
Européens qui foient décidément bafanés.
En remontant jufqu’à la partie fepten-
trionale de l’Afie, on trouve les Samogedes
Afiatiques, 8c plus bas les Oftiaques au
fu d -e ft, & les Tongous au midi, qui tous
ont le teint bafané; les habitans de la grande
Tartarie l’ont olivâtre. Les Tartares Mon-
gous ont une nuance moins fenlible de cette
dernière couleur. Chez les Chinois des Provinces
méridionales, elle va jufqu’au brun.
Les Jappnois font encore plus bruns, ainfi
que les Cochinchinois dans la prefqu’ifle
au-delà du Gange. Les Tonquinois , dans
la même prefqu’ifle, font un peu olivâtres,
félon Tavernier. Les Siamois ont le teint
groflier 8c d’un brun mêlé de rouge. Les
habitans des Royaumes d’Aftracan 8c de
Pégou font d’une couleur bafanée plus
obfcure que celle de tous les peuples qui
précédent.
Les peuples du Mogol font olivâtres ,
quoique Mogol lignifie blanc. Les- Habitans
de Cambaye, dans le même Royaume, font
d’un gris cendré. Ceux de la côte de Coror
mandel font très - bafanés, 8c ceux de la
côte de Malabar tirent encore plus fur le
noir. Les Perfans des contrées feptentrio-
nales font affez blancs ; mais la couleur de
ces peuples s’obfcurcit à mefure que l’on
approche de la partie méridionale, où ils
font très-bafanes 8c très-bruns.
En parcourant les principales Ifles de
l’Afie, on obferye que le? habitans des Ifles
Mariannes , .au fud-eft du Japon, font bafanés.
Ceux des Ifles de Java 8c de Tçrnate,
la principale des petites Ifles Moluques, 8c
les Malais, qui font des étrangers établis
dans les Ifles de la Sonde, ont le teint d’un
rouge pourpré Ou noirâtre. Selon les voyageurs
Hollandois , les habitans de l’Ifle For-
mofe font d’un brun qui tire fur le noir.
Les peuples de l’Ifle de Cey lan ont une teinte
■ de noir moins foncée que ceux de la côte
de Malabar; cependant ils fonttrès-bafanés.
Ceux des Maldives font d’une couleur olivâtre
, qui fe rapproche du noir vers les
parties méridionales de ces Ifles.
Les Sauvages de l’Ifle d?Otahiti, ainfi que
des autres Ifles nouvellement découvertes
dans la mer du Sud, 8c ceux des terres
auftrales parcourues par le Capitaine Cook,’
ont en général la peau bafanée avec diverfes
teintes de brun ou d’olivâtre, félon la diver-
fité des peuples ou des cantons.
La couleur bafanée prend une teinte obfcure
8c très-foncée chez la plupart. des
peuples qui font fitués vers la mer Rouge
8c le long des côtes orientales de l’Afrique,
comme les Egyptiens, les Abyflins, ou
Ethiopiens d’A frique, que l’on a crus longtemps
noirs, parce qu’on a confondu l’Abyf-
finie avec la Nubie , les peuples du Zan-
guebar , 8c ceux de l’Ifle deZocotora; i!
en faut dire autant d’une grande partie des
peuples qui habitent les contrées feptentrio-
nales, tels que ceux qui font fur les côtes
8c dans les plaines de la Barbarie , 8c les
autres jufqu’au Sénégal, au nord 8c au midi
duquel fe trouvent les Foules. La couleur
de ce dernier peuple femble être le paffage
du brun ohfcur au teint des vrais negres, qui
forment comme la partie la plus enfoncée
de ce grand tableau, où le çontrafte des
teintes extrêmes n’eft pas moins étonnant
que la variété infinie des nuances intermé-,
diaires *,
Peuples qui ont U. teint noir,
É Avant d’arriver aux contrées qui occupent
le milieu de l’Afrique , 8c où le noir eft
lacouleurdominante des peuples, on trouve
quelques yille's dont les habitans ont cette
même couleur, tels que ceux de Gabes ou
Capes, au Royaume de Tunis, qui font
fort noirs , 8c ceux de Guaden ou Hoden ,
au midi du défert de Zanhaga, qui font
d’un noir plus voifin du bafané,
C’eft dans la Nigritie , la Guinée 8c le
Congo, que l’on voit les Hommes les plus
noirs qu’il y ait fur la terre, mais avec de?
différences plus ou moins fenfibles, comme
on'enobferve dans la couleur des blancs,
Les premiers Negres que l’on trouv e,
font cçux qui habitent le long du bord méridional
du Sénégal. Ces peuples, aufli bien
que ceux qui occupent le refte de l’efpace
compris entre cette rivière êc celle de
Gambie, font tous fort noirs. Les Negres de
1’IfJe de Gorée de de la pôî.e du Cap V e r t,
font aufli d’un noir foncé 8c éclatant comme
celui de l’ébène ou du jais poli. Par une
fuite de l’habitude que ces peuples ont de
fe voir, 8c de cette pente naturelle qui nous
porte à nous former une idée du beau 8c de
l’agréable, d’après ce que nous fommes, ils
font flattés jufqu’à la vanité, d’avoir reçu
de la Nature, dans un degré extrême, cette
couleur que l’art emploie parmi nous pour
rappeler des idées effrayantes 8c lugubres.
