
le foleil luit encore ; mais dès qn’il commence
à faire obfcur, il fe réveille , & durant toute la
nuit il eft continuellement en mouvement, & c’eft
alors feulement qu’il mange ; le même Naturalifte
a obfervé que cette gerboife ne boit point &
refufe abfolument tout aliment imbibé d’eau?#*
A cette efpèce du gerbo nous rapportons :
i°. L'alagtaga qui n’en diffère qu’en ce qu’il eft
plus grand > qu’il a cinq doigts aux pieds de
devant, & quatre, c’eft-à-dire, trois grands &
un éperon à ceux de derrière, & cet éperon ne
paroît pas même être un caraélère confiant. alagtaga
diffère encore du gerbo par la queue qu’il a beaucoup
plus petite ; mais ces différences ne nous pa-
roiffent que l’effet de la différence des climats
qu’ils habitent ; le gerbo en Circaflie , en Égypte ,
en Barbarie , en Arabie ; Xalagtaga en Tartarie ,
fur le Volga & jufqu’en Sibérie.
U alagtaga eft le cuniculus feu lupus Indicus
titias dïElus , d’Aldovrande ; cuniculus pumilio
faliens , caudâ longijjimâ , de Gmelin.
2°. La gerboife qui fe trouve dans le défert de
Barca, qui a le corps béaucoup plus mince que
le gerbo, les oreilles plus longues, arrondies &
à-peu-près également larges du haut en bas, les
ongles des quatre pieds beaucoup plus courts, &
les couleurs en général moins foncées, la bande
fur les cuiffes moins marquées , les talons noirs ,
la pointe du mufeau beaucoup plus applatie.
Tous ces petits animaux cachent ordinairement
leurs mains ou pieds de devant dans leur poil,
enforte qu’on diroit qu’ils n’ont d’autres pieds
que ceux de derrière ; pour fe tranfporter d’un
lieu à un autre, ils n’avancent pas les pieds l’un
après l’autre, mais ils fautent très-légèrement &
très-vite à trois ou quatre pieds de diftance &
toujours debout comme les oifeaux ; en repos
ils font aflis fur leurs genoux ; ils ne dorment que
le jour & jamais la nuit ; ils mangent du grain
& des herbes comme les lièvres ; ils font d’un
naturel affez doux, & néanmoins ils ne s’appri-
voifent que jufqu’à un certain point ; ils fe creul'ent
des terriers comme les lapins , & en beaucoup
moins de temps ; ils y font un magafin d’herbes
fur la fin de l’été , & ils y paffent l’hiver.
Le gerbo eft le gerbo a de Shaw ; gerbua d’Ed-
wards ; gerboife de Paul Lucas ; mus jaculus pedibus
pofiicis longijfvmis, caudâ extremâ villofâ, de Haf-
felquift.
2° . Le T a r s i e r .
efpèces fe reffemblant à tous autres égards,
3°. Lé L i e v r e s aVt e u r du Cap.
Cette gerboife eft de la grandeur du lapin d’Europe
, & a la tête conformée à^peu-près comme
lui, les* yeux noirs , grands & faillans , le nez &
& les nafeaux d’un brun roux ; les oreilles grandes',
liftes, nues en dedans., & couvertes en dehors
d’un petit poil court de couleur d’ardoife ; des
mouftaches autour de la gueule & aux angles des
yeux ; les jambes de devant très-courtes Sc les
mains très-petites ; les jambes de derrière très-
groffes & les pieds excefiivement longs ; cinq
doigts aux pieds de devant, & quatre à ceux
de derrière ; les ongles du devant noirs , longs,
minces & recourbés ; ceux des jambes de derrière
bruns , gros , courts , de figure conique ,
un peu courbés vers l’extrémité ; la queue fort
longue & fort chargée de poils : elle paroît mince
à fa naiffance, & fort groffe à fon extrémité ;
elle eft d’un fauve foncé fur la plus grande partie
de fa longueur , & d’un brun minime vers le bout ;
la couleur du corps eft jaunâtre , & le derrière de
la tête eft, couvert de grands poils mêlés de noir,
de gris & de fauve. Elle fe trouve au cap de
Bonne-Efpérance.
