
du calice des fleurs ; ils enveloppent & renferment
le conduit nafal auquel ils fervent d’abri.
Cette taupe fe trouve au Canada, où cependant
elle n’eft pas fort commune ; elle manoeuvre
comme nos taupes , mais- .avec plus de, lenteur ;
suffi fes taupinières font-elles peu .nombreufes. &
aflez petites.
ç®. La grande taupe du Cap ou taupe des Dunes.
Cette efpèce habite les Dunes qui font aux environs,,
du Cap de Bonne - Efpérance , & près de
la mer; on n’en trouve point dans l’intérieur du
pays. Sa couleur , eft blanchâtre fur le corps-,
avec une légère teinte de jaune , qui fe change
en couleur grife fur les côtés. & fous le ventre.
Sa tête eft alongée & terminée par un mufeau
plat de couleur de chair allez femblàble au boutoir
d’un cochon ; elle a les yeux & les oreilles
comme la taupe ordinaire ; l’ouverture du canal
auditif eft placé au milieu d’üne tache ronde plus
blanche que le refte du corps ; elle à , à chaque
mâchoire, deux dents incifives qui fe montrent,
quoique la'gueule foit fermée ; celles d’en bas
font fort longues, elles font auffi fort larges j &
partagées . chacune en deux par un fillon qui la
fait paroître double ; mais par derrière elles font
lotit-à-fait unies ; il y a huit dents molaires dans
chaque mâchoire , ce qui , avec les incifives,'
forme en tout vingt-deux dents. Les inférieures
avancent un peu au - delà des' fupérieures ; mais
ce qu’elles offrent de plus fingulier, c’eft quelles-
font mobiles , & que l’animal peut les écarter
ou lès réunir à volonté.
La queue eft plate, couverte de longs poils ,
q u i, de même que ceux dès mouftach.es & de
defTous les pattes,font-roides comme des foies de
cochon. Il y a cinq doigts à chaque pied , ils font
munis d’ongles fort longs-& blanchâtres.
Ges taupes vitrent ,• comme les nôtres , fous
terre, elles y font des trous profonds & de longs
boyaux, elles jettent la terre comme nos taupes
eh l’accumulant en de très-gros monceaux , ce
qui fait qu’il eft dangereux d’aller à cheval dans
les lieiix ©ù elles font en nombre , fouvent il
arrive que les jambes des cheyaux s’enfoncent dans
ceS trous jufqu’aux genoux, Ces-taupes font-très-
communes ; au Cap ; elles vivent de plantes &
d’oignons , & çaufent beaucoup de dommage
aux jardins. On dit que leur chair eft bonne à
manger. Elles ne courent pas vite, & en marchant
elles tournent leurs pieds en-dedans ;* mais
elles font très-expéditivès à creufer la- terre. Leur
corps touche toujours le fol fur lequel elles font ;
elles mordent très-fort , & il-eft dangereux de les
irriter. • r .
La taupe , çn latin talpa; dans Linné talpa
Çaudata ; dans Briffon tMpa vulgaris.
TAUREAU ( le ) , dans l’efpèce du boeuf, eft
le mâle qui n’a point fubi la câftration &. qui fort*
à la propagation. Quoiqu’on puiffe auffi le fou-
lettre au travail, on eft. bien moins fur de fou
obéiftance que de celle du boeuf , & il faut tou-*
jours être en garde contre l’ufage qu’il peut faire
de fa force & de fes armes. La Nature a-fait cet“
animal, indocile & fier ; dans le-temps du rut, il
devient indomptable & fouvent furieux , & ce
n’eft que par la caftration qu’on peut détruire., la
four ce de fes mouvemens impétueux , & du re-
doutable taureau , faire le boeuf docile, patient'
&. fournis*
Le taureau, deftiné à multiplier le troupeau ÿ
doit être choifi parmi les plus beaux de fon efpèce ;
il doit être gros , bien fait, & en bonne chair;;
il doit ayoir l’oeil noir , le regard fier , le-front
ouvert, la tête courte , les cornes groffes, courtes
& noires, les oreilles longues & velues , le mufle
grand, le nez court & droit, le cou charnu &
gros , les épaules & la poitrine larges, les reins
termes , le dos droit, les jambes groffes & ch a r nues,
la queue longue & bien couverte de poil ,
l’allure ferme & fure & le poil rouge.
