
riaque avec du lait. Ces particularités ont été
obfervées fur un phoque de l’efpèce dont nous
parlons, lequel avoit été pris dans le golfe de
Venife , & que l’on montroit à Paris en 1781.
Nous ajouterons ici quelques obfervations qui
ont été faites par M. Sabarot de la Vernière , docteur
en Médecine de la Faculté de Montpellier,
fur un grand phoque femelle qui nous paroît être
de la même efpèce que eelui dont nous venons
de parler^
» Cet amphibie , dit M. de la Vernière , avoit
plus de lix pieds de longueur ; fa peau lifïe 8c un
peu tigrée , affe&oit agréablement la vue & le
taél ; la tête , plus grofle que celle d’un veau,
en avoit à-peu-près la figure ; ôc fes yeux grands ,
faillans, 8c pleins de feu, intéreffoient les fpeéia-
teurs 3 fon cou très-fouple fe recourboit allez facilement
; & fes mâchoires armées de dents aigues
8c tranchantes, lui donnoient un air redoutable 3 on
lui voyoit deux trous auditifs fans oreilles externes.
Il avoit la gueule d’un rouge de corail, 8c portoit
une mouftache fort grande 3 deux nageoires en
forme de main , tenoient aux côtés du thorax,
8c le corps de l’animal fe terminoit en une queue
qui étoit accompagnée de deux nageoires latérales,
lefquelles tenoient lieu de pieds ».
«• Ce phoque, docile à la voix de fon maître, pre-
noit telle pofition qu’il lui ordonnoit 3 il s’élevoit
hors de l’eau pour le carefler 8c le lécher 3 il étei-
gnoit une chandelle du fouffle de fes narines 3 fa
voix étoit un rugiflement obfcur mêlé quelquefois
de gémiffement : fon condu&eur fe couchoit auprès4
de lui lorfqu’il étoit à fec 3 l’eau de fon cuvier
étoit falée 3 & lorfqu’il s’y plongeoit, il éle-
voit de temps en temps la tête pour refpirer 3 il
vivoit d’anguilles , qu’il dévoroit dans l’eau 3 il
mourut'à Nîmes-, d’une maladie femblable à la
morve des chevaux ». .
30. Le P ho qu e a c a p u c h o n .
Ce phoque , que les Groënlandois appellent
neitfer-foak , & que les Danois & les Allemands
ont appellé klap - mut^e, eft remarquable par la
laine noire qui revêt fa peau fous un poil blanc ,
8c par un capuchon d’une peau épaifle 8c velue ,
qu’il a fur le front, 8c qu’il peut rabattre fur fes
yeux pour les garantir des tourbillons de neige.
Les phoques de cette efpèce font régulièrement
deux voyages par an 3 ils font fort nombreux au
détroit de Davis , 8c yrélident depuis le mois de
feptembre jufqu’au mois de mars. Ils en fortent
alors pour aller faire leurs petits à terre , 8c reviennent
avec eux au‘mois de juin , fort maigres
8c fort épuifés : ils en partent une fécondé fois en
juillet, pour aller plus au nord, où ils trouvent
probablement une nourriture plus abondante, car
ils reviennent fort gras en feptembre. Leur maigreur
, dans les mois de mai & de juin, femble
indiquer que c’eft alors la faifon de leurs amours,
8c que dans ce temps ils oublient de manger, &
jeûnent comme les lions Sc les ours marins.
4°. Le P hoque a croissant , ou A ttarsoak.
Les Groënlandois donnent à ce phoque diffé-
rens noms à mefure que fon poil prend des teintes
différentes. Le foetus, qui eft tout blanc 8c couvert
d’un poil laineux, fe nomme iblau. Dans la
première année d’âge, le poil eft un peu moins
blanc, 8c l’animal s’appele attarak 3 il devient gris,
8c il porte le nom d'atteitjiak 3 il varie encore plus
dans la troifième , 8c on l’appelle aglektok 3 il eft
tacheté dans la quatrième , ce qui lui fait donner
le nom de milektok , 8c ce n’eft qu’à la cinquième
année que le poil eft d’un beau gris blanc , 8c qu’il
a fur le dos deux croiflans noirs, dont les pointes
fe regardent. Ce phoque eft alors dans toute fa
force , & il prend le nom d'attarfoak.
