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E i A LE , de Pline. Voye£ la fin de l’article
L i c o r n e .
ÉCUREUIL ( 1’ ) ., joli petit animal, qui n’eft
qu’à demi-fauvage , &. qui, par fa gentilleue , par
là docilité , par l’innocence même de fes moeurs ,
mériteroit d’être épargné. Il n’eft ni carnaflier, ni
nuifible, quoiqu’il lailifle quelquefois des oifeaux ;
là nourriture ofdinaire font des fruits, des amandes,
«les noifettes , de la faine & du gland ; il eft propre,
lefte, v if, très-alerte, très-éveillé, très-induf-
irieux. 11 a les yeux pleins de feu , la phyfiono-
;mie fine, le corps nerveux, les membres très-
difpos. Sa jolie figure eft encore rehauffée, parée
par une belle queue en forme de panache,
qu’il relève jufqu’au-deflus de fa tête, & fous laquelle
il fe met à l’ombre ; le delïous de fon
corps eft garni d’un appareil tout auflï remarquable
, & qui annonce de grandes facultés pour
l ’exercice de la génération ; il fe tient ordinairement
aflis, preique debout, & fe fert de fes
pieds de devant comme d’une main,. pour porter
à fa bouche. Il a les ongles fi pointus & les mou-
vemens fi prompts, qu’il grimpe en un inftant
fur un hêtre , dont l’écorce eft fort lifte. Il approche
des oifeaux par fa légéreté ; il demeure
comme eux fur la cime des arbres, parcourt les
forêts en fautant de l’un à l’autre, y fait fon nid,
cueille les grains,boit la rofée , &. ne defcend à
terre que quand les arbres font agités par la
violence des vents.
On ne le trouve point dans les champs, dans
les lieux découverts , dans les pays de plaine ; il
n’approche jamais des habitations ; il ne refte point
dans les taillis , mais dans les bois de hauteur , fur
les vieux arbres des plus hautes futayesi -ll ; craint
l’eau, & l’on allure que lorlqu’il faut la palfer,
il fe lert d’une écorce pour vaifleau , & de fa
queue pour voile & pour gouvernail.
Il ne s’engourdit pas, comme le loir, pendant
l’hyver ; il eft en tout temps très-éveillé , & pour
peu que l’on touche au pied de l’arbre fur lequel
il repofe, il fort de fa petite bauge , fuit fur un
•autre arbre , ou fe cache à l’abri d’une branche.
Il ramalfe des noifettes pendant l’été, en remplit
les trous, les fentes d’un vieux arbre , & a recours
en hiver à fa provifion ; il les cherche
aulfi fous la neige, qu’il détourne en grattant. Il
a la voix plus perçante encore que la fouine ; il
a de plus un murmure à bouche fermée , un petit
grognement de mécontentement, qu’il fait entendre
toutes les fois qu’on l’irrite. Trop léger pour marcher
, il va par petits lauts & quelquefois par
bonds.
On entend les écureuils , pendant les belles nuits
d’été, crier en courant fur les arbres les uns après
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les autres ; ils femblent craindre l’ardeur du foie
il ; ils demeurent pendant le jour dans leur
domicile , dont ils fortent le foir pour s’exercer,
jouer, faire l’amour-& manger. Ce domicile eft
propre, chaud & impénétrable à la pluie ; c’eft
ordinairement fur l’enfourchure d’un arbre qu’ils
l’établiflent ; ils commencent par tranfporter des
bûchettes qu’ils entrelaflent avec de la moufle ;
ils la ferrent enfuite , ils la foulent, & donnent
allez de capacité & de folidité à leur ouvrage
pour être à l’aife & en sûreté avec leurs
petits; il n’y a qu’une ouverture vers le haut,
étroite , & qui fiiffit à peine pour palier ; au-
delfus de l’ouverture eft une elpèce de couvert
en cône, qui met le tout à l'abri, & fait que la
pluie s’écoule par les côtés & ne pénétre pas.
