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va d’abord à la découverte , & relie en fentinelle
pendant le temps du pillage. Au moindre danger,
il crie ; & tous fautant d'arbre en arbre, fe fauvent
dans les montagnes : les femelles , quoique chargées
de quatre ou cinq petits fur le dos, ne laiffent
pas de iauter & de fuir comme les autres.
Un des moyens qu’on emploie pour prendre
ces linges, eu de porter aux environs des cavernes
ou ils demeurent, des boiffons fortes & enivrantes ;
tous viennent goûter de ce breuvage en criant
thin chin; d'ou les Tartares leur ont donné ce
nom ; ils s’enivrent fi bien , qu’ils s’endorment, &
les chafieurs les furprennent en cet état.
. Lèfpece de ces animaux étoit connue des anciens
; elle eft généralement répandue dans les.
parties feptentrionales de l’Afrique & de l’Afie ,
jufqu a la Chine, ou on l’appelle JinJin , qui paroît ,
comme leur nom tartare, formé d’après leur cri
PLATYCEROS , des Latins , eft le daim. V,
JDa im .
PLEUREUR, nom donné au faï, efpèce de
lagouin. Voye^ S a ï .
POLATOUCHE , ( le ) ou écureuil volant ,
eit originaire des contrées feptentrionales de l’ancien
&. du nouveau continent ; il reffemble un
peu a 1 écureuil par la groffeur des yeux & par la
forme de la queue , qui cependant n’eft ni aufli
longue, ni fournie d’aufîi longs poils; mais il
approche plus.du loir par la figure du corps, par
celle des oreilles qui font courtes & nues, par les
poils de la queue , qui font de la même forme &
de la même grandeur que ceux du loir ; il eft confr
tamment plus petit que l’écureuil, & il ne s’engourdit
pas par le froid comme le loir. Ainfi les
dénominations d’écureuil volant, de loir volant 3
de rat de pont, &c. qu’on lui a donné , font mal
appliquées, puifqu’il n’eft ni écureuil, ni rat, ni
loir , & qu’indépendamment des différences que
nous venons de citer , il a encore un caraélère
propre & particulier, qui fuffiroit feul pour le faire
confidérer comme une efpèce à part.
Ce petit animal habite fur les arbres ; il va de
branche en branche, & lorfqu’il faute pour paffer
d un arbre a un autre , ou pour traverfer un efpace
confidérable , fa peau , qui eft lâche & plifTée fur
les côtés du corps, fe tire au dçhors, fe bande
& s’élargit par la direâion contraire des pattes de
devant, qui s’étendent en avant, & de celles de
derrière, qui s’étendent en arrière dans le mouvement
du faut : la peau ainfi tendue & tirée en
dehors de plus d’un pouce, augmente d’autant la
furface du corps fans en accroître la maffe, & retarde
par conféquent l’accélération de la chûte •
enforte que d un feul faut, l’animal arrive à une
affez grande diftance.
Ainfi ce mouvement n’eft point un vol comme
celui des oifeaux , ni un voltigement comme celui
des chauve-Couris, qui fe font tous deux en frappant
l’air par des vibrations réitérées ; c’eft un
fimple faut, dans lequel tout dépend de la pre-
P O N
mière impulfion, dont le mouvement eft feulé-*
ment prolongé , & fubfifte plus long-temps, parce
que le corps de l’animal présentant une plus grande
lurface à l’air , éprouve une plus grande réfiftance *
& tombe plus lentement.
Le polatouche approche , en quelque forte., de
la chauve-fourisjjpar cette extenfion de la peau ,
qui, dans le faut"', réunit.les jambes de devant à
celles de derrière , & qui lui fert à fe foutenir en
l’air : il paroît aufli lui reflembler urf peu par le
naturel, car il eft tranquille, & pour ainfi dire ,
endormi pendant le jour; il ne prend de l’aâivité
que le foir.
On prend ces petits animaux en couvrant d’un
filet les trous de l’arbre ou l’on foupçonne qu’il
y en a quelqu’un, & enfuite on les chaffe de leur
nid en y faifant entrer de la fumée ; par ce moyen,
ils s’embarraffent dans les filets en voulant fe fau-
ver. Leur peau eft fort douce & garnie de poils
blancs & gris ,• dont le mélange fait un effet très-
agreable. Leurs yeux font grands, éminens , noirs
& très-beaux ; leurs oreilles petites, leurs dents fort
aigues , & dont ils mordent bien ferré. Lorfqu’ils
font en repos, ils couchent leur queue fur leur
dos de fort bonne grâce ; mais lorfqu’ils volent,
ils l’abaifferit & l’agitent de côté & d’autre.