« Comme les autres fortes de gerboifes, cet
animal ne. fe fert, dit M. Allamand , que de fes
pieds de derrière pour marcher ; ou , pour parler
]ufte, pour fauter : aufii ces pieds font-ils très-
forts ; & fi on le prend par la queue , il en frappe
avec beaucoup de violence. Son cri eft une
efpèce de grognement. Quand il mange , il s’aflîed
en étendant horizontalement fes grandes jambes ,
& en courbant fon dos ; il fe fert de fes pieds
de devant comme de mains pour porter fa nourriture
à fa gueule ; il s’en fert aufli pour creufer
la terre, ce qu’il fait avec tant de promptitude,
qu’en peu de minutes il peut s’y enfoncer tout-à-
fait. Quand il dort , il prend une attitude fin-
gulière ; il eft aflis avec les genoux étendus ; ' il
met fa tête à-peu-près entre lés jambes de derrière
, & avec fes pieds • de devant il tient fes
oreilles appliquées fur fes yeux, & femble ainfi
protéger fa tête par fes mains : c’eft pendant lé
jour qn’il dort ; & pendant la nuit il eft ordinairement
éveillé ».
4 ° Le K a n g u r o o de la nouvelle Hollande.
Il a cinq doigts à tous les pieds , & pour ainfi
dire , quatre mains, car ces cinq doigts fonttrès^
longs & bien féparés ; le pouce des pieds de
derrière eft terminé par un ongle plat, & quoique
Jes ongles des autres foient pointus , ils font en
même-temps fi courts & fi petits , qu’ils n’empêchent
pas que l’animal ne puiffe fe fervir de
fes quatre pieds comme de mains. C’eft par ces
feuls caractères qu’il diffère du gerbo ; les deux
C’eft la plus grande de toutes les efpèces de
gerboifes connues. Elle approche de la groffeür
d’une brebis'. Elle a la tête , les épaules & le
cou très-petits en pfoportion des autrés parties
du corps, la tête & les, oreilles aflèz femblables
à celles du lièvre , la queue prefqu’aufli longue
que le corps, épaiflfe à fa naiffance , & terminée
en pointe à fon extrémité ; le poil court
& de couleur de fouris foncé. Cette grande
gerboife-eft très-commune à la nouvelle Hollande.
C’eft au célèbre Capitaine Cook qu’on doit la
connoiffance de cette quatrième efpèce de gerboife.
u Comme je me promenois le matin à peu
de diftance du vaifléau , dit-il, ( à la baie d’Endea-
vour, côte de la nouvelle Hollande), je vis un
des animaux que les gens de l’équipage m’avoient
décrit fi fouvent ; il étoit d’une légère couleur de
fouris, & reffembloit beaucoup, par la groffeur
& la figure , à un lévrier, & je l’aurois, en effet,
pris pour un chien fauvage, f i , au lieu de courir.,
il ji’avoit pas fauté comme un lièvre ou un
daim.... M. Banks , qui vit imparfaitement cet
animal, penfa que fon efpèce étoit encore inconnue....
Un des jours luivans , comme nos gens
partoient au premier crépufcule du matin pour
aller chercher du gibier, ils virent quatre de ces
animaux, dont deux furent très-bien chaffés par
le lévrier de M. Banks ; mais ils le laiffèrent
bientôt derrière , en fautant par-deflus l’herbe
longue ôt épaiffe qui empêchoit le chien de courir.
On obferva que ces animaux ne marchoîènt
pas fur leurs quatre jambes, mais qu’ils fautoient
fur les deux de derrière comme le gerbua ou mus
jaculus. Enfin un de nos chafleurs faifant , peu
de jours après,, une promenade dans l’intérieur
du pays avec fon fufil, eut le bonheur de tuer
un de ces quadrupèdes qui avoient été fi fouvent
l’objet de nos fpeculations. Cet animal n’a pas
affez de rapport avec aucun autre déjà connu ,
pour qu’on puiffe en faire la. comparaifon ; fa
figure eft très-analogue à celle du gerbo, à qui il
reffemble auffi par les mouvemens : mais fa grof-
feur eft fort différente, le gerbo étant de la taille
d’un rat ordinaire , & cet animal, parvenu à fon-
entière çroiffance , de celle d’un mouton ».