Ils le mocquent de ceux qui ne font pas fi
noirs qu’eu x , comme les blancs en Europe
méprilent les bafanés. Ceux du pays de
Serre-Lionne , 8c de la côte de Malaguette,
aufli bien que ceux du Congo , font d’un
noir un peu plus foible que celui des Negres
du Sénégal. Les peuples qui habitent la côte
de Juda 8c les lieux voifins, ont la coiffeur
noire encore plus adoucie.
La race des Negres proprement dite finit
au Cap Noir. Les habitans de la Çafrerie ,
foit pure foit mélangée , ceux du Mono-
motapa, de Sofala, de Mozambique , de
Melinde , font d’un noir qui fe rapproche ■
fenfiblement du bafané. Les Hottentots, qui
font les derniers habitans de l’Afrique, ont
le teint d’un noir encore moins décidé,
ainfi que les peuples de Madagafcar 8c des
Ifles voifines; 8c fi quelques voyageurs ont
cru que les Hottentots étoient très-noirs ,
c’eft parce que ces peuples finguliers, q u i,
par des attentions recherchées , s’étudient
à perfeûioriner leur laideur 8c leur malpropreté
, comme on raffine ailleurs fur l’élégance
8c la délicateffe, fe plaifent à fe
barbouiller tout le corps d’une poudre de
charbon mêlée de graille 8c arrolée de leur
propre urine.
Après l’Afrique, on ne trouve plus de
Noirs que dans quelques Ifles ou contrées
de l’Afie. Les habitans de la Prefqu’ifle .de
Malaca 8c de l’ifle de Sumatra font noirs.
Ceux de l’ifle de Sombreo, au nord de Ni-
cobar, dans le Golfe de Bengale, font très-
noirs. Il y a aufli des noirs dans l’ifle de
Manille, 8c les autres Philippines. Enfin,
parmi les habitans de la nouvelle Guinée
où terre des Papous , c’eft-à-dire noirs, 8c
de la nouvelle Hollande , qui toutes deux
font partie des terres antarctiques ou auftrales
, on trouve d’une part des troupes de
fauvageS qui ont le même teint que les
Cafres, 8c de l’autre des negres femblables
à ceux de la .Guinée en Afrique, (a). *
Traits du vifage conjîdérés dans les
différentes Nations.
PREMI ÈRE VARI ÉTÉ.
* Lesrégionstempéréesnous ontdéjaoffert
la plus belle couleur du vifage de l’Homme.
Nous en retrouvons également les traitsffes
plus réguliers dans ces mêmes climats.
L’art du deflin , guidé par l’obfervation
8c par ce goût délicat que la culture des
talens développe 8c perfectionne , a déterminé
les proportions exaâes de cet en-
femble régulier qui forme le modèle de
la beauté. Parmi les peuples qui en ont
fourni les traits, on doit ranger d’abord
prefque tous les Européens rcar fi l’on excepte
lés Lapons, les habitans de la province
de Petzora 8c les Tartares de la Crimée
, on obferve chez tous les autres les
caraâères généraux de la figure la plus parfaite
-, mais modifiés par ces nuances infiniment
variées, qui tiennent à la fituation
particulière du climat, à la diverfîté des
alliancés , au genre de vie , 8c qui fou-
mifes à l’impreflion fans celle répétée de
l’âge 8c du temps, font mobiles 8c fugitives
jufque dans le même individu.
En Afie , les habitans de la Géorgie, de
la Circaflie 8c de la' Mingrelie font célèbres
par les agrémens de leur figure. La
beauté régulière qui ne fe montre que par
intervalle dans d’autres pays , femble être
chez ces peuples un avantage héréditaire
dans chaque famille.
Les peuples du Mogol, 8c fur-tout ceux
de Cachemire,fe rapprochent des Européens
par les traits du vifage. Les Perfans,
( a ) Ces différens articles ont été extraits en grande partie des Variétés de l’ejpèce Humaine, par
M. le Comte de Buffon , difpofés félon les Cartes de M. de Lille, de l'Académie Royale des
Sciences, & la Méthode Géographique de M, jNficolle de la Croix,