Le polatouche eft très-facile à apprivoifer , mais
il eft en même-temps fujet à s’enfuir, & il faut le
garder dans une cage, ou l’attacher avec une petite
chaîne : on le nourrit de pain, de fruits, de
graines ; il aime fur-tout les boutons'& les jeunes
pouffes ou pin & du bouleau ; il ne cherche point
les noix & les amendes comme les écureuils ; il
fe fait un lit de feuilles dans lequel il s’enfevelit
& demeure tout le jour; il n’en fort que la nuit,
& quand la faim le preffe. Comme il a peu de
vivacité , il devient aifément la proie des martes
& des autres animaux qui grimpent fur les arbres ;
aufli l’efpèce efi-elle en très-petit * nombre , quoi-
qu il produife ordinairement trois ou quatre petits.
Il eft plus commun en Amérique qu’en Europe,
Le polatouche eft le mus ponticus aut fcythicus,
fciurus-ve, quem volantem cognominant de Gefner ;
le fciurus americanus volans de Ray ; le fiying fquir*
rel des TranfaEl, phil. ann. 1733 , & d’Edwards ;
l’écureuil volant de Briffon & de Catesby.
PONGO , nom du grand orang-outang à I3
cote occidentale d’Afrique. Voyeç O r a n g - o u *
TA N G.
PONTICUS, mus ponticus, dénomination appliquée
au polatouche. Voyeç P o l a t o u c h e .
PORC, eft le nom du mâle dans l’efpèce du
cochon. Voye[ C ochon.
PORC-ÉPIC , ( le ) n’eft point un porc
chargé d’épines ; il approche même beaucoup plus
au lièvre ou du caftor, que du cochon, auquel
il ne reffemble que par le grognement. Il a la tête
courte 8ç ornee d’un panache, deux grandes dents
incifives en avant de chaque mâchoire, mais point
de dentj canines ; le mufeau fendu & revêtu d’une
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longue mouftache ; les oreilles rondes 8c appla-
ties ; la queue courte, & les pieds armés d’ongles.
Il n’a qu’un fimple eftomac &. un grand cæcum ;
les parties de la génération ne font point apparentes
au dehors ; les tefticules font recelés au dedans
, & renfermés fous les aines, & la^ verge n’eft
point apparente ; tous ces caractères ^établiffent
lenfiblement une différence ablolue entre cet animal
&. le cochon , tant pour la figure que pour la
conformation intérieure.
Le porc-épic a le corps couvert de longs piquans
qui font de vrais tuyaux de plumes, auxquels il
ne manque que les barbes pour être de véritables
plumes. Par ce rapport, il fait la nuance entre les
quadrupèdes & les oifeaux. Ces piquans, fur-tout
ceux qui font voifins de la queue , fonnent les uns
contre les autres lorfque l’animal marche ; il peut
les redreflèr par la contraction du mufcle peau-
cier , & les relever à-peu-près comme le paon ou
le coq d’Inde relèvent les plumes de leur queue ;
mais il eft faux de dire qu’il l puiffe les lancer à
une affez grande diftance, & avec affez de force ,
pour percer 8c bleffer profondément ; & il n’eft
pas moins abfurde de croire que ces piquans, tout
féparés qu’ils font du corps de l’animal, ont la propriété
de pénétrer d’eux-mêmes, & par leurs propres
forces, plus avant dans les chairs, dès que la pointe
y eft une fois entrée.
Ce qui peut avoir induit en erreur fur le premier
de ces faits , c’eft que l’animal, lorfqu’il eft
irrité ou agité, redreffe fes piquans, les remue ;
& que, comme il y a de ces piquans qui ne tiennent
à la peau que par une efpèce de filet ou de
pédicule délié , ils tombent aifément.
