
nos provinces méridionales , en Italie & en Grèce ;
ils n’y relient cependant pas l’hiver, qu’ils paf-
fent dans des contrées encore plus chaudes ,
&. probablement fur le* côtes d’Afrique. On
peut le foupçonner avec d’autant plus de probabilité
, qu’ils font exceffivement abondans au
temps de leur palfage fur plufieurs ifles de la
Méditerranée , particulièrement à Malte & . à 1’ifle de Chypre ; lorfqu’elle faifoit partie des
pofleflions des V énitiens , les bec - figues étoient
lin objet de commerce; on faifoit palier de cette
ifle à Venife , tous les .ans., mille ou douze cens
pots remplis de bec - figues, que l’on confervoit,
par le moyen du vinaigre & d’herbes odoriférantes
; ce gibier étoit connu en Italie fous le
nom à'oifeaux de Chypre.
Les Romains & lés Grecs ne faifoient pas moins
de cas des bec-figues, comme gibier, qu’on n’en
fait encore aujourd’hui. Des auteurs ont parla de
la manière de prendre les bec-figues , & du filet
qui fervoit à cette chaffe. Une renommée fi ancienne
, fi confiante , eft fondée fur la délica- v
tefle, la finelfe & la faveur de la chair des bec-
figues. Tout leur corps n’eft, en automne, qu’un •
peloton d’une graille légère , fondante , & en
même-temps d’une faveur exquife. Fatale prérogative
, qui ne fert qu’à expofer les bec-figues à
plus de dangers & de pièges. Dans nos contrées
tempérées , v où il y en a peu , où ils volent en
automne par petites bandes de cinq à fix , mais
qui fe fuccèdent , les chaffeürs ne dédaignent pas
de les épier , de les attendre, & de les tirer à
leur palfage quand ils fe trouvent à portée ; on
les prend aulli au lacet , avec des nappes & au
miroir ; mais dans les provinces méridionales on
a une manière particulière de les prendre. On
donne le nom de taife à cette forte de chaffe. On
y peut prendre plufieurs efpèces de petits oifeaux,
mais la taife ell fur - tout en ufage pour les bec-
figues. Vovx que cette chalfe foit aulfi abondante
qu’elle peut l’être, il faut avoir d’avance planté
des haies fournies d’arbuftes dont les baies attirent
les oifeaux , ou chaffer près de haies femblables
plantées favorablement par hafard, On tend
un filet fort long d’un côté de la haie ; vers le
milieu de l’efpace qui répond à ce filet, on prépare
une pantière ( voye^ ce mot). Différentes
perfonnes cotoyent enluite la partie de la haie j
bornée,par le filet; elles marchent à la rencontre j
les unes des autres, en-dehors du filet, & en fai- fant un peu de bruit. Les bec figues & les autres J
petits oifeaux ., volent de branches en branches,
& fe lailfent conduire des deux bouts dé la haie
au milieu ; quand on les y a conduits, on fait plus de
bruit, & l’on agite un peu le milieu de la haie,
les oifeaux prennent leur effort, & vont donner
dans la pantière, où ils fe prennent.
Cet oifeau, fi recherché pour la délicateffe de fa
chair & la finelfe de fa faveur , eft fort petit &
d’un plumage fort fombre.
Le bec-figue , du bout du bec à celui de la queue»
n’a pas tout-à-fait cinq pouces ; il a fept pouces
quatre lignes de vol : la tête , la partie fupérieure
du cou, le dos, le croupion, les plumes fcapu-
laires, font d’un gris-brun : le tour des yeux ell
d’un blanc roufsâtre ; la gorge, la partie inférieure
du cou, la poitrine , les côtés, font d’un gris-
blanc : le ventre, le deffous de la queue & des
ailes , ainfi que leur bord, font d’un blanc mêlé
de 'roufsâtre clair *. les petites couvertures des
ailes font d’un gris-brun, les grandes d’un cendré-
brun & terminées d’un blanc-roufsâtre , qui forme
fur chaque aile une bande tranfverfale ; les plumes
ou pennes des ailes font d’un cendré-brun , & les
‘ unes ont leur extérieur d’un gris-blanc, les autres
d’un blanc pur : les plumes de la queue font noirâtres,
bordées extérieurement de gris-brun : les deux
plumes extérieures ont leur bord aufli externe en
partie blanc : le bec, les pieds &. les ongles font
noirâtres.
