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Entre les caraflères qui le diftingnent, les plus
remarquables 'font quatre doigts réunis par une
membrane ; le bec droit & pointu, 'l’ongle du
doigt du milieu des trois doigts antérieurs dentelé
comme une fcie. A ces caraéîères particuliers
on peut ajouter la forme totale ; la large
<5t longue queue de cet oifeau aqùatique, fon
long cou , mince , effilé , d’une feule venue ayec
fa tête étroite , applatie , alongée ; ce qui le fait,
même dans l’oifeau privé de la vie , reffembler
à un reptile. Mais fa reffemblance avec un fer-
pent eft fur - tout frappante lorfque vivant , il
plie , contourne, déploie, .replie fon long cou.
Quoique palmé,il fe perche fur les arbres;il y
fait fon nid, & c’eft de deffus leurs branches qu’il
s’élance pour faifir le poiffon dont il fe nourrit.
Aux facultés des .oifeaux de terre, il joint celles
des oifeaux aquatiques ; il nage , il plonge & il
s’exerce librement au milieu des eaux, ainfi que
dans l’air mais il fe pofe rarement à terre ; il
e f t d’un naturel fauvage & craintif ; il fuit de
loin ôc cherche à fe dérober à la vue en plongeant.
Il faut encore ajouter à tant de fingularités
que fa peau eft exceftïvemént épaiffe , qu’elle a
aine texture ou confiftance qui approche de- celle
de la peau des quadrupèdes.
La longueur * de Yanhinga , du bout du bec à
celui de la queue, eft de deux pieds neuf pouces ;
il a trois pieds de vol ôc un peu plus ; fa queue
_eft longue d’un pied ôc demi ; fon cou d’un pied.
Les plumes de la tête 5 de la gorge , du cou font
fines. douces au toucher comme de la foie ; la
tête ôc la partie fupérieure du cou font d’un gris
roufsâtre ; la gorge & la partie inférieure du cou
font gris ; le bas "du dos eft d’un noir luftré ; fa
partie fupérieure, ainfi que les plumes fcapulaires,
font d’un noirâtre varié de taches ©blongues ,
étroites", blanchâtres , qui occupent le milieu
cle chaque plume ; le deffous dü corps eft d’un
gris argenté ; la .partie des ailes la plus proche
du corps eft variée de noirâtre 8c de blanc
fale , 8c les grandes plumes font noires ; la queue
eft compofée de douze plumes qui vont en s’élar-
giffant de leur origine à leur extrémité, qui finif-
fent en un épanouiüement arrondi, 8c fur lefquelles
on voit des filions ou cannelures tranfverfales ,
telles qu’on en exécute fur certaines boëtes d’é-
caille ; ces plumes font d un noir brillant frangées
de roufsâtre à leur extrémité ; les yeux font noirs ;
l’iris- couleur d’or ; le bec eft gris dans fa longueur
, jaunâtre à fa racine ; les pieds font d’un
gris jaunâtre. \l anhinga fe trouve à la Guiane
Si. au Bréfiî.
% A n h in g a r o u x .
A n hing a du Sénégal. Planche enl. 107.'
Cet anhinga qui a été obfervé au Sénégal par
M. Adamfon, diffère de celui d’Amérique , en
ce qu’il a le cou & le deflus des ailes d’un fauve
roux, tracé par pinceaux fiir un fond brun-noi-
xâtre j. avec le refte du plumage noir, La deferip-
A N ï
tion de c e t oifeau e ft celle qu’efi d on n e M . d *
Buffon. ■ ;
J’ai reçu de Madagafcar lin anhinga qui fait
une fécondé variété, 8c qui fe rapproche de
Yanhinga réprêfenté , PI. enl. n°. 960 3 fous la
dénomination d’anhinga noir de Cayenne Ôc que
je crois être le mâle de cette efpèce. L’anhinga
de Madagafcar ne diffère de Yanhinga noir de
Cayenne, qu’en ce qu’il a le cou grifâtre dans
toute fon étendue en arrière , de la même couleur
en-devant jufqu’au tiers dé fa longueur , où il
commence à devenir noir ; il y a de plus dans
Yanhinga de Madagafcar une raie longitudinale
grifâtre , qui traverfë le noir de la tête ôc qui
n’eft pas dans j la repréfentation de Yanhinga noir
de Cayenne ; mais comme j’ai vu des anhingas
envoyés-de ce pays qui reffembloient en tout a
celui que j’ai reçu de Madagafcar , je fuis porté
à croire que la figure n’eft pas exaéle , que les
couleurs de Yanhinga roux font trop chargées , ôc
qu’il n’y a qu’un anhinga qui fe trouve en Afrique
ôc dans l’Amérique méridionale, ou que cet oifeau
ne diffère dans ces deux parties . du monde que
beaucoup moins qu’on auroit heu de le croire ,
d’après les figures qui en ont. été données.
