
la forme entièrement humaine ; ils marchoient fur
leurs deux pieds , & étoient d’un blanc pâle , fans
autres cheveux ni poils qu’aux endroits oh nous
en avons communément ».
« Leurs aélions, continue ce voyageur, étoient
très-femblables , pour la plupart, aux a&ions humaines
, 6c leur mélancolie faifoit voir qu’ils
fentoient fort bien leur captivité. Ils faifoient leur
lit avec foin dans la cage dans laquelle on les avoit
envoyés fur le vaiffeau ; quand on les regardoit,
ils fe cachoient avec leurs mains. La femelle mourut
de maladie fur le vaiffeau ; & le mâle , donnant
toutes fortes dè lignes de douleur , prit tellement
à coeur la mort de fa compagne , qu’il re-
fufa de manger, •& ne lui furvécut pas plus de
deux jours ».
François Pyrard rapporte « qu’il fe trouve dans
la province de Sierraliona, une el'pèce d’animaux
appellés baris , qui font gros & membrus, lefquels
ont une telle induftrie , que fi on les nourrit &
6c inftruit de jeuneffe , ils fervent comme une per-
fonne ; qu’ils marchent furies deuxpattes de derrière
feulement qu’ils pilent ce qu’on leur donne à piler
dans des mortiers ; qu’ils vont_ quérir de l’eau à
la rivière , &c. ».
« J’ai vu à Java, dit le Guat, un linge fort extraordinaire
; c’étoit une femelle : elle étoit de
grande taille, & marchoit fouvent fort droit fur
les pieds de derrière : alors elle cachoit d’une de
les mains l’endroit de fon corps qui dilfinguoit
fon fexe. Elle avoit le vifage fans autre poil que
celui des fourcils, 6c elle reffembloit affez en général
à ces faces grotefques des femmes Hotten-
totes que j’ai vues au Cap : elle faifoit tous les jours
proprement fon lit , s’y couchoit la tête fur un
oreiller , & le couvroit d’une couverture.... Quand
elle avoit mal à ,1a tête , elle fe ferroit d’un
mouchoir, 6c c’étoit un plaifir de la voir dans fon
lit ainfi coiffée. Je pourrois en raconter diverfes
autres petites chofes qui paroîtroient extrêmement
fingulières...... Il mourut à la hauteur du cap de
Bonne-Efpérance , dans un vaiffeau fur lequel
j’étois. Il eft certain que la figure de ce finge reffembloit
beaucoup à celle de l'homme , &c. ».
« Sur les côtes de la rivière de Gambie, dit
Froger , les finges font plus gros & plus médians
qu’en aucun endroit de l’Afrique ; les nègres
les craignent, & ils ne peuvent aller feuls dans
la campagne, fans courir rifque d’être attaqués
par ces animaux, qui leur préfentent un bâton
&. les obligent à fe battre ».
On voit que, comme nous l’avons dit, il y a
dans cette efpèce de finge à figure humaine , deux
races très-différentes pour la grandeur : celle du
jocko , ou petit orang-outang, qui n’a guère que
trois ou quatre pieds de hauteur ; 6c celle du
pongo, dont la taille atteint & paffe fix pieds.
Le jocko a été vu plufieurs fois en Europe ; mais
on n’y a pas encore vu le pongo ou grand orang-
outang. Tout ce qu’on en connoît, eft une main
qui a été apportée en Hollande, & dont M. Alla-
mant a. fait graver la figure ; les proportions de
cette main de pongo font en effet fi gigantefques,
qu’elles font croire a tout ce que les voyageurs
viennent de nous dire fur la ftature 6c la force
prodigieufe de cet animal.
O R E I L L A R , nom donné à une efpèce de
chauve-fouris à très-grandes oreilles. V. C h a u v e -
s o u r i s .
O R I G N A L , eft le nom que l’on donne à
l’élan dans le nord de l’Amérique. Voyez E l a n .
O R IX , d’Ariftote. Voyez L ic o r n e .
ORTOHUA, de la nouvelle Efpagne, paroît
être le même animal que le zorille. V. Z o r i l l e .
OSSA, au Miffiffipi, félon Lahontan , eft le
farigue. Voyez S a r ig u e .
O T T A Y , chez les Hurons, fuivant Sagard
Théodat, vifon , efpèce de mouffette du Canada.
Voyeç V i s o n .
