
Tous les jours ne font pas également
bons pour foufrer ; ceux où l’air eft humide
ne valent rien : l’acide fulfureux retombe
alors fur les oifeaux en une vapeur
humide , qui eft rongeante, & qui gâteroit
les plumes fi on répétoit fouvent l'opération
; mais dans les jours froids & fecs ,
la vapeur fe condenfe & retombe fous la
forme sèche de très-petites fleurs de foufre
qui n’ont aucune aftion fur les plumes :
elles les couvrent d’une pouflière brillante,
qu’on enlève avec un peu de coton ou les
barbes d’une plume. Il n’en eft pas de même
des verres. Soit qu’onait brûlé le foufre par
un temps fec où humide , fa vapeur les
falit & les rend très-ternes ; mais on les
nétoie aifément en fe fervant de blanc
d’Efpagne détrempé dans de l’eau. Cependant
l’acide fulfureux demeure fortement
attaché aux oifeaux, à la boëte, à tous les
corps qui en ont été imprégnés , & il continue
pendant long-temps d’obfcurcir les
verres qu’une feule fumigation obligé de
nétoyer fouvent pendant les cinq ou fix
mois fuivans. Un autre défavantage du
foufre eft de noircir les feuillages attachés
aux rameaux qui foutiennent les oifeaux.
Mais il eft facile de les renouveller quand
la vapeur eft totalement diflipée, & ces
inconvéniens ne peuvent entrer en balance
de l’avantage de conferver la colleûion.
Je ne connois pas d’autre moyen de l’obtenir
que par le foufre, & je renvoie , par rapport
aux préparations qu’on prétend mettre
les oifeaux a l’abri des infeétes, â ce que
j ’ai dit en parlant de la manière de les
envoyer des pays étrangers. Quant au
camphre, la térébenthine & aux différentes
fubftances odorantes , que quelques per-
fonnes placent dans les boëtes, elles n’ont
aucun effet,parce que ces odeurs ne peuvent
jamais être allez concentrées pour
faire périr les infeâes; par la même raifon,
les poudres aromatiques dans lefquelles j’ai
confeillé d’enfouir en quelque forte les
peaux qu’on envoie de loin , feroient fans
efficacité placées dans les boëtes deftinees
à contenir une collection.
L’emploi du foufre, tel que je l’ai indiqué
, m’a fouvent réufli pour délivrer
des infeétes des oifeaux qui en étoient couverts
lorfque je les ai reçus ou achetés ;
tel eft dans ma collection un cafoard qui
étoit infeCté de toutes les efpèces d’infeCtes ,
que j’en ai délivré par trois fumigations,
ime en août quand je l’achetai, une fécondé
en feptembre, & la troifième au
mois de janvier fuivant ; depuis ce temps,
& il y a fept à huit ans, je n’ai pas ap -
perçu un feul infeCte fur cet oifeau. Il en
a été de même d’un pigeon couronné de
Banda, qui tentoit tous lès acheteurs dans
une vente publique, & dont perfonne ne
voulut à caufe des infeCtes qui en forfoient
de toutes parts. Je rapporte ces deux exemples
, auxquels j’en pourrois beaucoup
ajouter, pour faire voir qu’on n’a pas
befoin de recourir fouvent à l’emploi du
foufre quand on s’en fert à propos. Par
conféquent, les inconvénient qu’il peut
a vo ir , & qui font foibles en comparaifon
de fes avantages, ne doivent pas détourner
d’en faire ufagé. Quant aux foins
qu’exige une colleClion , tant pour la
former que pour la conferver, & dont
j’ai rendu compte, ceux.qiù font néceffaires
pour préparer les oifeaux demandent tout
le temps d’une perfonne qui fe livre à ce
genre d’occupation ; mais les oifeaux étant
bien préparés, n’en plaçant point de fufpefts
parmi ceux qui ne le font pas ; enfin, les
boëtes étant bien clofes, il fuffit, pour ne
perdre jamais rien, 8e vifiter la colleâion
quatre à cinq fois depuis la moitié de mai
jufqu’au quinze de feptembre , & fuivant
les circonftances, de recourir dans l’inftant
au foufre, ou .de noter ce qu’on a obfervé
pour employer les fumigations en janvier.
Nota. - Dans le fécond Difcours fur la Nature des Oifeaux, nous avons rapporté fort en détail la
Méthode de M. Brillon, & décrit, d’après cet Auteur , les caractères de chaque genre. Pour rendre
l’expofé dè la méthode par écrit plus facile à entendre , on a gravé les caractères de chaque genre , que le
leéteur trouvera dans la fuite des planches qui font partie de la nouvelle Encyclopédie, Les numéros fe
.çorrelpondent entre les genres St les figures qui en repréfentent les caractères,
A B A
A b a n d o n n e r , (FtfBeonnerie.) * c ’eft biffer
l’oifeau libre ou dans le deflein de l’egayer, ou
de lui donner la liberté quand il n’eft plus propre
au fervice.
ABATTRE * ( l ’oifeau.) c’eft, en terme de
Fauconnerie, preflér l’oifeau entre fes deux mains
pour le contenir.
ABÉCHER , ( Faut. ) donner à un oifeau de
proie , avant de fe mettre en chalTe , une portion
du pat ordinaire , pour le mettre en goût.
