l’endroit où le
cou s’unit avec le corps ; on a foin de
laiffer entre la tête ou la portion du cou
6c le corps une longueur de fil de fer égale
à celle dont on juge que doit être le cou
entier ; enfuite on fixe le fil de fer aux
parties dans lefquelles il eft déjà engagé en
appliquant autour, à fes deux extrémités,
8c en étendant fur les objets voifins, du
coton pénétré de gomme diffoute.
Les pattes, la queue, la tête avec ou
fans la portion fupérieure du co u , mifes
en pofition 6c fixées, on appliqué au corps
les ailes, 8c on les attache en mettant entre
leur extrémité 8c le moule une couche de
coton gommé; pour qu’elles donnent au
coton le temps de fécher fans que leur
poids les faffe tomber, on les attache avec
le moule parle moyen de quelques épingles
enfoncées en travers des aîles dans le moule.
Ces premières.difpofitions achevées, on
attend au lendemain que le coton qu’on a
employé foit fec, alors on enlève, comme
je l’ai dit plus haut, les plumes ou de la
mauvaife peau ou du corps qui n’a pas été
écorché , 6c on les applique fur le moule ;
on le couvre, à mefure qu’on avance, d’une
lame de coton gommé, on en roule, comme
je l’ai dit, autour de la racine des plumes,
8c on commence par celles qui font au bas
du corps, remontant de la queue à là tête;
on ne détache les plumes que peu-à-peu,
pour mieux obferver leur pofition 6c la
leur conferver fur le corps faâice ; quand
le dos, les côtés, la partie fupérieure du
cou font revêtus de leurs plumes, on laiffe
le, tout bien fécher ; enfuite on enlève le
i moule de deffus le piquet qui le fouteneit,