
dante d’un eôté, la poitrine large, le corps plein j
Ôc ramaffé , les jambes jaunâtres , le plumage !
;noir , tanné, ou roux , ou varié de noir Ôc de
blanc. Un coq jeune Ôc bien choifi peut fuffir à
quinze ou vingt poules ; ce n’eft pas qu’il n’entreprît
d’en lervjr un plus grand nombre, mais à
force de s’épuifer, il en ferait moins prolifique,
ôc reftreint à une moindre quantité de poules ;
il les fatigue par trop d’ardeur. 11 ne paroit pas
qu’on fe ioit occupé de l’âge oii il convient le
mieux d’abandonner le coq à Ion tempéramment,
Ôc de celui- où les poules font les plus propres
à le recevoir. Cependant il eft très-probable que
l’ardeur prématurée du coq doit influer fur fes
forces & l’affbiblir pour tout le temps qu’il vivra ;
•que la poule excitée par fon approche à une ponte
•trop précoce, doit en fouffrir de même, ÔC que
l’un Ôc l’autre de ces animaux feroient plus vigoureux
, plus féconds fi leur approche mutuelle
étoit différée jufqu’à l’âge où ils ont acquis un
accroiffement complet. Il y auroit fans doute à
perdre pour la promptitude du produit, mais il
y auroit à gagner pour fa durée & fa valeur , ôc
ce feroit fans doute un moyen de relever ôc de
perfeâionner l’efpèce , comme c’en eft un aufli
de croifer quelquefois les races.
On croit allez communément que les poules
n’exigent que très - peu ou point de foin & de
dépenfe. Cependant. leur produit eft proportionné
à la peine qu!on prend de les gouverner, aux
avances qu’on fait pour elles & dont elles dédommagent
amplement.
Le premier foin eft de les placer ou de les
loger convenablement. On donne le nom de
poulailler au lieu qui leur eft deftîné pour pondre
Ôc pour s’y retirer pendant la nuit.
Le poulailler doit être fitué de façon qu’il ne
foit expofé ni au plus grand froid , ni a la
plus forte chaleur ; ainft il ne doit être ni tourne
au nord , ni au midi. L’excès du froid engourdit
les poules , leur caufe des maladies ; le froid moins
violent , mais continu , retarde leur ponte. La
chaleur trop vive les affoiblit, les maigrit, leur
çaufe la pepie, la conftipation , des maladies inflammatoires.
Il eft mieux que le poulailler foit d’une forme
oblongue que de toute autre , parce qu’alors il eft j
■plus aifé de le garnir de perches qui fervent de j
juckoirs ; elles doivent être quarrées, d’un pouce j
$c demi à deux pouces , parce que la poule n’em-
pogne pas en fe perchant, ôc qu’elle fe tient mal ;
fur une perche arondie ; il ne faut pas qu’elles foient
trop près de terre à caufe de l’humidité , ni trop
élevées à caufe de la difficulté d’y monter ; deux
pieds d’élévation eft une bonne hauteur ; mais
comme on perdrait trop de terrein, on peut
en placer à des hauteurs graduées ; les poules y
pipntent par le moyen d’une échelle qu’on attache
9 fort inclinée à un des bouts du ' poulailief.
Les jnurs doivent être enduits ÔC crépis avec foin
pour-que les animaux malfaifans qui pourraient
s’introduire , aient moins de facilité à grimper;
aux deux bouts du poulailler, ori pratique dans
le mur un enfoncement ; on y place un panier
qu’on garnit de paille : il fert aux poules pour , y
dépofer leurs oeufs.
Le poulailler n’a communément que deux ouvertures
, une fenêtre étroite ôc grillée , une très-
petite porte, au bas de laquelle on pratique une
forte de chatière à couliffe, qu’on ouvre le matin Ôc
qu’on ferme lefoir : cet ufage ne me paroit pas bon.
Les poules , comme tous les autres animaux, ont
nécelfairement befoin d’un air renouvellé , ôc celui
qu’elles ont refpiré quelque temps, n’eft pas aufli
fain qu’un air frais. Lorfque la porte ôc la couliffe
font fermées, l’air ne fçauroit fe renouveller par
une fenêtre grillée,, très-petite , fouvent mal placée ;
il feroit très-utile de- lui donner plus de largeur
ôc encore plus avantageux de ménager un courant
d’air par une ouverture oppofée ; mais il ne faudrait
pas qu’il eut fa direction à travers les ju-
choirs; ce qu’on éviterait aifément en fàifant au-
deffus, dans la partie la plus élevée, une ouverture
fort étroite à une des extrémités. Par la même
raifon les poules ne doivent pas être en affez
grand nombre , pour fe gêner les unes les autres ,
ôc pour rendre l’air du poulailler infeâ, comme
il l’eft fouvent. Il n’eft pas moins important de
le tenir propre ôc d’en enlever fouvent la liante
des poules qui a une odeur très-forte.
