
les rayons lumineux, fans être bleffés de
leur éclat. S’il ell quelquefois trop vif,
fur-tout pour les efpèces qui s’élèvent plus
haut 8c dont les regards, pendant leur vol
afcendant, font néceffairement dirigés vers
le ciel ; ime membrane placée au-deffous
des paupières, qui s’étend à volonté du
grand au petit angle de l’oeil, en modéré
l’impreffion. Cette membrane, à laquelle
on a donné l’épithète latine de niclitems,
adoptée par les naturalilles comme un
terme tecnique , adoucit l’impreilioiy de
la lumière,. fans intercepter la faculté de
voir ; c’eft un voile étendit au-devant des
yeux qui les garantit,, fans empêcher leur
aâion ; c’eft un feeours que l’homme ne
peut qu’imiter , que la nature lui avoit
refufé ,. dont elle n’a favorifé 'que les j
oifeaux : taus ne l’ont pas. reçu.;: il a ete
accordé à un grand nombre d’efpèçes ,
& fur-tout à celles qui, vivant dans, les
-circonftances les plus oppofées, en avoient
cependant un befoin plus grand ;. ce font
les oifeaux de proie diurnes 8c les oifeaux
de nuit.. La membrane appellée niéîitans eft
utile aux premiers, qui, pendant l’eclat
du. jour le plus vif, montent fouvent y
pic vers les régions élevees ; elle eft ne-
ceffaire aux féconds qui,. fortant de leur
retraite, au crépufcule du foir, & les.regagnant
à celui du-matin,. feroient éblouis
par un: éclat trop vif pour eux;, ou s’ils
fortoient plus tard 8c rentroient plutôt,
perdroient chaque jour une. heure d’exif-
tence.. C’eft encore à la faveur de cette
-membrane que, forcés.de fuir pendant le
jour de leur afyle oit ils font troublés, ils
parviennent à en chercher un-autre, malgré
l’éclat qui les incommode, mais qui les
eût éblouis fans le-voile étendu fur leurs
yeux. Leur extrême fenfibilité exigeait
encore d’autres précautions,; ils, font,,, par
«ette raifon, placés en devant de la tête
comme ceux des quadrupèdes, plus profonds
dans l’orbite que ceux, des- autres
oifeaux, 8c. entoures-,, dans-toute la circonférence,
par un-cercle de plumes Taillantes,
réfléchies- en arrière,: qui ne permettent
le-pa£fage qu’aux rayons directe:
quelques t’ipeçi;? ont, en- outre ; Air lu
. tête, au-deffus des yeux, des touffes dé
plumes qui ne font pas un vain ornement,
mais qui fervent à intercepter les rayons
perpendiculaires qui tomberoient fur les
yeux en trop grand nombre.
Le méchanilme de l’organe répond aux
précautions acceffoires : le globe de 1 oeil
eft plus grand à proportion que dans les
autres animaux ; la fclérotique ell à demi
cartilagineufe ; il y a au fond de 1 oeil une
membrane qui manque aux autres animaux.
Le nerf optique, après avoir perce la fcle—
rotique & la choroïde, s’élargit, forme
une forte de rond ou de bourfe rdes^ filets
1 fe prolongent de. fa. circonférence, s unifient
8c s’entrelacent pour former la membrane
à laquelle aboutiffent les rayons lumineux,
& qui, d’après fon origine, eft ua
épanouiffement du nerf optique ; ce nerf,
par cette raifon, eft plus immédiatement
affeûé, & par conféquent plus vivement
ébranlé que dans les autres animaux, 8c
les oifeaux doués d’une vue plus fenfible ,
diftinguent les objets dans un plus, grand
éloignement, 8c lesvoient plus nettement
Si à cette conformation particulière, on
ajoute les. précautions rapportées dans cet
article, prifes par. la nature pour favorifer
la vifion dans les oifeaux; fi on fe rappelle
ce qui a été dit en traitant du cerveau, au-
fiijet des couches des nerfs optiques, de
leur volume par rapport à celui du cer-
- veau, on-auratoutes,lescaufesréunies, 8c.
du tnéchanifme qui procure aux oifeaux
une- vue perçante , fenfible, fupérieure à
celle de l’homme 8c. des. animaux en général,
êede la force des impreffions que la
vue exerce fur leur finforium ; on comprendra
par conféquent avec quelle fupério-
rité, prédominant en eux furies autres fens,.
elle influe fur leurs habitudes 8c fur leur
caraâère. Pour parvenir à connoître toutes
les caufes phyfiques dont il eft le refultat;,,
achevons d’examiner les parties qui le. modifient,'
ou par elles-même?, ou par les.
: fecultés qu’elles, procurent.
§. X g
Des plumes 6" dï leurs différentes ejphesi.
