
ceux des olfeaux palmipèdes ; ils font, ainfi que le 1
tarfe & le mctatarfe, beaucoup plus longs & plus
larges que ceux des pieds de devant ; le doigt
externe eft aufli plus long que les autres qui vont
toujours en diminuant ; la‘queue eft tout-à-fait
femblable à celle de la loutre de terre, feulement
elle eft un peu plus courte à proportion du corps ,
& elle eft recouverte d’une peau épaiffe , garnie
de poils très - doux & très - ferrés. La verge du .
mâle eft contenue dans un fourreau fous la peau ,
& renferme un os ; les tefticules ne font point
renfermés dans une bourfe particulière , mais feulement
recouverts par la peau commune ; la
vulve de la femelle eft fituée à un pouce au-deffous
de l’anus.
La peau de ces animaux fait une très-belle fourrure.
Les noires fontles pluseftimées. II.y en a aufli
de couleur brunâtre , d’autres de couleur argentée
fur la tête , plufieurs qui ont la tête, le menton &
la gorge variés de longs poils très-blancs & très»
doux; enfin d’autres qui ont la gorge jaunâtre , & !
qui portent plutôt un feutre crépu , brun & court
fur le corps, qu’un véritable poil propre à la
fourrure. i
Au refte , les poils bruns ou noirs ne le font que
jufqu’à la moitié de leur longueur ; tous font
blancs à leur racine , & leur longueur eft en tout
d’environ un pouce ou un pouce & demi fur le
dos, la. queue & les .côtés du. corps; ils font'plus
courts fur la tête & fur les membres ; mais au-
deflous de ce premier long poil il y a , comme
dans les ours marins , une eipèce de feutre qui eft
de couleur brune ou noire comme l’extrémité des
grands' poils du corps.
On diftingue aifément les peaux des femelles
de celles des mâles, parce qu’elles font plus petites
, plus noires , .& qu’elles ont le poil plus long
fous le ventre ; les petits ont aufli dans le premier
âge le poil noir ou très-brun & très-long;
mais à cinq ou fix mois ils perdent ce beau poil,
& à un an ils ne font couverts que de long feutre ,
& les longs poils ne le recouvrent que dans
l’année fuivante ; la mue fe fait dans les adultes
d’une manière différente de celle des autres animaux;
quelques poils tombent .aux mois de juillet
& d’août, & les autres prennent alors une couleur
un peu plus brune. ■ ■ •
Ces fourrures font une branche importante de
. commerce avec les Chinois qui les achètent
prefque toutes, & les payent.jufqu’à 70,. 80 &
100 roubles-chacune, & c’eft par cette raifon
qu’il en vient très-peu en Ruflie. Leur beauté
varie fuivant la faïfon ; les meilleures & les plus
belles font celles des faricovicnn.es tuées au mois
de mars, d’avril & de mai ; néanmoins ces fourrures
ont l’inconvénient d’être épaiffes & pein
te s ., fans cela.’ elles feroient fupérieures aux
zibelines , dont les. plus belles ne font pas d’un
aufli beau noir. . . . ■ - t • r '
Les faricoviermes ne font ni féroces ni farouches ;
elles font a lle z fèd en ta ire s dans les lie u x qu’elles
ont choifis pour demeure ; elles femblent craindre
les phoques , ou du moins elles évitent les en-1
droits qu’ils habitent, & n’aiment que la fociete
de leur efpèce : pendant l’hiver elles fe tiennent
tantôt dans la mer fur les glaces , & tantôt fur
le rivage ; en ité elles entrent dans les fleuves
& vont mêmejufques dans les lacs d’eau doùce ,
ou elles paroiffent fe plaire beaucoup.
Dans les temps chauds elles cherchent pour
fe repofer les endroits frais & ombrages ; en for-
tant de l’eau elle fe fecouent & fe couchent en
rond fur la terre comme les chiens ; mais avant
que de s’endormir elles cherchent a reconnoitre
par l’odorat, plutôt que par la vue, qu elles ont
toible &• courte , s’il n’y a pas quelques ennemis
à craindre dans les environs ; elles s’éloignent ,
peu du rivage., afin de pouvoir regagner promptement
l’eau dans le péril ; car quoiqu elles courent
affez vite, un homme lefte peut néanmoins
les atteindre ; mais en revanche elles nagent avec
une très-grande célérité, & comme il leur plaît,.
