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toujours les quatre pieds ouverts, elle met la
trace de derrière dans celle de devant, mais en-
dedans j fes gardes font ferrées 6c peu ouvertes.
_ Les quarthnniers 6c autres vieux fangliers ont
les traces grandes 6c larges, les pinces de la
trace de devant font rondes 6c grofles, les tran-
chans des côtés font ufés, le talon eft large &
applani : leurs gardes , dont ils. donnent en terre
dure ou molle , font abaiffée^ , grofles & ouvertes ;
les rides qui font entre les gardes & le talon fe
marquent fur la terre , & les allures font grandes
& bien réglées. Il y a des fangliers qui ont un
ongle plus long que l’autre, ces fortes de pieds
fe nomment pieds pigaches, 6c font une connoif-
l'ance infaillible pour garder change.
Par les boutis on juge' de la groffeur & longueur de
la hure du fanglier ÿ plus les boutis font larges
& profonds , plus la hure qui les a faits eft
groffe 6c longue ; & plus la hure eft ■ grolle 6c
longue j plus gros & plus vieux eft le fanglier.
Par la longueur & largeur du fo u il on connoit
aifément la groffeur du fanglier ; on juge encore
de fa taille à la fortie. du fouil, parce qu’il
touche de fon corps aux branches 6c aux. herbes
auxquelles il en laiffe , de forte qu’en examinant
la hauteur 6c largeur à laquelle il en a laiffe, on
voit s’il eft grand ou petit. Une remarque allez fin-
gulière fur fa méchanceté, c’eft que fi à la fortie
du fouil il trouve un arbre , il ne manque pas de
fe frotter contre, 6c en le quittant il y donne un
ou deux coups de défenfes ; tous ne le font pas ;
auffi, difent les vieux chafleurs-, doit-on beaucoup
fe méfier de ceux qui le font.
Par la bauge on juge de la groffeur du fanglier,
les vieux la font ordinairement profonde , 6c
quand ils en fortent,ils jettent tout auprès leurs
laijfes qui font toujours groffes.
On diftingue les fangliers des porcs privés , en
ce que le porc privé ne met prefque jamais les
traces de derrière dans celles de devant, il appuyé
plus du talon que de la pince, qui, des
fa jeunefle eft ronde 6c ufée ; fes gardes touchent
la terre à plomb, & fans s’écarter que très-peu,
il a le pied coùrt, & les côtés en font ufes, même
dès fa jeunefle: Il a aufli la hure plus courte que
le fanglier 6c fouille çà6c là , au lieu que le fanglier
fouille toujours en ligne droite.
La quête du fanglier fe fait en hiver dans les
forêts les plus garnies d’épines. Aux mois de
juillet, août & leptembre les fangliers abandonnent
les grands forts pour fe retirer aux pointes
des forêts du côté où font les bleds 8c les fruits ;
en octobre & novembre ils fe retirent dans les
hautes futaies 8c dans les taillis où ils fe nourrif-
fent de faines , de glands & de noifettes ; ils font à
craindre dans cette faifon. En décembre on re-
voit des fangliers par-tout, parce que c’eft le
temps du rut. Ils font alors d’une puanteur infup-
portable qui rebute les vieux limiers.
• Lorfqu’pn voit des boutis qui paroiffent tout
S A R
frais, bien qu’il foit déjà tard, on doit en conclure
que l’on eft à la pourfuite d’un animal
dangereux, par fa hardieffe 8c par fon affu,rance.
Or un pareil fanglier doit être détourné de court
fans avoir peur de le faire débucher, 8c en l’attaquant
on. doit faire la meute forte , 8c l’effrayer
d’abord d’un très-gros bruit de chiens 8c d’hommes ÿ
car fi on l’attaquoit avec peu de chiens & fans
beaucoup de bruit, il ne daigneroit pas fortir de
fa bauge, ou s’il en fortoit , ce feroit pour s’en
aller dans le lieu le plus fourré, fe faire chafler
fous le riez des chiens, pour les charger enfuite au
point de n’en pas laiffer un feul de laÜ.
