
tiennent toutes 8c font étroitement unies
les unes aux autres. Elles font formées par
des filets de la même fubftance que le tuyau
& qui en font un épanouiffement, ce qui
fait qu’il diminue de volume à mefure ,
qu’en fe prolongeant il donne naiffance aux
barbes qui s’en détachent ; m ais la fubftance
qui les forme eft moins fe r ré e , moins rapprochée
dans les barbes que dans le tuyati.
Vues au microfcope les barbes ne paroiffent
pas de fimples filets ; elles font rameufes &
8c fe fubdivifent en filamens de deux fo rtes,
les uns droits 8c le s autres crochus ou bouclés
; ce font ces derniers fur-tout q u i, en
embraftànt les premiers 8c les liant, contribuent
à l ’adhéfion qui règne entre les barbes
d’un même côté du tuyau. On peut fur cet
objet confulter la théologie de Derham ,
part. 2 ,pag. 472. Il réfulte des faits contenus
jufqu’à préfent dans ce paragraphe :
i ° . que la ftrufture des plumes eft telle
. q u ’ elles réunifient la lé g è r e té , la force 8c
l ’élafticité ; i ° . que la cavité pratiquée à la
p ortion inférieure du tu y a u , eft un réfervoir
o ù eft dépotée la fubftance qui nourrit toutes
les parties de la plume ; 3 °. qu’il eft p robable
que l ’a ir pénètre dans le tuyau qui occupe
cette cavité ; qu’ en le gonflant il rend les
oifeaux plus légers , ÔC qu’en s’ échappant
de ce tuyau par les pores au moyen def-
quels le tuyau communique avec les différentes
parties de la p lum e , il facilite le
mouvement de la refpiration ; 4 0. que le
tu y au ôtlesbarbes font de lamême fubftance
8c que les dernières font un épanouiffement
du premier.
M. Poupart a obfervé que la plume d’im
jeune o ife a u , au moment où elle-pouffe ,
pefe fix fois autant que la même plume
parvenue à fa' p e rfeâion 3 que les barbes
q u i doivent accompagner fon tuyau ne
font qu’une forte de pulpe ou de bouillie -,
qu’ elles font roulées en cornet dans un
lon g tuyau cartilagineux rempli de fucs
8c d’humidité , qui fe fendj fe deffeche 8c
tombé-par écailles, à mefure que les barbes
s’ allongent 8c acquièrent leur grandeur 8c
leu r confiftance. Gomme les chofes fe
paflènt de la même manière tous les ans
au temps de la mue, on peut juger de- la
quantité de fubftance employée alors p our
réparer le vêtement des oifeaux ; quoique
cet objet fo it traité plus particulièrement
au mot mue, j’ai cru devoir en donner une
idée en traitant des généralités relatives
aux plumes. On peut encore obferver à
leur egard qu’elles font difpofées de façon
qu’ en fe dirigeant de devant en a r r iè re , en
fe moulant fur le corps , elles offrent à
l ’air dans le temps du v o l la moindre re -
liftance pofîible ; qu’elles ne font nuees 8c
variées dans leurs couleurs que dans la
partie qui eft apparente à la v u e , mais que
fe couvrant en partie les unes les autre s ,
la portion qui eft couverte eft généralement
d’un ton de couleur uniforme 3 enfin
elles ont quelque choie de brillant 8c de
luftré : cet éclat eft dû à une humeur
fébacée , ou de la nature des huiles ,
filtrée dans la plupart des oifeaux par une
feule glande , 8c dans quelques-uns par
deux glandes fituées à la partie pofterieure
8c fupérieure du croupion. La portion
fupérieure de ces glandes eft conformée
à-peu-près comme la matnmelle des quadrupèdes
3 l’humeur onétueufe s’y depofe
6c lorfque les oifeaux preffent avec leur
bec cette portion de la glande , l’humeur
en fort en rayonnant comme le lait 3 elle
eft reçue par le bec qui l ’applique enfuite
aux plumes en les pinçant 8c les faifant
gliffer entre fa partie fupérieure 8c inférieure
dans toute leur longueur. Si quelques
unes des barbes ont été dérangées ,
elles fo n t , â la faveur de leur élafticité,
rétablies dans leur état par cette même
opération. C ’ efl de ce double foin que les
oifeaux font occupés lorfqu’on les v o i t
pincer 8c arranger leurs plumes avee leur
bec les unes après les autres.
Ce qu’on vient de lire eft relatif à toutes
les plumes en général, mais il eft neceffaire
d’en connoître les différentes fortes. On
en diftingue fur-tout deux; ks^plutnesproprement
dites qui fervent de vetement, 8c
les pennes qui font les grandes plumes des
ailes 8c de la queue 8c qui fervent pour
le vol. Mais indépendamment de ces deux
fortes de plumes, on diftingue encore celles
qui recouvrent les ailes 8c l’origine de la
queue tant en deffus qu’en deffous, 8c je
crois utile d’établir encore d’autres diftinc-
tions qu’on a peu faites jufqu’ à préfent. Ces
divers objets fe trouveront traités dans un
ordre naturel en parcourant les différentes
parties externes des oifeaux.