OUAIKARÉ , à la Guiane , eft l’aï ou paref-
feux. Voye^ Aï.
OUANDEROU , ( 1’ ) finge de la famille des
babouins, qui a la queue de fept ou huit pouces
de long , les dents canines plus groffes & plus
longues que celles de l’homme , le mufeau gros
6c alongé , la tête environnée. d’une large crinière
& d’une grande barbe de poils rudes 6c blancs ,
le corps couvert de poils bruns & noirs.
L’ouanderou marche à quatre pieds plus fouvent
qu’à d'eux, & il a trois pieds ou trois pieds 6ç
demi de hauteur lorfqu’il eft debout. Les ouande-
rous font à-peu-près de la même grandeur 6c de
la même force que les papions ; ils ont feulement
le corps moins ramaffé , & paroiffent plus foibles
des parties de l’arrière.
Lorfqu’ils ne font pas domptés , ils font fi mé-
ch ans, qu’on eft obligé de les tenir dans une
cage de fer , où fouvent ils s’agitent avec fureur ;
mais lorfqu’on les prend jeunes , on lès appri-
voife aifément, 6c ils paroiffent même être plus
fiifceptibles d’éducation que les autres' babouins.
Les Indiens fe plaifent à les inftruire , _6c ils prétendent
que les autres, finges , c’eft-à-dire les guenons
, refpe&ent beaucoup ces babouins , qui ont
plus de gravité 6c d’intelligence qu’elles. Dans leur
état de liberté , ils font extrêmement fauvages ,
& fe tiennent dans les bois.
Cette efpèce fe trouve à Ceylan, & nous pen-
fons que c’eft à elle , auffi bien qu’à celle du doue,
qu’on doit rapporter la produéfion des béroards,
qui fe trouvent, dit-on , dans l’eftomac des grands
finges de l’Inde méridionale. Voyez l’article Doue
6c l’article B é z o a r d .
OUARINE, ( 1’ ) efpèce de finge d’Amérique
de la famille des fapajous , de la grandeur d’un
lévrier, qui a la face large 6c carrée , les yeux
noirs & brülans, les oreilles courtes & açondies,
la queue très-longue, le corps couvert de poils
noirs , longs , luifans 6c polis ; des poils plus longs
fous le menton & fur la gorge, lui forment une
efpèce de barbé ronde ; le poil des mains , des
pieds, 6c d’une partie .de la queue , eft brun.
Le mâle eft de la même couleur que la femelle ,
& il n’en diffère qu’en ce qu’il eft un peu plus
grand. Ils ont dané la gorge une efpèce de tambour
offeux, dans la cavité duquel le fon de leur
voix groftit, fe multiplie , & forme des hurlemens
par échos « qu’on entend à une très-grande distance
: auffi leur a-t-on donné le nom de hurleurs.
Les femelles portent leurs petits fur le dos , 6c
fautent avec cette charge de branches en' branches
& d’arbres en arbres ; les petits embraffent avec
les bras les mains le corps de leur mère dans
la partie la plus étroite, - & s’y tiennent fermement
attachés tant qu’elle eu en mouvement.
Quand elle veut leur donner à têter, elle les prend
dans fes bras , 6c leur préfente la mamelle comme
les femmes. On n’a point d'autre moyen d’avoir les
petits que de tuer la mère , car ils ne l’abandonnent
jamais. Etant morte , ils tombent avec elle ,
6c alors on peut les prendre* Au refte, ces animaux
font fauvages & méchans, on ne peut les
apprivoifer, ni même les dompter, 6c ils mordent
cruellement.
Ils vivent de fruits, de légumes, de grains &
d’infeéies , 6c leur chair n’eft pas mauvaife à manger.
Ils ont beaucoup d’inftinéf, particulièrement
pour connoître ceux qui leur font la guerre • ils
tâchent de les effrayer par leurs cris , ils leur jettent
des branches d’arbres, 6c quelquefois même
leurs excrémens. Ils ne s’abandonnent jamais, &
ne fe laiffent point aller à terre lors même qu’ils
font’bleffés mortellement ; mais en tombant, ils
s’accrochent aux branches avec leurs pattes ou avec
leur queue ; & à moins’ qu’on ne les tue tout-à-
fait, on ne fauroit les avoir.