Mais au contraire , fi l’on fait fuite d’un fanglier
qui fe foit retiré dès deux ou trois heures avant
le jour dans fon fort , ne faifant que de petits
boutis çà 8c là , on doit le regarder comme
un animal poltron & timide prêt à s’enfuir ; il
faut par conféquent le renfermer dans une grande
enceinte & ne pas l’approcher ; car s’il prenoit
une fois le vent, il débucheroit 8c s’en' iroit a
l’autre bout de la forêt ; en l’attaquant il -faut
lui donner très-peu de chiens , fi on veut le
garder quelque temps dans le canton ; mais lorf-
qu’on lui voit prendre fon parti , il faut tout
donner à fa refuite , parce qu’il eft prefque sûr
qu’il ne reviendra pas.
On fe fert dex relais à la chaffe du fanglier
comme à celle du cerf, on lés place de fort en
fort & aux refuites, parce que les fangliers ne
battent prefque jamais d’autres pays que ceux
qui font les plus fourrés.
Après avoir bien revu des fangliers , on frappe a
la brifée avec les chiens de meute qui vont le-
quérir fans peine parce que cet animal allant a
fa bauge ., ne fait aucunes rufes embarraffantes ;
on excite les chiens de la trompe 8c de la voix ,
& l’on fait un grand bruit pour l’obliger à fortir
de fa. bauge & à tirer du long. S’il arrive que le
fanglier, en battant différens forts , fe mêle à
d’autres fangliers, & que les chiens, fur le nombre,
fe méprennent & quittent leur fanglier de-meute
pour en pourfuivre un autre; il faut les rompre
afin de le requêter ; mais cela arrive rarement ,
& il n’y a même que de jeunes chiens capables
de prendre change , car tous les vieux le gardent
à merveille. ;
On juge que'le fanglier veut fe-rendre quand il
ne perce plus en avant , 8c qu’on le v o it, au
contraire , fe faire battre long-temps dans un meme
fort ; quand il fe fent- mal mené, il cherche les
eaux 8c les mares pour s’y vautrer : il y fait
quelquefois fes abois ; s’il n’en trouve point, il
eft forcé de tenir aux chiens , fur lefquels il fait
de continuelles parties. On doit alors , pour les
fecourir , s’en approcher avec précaution & lui
percer le coeur d’un coup de couteau de chaffe,
ou , s’il eft trop dangereux , le - tuer d’un coup
i de moufqueton. —
Quand on veut affaffiner un fanglier, le limier
feul
S A N
feul fuffit. On commence par le détourner, 8c on
le renferme dans une enceinte aufli petite qu’il eft
poflible, fans cependant le ferrer au point de
rifquer à le faire débucher ; enfuite on place autour
de l’enceinte 8c aux meilleurs poftes, dix ou
douze tireurs , plus ou moins , après quoi le valet
du limier va frapper à la brifée , 8c fait fuite ,
fecrètement, pour tâcher dè le tirer ou faire tirer à la bauge par quelqu’un qui l’accompagne. Si
le fanglier fort de cette première enceinte fans
être tué , on en fait fuite de nouveau en fecret
jufqu’au premier fort où l’on imagine qu’il peut
refter ; on l’y renferme , & fi cette tentative .
n’eft pas plus heureufe que la première , on la
réitère julcju’à ce qu’il foit tué.
Le fanglier fe tient ordinairement le jour dans fa
bauge, au plus épais , & dans le plus fort du
bois ; le foir , à la nuit, il en fort pour chercher
fa nourriture.
Quoique les fangliers foient fort gourmands ,
ils n’attaquent ni ne dévorent les autres animaux ;
cependant ils mangent quelquefois de la chair
corrompue , mais c’eft par néceflité. On ne peut
nier que les cochons ne fpient avides de fang &
de chair fanguinolente 8c fraîche, puifqu’ils mangent
leurs petits 6c même des enfans au berceau.
Le fanglier 8c les coehons aiment beaucoup les vers
de terre & certaines racines, comme celles de la
carotte fauvage ; c’eft pour trouver ces vers- 6c
pour couper ces racines qu’ils fouillent la terre
avec leur boutoir.
Eh été , lorfque les grains font mûrs, il eft allez
aifé de furprendre le fanglier dans les bleds 8c dans
les avoines , où il fréquente toutes les nuits. Dès |
qu’il eft ^tué , les chafleurs ont grand foin -dé lui
couper les fuites , c’eft-à-dire les'tefticules, dont
l’odeur eft fi forte , que fi l’on paffe feulement
cinq ou fix heures fans les ôter , toute la chair
en eft infeétée.