Quoique les anciens ayent écrit que la vache,-
le boeuf & même le veau, avoient là voix plus
grave que le taureau , il eft très-certain que le
taureau a la voix beaucoup plus forte , puifqu’il
fe fait entendre de bien plus loin que la vache ,
le boeuf ou le veau. Ce qui a fait croire qu’il
avoit la voix moins grave , c’eft que fon mugifo
fement n’eft pas un fon Ample, mais un fon com-
polé de deux ou trois o(Slaves, dont la plus élevée
frappe le plus l’oreille ; & en y faifant attention .
‘ l’on entend en même-temps un fon grave & plus
grave que celui de, la voix du boeuf , dont les
! mugiffemens font auffi bien plus- courts.
: . Au refte, le taureau ne mugit que d’amour ; la-
j vache mugit plus fouvent de peur & d’inquiétude ,
I que d’amour, & le veau mugit de douleur ,. cfo
’ befoin de nourriture & de defir de fa mère.*
W o y e ^ Boeuf & V a c h e .
T A YRA ou GALERA , animal de la grandeur
d’un petit lapin & qui reffemble aflez à la belette*
ou à la fouine. Il a la ‘ tête oblongue , les yeux
■ auffi un peu oblongs , ôt à une égale diftance;
. des oreilles & de l’extrémité du mufeau , qui eft
alongé, un peu pointu &. garni d’une mouftache ;
la mâchoire inférieure eft- beaucoup plus' courte*
que la fupérieure ; il a fix dents incifives & deux
canines à chaque mâchoire ; fans compter les
mâchelières ; fa langue eft rude comme celle du
chat ; fes oreilles font plattes & aflez femblables
à celles de l’homme ; fes pieds font forts, fur-
tout ceux de devant , qui font confidérablemenri
• plus courts que ceux de derrière ; il a cinq doigts'
i à tous les pieds ; la queue eft- longue & droite
& va toujours en diminuant ; le corps eft oblong
& couvert de poils bruns ,-dont les uns font aflez
longs & les autres beaucoup plus courts. Cet
animal fe creufe un terrier, & nous paroît être
' une petite efpèce de fouine ou de ; putois. On le
trouve au Bréfil & à la Guiane.-
TCHIGITAI. C’eft ainfi- que. ^ancienne Encyclopédie
cyclopédie à écç,k le nom de c^igitaï. Foyer cè ihotT
TECHICHI de la Nouvelle-Efpagne , eftpro^
bablement le même animal que le koupara de la
Guiane , qui eft le chien-crabe ou crabier. Voyeç
C r a b ie r I
TEGULCHITCH eft le. nom que porte, au
Kamtschatka, une efpèce de rats voyageurs, qui
nous parodient être les mêmes que les lemings
de Laponie. Voici ce qu’en dit le voyageur Kra-
cheninicoff :
« Ces rats fie trouvent en abondance dans la
péninfule de Kamtschatka : ils font d’une couleur
brune &. de la groffeur de nos plus gros rats
d’Europe ; ils en diffèrent néanmoins par leur cri ,
qui reffemble à celui d’un petit cochon. Ces rats
amaffent, pendant l’été , des provifions de racines
dans des trous , qui font divifés en compar-
iimens , & les en tirent pour les faire féchef
■ 'au foleil lorfqu’il fait beau ; pendant cette faifon
ils ne fie nourriflent que de fruits, fans.toucher à
la provifion deftinée pour l’hiver ».
« Çes rats changent d’habitation comme les hordes
•errantes des Tartares ; quelquefois ils quittent le
Kamtschatka pour plufieurs années ; ce qui allarme
beaucoup les habitans , qui croyent que leur retraite
annonce une année pluvieufe & défavorable à la
chafle. Ces rats partent communément au printems ;
ils fe raffemblent alors en très - grand nombre ,
dirigeant leur route vers l’occident ; ils trayerfent les
rivières & même des bras de mer à la nage ; lorfqu’a-
près avoir long-temps nagé ils atteignent les bords, ils
tombent fouvent de laffitude, & l’on diroit qu’ils
font morts; mais, peu à peu, ils fe remettent
& continuent leur marche. Leur troupe eft quelquefois
fi nombreufe, que les voyageurs font obligés
d’attendre plufieurs' heures que cette armée
de rats foit paffée ».