A n h in g a du Sénégal.Voye% A nhinga. r o u x .
ANJOU VIN. Voyei L in o t t e .
ANI.
Les anis font du LIIe genre de la méthode de
M. Briffon. Ce naturalifte les a placés à la fuite
des coucous, avec lefquels ils ont en effet du
rapport, par la forme totale de leur corps fvelte
& allongé , par le nombre des plumes-de la queue,
qui ne font pas au-delà de dix dans les anis, ôc
qui n’excède pas ce nombre-dans la plupart des
efpèees de coucous , par- la conformité des doigts
que les coucous & les anis ont également longs-,
arrondis , Ôc placés , deux en avant, deux en arrière
; mais ces .oifeaux diffèrent infiniment par la
forme du bec. Celui des anis fufht pour qu’on. 1 doive les féparer de tous les autres oifeaux , ÔC
qu’il foit aifé de les reconnoître. Il .eft court y
crochu ,, plus- épais que large : la mandibule fupê-
rieure eft déprimée fur les côtés , relevée en demi-
cercle dans fa longueur , ôc comme taillée en faulx-,
dont la convexité feroit tournée en-deffus , & ferait
la partie tranchante.
Les anis font des oifeaux du nouveau- Continent.
On n’en connaît jufqu’à préfent aucun de l’ancien
qu’on puiffe leur comparer. Ils habitent l’Am étriqué
méridionale , ôc y font par-tout fort communs.
Les créoles leur ont donné les noms de
bout de petun 9 bout de . tabac , diable des Savanes ,
diable des Palétuviers ; on les a aufli nommés
bouilleurs de Canari 3 parce que , dit - on , leur cri
reffemble au bruit que de l’eau fait en bouillant :
les Rrafiliens les appellent ànis ; ôc ce nom', im~
pofé par les habitans d’un pays où ces oifeaux
font communs , eft fans doute celui qu’il eft plus
à propos de conferver. Leurs moeurs* fuivant uîkj
A N I
relation qui a été,envoyée de Saint-Domingue a
M. de Buffon , fur une efpèce de ce genre, par
M. le chevalier des Hayes , ne les diftinguent
pas moins des autres oifeaux , que la forme fingu-
lière de leur bec. J’en donnerai le précis en parlant
de Yani des Palétuviers , qui a été le fujet des
obfervations de M. le chevalier des Hayes.
A ni des Palétuviers.
Bout de petun (grand). B riss. to/n. IV,pag. 181.
PL enl. 102 , fig. i . ..
I l ani des Palétuviers diffère * de celui des Savanes
par la grandeur.(Voye^ ani des Savanes)«
Il eft, à-peu-près du double plus grand. Son plumage
eft également noir ; mais la nuance eft plus
foncée, ôc les reflets de violet & de verd- dore
font plus fenfibles , plus vifs, plus étendus. Le cri
de cet oifeau , ou , fi l’on veut, fon chant, eft
«ne forte de fiflement toujours aigre ôc défa^réa-
ble. Ses habitudes ou fes moeurs font les memes
que celles de Yani dés Savanes. Lorfque les^ femelles,
qui fe réunifient plufieurs en un même
nid, quittent leurs oeufs3 elles les couvrent avec
des feuilles , ôc quelquefois elles font, dans le
nid commun , des féparations qui diftinguent leurs
oeufs en particulier. M. le chevalier des Hayes ,
à qui ces détails font dûs , dit qu’on né fait pas
fi les femelles, qui couvent dans le même nid,
ont chacune féparément un mâle , ou fi un feul
fuffit à plufieurs ; mais cette fuppofition même ne
détruiroit pas la fingularité de couver plufieurs
dans le même nid. Lés poules , qui n’ont qu’un
coq , ne fe réunifient pas pour couver. Les oeufs
font de couleur d’aigue-marine uniforme & fans
tachés. Il y a apparence , dit M. le chevalier des
Hayes, que les femelles tont deux ou trois pontes
par an , fuivant que la première a ou n’a pas reuffi.
On trouve des nids eh mars , mai ôc août.
Les femelles nourriffent indifféremment tous les
petits, auxquels elles donnent la becquée , ôc les
mâles aident à fournir les alimens.