Il paroît que cette efpèce fe trouve non-feulement
au détroit de Davis 8c aux environs du
Groënland, mais encore fur les cotes de la Sibérie
& jufqu’au Kamtschatka. A en juger par un paf-
fage de Charlevoix, il paroît aufli que cette efpèce
fe rencontre près des côtes orientales de l’Amérique
feptentrionale. « Ces animaux , dit - il ,
ont le poil de diverfes couleurs 3 il y en a
qui font tout blancs , & tous le font en naif-
fant 3 à mefure qu’ils vieilliflent, les uns deviennent
noirs , d’autres roux, 8c d’autres prennent
toutes ces couleurs enfemble ».
Du refte, comme le poil de ce phoque à croif-
fant prend différentes teintes de couleur avec l’âge,
il fe pourroit que les phoques gris , tachetés , tigrés
8c cerclés, dont parlent les.voyageurs du Nord,
ne fùffent que les mêmes animaux, 8c tous de
l’efpèce du phoque à croijfant vu dans différens âges.
50. Le P ho q u e n e i t - s oak .
C’eft le nom que donnent les Groënlandois à
cette efpèce qui eft plus petite que les précédentes.
Son poil eft mêlé de foies brunes, aufli
rudes que celles du cochon 3 la couleur en eft va
riée par de grandes taches , & il eft hériffé comme
celui de l’ours marin.
6°. Le P hoque Laktak de Kamtfchatka,
Cette efpèce ne fe prend qu’au delà du cinquante-
fixième degré de latitude, foit dans la mer de
Pengina , foit dans l’océan oriental, 8c paroît être
une des plus grandes du genre des phoques.
7?. Le P h o q u e c a s s i g i a k .
C’eft le nom groënlandois de cette efpèce dans
laquelle la peau des jeunes eft noire fur le dos,
8c blanche fous le ventre , 8c celle des vieux eft
ordinairement tigrée.
Cette
Cette efpèce n’eft pas voyageufe 1 8c fe trouve
toute l’année à Balsriver.
8°. Le P ho qu e c ommun .
Cette efpèce, connue vulgairement fous les
noms de veau marin , de Joup marin 8c de
chien marin , eft la plus répandue de toutes 3. elle
fe trouve non-feulement dans la mer Baltique 8c
dans tout l’Océan , depuis le Groënland jufqu’au
cap de Bonne - Efpérance , mais encore dans la
Méditerranée 8c la mer Noire. Il s’en trouve même, '
à ce qu’on dit , dans la mer Cafpienne 8c dans
le lac Baikal, ainfi que dans les lacs Onéga 8c
Ladoga en Ruflie, ce qui femble prouver que
cette efpèce eft prefque univerfellement répandue,
8c qu’elle peut vivre également dans la mer 8c
dans les eaux douces des climats froids 8c tempérés.
Il paroît qu’elle renferme quelques variétés.
Le voyageur Denis parle d’une efpèce de phoque
de taille moyenne , qui fe trouve fur les côtes
d’Acadie , 8c le Père Dutertre rapporte d’après
lu i, que ces petits phoques ne s’éloignent jamais
beaucoup du rivage. « Lorfqu’ils font fur la terre ,
dit-il, il y en a toujours quelqu’un qui fait fen-
tinelle : au premier fignal qu’il donne , tous fe
jettent dans la mer 3 au bout de quelque temps ,
ils fe rapprochent de terre, 8c s’élèvent fur leurs ~
pattes de devant pour voir s’il n’y a rien à craindre :
mais , malgré cela , on en prend un très-grand
nombre à terre , 8c il n’eft prefque pas poflible de
les avoir autrement....... Mais quand c es -phoques
entrent avec la marée dans les anfes, il eft aifé
de les prendre en très - grande quantité : on en
ferme l’entrée avec des filets 8c des pieux 3 on n’y
laiffe de libre qu’un fort petit efpace par où ces
phoques fe gliflent dès que la marée eft haute 3 on
bouche cette ouverture dès que la mer eft retirée ,
8c ces ariimâux étant reliés à fec, on n’a que la
peine de les alfommer. On les fuit en canot dans
les endroits où il y en a beaucoup 3 8ç quand ils
mettent la tête hors de l’eau pour refpirer ,_on
tire deflùs. S’ils ne font que bleflés , on les prend
fans peine 3 mais s’ils font tués roides , ils vont
d’abord au fond , où de gros chiens dreffés pour
cette chaffe, vont les pêcher à fept ou huit bralfes
de profondeur ». ,
PI CHOU , à la Louifiane, eft le margay. Voye^
M a RG a y . ’ ... ' . .