A b é c h e r , ( Fauc. ) c’eft donner à un oifeau de
proie un pat léger , divifé par portions, & à
chaque fois autant qu’il en peut prendre d’un coup
de bec.
ABOYEUR, (fuppl. de TEncycl.) Voye^ B a r g e
AB O YEUSE.
A C A C A LO T L , (Encycl.) Voyez A c a l o t .
ACALO T. ( I’ )
. Çourly varié du Mexique. B r is s . tom. V >
f age'3,33- ...
Acacalotl, par les mexiquains.
C ’eft un oifeau du LXX VIIIe genre ; fa longueur
du bout du bec à celui de la queue eft de près de trois
pieds ; la partie antérieure de la tête eft dégarnie
de plumes, & couverte d’une peau rougeâtre ; le
derrière de la tête & le cou font mêlés de brun,
de blanc , de verdâtre & d’un peu de fauve ; le
dos eft varié de noirâtre , de verd & de pourpre
mêlés cohfufément; la poitrine & le ventre font
revêtus de plumes brunes, parmi lefquelles il y
en a quelques unes de rougeâtres; les ailes & la
queue font d’un verd changeant ; les yeux font
noirs ; l’iris eft couleur de lang ; le bec eft bleu ;
les pieds font noirâtres. Cet oifeau, indiqué par
Fernandèz, fe trouve au Mexique. MM. de Buffon
6c Briffon , n ont pas héfité à le regarder comme
un courlis ; mais M. Adamfon , au mot acacalotl,
{fupplément de VEncyclopédie,) penfe que cet
oifeau n’eft pas un courlis , mais un genre particulier
voiftn de celui de libis. Son fentiment eft
fondé fur la nudité de la partie antérieure de la
tête de Y acacalotl. Mais fur une defeription suffit
peu complette que celle qui nous a été tranfmife
par rapport à cet oifeau , entreprendre d’en déterminer
pofitivement le genre, c’eft courir rifque,
fi l’on venoit à voir l’oifea'u , de reconnoître. qu’on
a perdu fa peine à former des conje&ures, dont
aucune de celles qu’on pourroit faire ne feroit
peut-être réalifée, ü onfe trouvoit à portée d’obier
ver V acacalotl»
A C A
ACATÉCHILI. ( 1’ )
Tarin du Mexique. B r i s s . tom. III > pag. 70 9
genre XXXll.
Cet oifeau , connu par l’indication de Fernandez
, qui lui donne le nom mèxiquain d’aca-
techichittli, que M. de Montbeillaid a abrégé , nous
eft repréfenté comme une efpèce de tarin qui a
le même chant que celui d’Europe, qui vit des
mêmes alimens, qui a des couleurs analogues, &C
qui fe plait parmi les rofeaux. Tout le deffus du
corps, les ailes & la queue font d’un brun-verdâtre ;
le deffous du corps eft d’un blanc-jaunâtre.
ACCOUPLEMENT.
Vaccouplement des oifeaux n’eft que momentané
& ne confifteque dans la juxte-pojition ou le contact
des parties; il n’y a que les oifeaux du genre de Voie
& du canard, & quelques efpèces particulières, dans
lefquelles il yfait une union intime des deux fexes, à
la manière des quadrupèdes , & fi elle a lieu de la
même façon dans les autres, elle n’eft qu’inftan-
tanée. '
Les divers quadrupèdes prennent des pofitions
différentes dans leur accouplement ; les oifeaux
ont tous la même manière de s’accoupler. La
femelle plie un p,eu les jambes , & le corps baillé,
les ailes à demi-ouvertes, elle reçoit le mâle qui
la faifit ordinairement avec fon bec fur le fommet
de la tête , appuie fes deux pieds fur fon dos,
écarte la queue de côté, &. abaiffe le croupion
vers celui de la femelle, qui fait effort pour
éléver le fien , en portant aufli en même-temps
la queue de côté.
Les oifeaux en général préludent par des carefles
qui augmentent leur ardeur-, qui" font une jouif»
fance anticipée & qui rendent l’a&e plus ardent ;
ils femblent même , à cet égard, avoir une déli-
catefîe de fentiment, & l’idée” de plaifirs inconnus
aux autres animaux ; cependant il y a quelques
efpèces d’oifeaux dans lefquelles l’accouplement
n’e ft., comme dans les quadrupèdes, qu’un aéle
plus violent que voluptueux ; tels font par exemple
lès faifans ; dans ces efpèces , les femelles fuient
& craignent l’approche du mâle qui les pourfuit
avec fureur , lès faifit avec emportement, jouit
avec impétuofité, & les abandonne* avec indifférence
: il n’y a point de mariage , point d’union
durable dans-ces efpèces, & feulement des rencontres
fortuites. Le mâle n’eft occupé que de
jouir , fans aucune prévoyance furies fuites de fes
entreprifes ; la femelle eft feule chargée du foin
* Le Di&ionnaire d’OrnithoIogie devant, félon le plan général de l’Encyclopédie méthodique, contenir les termes de
fauconnerie & ceux de chajje relatifs aux oifeaux, les premiers feront indiqués par les lettres initiales fauc. , ot les lecqn
far les lettres cfiaf.