« Celui qui fut tué étoit jeune, & comme il
n’avoit pas encore pris tout fon accroiffement, il
ne pefoit que trente-huit livres : la tête, le cou
& les épaules font très-petits en proportion des
autres parties du corps ; la queue eft prefque aufli
longue que le corps ; elle eft épaifle à fa naiffance, &
elle fe termine en pointe à l’extrémité ; les jambes
de devant n’ont que huit pouces de long, & celles
de derrière en ont vingt-deux ; il marche par fauts
& par bonds ; il tient alors fa tête droite, &
fes pas font fort longs : il replie fes jambes de
devant tout près de la poitrine ; il ne parent s’en
fervir que pour creufer la terre. La peau eft couverte
d’un poil court, gris , ou couleur de fouris
foncé ; il faut en excepter la tête & les oreilles ,
qui ont une légère reffemblance avec celles du
lièvre ».,
« Cet animal, continue le Capitaine Cook, eft
appelle kanguroo par les naturels du pays... Dans
une autre, chaffe, on tua un fécond kanguroo , qui,
ayec la peau, les entrailles & la tête , pefoit quatre-
vmgt-quatre livres, & néanm,oins en l’examinant ,
nous reconnûmes-qu’il n’avoit pas encore pris toute
la croiffaiîce, parce que les dents mâchelières inté-
Heures n’étoient pas encore formées.... Ces animaux
'paroiffent être l’efpèce de quadrupèdes la plus commune
a la nouvelle Hollande, & nous en rencontrions
prqfque toutes les fois que nous allions dans
les bois ».
* u iu v ik . - n u J ,
GIBBON, ( le ) ou linge à grands bras, fait la
troifième efpèce .de la famille des finges fans
queue. Il a de légères callofités fur les feffes, la
face plate, brune , & environnée d’un cercle de
poils gris ; les oreilles nues, noires & arrondies ;
les dents canines plus grandes à proportion que
celles "de l’homme ; le poil brun ou gris , fuivant
Tage ou la race ; mais il eft remarquable fur-tout
par la longueur exceflive de fes bras, qui font
auffi longs que, les jambes & le corps pris en-
femble ; enforte que l’animal étant debout fur fes
pieds de derrière , fes mains touchent encore à
terre , & qu’il peut marcher à quatre pieds fans
que fon corps toit penché.
Neanmoins ce finge marche habituellement fur
les deux pieds de derrière ; il a deux pieds '8c
demi ou trois pieds de hauteur. Il paroît être d’un
naturel tranquille & de moeurs affez douces ; il
craint le froid & l’humidité , & ne vit pas longtemps
hors de fon pays natal.
On le trouve aux Indes orientales / particulièrement
à Coromandel, à Malaca , aux ifles mo*
luques., & c. On le retrouve fous le nom de féfc
au royaume de Gannaure fur les frontières de
la Chine. Au rçfte, cette efpèce varie pour la
grandeur & pour les couleurs du poil.
GINNUS , nom donné au mulet métis provenant
de l’accouplement, très-rarement fécond, du
mulet, avec la jument ou avec l’âneffe. K M u l e t .
GIRAFFE, ( la) eft un des premiers, des plus
grands & des plus doux des animaux ; mais les
difproportions de fa ftature femblent rendre cette
efpèce inutile, & la confiner, foible & peu nom-
breufe, dans quelques contrées de l’Afrique & de
llnde. La peau de la girafe eft tigrée comme
celle de la panthère ; fon cou eft long comme
celui du chameau ; & c’eft fans doute d’après
ces deux traits , que les anciens avoient com-
pofe le nom de camelopardalis, chameau léopard
qu’ils donnoient à la girafe.
Elle a la tête petite , ainfi que les oreilles ; les
yeux brillans, les dents petites & blanches ; elle
porte au-deffus du front deux cornes moufles
d environ fix pouces de longueur j ces cornes ne
font point creufes comme celles des chèvres •
elles font d une lubftance folide comme le bois
des cerfs, mais nous ignorons fi elles tombent
de même tous les ans. Outre ces cornes, la girafe ■
a , au milieu du front, un tubercule élevé d’environ
deux pouces-, & qui reffemble à une troifième
corne. Les, cornes font revêtues de poil , &
font un peu plus longues dans le mâle que dans
la femelle.