Les écureuils produifent ordinairement trois
ou quatre petits ; ils entrent en amour au printemps
, & mettent bas au mois de mai ou au
commencement de juin ; ils muent au fortir de
l’hiver ; le poil nouveau eft plus roux que celui
qui tombe. Ils font propres, fe peignent, fe
poliftent avec les mains &. lés dents ; ils n’ont
aucune mauvaile odeur, & leur, chair eft allez
bonne à manger. Le poil de la queue, fert à
faire des pinceaux ; mais leur peau ne fait pas
une bonne fourrure.
Il y a beaucoup d’efpèces voifines de celle
de Y écureuil &. peu de variétés dans l’efpèce
même ; il y en a quelques-uns de cendrés, de
tout noir ; mais tous les autres font roux. Us
varient auffi pour la grandeur. Ces animaux parodient
être originaires des terres du Nord , où
ils font bien plus nombreux que dans les climats
tempérés. On ne les trouve pas dans les pays
chauds ; mais il y a plufieurs efpèces propres à ces
climats , &. qui femblent y remplacer celle de
notre écureuil. Voye^ les articles B a r b a r è s q u e ,
P a l m i s t e , C o q u a l l in .
U écureuil eft le fciurus des Latins, fciurus rufus,
fciurus vulgaris desNaturaliftes.
É c u r e u il g r i s , Pe t i t - g r i s . Voyeç ce
mot.
É c u r e u i l d e V i r g in i e . Voyeç Pe t i t -
g r i s .
É c u r e u i l d e B a r b a r i e . Voyeç Ba r b a *
r e s q u e .
É c u r e u i l S u is s e . Voye^ S u i s s e .
É c u r e u i l d e s Pa l m ie r s . V o y e P a l m
i s t e .
É c u r e u i l o r a n g é . Voyeç C o q u a l l in .
É c u r e u i l v o l a n t . Voyeç P o l a t o u c h e .
É c u r e u i l v o l a n t . ( grand ) iPbyq; T a g u a n .
É gagropile. f. f. On donne ce nom à certaines
pelottes ou boules compofées de poils? &
quelquefois de petits fibres de racines entremêlées
& empâtées d’une fubftance mucilagineufe ou tar-
tareufe durcie ., lefquelles fe trouvent dans les
eftomacs de plufieurs animaux ruminans qui font
fujets à fe lécher le poil, comme les boeufs, les
chèvres, &c. ; il ne faut pas confondre ces éga~
gropiles ou boules de poil avec les bézoards ,
quoique la fubftance qui empâte Y égagropile &
qui en lifte la fuperficie , paroiflé être d’une nature
approchante de la fubftance dû bézoard. Voye£
Bé z o a r d .
ÉLAN ( 1’ ) eft un animal des pays fepten-
trionaux, affez reflemblant ' au cerf , mais plus
grand, plus fort, plus gros , plus élevé fur fes
jambes, ayant le cou plus court, les oreilles &
le poil plus longs, le bois beaucoup plus large
& plus maftif q.ué le cerf, la queue courte &. de
longs poils fous le cou, caractères qui lui font
communs avec le renne ; mais il a la tête plus
longue que le renne ; & de grofîes lèvres pendantes
: fa couleur n’eft pas non plus blanchâtre
comme celle du renne, mais elle tire également
par tout le corps fur lin jaune obfcur mêlé de gris
cendré. Il a le poil fi rude & le cuir fi dur,
que la balle du moufquet peut à peine y pénétrer ;
il a les jambes très-fermes, avec tant de mouvement
ôt de force , fur-tout dans les pieds de
devant, que d’un feul coup il peut tuer un
homme , un loup , & même cafter un arbre.
Cependant , on le chafle à-peu-près comme nous
chafions le cerf , c’eft-à-dire, à. force d’hommes
& de chiens. On afiure que lorfqu’il eft lancé
ou pourluivi, il lui arrive fouvent. de tomber
tout-à-coup fans avoir été tiré ni blefle ; de-là
on a préfumé qu’il étoit fujet à lîépilepfie, préemption
qui n’eft pas trop fondée , puifque la
peur pourroit produire le même effet ; & , par une
conféquence beaucoup plus étrange , on a dit que
la corne de fes pieds devoit guérir ou préferver
de l’épilepfie , & l’on voit encore des gens porter
des bagues dont le chaton renferme un petit
morceau de corne dlélan..