‘ c’eft-à-dire, fur le ventre, fur le d o s , fur les
côtés, & même dans unefituation prefque perpendiculaire.
Le mâle ne s’attache qu’à une feule femelle^-,
avec laquelle il va de compagnie, & qu’il pafoît
aimer beaucoup, ne la quittant pas ; il y a apparence
qu’ils s’aiment en effet dans tous le S’
temps de l’année , car on voit des petits nouveaux
nés dans toutes les faifons, & quelquefois les-
pères & mères font encore fuivis par des jeunes
de différens âges des portées précédentes, parce-,
que leurs petits ne les- quittent que^ quand ils
font adultes , & qu’ils peuvent former une n o u v
e l le - fam i l le : le s femelles ne produifent qu’un
petit à - lâ - fo is , & très-rarement deux ; le temps
de la .geftation eft d’environ huit à neuf mois ;
elles mettent bas. lur les. côtes ou fur les ifles
: les moins fréquentées , 8c le petit, dès fa naif-
fance, a déjà toutes fes dents, les canines- font
; feulement moins avancées que l e s autres. f
La mère l’alaite pendant plus d’un an, d’oh
l’on peut préfumer qu’elle n’entre en chaleur qu environ
un an après qu’elle a produit ; elle aime
paflïonnèmenfr'fon petit, & ne cefle de lui prodiguer
des foins & des careffes, jouant continuellement
avec lui ; elle lui apprend à nager, Ôt
lorfqu’vl eft fatigué , elle le prend dans fa gueule-
pour lui donner quelques momens de repos ; ft
l’on vient'à le lui enlever, elle jette des cris &
des gémiflemens lamentables ; il faut meme ufer
de précautions l'orfqu’ o n veut le lui dérober ; car,
quoique douce & timide, elle le défend- avec un-
courage qui tient du défefpoir , & fe fait fouvent
tuer fur la place plutôt que d e .l’ ab an d o n n e r . 1
Ces animaux fe nourriffent de cruftacés , de1
coquillages , dé grands polypes & autres poiffons1
mous qu’ils ramaffent fur les rivages fangeux ,
lorfque la marée eft baffe ; car, n’ayant pas te
trou ovale du côeur ouvert,' ils ne peuvent demeurer
affez long-temps fous l’eau pour prendre leur proie au-
fond de la mer ; ils mangent aufli des poiffons à
écailles, des fruits 'rejet-tés fur le rivage en été ,
ôl même des fucus , faute de tout autre aliment ;
mais ils peuvent fe paffer de nourriture pendant
trois ou quatre jours de fuite ; la chair des femelles
pleines & prêtes à mettre bas eft graffe & tendre ;
celle des petits eft délicate & affez femblable à
celle de l’agneau , mais çélle des vieux eft ordinairement,
très-dure. Leur cri eft un fon rauque &
enroué.
On voit fouvent au Kamtschatka & dans lès ifles
Kouriles , arriver les' faricoviermes fur des glaçons
pouffés par un vent d’orient qui règne de temps
en temps fur ces côtes en hiver ; les chaffeurs
s’expofent, pour avoir leurs peaux, à aller fort au
loin fur les glaçons avec des patins qui ont cinq
ou fix pieds de long fur environ huit pouces de
large , & qui, par conféquënt , leur donnent la
hardieffe d’aller dans les endroits ou les glaces
ont peu d’épaiffeur ; mais lorfque' ces glaces font
pouffées au large par un vent contraire, ils fe trouvent
fouvent , en danger de périr ou de refter
quelquefois plufieurs jours de fuite errans fur la
mer avant que d’être amenés à terre avec ces
mêmes glaces par un vent favorable ;■ c’eft dans
les mois de février ', de mars &■ d’avril qu’ils font
cette chaffe périlleufe, mais très-profitable , car
ils prennent alors une plus grande quantité de ces
animaux qu’en toute autre l’aifon ; cependant on
ne laiffe pas de les chaffer en été fur terre ,
où on les trouve fouvent endormis ; on les prend
aufli dans cette même faifon avec des filets que
l’on tend dans la mer , ou bien on les pourlùit .
en canot jüfqu’à ce qu’on les ait forcés de lafli-
tude.