On réferve ordinairement pour la nourriture
des poules ce qu’on retire des grains criblés ôc
vannées.; c’eft-à-dire ceux qui font de rebut, ôc
les différentes femences qui étoient mêlées avec
le bon grain. Cet ufage eft oeconomique ôc peut-
être indifpenfable , mais il exige des obfervations
qui n’ont pas encore été faites. Il feroit très-important
de s’affurer des effets que peuvent produire
les différentes femences., ôc les grains viciés qu’on
met à part pour les poules ; il eft très-certain que le
grain ergoté eft un poifon pour la volaille qu’on force
d’en faire ufage , mais elle n’y touche pas par une
répugnance naturelle ; il faudrait fçavoir s’ilen eft de
même du grain attaqué de la carie, du charbon , ÔCc. ,
quels peuvent-être lés effets de ces grains ainft que
ceux des femences , telles que Y ivraie , par-exemple
, dont, malgré -fon effet affoupiffant, on fe
fert en quelques endroits dans les derniers jours
où l’on engraiffe les volailles : cet effet, qui peut
répondre au but qu’on fe propofe alors , peut
être très-préjudiciable dans d’autres circonftances,
ôc il eft poflible que beaucoup de maladies des
volailles dépendent ou des grains viciés, ou des
femences mêlées au grain qu’on leur donne ; que
par cette raifon i fuivant l’abondance de ces grains
ou de ces femences , il y ait des années d’une
mortalité qui n’a pas d’autre caufe. Les effais que
je propofe font donc très-intéreffans , ôc en fourrait
y facrifier quelques poules qu’on nourriroit
uniquement , pendant un temps fuffifant , des
• • ’ ' différons
diîRrens grains & des femences dont on voudrait
fconnoître l’effet. '
Le temps de donner à manger aux poules, eft
le matin au lever du foleil Ôc le .foir avant quil
fe coûche ; il eft avantageux de meler au grain,
, fur-tout en été , des légumes , des herbes, quelques
fruits : ces fubftances rafraîchiffent les poules
j Cette nourriture eft bonne alors pour exciter les
. poules à pondre , ôc à l'on défaut on leur donne,
j dans le même deffein , du farafin ou du chenevis.
j On doit aufli porter fon attention fur la boiffon
des volailles ; il eft important que l’eau ne leur
manque jamais, de la renouveller, de nettoyer
les vaiffeaux dans lefquels on la leur donne. Le
manque d’eau eft fuivi de la pépie , ÔC l’eau fale
ou croupie produit des chancres à la gorge, fus
la langue Ôc différentes maladies.
Ôc contribuent à leur fauté. On a^foin dé leur
diftribuer à manger toujours au meme endroit ,
pour les accoutumer à s’y rendre plus facilement ;
la place doit être propre ÔCa l’abri du vent ôc de
la pluie , autant qu’il eft poflible ; il eft bon quil
y ait quelque lieu couvert ou angard fous lequel
les poules puiffent fe retirer à couvert dans les jours
très-pluvieux , fur-tout lorfque la pluie eft froide ;
elles aiment à gratter , à chercher dans le fumier ôc
dans la terre , des grains , des vers , des ' infeâes ;
elles aiment'aufli à fe v,aner dans le fable, ôc elles.
en avalent de petits grains -, qui facilitent la trituration
des alimens ; il faut par toutes ces raifons
L’âge des poules 9 pour qu’elles foient de bonnes
couveufes , eft d’un an ôc demi a deux ans ,
jufqu’à quatre ; on préfère celles qui font plus
• fortes , mieux portantes , moins farouches, ôc l’on
rejette abfolument celles dont le pied eft, comme
ceiui du mâle, armé d’un ergot. Ces poules font
fujettes à caffer les oeufs. Lorfqu’une poule, telle
que j’en viens, de faire la defcription , gloujje fréquemment
que les poules trouvent du fumier a portée du
poulailler ; qu’il y ait dans la baffe-cour un endroit
où elles puiffent trouver du fable , ôc que la terre
n’y foit pas affëz battue pour qu’elles ne puiffent
pas la gratter ; un aliment fort fain Ôc d’une grande
reffource pour l’hiver , eft un mélange de marc
de raiftn Ôc de fon : on le dépofe dans une foffe
par lits de deux à trois pouces d’épaiffeur, en
interpofant entre chaque lit une couche de terre
de la même épaiffeur .à-peu-près.