PILORI, ( le ) efpèce de gros rat particulier
aux ifles Antilles, 8c qu’il ne faut pas. confondre
avec l’ondatra ni avec le delman , quoiqu’il exhale
comme eux une forte odeur de mufc. Le pilori
n’eft guère moins gros *qu’un lapin , 8c fe fait de
même une retraite fous terre : il a la queue courte
8c cylindrique, le poil ordinairement blanc fous
le ventre , 8c noir ou tanné fur le refte du corps 3
cette efpèce de gros rat multiplie beaucoup moins
que celle des rats communs. « Les piloris , dit
'L 'a b a t , font une efpèce de rats de bois deux ou
ffijloire Naturelle. Tom, 1%
trois!fois pins gros que les rats ordinaires; ils font
prefque blancs , leur queue eft fort courte , ils
tentent le mufc extraordinairement ».
On trouve dans l’Ouvrage intitulé Hijloire Naturelle
des Antilles, (p. 124) le paflage fuivant
fur le pilori. « Les rats mufqués des Antilles, que
nos François appellent piloris, font le plus fou-
vent leur retraite dans les trous de la terre comme
les lapins 3 aufli ils font prefque de la même grof-
feur 3 mais pour la figure , ils n’ont rien de celle
des gros rats qu’on voit ailleurs , finon que la plupart
ont le poil du ventre blanc comme lesglirons,
(loirs) 6c celui du refte du corps noir ou tanné 3 ils
exhalent une odeur mufquée qui abat le coeur,
8c qui parfume fi fort l’endroit de leur retraite,
qu’il eft fort aifé de le difcerner ».
Enfin le Père Dutertre s’exprime ainfi au fujet
de ces animaux : « Les piloris fe trouvent a la
Martinique. 8c dans quelques autres ifles Antilles
: ce fo^it des rats mufqués de la même formé
que les rats d’Europe, mais d’une fi prodigieufe
grandeur , que quatre de nos rats ne pèfent pas
un pilori.... Ils nichent jufque dans les cafés , mais
ne peuplent pas tant que les autres rats communs ,
qui n’ont paru.que depuis quelques années, que
l’ifle eft fréquentée des navires ».
PINCHE, (le ) finge de la famille des fagouins.
Il a la queue une fois plus longue que la tête 8c
le corps pris enfemble 3 la face , la gorge 8c les
oreilles noires 3 la tête garnie de longs poils blancs
en forme de cheveux liftes , le mufeau large, la'
face ronde 3 le poil du corps eft aflez long ,
brun fauve ou roux fur le corps jufqu’auprès de
la queue, où il devient orangé 3 il eft blanc fur
la poitrine , le ventre, les mains 8c les pieds. La
queue eft d’un roux vif à fon origine, 8c dans la
première partie de fa longueur 3 enfuite d’uri roux
brun, 8c enfin noire à Ion extrémité.
Le pinche marche à quatre pieds , 8c n’a qu’en-
viron neuf pouces de longueur en tout. C’eft un
joli animal 3 fa voix eft douce, 8c reflemble plus
au chant d’un petit oifeau qu’au cri d’un quadrupède
: il eft très-délicat, 8c ce n’eft qu’avec de
grandes précautions qu’on pèùt le tranfp^rter
d’Amérique en Europe.
PIPISTRELLE, nom donné à une efpèce de
chauve-fouris. Voye£ C h a u v e - s o u r i s .
PITHÈQUE , ( le ) eft de la famille des linges
fans queue, lln’a pointles dents canines plus grandes^
à proportion , que celles de l’homme 3 il a la face
plate , les ongles plats aufli, 8c arrondis comme
ceux de l’homme 3 il marche fur fes deux pieds , 8c
n’a , tout au plus V qu’un pied 8c demi de hauteur.
Son naturel eft doux 3 on l’apprivoife aifément 3 il
eft fin 8c adroit, 8c imite l’homme en tout ce qu’il
lui voit faire.
Dans l’état fauvage , ces animaux vivent d’herbes,
de bled, 8c de toutes fortes de fruits , qu’ils vont
I en troupes dérober dans lés jardins ou dans les
1 champs, où ils font de grands dégâts. Un d’eux