Uani s’apprivoife aifément ; il apprend à parler
; & , dans l’état de liberté , il ne fait aucune
forte dé tort.
A ni dés-Savanes.
Bout de petun. Br is s . tome IV, pag, 177.
Cet ani a treize pouces ôc demi de long, dont
la queue feule én a fept; le bec, long de treize
lignés , en a neuf 6c demi de haut ; il eft noir , ainfi
que les pieds ; le plumage l’eft aufli : on y voit,
fuivant les ufpeâs , des reflets violets , ôc les
plumes du deflus du dos , ainfi que les couvertures
des ailes font bordées d’un verd foncé , qui
paroît quelquefois un peu doré. Ces nuances &
ces reflets ne font pas fenfibles à une certaine
diftance ; & fi l’oifeau n’eft pas bien expofé au
jour, il paroît entièrement noir.
Les anis vivent en troupes , ôc l’on prétend que
plufieurs femelles fe réunifient pour conftruire un
nid dans lequel elles pondent, ôc où elles couvent
en commun : il eft eonftruit de brins de bois fec,
A O U 491-
fatis earniture à l’intérieur , proportionné , dit-
o n , au nombre des femelles qui fe font affcciees
pour le conftruire, ôc y couver.
Les anis réunis, même dans le temps des
amours, contre ce qui eft ordinaire aux autres
oifeaux, vivent également en compagnie dans le
refte de l’année ; elles font composes , depuis,
huit à dix individus , jufqu’à vingt-cinq. r
Ces oifeaux ont le vol court ôc peu eleve ; ils
fe pofent plus fouvent fur les buiffons que lur
les grands arbres , 8c fe placent, à M qu’on prétend,
le plus près les uns des autres quil leur eft pol-
fible , tant l’inftina focial a d’impulfion fur tous
leurs mouvemens. Ils fe noumffen.t de graines ,
de reptiles 8c d’infe&es ils fe perchent fur les
boeufs pour cherquer les tiques 6c les autres îh-
feéles attachés aux cuirs de ces animaux : us ns
font ni farouches ni craintifs ; on les approcha
aifément, mais on en tue peu, parce que leur,
chair n’eft pas mangeable , 6c qu’ils ont, meme
vivans , -une odeur "défagréable.
ANTIGACÜ ( 1) du Bréfil. Voye^C o u c o u
CORNU.
AOUROU-COURAOU ( 1’ ).
Perroquet amazone. Br is s . tome IV, pag* ^S7m _
Uaourou - couraou eft un perroquet amazone-
( Voye^ Amazone ). Marcgrave l’a indique par le
nom brazilien d’ajüru-curau , dont M. de Buffon
paroît avoir emprunté celui (Yaourou-coy.ra.oit,^ Ce
perroquet a un pied du bout du bec a celui de
la queue ; deux pieds un pouce quatre lignes de
v o l, 6c fa queue excède les ailes, pliées d’environ
un tiers. 11 a le fynciput d’un bleu , tirant fur le
violet. Cette couleur s’étend , de_ chaque ^cote ,
jufqu’au-defïus des yeux ; le refte de la tete eft
jaune : les plumes de la gorge font jaunes aufli ,
mais bordées de verd-bleuâtre : le refte ^u corps
eft d’un verd clair, qui prend une. teinte de jaunâtre
fur le dos 8c à la partie inférieure du ventre.
Le bord de l’aîle , vers le pli qui répond au
poignet , eft d?un jaune-orangé : le fouet de
l’aîle eft rouge ; les couvertures fupérieures en
font vertes , Ôc les pennes font variées de verd
du côté interne , de noir , du côté externe , de
jaune, de bleu - violet 6c de rouge. Des douze
pennes de la queue , les deux du milieu font,
dans leur longueur, d’un vérd foncé, qui fe change,
à leur extrémité , en verd jaunâtre. Les autres
pennes font variées de noir, de rouge 6c de bleu ,
ôc elles font toutes un peu étagées, les plus longues
étant les internes : les yeux fon entourés
d’une peau nue , d’un gris-blanc ; mais cette peau
n’a pas la même étendue que dans les aras ; ôc
d’ailleurs , il n’y a aucun autre rapport entr’eux 6c l’dourou-couraou. L’iris eft de couleur d’or : le
bec eft cendré , les pieds font grisâtres.
On trouve ce perroquet à la Guiane ôc au
Bréfil. M. Briffon , qui l’a décrit, vol. IV3 p. 256 ,
fous le nom de perroquet amazone , eft entrépar rapport
à la manière dont les couleurs font diftribuée$
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