Au refte , le porc-épic, dans l’état de domef-
ticité , n’eft ni féroce ni farouche ; il n’eft que
jaloux de fa liberté ; & , à. l’aide de fes dents de
devant, qui font fortes & tranchantes comme celles
du caftor, il coupe le bois, & perce aifément la
porte de fa loge. On le nourrit avec de la mie de
ain , du fromage & des fruits. Dans l’état de fierté
, il vit de racines & de graines fauvages ;
& quand il peut entrer dans un jardin , il y fait
un grand dégât, & mange les légumes avec avidité
; il devient gras vers la fin de l’été, & fa
chair, quoiqu’un peu fade , n’eft point mauvaife
à manger. On dit qu’il fe cache pendant l’hiver,
comme l’ours, & que la femelle met bas au bout
de trente jours.
Cet animal eft originaire des climats les plus
chauds de l’Afrique & des Indes. Il peut néanmoins
vivre & fe multiplier dans des pays moins
chauds, tels que la Perle , l’Efpagne & l’Italie,
Ce n’eft: que dans ces derniers fiècles, félon Agri-
cola, que l’efpèce a été tranlportée en Europe ;
elle fe trouve en Efpagne, mais plus communément
en Italie , fur-tout dans les montagnes de
l’Apennin aux environs de Rome.
Le porc-épic , en latin , comme en grec, hyflrix,
eft defigné fous ce,feul nom chez les Naturaliftes.
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Porc-é p ic , de la baie cfHudfon, feft l’urfon.
Voye^ U rs o N.
POSSUM , par les Anglois, farigue. Voye[
S a r i g u e .
PO U C , eft le nom d’une efpèce de rat que
l’on dit plus grand que le rat domeftique, avec
le mufeau oblong, & l’habitude de creufer la
terre pour fe faire un terrier , & de dévafter aufli
les jardins. Ce rat pouc , ajoute-t-on , fe trouve
en Pologne , en Ruine, &. même, à ce que nous
croyons, en Norvège.... A ces traits peu diftinc-
tifs , & dont partie femble indiquer un hamfter,
& partie un léming, il eft difficile de dire fi le
pouc eft en effet différent de l’un ou de l’autre de
ces animaux.
POULAIN, (le ) On appelle ainfi le petit du
cheval & de la jument. Comme les qualités des
chevaux viennent prefque en entier de l’éducation
que l’on donne au poula.in ou jeune cheval, nous
croyons devoir entrer dans le détail des foins ÔC
des peines que cette éducation exige.
Dès le temps du premier âge, on a foin de fé-.
parer les poulains de leur mère ; on les laille têter
pendant cinq , fix , ou tout au plus fept mois ; car
ceux qu’on laiffe têter pendant dix ou onze mois 9[
ne valent pas ceux qu’on sèvre plutôt , quoiqu’ils
prennent ordinairement plus de chair & de corpst
Après ces fix ou fept mois de lait, on les sèvre
pour leur faire prendre une nourriture plus folide ;
on leur donne du fon deux fois par jour, & u»
peu de foin , dont on augmente la quantité à me*
fure qu’ils avancent en âge , & on les garde dans
l’écurie tant qu’ils marquent de l’inquiétude pour
retourner à leur mère ; mais lorfque cette inquiétude
eft paffée, on les laiffe fortir par le beau
temps , & on les conduit aux pâturages ; feulement
il faut prendre garde de les laifler paître à
jeûn ; on doit leur donner le fon , & les faire boire
une heure avant de les mettre à l’herbe, & ne
jamais les expofer au grand froid ou à la pluie.
Ils paffent de cette façon le premier hiver. Au
mois de mai fuivant, non-feulement on leur permettra
de pâturer tous les jours, mais on les laiffera-
; coucher à l’air dans les pâturages pendant tout
l’été & jufqu’à la fin d’oâobre , en obfervant feulement
de ne pas les laiffer paître les regains ; s’ils
s’accoutumoient à cette lierbe trop fine , ils fe dé-
goûteroient du foin , qui doit cependant faire leur
principale nourriture pendant le fecondhiver, avec
du fon mêlé d’orge ou d’avoine moulus.
On les conduit de cette façon en les laiffant pâturer
de jour pendant l’hiver, & la nuit pendant
l’été jufqu’à l’âge de quatre ans , qu’on les retire
du pâturage pour les nourrir à l’herbe sèche ; ce
changement de nourriture demande quelques précautions
: on ne leur donnera pendant les premiers
huit jours que de la paille , & on fera bien de leur
faire prendre quelque breuvage contre les vers
que les mauvailes digeftions d’une herbe trop crue
peuyent avoir produits.