Il eft encore avantageux de former des amas
de vers qui font un aliment très - fain ôc fort
agréable pour les poules. On prépare une foffe ,
dont on a foin de bien fécher le fond ; on l’emplit
lit par lit , de terre qu’on arrofe de fang de
boeuf ou d’autres animaux ; on y mêle aufli des
parties d’inteftins coupés par morceaux, ôc l’on
recouvre le tout d’épines ôc de pierres pour empêcher
les poules d’y gratter. En allez peu de,
temps, ôc plutôt ou plutard, fuivant la chaleur ,
la foffe fe remplit d’une grande quantité de vers ;
on découvre une partie du terrein ; on enleve
avec une bêche une portion de la terre ; on la
diftribue aux poules qui en féparent avec avidité
les vers qu’elle contient.
Quelque éloge qu’on faffede cette pratique, elle'
n’eft pas fans inconvénient ; il en réfulte néçef-'
.fairement une odeur infeéte ôc des exhalaifons
malfaines; ainft ce ne feroit jamais près du poulailler
, mais toujours à l’écart qu’on devroit pratiquer
ces foffes , & c’eft feulement alors qu’on
n’auroit rien de nuiflble à en craindre ; il ne faudroit
jamais non plus permettre aux poules d’en approcher
ôc d’y gratter, mais en tirer chaque jour
ce qu’on voudrait leur diftribuer. Cette nour-
. riture , en trop grande quantité , échaufferait trop
- Ôc produirait trop dé graiffe. Elle peut convenir
- fur-tout en automne ôc en hiver ; car , même alors
: on trouve des.vers .dans les,foffes, ils font feulement
m o in s abondans ôc croiffent .plus lentement.
Hijloïre Naturelle. Tome 1,
, qu’elle garde le nid afliduèment ,
qu’elle défend fes oeufs quand on veut les lever,
c’eft un indice qu’elle demande à couver. Alors
on lui prépare dans un lieu à l’écart, fombre ,
calme , à couvert ôc bien fermé , un nid qu’on fait
avec de la paille , placée Ôc groffièrement étendue
ÔC arrangée dans un panier d’une hauteur ôc d’un
diamètre convenables : on arrange fur la paille
quinze à dix-huit oeufs des plus frais ; on apporte
la poule près du nid en la tenant couverte ; on
la pofe doucement fur les oeufs ÔC on la laiffe
légèrement couverte d’un linge ; on ne la découvre
qu’une fois par jour ,1e matin de bonne heure;
on la lève en même-temps de deffus fes oeufs ÔC
on la porte fous une mue , où elle trouve à boire
ôc à manger ; on attend quelle ait pris une fùffi-
fante quantité d’alimens, ôc qu’elle ait rendu fes
excrém.ens dont elle ne fe délivre jamais tant
qu’elle eft fur fes oeufs , à moins qu’elle ne foit ,
ou malade, ou mauvaife couveufe. On la remet
enfuite fur fes oeufs. Quelque gênante que foit
l’attitude d’une poule qui couve , quoique l'incubation
dure vingt jours v l’attachement de la poule
pour fes oeufs eft ft fort, que fouvent elle négligerait
de les quitter pour prendre de la nourriture
fi on ne l’y forçoit pas , ôc que fi on la laiffeJibre
elle retourne fe pofer deffus fans avoir fatisfait à
fes befoins. Cet attachement eft-il raifonné , ou
feroit-il le produit fenfuel du contaéi des oeufs ?
Ce qui pourrait porter à admettre la fécondé
fuppofition , c’eft que cet attachement n’eft pas,
de la part de la poule , relatif à fes oeufs feulement ;
mais elle co-uve avec autant d’afliduité ôc d’en>
preiTement, qu’elle en a pour fes oeufs propres ,
;tous ceux quôn lui donne, de quelqu’efpèce qu’ils
foient, Ôc même des corps inorganiques qui ne
reffemblent aux oeufs que par la forme. La couleur
n’eft pas ce qui la trompe, car j’âi donné à une
poule à couver des oeufs d’un oife au de Cayenne
dont la couleur eft un bleu-verdâtre très-foncé,
Ôc' elle ne les a quittés que quand je les lui ai
otés»
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