Au refte , il n’y a que la hure qui foit bonne
dans un vieux fanglier ; au lieu que toute la chair
du marcalfin & celle du jeune fanglier, qui n’a
pas encore un an , eft délicate 8c même affez
fine. Les anciens étoient dans l’ufage de faire
fubir la caftration aux jeunes marcaflins qu’on
pouvoit enlever à leur-mère, après quoi on les
reportoit dans les bois ; ces fangliers coupés
grofliffent beaucoup plus , que les autres , 8c leur
chair eft meilleure que celles des cochons domef-
tiques.
On trouve des fangliers en Afie 8c en Afrique,
aufli abondamment qu’en Europe. Ceux qui fe
trouvent en Amérique ne font que des cochons
originairement domeftiques, qui font devenus fau-
vages.
Sa n g l ie r du C ap-V erd ( le ) nousparoît
n’être qu’une variété dans l’efpèce du fanglier ordinaire
: il en diffère par la longue ouverture de
fes narines, par la grande largeur & la forme
<de fes mâchoires., & par le nombre ôc la figure
ffifloire Naturelle. Tom. lx
S A P 281
des dents mâchelières. La mâchoire fupérieure eft
armée de deux énormes défenfes , qui reffemblent
plus à des cornes d’ivoire qu’à des dents ; elles
ont un demi pied de longueur , & cinq pouces
de circonférence à la bafe , elles font courbées
ÔC recourbées à peu près comme les cornes d’uix
taureau. Ce cochon ou fanglier fe trouve dans les
terres voifines du Cap-Verd.
SAPAJOU , nom qui diftingue dans la grand©
peuplade des finges la famille particulière des
petits finges d’Amérique à queue prenante. Voyeç
S in g e s .
S a p a j o u a u r o r e , s a p a j o u o r a n g é j
s a p a j o u ja u n e , nom donné au faïmiri. Voye£
Sa ïm i r i .
SARICOVIENNE (la) eft une efpèce de loutrô
marine j -qui reffemble à la loutre terreftre par
là forme du corps , qu’elle a feulement beaucoup
plus épais en tout fens; la longueur tes-farico-
viennes eft*>commünément d’environ deux pieds»
dix pouces, depuis le bout du mufeau jufqu’à
l’origine de la queue, qui* a douze ou treize
pouces de long ; leur poids eft de foixante - -dix
à quatre-vingt livres ; elles ont les oreilles droites *
coniques 8c couvertes de poils, les paupières &
les yeux affez femblables à ceux du lièvre , &,
à-peu-près de la même grandeur, avec une membrane
aü grand angle de chacun, mais qui ne
peut guère couvrir l’oeil qu’à moitié ; les narines
très-noires & ridées.
L’ouverture de la gueule eft médiocre , la mâchoire
fupérieure avance fur l’inférieure , 6c
toutes deux font garnies de mouftaches de poils
blancs, roides 6c longs ; il y a quatorze dents à
la mâchoire fupérieure , favoir quatre incifives ,
très-aigues, une canine de chaque côté, un peu
recourbées en arrière ; quatre molaires aufli de
chaque côté , qui font larges 6c épaiffes , fur-
tout-celles du fond; feize dents à la mâchoire
inférieure , quatre incifives 6c deux canines ; 6C
cinq dents molaires-*de chaque côté , dont les
deux dernières font fituées dans la gorge; mais
il paroît que le nombre de ces dents varie, 8c
on trouve quelques individus qui ont aufli cinq
dents molaires de chaque côté de la mâchoire
fupérieure.
. Les pieds, tant ceux de devant que ceux de derrière,
font couverts de poils jufqu’auprès des ongles,
qui font appàfens & extérieurs comme ceux des
animaux quadrupèdes terreftres ; les pieds de
devant font plus courts que ceux de derrière, 6c font garnis d’ongles crochus qui fervent à
l’animal à détacher les coquillages des rochers ÿ
la plante de tous les pieds eft brune ou noire , 6c divifée en cinq doigts, qui font joints par une
membrane velue ; dans les pieds de devant les
deux doigts du milieu font plus longs que les
■ autres , 6c l’interne eft plus court que l’ex-
? terne.
Les doigts des pieds de derrière ont la forme de
N n