Kracheninikoff ajoute à cette defcription des
particularités qui fentent beaucoup la fable ; il
dit : u que ces rats, en quittant leurs trous , ont
foin de couvrir d’herbes venimeufes les provifions
qu’ils y ont amaffées, & le font pour tuer les
autres rats "ou animaux qui pourroient venir les
voler en leur abfence ; que quand , par hafard ,
ils trouvent qu’on leur a enlevé leur magafin ,
& qu’il ne leur refte plus rien pour fublifter ,
ils ont l’inftinft dé s’étrangler en preffant leur cou
entre des rameaux fourchus , &c. Du refte, ces
rats font, dit-il, regardés comme de fi bon augure
par les Kamtchadales , qu’ils ont foin de
mettre de quoi les nourrir dans leur trou quand
par hafard ils le découvrent ».
( TEMAMAÇAME. Voyeç C h e v r eu il .
TENDRÀC ( le ). Nous donnons ce. nom à
une petite efpèce de tanrec, ( Voye^ T an re c ).
qui n’eft que de la grandeur d’un gros rat , qui a
de mufeau & les oreilles, plus courtes que le tanrec;
qui n’a de piquans que fur la tête , le cou & le
garrot , ôc dont le refte du corps eft couvert d’un
poil rudé j aflez femblàble aux foies du cochon ;
Hijloire Naturelle. Tom. /.
mais q u ia u refte, foit par les autres cara&ères
de conformation, foit parles habitudes naturelles
reffemble parfaitement au tanrec , ce qui nous
porteroit à croire que ce font deux races plutôt
que deux efpèces différentes.
Dans l’ancienne Encyclopédie, le tendrac ou
tondrac efi de la grojjeur d’un chat , ayant des
pattes comme le lapin , &c. on voit que ces traits
ne peuvent pas convenir ici.
TEPEMAXTLA, de Fernandez, eft probablement
le même animal que le conepate. Voyer
C onepate.
TEPEM AX T LA TON, à la Nouvelle-Efpagne,
margay, Voyer ce mot.
T E P E Y T Z C U I T L I , ou chien de montagne
, de la Nouvelle - Efpagne , qui pourroit
bien être le même animal que le glouton. Voyez
G louton.
TEZER-DEA , en Arabe, mangoufte. Voye£
Mangouste. 1 HABITI, au Bréfil, tapeti, efpèce de lièvre.
Voye^ T apeti.
TH O S , d’Ariftote , paroît être le chacal. Voye£
Cha ca l.
T hos,- de Gaza , linx ou loup-cervier. Voye£
LiNx.
TIGRE. ( le ) On donne,communément le nom
de tigre à différentes efpèces d’animaux de proie
dont la peau eft marquée de taches arrondies &
féparées ; tels que les panthères , les léopards,
&c. I c i, nous, n’employons cette dénomination
que pour défigner le vrai tigre , ou grand tigre
des Indes orientales , celui que les Portugais
appellent tigre royal.
Le tigre a le corps marqué de bandes longues
& larges qui , prenant fur le dos, fe rejoignent
fous le ventre , & continuant le long de la queue ,
y forment des anneaux alternativement noirs &L
blancs. Sa taille furpaffe celle du lion ; auffi,
eft-il plus à craindre que le lion qui, a.la fierté ,
au courage , à la force , joint la noblefle , la
magnanimité , la clémence ; tandis que le tigre
eft baflement féroce & impitoyablement cruel.
Quoique raffafié de chair, il femble toujours être
altéré de fang ; fa fureur n’a d’autres intervalles
que ceux du temps qu’il faut pour dreffer des
embûches ; il faifit & déchire une nouvelle proie
avec la même rage qu’il vient d’exercer, & non
pas d’affouvir , en dévorant la première ; il défoie
les pays qu’il habite ; il ne Craint ni l’afpeâ ni
les armes de l’homme ; il égorge, il dévafte les
troupeaux d’animaux domeftiques , met. à mort
toutes les bêtesfauvages, attaque les petits éléphaûs
les jeunes rhinocéros & quelquefois même ofe
braver le lion.
La forme du corps de cet animal eft . d’accord
avec fon naturel : le tigre trop long de corps ,
trop bas fur les 'jambes ; la tête nue , les yeux
hagards , la langue couleur de fang & toujours hors
de la gueule , n a que Ms cara&ères de la'bafte
Qq