Les plumes ne font pas feulement. If
vêtement des oifeaux, elles font encore
un des principaux inftrumens qui fervent
pour le vol; celles dé la queue font l’office
de gouvernail, les grandes plumes des ailes
celui de rames, les moyennes 8c quelques
plumes placées fous l’aîle tiennent lieu de
voiles. Car le vol eft une navigation dans
laquelle l’oifoau eft tantôt fécondé par le
vent, tantôt il le force ou en-tire partie.
Mais puifque les plumes font un des principaux
inftrumens qui procurent aux oifeaux
la facidté de voler , elles agiffent
fecondairement fur leurs habitudes , 8c
c’eft par cette raifon que j’en parle en cet
endroit
Les plumes font compofées du tuyau 8c
des barbes. Le tuyau à fa partie inférieure
eft cylindrique, liffe 8c nud au-dehors, il
eft creux à l’intérieur. L’extrémité de ïa
bafe qui fe rétrécit eft ouverte circulaire-
ment : èlle donne paffage à un canal membraneux
dans les oifeaux adultes 8c charnu
ou pulpeux dans les jeunes. Ce canal fou-
tient 8c dirige les,vaiffeaux fanguins 8c
lymphatiques qui fourniffent la nourriture
de la plume ; à mefure qu’elle s’étend, que
fes barbes fe développent, les vaiffeaux qui
fe font accrus 8c divifés perdent de leur
foupleffe, & le canal de pulpeux qu’il étoit
devient membraneux; on reconnoît alors
qu’il eft compofé de godets ou d’entonnoirs,
reçus les uns dans les autres, que les vaiffeaux
fanguins rempent autour du canal,
que les lymphatiques verfent le fuc nourricier
dans les godets, d’oii il paffe par imbi-
bition à travers la pulpe ou moelle qui
remplit la partie fuperieure du tuyau 8c fe
répand dans les barbes qu’il alimente. Telle
eft, fijivant M. Poupart, hiftoire de l’académie
année 1699,1’organifation &l’ufage
de cette membrane qui fort du tuyau d’une
plume que l’on taille fous la forme.d’une
veffie defféchée 8c pliffée. Mais indépendamment
de l’ufage indiqué par M. Poupart,
ne feroit-il pas probable que le canal qu’il
a décrit en a encore un autre ; que fufeep-
tible d’être dilaté, il reçoit l’air qui paffe
des poumons dans l’os de l’aîle ; que, fem-
blable à la veffie aerienne des poiffons, il
contribue de la même manière, en fe rempliffant
d’air, à rendre les oifeaux plus légers,
tandis que d’un autre côté l’air s’échappe
infenfiblement par les pores qui donnent
paffage à la lymphe nourricière ? Il faut,
pour juger de la valeur de cette fuppofition,
fe rappeller ce qui a été dit, en parlant de
la refpiration, Air le paffage de l’air dans le
gros os de l’aîle. Une obfervation qui fortifiera
cette fuppofition, c’eft que le tuyau
des grandes plumes, de celles de l’aîle fur-
tout , pénètre très - avant 8c jufqu’au
périofte , tandis que le tuyau des autres
plumes a une infertion moins profonde. Je
n’ai encore examiné que la partie du tuyau
qui eft dégarnie de barbes ; celle qui en eft
revêtue eft beaucoup plus longue, va en
décroiffant de-volume jufqu’à la pointe de
la plume, eft légèrement arquée & courbée,
fi ce n’eft dans les plumes de la queue, qui
font communément droites ; on y peut
diftinguer quatre faces, deux latérales, une
fupérieure, une inférieure. Les.deux latérales
font déprimées 8c applaties à angle
droit ; c’eft de ces faces ou côtés que naif-
fent les barbes ; la face fupérieure eft légèrement
arquée l’inférieure eft traverfée
dans fa longueur par un fillon qui la divife
en deux portions égales 8c légèrement
arrondies.
La partie du tuyau que je viens de décrire
eft remplie à l’intérieur d’une fubftance
blanche, légère , poreufe , femblable à la
moelle des plantes , mais plus compacte.
G’eft cette fubftance qui reçoit 8c tranfmet
par tranfudation aux barbes la lymphe
dépofée dans les godets dont eft compofé
le canal membraneux qui remplit la cavité
de la portion inférieure du tuyau. Les barbes
qui en accompagnent la portion fupérieure
de chaque côté font de longueur inégale,
excepte dans les plumes de la queue 8c dans
quelques autres efpèces de plumes , comme
je le remarquerai. Lesbarbesles plus longues
font rangées du côté interne ou du côté du
corps, 8C les plus courtes du côté externe;
leur direftion eft oblique par rapport au
tuyau avec lequel elles forment un anale
d’à-peu-près quarante - cinq degrés. Les
barbes, d’un même côté, quoique diftinâes
8c indépendante? les unes des autres, fe