Ces animaux fe trouvent en grand nombre fur
les côtes & dans toutes les ifles inhabitées des mers
orientales de Kamtschatka, depuis le 50e dégré ,
jufqu’au 56e; on les retrouve de même furies côtes
baffes & à l’embouchure des grandes rivières de
l’Amérique méridionale: ces faricoviermes à’Amérique
ont ordinairement le poil d’un gris plus ou
moins foncé , & quelquefois argenté ; au refte , il
paroît qu’elles varient beaucoup par la grandeur &
pour la couleur ; au lieu de fuir , lorfqu’elles font
.attaquées , elles fe raffemblent, en jettant des cris,
& il eft aifé d’en tuer un grand nombre. Les jaguars
& .couguars leur font une guerre cruelle.-
La faricovienne eft l’jya &c çarigueibeju, ( qui
doit fe prononcer f a r ig o v io u ) de Marcgrave ; lutra
nigriçans caudâ depreffà & glabrd de Barrere ; la
loutre du. B réfil, de Briffon.
SARIGOY , félon de Léry , farigue. Voyeç
5 a r ig j j e .
SARIGUE ( le ) ou opoffum , eft un animal
appartenant aux contrées méridionales & tempérées
du nouveau monde , & à peu près dè la
taille & de la figure d’un très-gros rat, 11 a . les
yeux petits 8t noirs -, mais vifs 8i proéminens ,
les narines larges , les oreilles arrondies , très-
minces & très-ouvertes , la gueule très - fendue ,
la langue étroite , rude, hériffée de papilles tournées
en arrière , la mâchoire du deflus un peu
plus allongée que celle du deffeus , le cou court,
la poitrine large, la meuftache comme celle du
chat ; cinq doigts aux pieds de.devant, & tous les
cinq armés d’ongles crochus ; autant de doigts aux
pieds de derrière , dont quatre feulement font
armés d’ongles , & le cinquième , qui eft le"pouce ,
eft féparé, des autres. Il eft aufli placé plus bas ,
& n’a point d’ongle ; tous ces doigts, longs à peu
près d’un pouce , font fans poils & recouverts
d’une peau rougeâtre.
La paume des mains & des pieds eft large
& il y a des carnofités charnues fous tous les
doigts. La queue n’eft co'uverte de poils qu’à fon origine
& jufqu’à deux ou trois pouces de longueur,
après quoi Veft une peau écailleufe & liffe dont
elle eft revêtue jufqu’à l’extrémité ; ces écailles
font blanchâtres , à peu près hexagones & placées
régulièrement ; elles font toutes féparées & environnées
d’une petite aire de peau plus brune
que l’écaille. Le poil du devant de la tête eft
plus blanc & plus court que celui du corps ; il
eft d’un- gris - cendté, mêlé de quelques petites
houpes de poils noirs & blanchâtres fur le dos
& fur lés côtes , plus brun fur le ventre , 8c
encore plus foncé fur les jambes.
- Les oreilles font fans poils comme les pieds &
la queue. Le gland de la verge du mâle 8c celui
du clitoris de la femelle font fourchus , & paroiffent
doubles' ; le vagin, qui eft Ample à l’entrée , fe
partage en deux canaux, &c. Ainfl le farigue a dans les organes de la génération plufieurs parties
doubles, qui font fimples dans les autrés animaux.
Mais un caraftère de conformation encore plus
fmgulier, & qui achève de diftinguer cet animal
de tous les autres quadrupèdes , c’eft une fente
de deux ou trois pouces de longueur que 1-a femelle
a fous le ventre ; cette fente eft fermée
par deux peaux qui compofent une poche velue
à l’extérieur , & moins garnie de poils à l’intérieur
; cette poche enferme l'es mamelles ; les
petits nouveaux nés y entrent pour les fucer ,
& prennent fl bien l’habitude de s’y cacher, qu’ils
s’y réfugient, quoique déjà grands , lorfqu’ils font
épouvantés.
Cette poche s’ôuvre & fe referme à la volonté
de l’animal ; la méchanique de ce mouvement
s’exécute par le moyen de plufieurs mufcles
& de/deux os qui n’appartiennent qu’à cette
efpèce ; , ces deux os font placés au - devant
des os pubis auxquels ils font attachés par la
bafe ; ils ont environ deux pouces de longueur
& vont toujours en diminuant un peu de groffeur
depuis la bafe jufqu’à l’extrémité ; ils foutiennerit
les mufcles qui font ouvrir la poche , & leur
fervent de point d’appui ; les antagoniftes de ces
N n ij