Les plumes proprement dites couvrent
tout le corps. Celles qui revêtiffent la
t ê t e , le c o u , le c o rp s , en deffus 8c en
deffous, font plus petites au fommet de la
tête 8c plus grandes à p rop o rtion , qu’elles
font placées plus près de la queue , elles
font légèrement courbées 3 celles qui couv
rent les parties fupérieures en-enbas , 8c
celles qui revêtiffent le deffous du corps
le font en deffus 3 ces dernières font généralement
plus amples 8c proportionnément
plus oblongues , toutes ces plumes n’ont
d’adhérence qu’avec la peau ; leur tuyau
n ’y eft enfoncé que peu profondément ;
leurs barbes font à-peu-près d’égale lo n gueur
des deux côtés 3 plus bas que les
barbes , il y a un léger duvet qui tient
au tuy au de chaque côté ; ces plumes font
arrangées du fommet de la tête à la q ueue ,
de manière qu’elles fe couvrent toutes en
partie les unes les autres , à - peu - près
comme des ardoifes ou des tuiles font
arrangées fur un toit. Cette difpofition
8c leur légère courbure font que dans
le temps que l ’oifeau v o le 8c fend l’air ,
fa réaction les applique aifément à la fur-
face du corps , les liffe 8c qu’il gliffe fans
obftacle fur leur furface unie.
Dans quelques elpèces les plumes du cou
fo n t longues, é troites, terminées en pointes
8c flotantes , comme dans lé coq , le
fanfonnet, plufieurs efpèces de troupiales.
Ces plumes n’ont pas de noms particuliers
quoiqu’elles fervent quelquefois à carac-
térifer les oifeaux ; ceux qui en ont de
femblables ont été défignés en latin par le
mot cirrathus. Avis cirratha eft un -oifeau
dont les plumes du cou font en tout ou
en partie telles que celles que je viens de
décrire.
Dans beaucoup d’efpèces les plumes du
fommet de la t ê t e , au lieu d’être co u r te s ,
inclinées de devant en ar rière, comme elles
le font le plus généralement, font plus ou
moins lon gue s , relevées 8c dirigées même
d’arrière en devant.'On nomme l ’affemblage
de ces plumes h u p p e8c les oifeaux dans
lequel il a l ie u , oifeaux huppés. Il paroît
que la huppe dans les efpèces domeftiques ,
eft un effet des changemens occafionnés
par la fervitude 3 mais que dans beaucoup
d’efpèces, comme le paon, le pigeon couronne
de Banda , le cardinal, le canard de Nanquin ,
8cc , la huppe eft un ornement naturel.
Je dis un ornement, car on ne v o it pas
quelpeut d’ailleurs être fonufage. La huppe
p a ro ît , au contraire , contrarier celui des
plumes qui doit être de v ê tir , 8c elle
ne peut que faire obftacle contre l ’air dans
le mouvement du v o l ; aufii la huppe dans
les oifeaux qui ont befoin d’un v o l long ,
rapide, eft-elle compofée de plumes fines,
flexibles , ou au moins , comme dans le
put put de plumes qui p euvent s’abaiffer 8c
s’incliner en arrière dans le temps où l ’oi*
feau v o le : dans ceux au contraire qui n ’on t
befoin que d’un v o l court 8c fans rapidité ,
la huppe eft formée par des plumes plus
roides 8c qui ne s’inclinent jamais, comme
dans le paon , le pigeon couronné ; il y ai
donc des huppes que l ’oifeau peut le v e r &C
abaiffer à v o lon té fuivant fes b e fo in s , dont
le mouvement de l ’air favorife la direûion
durant le v o l au gré de l ’o ife au , tandis
qu’il y a d’autres huppes toujours fixes &C
dont la polition ne varie jamais.
A u x deux côtés de la tête , derrière les
y e u x , on peut remarquer des plumes en
plus ou moins grand nombre dans les différentes
efpèces , oblongues , d’une forme
approchant d’un quarre long , fortement
appliquées le long de la tête 8c inclinées
de devant en a r r iè re , dont les barbes égales
de chaque côté font féparées les unes des
autres 88fans adhéfion. Ces plumes couvrent
le méat au d itif, fuflifent pour le garantir
des atomes qui peuvent être emportés dans
l ’air 8c permettent un paffage libre aux
rayons fonores.
Dans le Jîfilet trois de ces plumes de
chaque côte font exceflîvement prolongées ,
ne confident prefque que dans un tuyau
très-long, terminé à fon extrémité , qui rte
peut influer fur le fon , par des barbes clif