Au moment que l’un d’eux eft bleffé , tous s’afi
femblent autour de lui, mettent leurs doigts dans
la plaie , comme s’ils. la vouloient fonder : s’ils
voient couler beaucoup de fang, ils la tiennent
fermée , pendant que d’autres apportent quelques
feuilles , qu’ils mâchent, 6c pouffent adroitement
dans l’ouverture de la plaie. Ils s’entraident auffi
pour paffer d’un arbre ou d’un ruiffeau à un autre,
ou dans quelque autre rencontre que ce puiffe
être.
OUARIRI, par les naturels de la Guiane , eft
le tamanoir. Voyez T a m a n o ir .
OUASPOUS , dans le voyage du P. Le Clerq,
eft un grand phoque des côtes de l’Amérique fep-
tentrionale. Voyez Ph o q u e s .
OUATIRIQUAOU , par les naturels de la
Guiane, eft le fourmilier. Voyez ce mot.
OUISTITI, ( 1’ ) jolie petite efpèce de finge
de la famille des fagoins , qui a la quèue fort
touffue , & annelée alternativement de noir 6c de
blanc, ou plutôt de brun & de gris , & une fois
plus longue que le corps 6c la tête pris enfemble ;
la tête ronde, couverte de poils noirs au-deffus
du front, avec un,e marque blanche 6c fans poil
au-deffus du nez ; la face eft auffi prefque fans
poil, & d’une couleur de chair foncée. Des deux
côtés de la tête , au devant des oreilles, font deux
toupets de longs poils blancs ; fes oreilles font
arrondies 9 plates, minces & nues ; le corps eft:
couvert d’un poil doux , d’un gris cendré , & d’un
gris plus clair, 6c mêlé d’un peu de jaune fur
là gorge, la poitrine & le ventre. Ucuijliti a tout
au plus un demi-pied de longueur , 6c ce petit
animal très-joli de figure , eft d’ailleurs rempli de
gentilleffe.
On favoit que les ouijlitis avoient produit en
Portugal , où le climat leur eft favorable ; mais
depuis , un couple de ces jolis animaux a produit ,
6c plus d’une fois , chez M. le marquis de Nefle ,
à Paris, Les petits ouijlitis font d’abord fort laids ,
n’ayant prefque point de poil fur le corps ; ils
s’attachent fortement aux tettes de leur mere.
Quand ils font devenus un peu grands , ils fe cramponnent
fortement fur fon dos ou fur fes épaules j
6c quand elle eft laffe de les porter , elle s’en dé-
barraffe en fe frottant contre la muraille ; mais le
mâle accourt alors 6c en prend foin , les laiffant
grimper fur fon dos , 6c les portant ainfi par-tout
avec lui, leur partageant la nourriture, les recouchant
dans leur panier : rien n’eft plus amufant
que de voir les jeux, les ébats , & tout l’arrangement
de ce petit ménage. Il paroît que le nom
d’ouijliti leur a été donné d’après le petit cri qu’ils
font fréquemment entendre.
OURAN A , a la Guiane , eft le paca. Voyez
P a c a .
OURICOCA CHEIRO , par les Portugais du
B’réfil , eft le coëndou. Voyez C o e n d o u .
OURS ( 1’ ) eft un animal fauvage , folitaire ,
fuyant par inftinél toute fociété , s’éloignant des
lieux où les hommes ont accès , & ne fe trouvant
à fon aife que dans les endroits qui appartiennent
encore à la vieille nature. Une caverne antique
dans des rochers inacceffiblés», une grotte formée
par le temps dans le tronc d’un vieux arbre ,
au milieu d’une épaiffe forêt , lui fervent de
domicile.
U ours a les fens de la vue , de l’ouie & du
toucher très-bons , quoiqu’il ait l’oeil très-petit,
relativement au volume de fon corps , les oreilles
courtes , la peau épaiffe & le poil fort touffu :
il a l’odorat excellent & peut-être plus exquis
qu’aucun autre animal , car la furface intérieure
de cet organe fe trouve extrêmement étendue:
on y compte \ quatre rangs de plans de lames
effeufes, féparés les uns des autres par trois plans
perpendiculaires , ce qui multiplie prodigieufement
les furfaces propres à recevoir les imprellïons des
odeurs.
Il a les jambes 6c les bras charnus comme
. l’homme , l’os du talon court 6c formant une partie
de la plante du pied , cinq orteils oppofés au
talon dans les pieds de derrière , les os du carpe
égaux dans les pieds de devant , mais le pouce