§j Les bec-figues ne fucent pas feulement les fruits
dont on leur a particulièrement appliqué le nom ;
"iis les aiment de préférence ; mais ils ont aulfi du
goût pour les raifins , pour tous les fruits & les
baies en général d’une faveur douce & fucree.
Ils vivent d’infeétes lorfqu’il n’y a pas encore de
fruits. On les nomme vinettes en Bourgogne,
mûriers, ou petits pinçons de bois en Lorraine. Quoiqu’ils
l'oient mieux connus en Provence & en Languedoc
, que dans les parties moins méridionales
du royaume, fouvent on lés y. confond avèc les
autres oifeaux à bec effilé, & particulièrement avec
les fauvettes, parce qu’en automne tous ces oifeaux
, qui fe font nourris de fruits , & qui ont
beaucoup fucé de figues, ont en général la chair
délicate, chargée de beaucoup de graiffe , &. d’une
laveur agréable. Mais les perfonnes qui fe piquent
de plus de recherches, fçavent- très-bien dillinguer
les véritables bec -figues, & ne trouvent pas entre
eux & les autres oifeaux auxquels on en applique
le nom mal-à-propos, moins dé différence , relativement
au goût de leur chair, qu’il y en a par
leurs divers plumages. Genre XL. Bec-figue d’hiver. Voyeç Linotte.
BEC-OUVERT.
On ne peut ftriélement 'rapporter le bec-ouvert
à aucun des genres indiqués par M.Briffon ; il approche
plus du genre du héron ou LXXXI* que
de tout autre : il a tous les ca ra& e re s qui conviennent
aux hérons à deux exceptions p rè s . Elles
confiftent en ce qu’il n’y a pas de rainure longitudinale
de chaque côté fur la mandibule fupe-
rieure ; en ce que le bec n’eft pas exactement
droit, ou au moins en ce qu’il efl renfle & un
peu convexe dans fon milieu ., tant à la partie
fupérieure qu’à la partie inférieure ; les portions
du bec convexe en - dehors , font, au contraire ,
excavées ou échancrées en - dedans ; ce qui fait
que les bords ne s’en peuvent rapprocher, &
que le bec étant, fermé , les deux mandibules
îaiffent un vuide entr’elles dans le milieu de leur
longueur , tandis qu’elles fe joignent à leur bafe
& à leur pointe; enfin, l’ongle du doigt du milieu
efl applati intérieurement comme dans; les
hérons , mais il n’efl: pas dentelé comme dans ces
oifeaux.
Le bec - ouvert efl donc un nouveau genre à
ajouter à la méthode de M. Briffon ; c’eft un
genre dont les caraClères 'font aifés à faifir , &
confiftent dans l’échancrure interne des deux
mandibules fur leurs bords dans le milieu de
leur longueur, dans le défaut de canelures fur la
partie fupérieure du bec & dans l’applatiffement
de l’ongle du doigt du milieu , fans dantelure à cet
ongle. La place de ce genre eft immédiatement à
la luite de celui du héron. On ne peut reprocher
à M. Brillon de n’avoir, pas donné une méthode
qui comprenne un oifeau qui n’étoit pas connu
lors de fon travail. Il eft impoffible qu’üne méthode
embraffe d’avance tous les objets qu’on
pourra connoître ; mais elle doit être fondée fur
des principes d’après lefquels on puiffe aifément
interpofer les nouveaux objets à leur place, en
faifant les additions néceffaires , & c’eft ce qu’of-
n frent, & le cas préfent, & la méthode de M. Briffon.
Le bec - ouvert eft de la taille des hérons
de. moyenne grandeur. Je ne fpécifie pas ftriélemenr
fes dimentions, parce que je n’en ai vu que des
peaux toutes en mauvais état , & d’après lef-
quelles on ne- peut prendre des mefures exaâes.
C ’eft a M. Sonnerat que nous devons de'.connoître
le bec - ouvert qu’il a trouvé aux environs
de Pondichéri. Parmi les peaux qu’il a préparées,
les unes font d’un plumage entièrement blanc ,
excepté les x grandes pennes des ailes qui font
noires , & les autres font revêtues de plumes
d’un cendré-clair ; le bec eft noirâtre , & l’on ne
peut juger de la couleur des pieds qui paroiffent
vifiblement décolorés. Bec-ouvert blanc des Indes. Voyage aux
Indes & à la Chine , tom. Il , pag. 219. pi. 222.