Les Anciens avoient dit de Y élan, la même
chofe que de l’éléphant ; favoir, que par la
roideur de fes jambes, ou même par leur défaut
d’articulation, il ne pouvoit, ni les plier , ni fe
coucher ; d’où eft née la fable répétée dansplufieurs
relations , que Y élan, pour dormir, s’appuie contre
des arbres que les Sauvages remarquent & vont
couper à demi par le pied, moyennant quoi Y élan
venant à l’ordinaite s’appuyer contre , tombe,
& ne peut plus fe relever.
Une fingularité réelle & qui eft commune au
renne & à Yélan-, c’eft que quand ces animaux
courent ou feulement précipitent leurs pas, les
cornes de leurs pieds font, à chaque mouvement,
un bruit de craquement fi fort , qu’il femble que
toT&tes les jointures des jambes fe déboîtent ; les
loups , avertis par ce bruit ou attirés par l’odeur
de,la bête, courent au devant, la faififlent &• en
viennent à bout , s’ils font en nombre; car,
l'élan, aiïrfi que le renne , fe défend d’un loup
feul ; ce n’eft pas avec-fon bois , lequel en tout
lui nuit plus qu’il ne lui fert, c’eft avec les pieds
de devant dont il frappe le loup qui refte étourdi
ou même affommé fous le coup.
Les élans, auffi bien que les rennes, fe mettent
en troupes comme les cerfs ; ils ne vont pas de
même par bonds & par fauts.; leur marche eft
une efpèce de trot fi prompt & fi aifé , qu’ils
font dans le même temps prefqu’autant de chemin
que les cerfs en font à la courfe & fans fe
fatiguer autant ; car, ils peuvent trotter ainû fans
s’arrêter pendant un jour ou deux.
L’élan, ne s’apprlvoife pas auffi aifément que
le renne ; il ne fe tient pas non plus fur les
montagnes, & ne s’approche pas autant des
régions polaires que ce dernier ; il habite les terres
baffes & les forêts humides , & fe trouve en
Norwège , en Suède, en Pologne , en Lithuanie,
en Ruffie & dans les provinces de la Sibérie &.
de la Tartarie , jufqu’au Nord de la Chine.
Il y eut .autrefois des élans dans les Gaules J
les paffages de Céfar le prouvent affez , & quinze
fiècles après , Gallon Phébus parle de cet animal
qu’il dit exifter encore dans les forêts de France,
du moins dans les hautes montagnes , comme les
Pyrénées dont Gallon Phébus étoit voifin. Il
eft certain que l'élan ne fe trouve plus aâuellement
que dans les pays les plus feptentrionaux ; mats
l’on fait auffi que le climat de la- France étoit
autrefois plus humide & plus froid, par la quantité
des bois & des marais dont il étoit couvert,
qu’il ne l’eft aujourd’hui. L’on v o it, par la lettre
de l’Empereur Julien, quelle étoit, de fon temps,
la rigueur du froid à Paris ; la defcription des
glaces de la Seine reffemble parfaitement à celle
que nos Canadiens font de celles du fleuve de
Quebec ; les Gaules , fous la même latitude que
le Canada, étoient, il y a deux mille ans , ce
que le .Canada eft de nos jours , c’eft-à-dire,
un climat affez froid pour nourrir les animaux
qu’on ne trouve aujourd’hui que dans les provinces
du Nord.
D’après ces témoignages , il eft évident qu’il
exiftoit autrefois dans les forêts des Gaules &
de la Germanie , des élans & des rennes , &
les paffages de Céfar le prouvent. A mefure que
l’on a défriché les terres & defféché les eaux ,
la température du climat fêta devenue plus douce,
& ces mêmes animaux qui n’aiment que le froid ,
auront d’abord abandonné le plat pays , & fe
feront retirés fur les hautes montagnes près de la
région des neiges , d’oh l’abaiffement fucceffif des
montagnes, la deftruûion prefqu’entière des forêts,
la multiplication des hommes les ont enfin fait
difparoître. '
On retrouve l’élan , fous le nom d’orignal, en
Canada & dans toutes les parties feptentrionales
de l’Amérique. Ses combats avec le carcajou ou
Oij