M. Sonnerat nous avertit que le bec-ouvert dont
il donne la defcription , ne diffère que pour les
couleurs de celui dont parle M. le comte de
Buffon , & dont nous avons donné la defcription
; peut-être , fuivant M. Sonnerat, l’un eft-il
le mâle & l’autre la femelle ; il ajoute aux caractères
indiqués par M. de Buffon, que les bords du
demi-bec fupérieur, font dentelés dans la moitié
de la longueur du bec à la pointe, &. que les
doigts de devant font unis par une membrane
jufqu’à la première articulation.
Le bec-ouvert décrit par M. Sonnerat, a la tête ,
le croupion, le ventre , le haut des ailés blancs ;
les plumes du deffus de la tête longues & étroites ;
le dos, les àîles & la queue noirs ; une bande
nue, couverte d’une peau noire s’étend du bec à
l’oeil ; une autre bande femblable defcend du bas
du bec fur la gorge ; l’iris eft rouge , le bec ÔC les
pieds font d’un jaune rouffeâtre.
Cet oifeau eft de paffage & paroît fur la côte
de Coromandel dans les trois derniers mois de
l’année. Il a les mêmes habitudes & la même
façon de vivre que les hérons.
Bec-rond.
Les bec - ronds font des bouvreuils, fuivant la
méthode de M. Briffon ; mais ils ont le bec moins
crochu & plus arondi , ce qui a engagé M. de
Montbeillard à leur donner un nom particulier
qui exprime très-bien le caraélèrequi les diftingue
& fous lequel ils étoient déjà connus à la Guiane
où on les trouve. Bec-rond a ventre roux.
Bouvreuil à ventre roux de Cayenne. PI. enl.
319 , fig. 2.
C’eft un fort petit oifeau du XXXVIIe genre.
Il n’eft guère plus gros que le roitelet, mais plus
court & plus ramaffé ; tout le deffus du corps eft
d’un gris-brun , mais les couvertures des ailes ,
leurs pennes & celles de la queue , font bordées
de gris-blanc ; le deffous du corps eft d’un marron-
foncé; le bec & les pieds font d’un brun-noirâtre,
terne & décoloré. ' - ;
Le bec - rond à ventre roux eft commun a la
Guiane ; on le voit près des lieux habités.; il
fe plaît fur-tout- dans les terreins dont a abandonné
depuis peu la culture ; il fe nourrit de grains ôc
de fruits ; fon cri approche de celui de notre
moineau, il eft plus aigu ;. le male & la femelle
ne fe féparent pas ,• fuivant les obfervations de
M. de Sonini, ce qui fembleroit indiquer que ces
petits oifeaux ne cefferoient pas de multiplier
pendant le cours de l’année ; ils font leur nid fur
les mêmes arbuftes dont ils tirent leur nourriture ,
le compôfent d’une herbe rougeâtre, dont M. de
Sonini ne dit pas le nom , lui donnent une forme
ronde & deux pouces de diamètre intérieur. j* Bec- rond ouBouvreuil bleu d’Amérique.
Bouvreuil bleu du Bréfil. Briss. tûm. III»
pag.321. *
Bouvreuil bleu de la Caroline. Briss. tom. III»
pag. 323.
Gros-bec bleu. Catesb. tom. I , pag. 39. PL 39.
M. Briffon a regardé le bouvreuil bleu du Bréfil
& celui de la, Caroline , comme formant deux
efpèces diftinâes , quoique très - reffemblans : ils
ont en effet des traits qui les diftingüent,; cependant
comme ils fe trouvent tous deux en Amérique
, qu’ils ne diffèrent que par quelques nuances
du plumage , on peut foupçonner avec M. de
Montbeillard , qu’ils ne font pas d’efpèce différente,
mais une variété l’un de l’autre produite
par l’influence du climat.
Ils ont tous deux environ fix pouces de long ;
ils font à-peu-près de la même groffeur ; un bleu-
foncé eft la couleur dominante de leur plumage ;
ils différent par les traits fui vans.
Dans le bec-rond ou bouvreuil du Bréfil, il y a
de chaque côté de la tête une petite tache noirè,
placée entre le bec ôc l’oeil ; dans 1 q bouvreuil de
V v v ij