
régulier ; tantôt il s’écoule un nombre d’années
allez confidérable fans qu’on voie de bec-croifés
ailleurs que dans les lieux qu’ils ont coutume d’habiter
; tantôt ils parodient après des intervalles
forts courts dans les endroits où il n’eft pas or- |
dinaire d’en voir.. I l. feroit fort difficile de fixer
les caufes de leur émigration , qu’on ne peut j
guère rapporter qu’à quelqu’intempérie inufitée
dans les lieux de leur domicile ordinaire , foit
que ces intempéries les en chaflent pour le moment
par leur violence , foit que par un effet
antérieur, elles aient fait périr les fruits dont les
bec-croifés fe nourriffent, & que la difette les
oblige de chercher en d’autres climats les moyens
de pourvoir à leurs befoins. Il y a vingt- cinq
ans environ , qu’il parut une fi grande quantité de
bec-croifés aux environs de Paris , que les oife-
leurs en prenoient en aufîi grand nombre que
des momeaux-francs & des autres oifeaux les pius
communs *, on les nourriffoit aifément en cage
avec du chenevi écrafé, de la mie de pain , 6cc.
C ’étoient des oifeaux pefans , ftupides , qui pa-
roiffoient peu regretter leur liberté. Ils n’avoient
qu’un cri foible 6c point de chant, quoiqu’ils en
aient un dans l’état de liberté , très - foible à la
vérité , & qu’ils ne font entendre qu’en hiver.
Malgré le grand nombre qu’on en prit, on n’en
conierva de vivans que peu de temps , parce que
peut-être on n’en prit pas allez de foin ; car , fui-
vant les auteurs £ le bec - croifé peut vivre longtemps
en cage. Il en a paru l’hiver de 1781 à
178 2 , dans différentes de nos provinces 8c fur-
tout en Normandie , province dans laquelle ,
fuivant les oifeleurs, il eft allez fréquent de voir
en hiver des bec-croifés, mais communément en
très-petite quantité. Ces oifeaux font fi fortement
imprégnés de l’odeur de thérébentine, qu’il fuffit
de les. avoir maniés pour que l’odeur en demeure
long-temps aux doigts. Cette obfervation que j’ai
été à portée de répéter l’hiver dernier, mauroit
empêché de croire que la chair des bec - croifes 3
fût d’un goût agréable comme les auteurs l’ont
écrit, fi M. le comte de Buffon ne m’eût apprit
que ce même hiver de 1781 à 1782 , il parut
beaucoup de bec - croifés à Montbard , qu’on en
ffervît fur fa table , où on leur trouva un bon
goût. L’aélion du feu ou diffipe l’odeur de thé-
rébentine, ou cette odeur n’adhère qu’aux plumes,
ce que je n’ai pas remarqué. Je dois , pour achever
J’hiftoire .du bec-croifé, obferver que ce ne font
que les plumes qui couvrent la tête , le cou 8c le
corps qui font fujettes à changer de couleur, mais
que les pennes des ailes 8c de la queue, font
çonftamment .brunes avec un filet olivâtre à leur
çôté externe.
B ec - c r o i s é r ou s sèa t re .xBr is s , tome 111,
page 332.. Voye£ B e c -CROISE,
B e c - d ’a r g e n t .
Cardinal pourpré. B Ri SS. tome 111, page 49. PL
JU > fi g* z lç m â l e , fig. 3 la fem e lle .
T Angara pourpré. PI. enl. 128. fig. 1, le mâle, fig» 2,
la femelle.
Merle à gorge rouge. E d w . glan. partie II,
page 120 3 chap. LVII. PL 267. ,
Le bec -d argent eft du genre XXXIe. C’eft un
tangara , fort commun à la Guiane. Sa groffeur
eft un peu au-deffus de celle du moineau-franc :
fa longueur prife du/bout du bec à celui de la
queue, eft de fix pouces trois lignes ; il a neuf
pouces fix lignes de vol : fes ailes pliées s’étendent
au tiers de la longueur de fa queue : la tête, la
gorge 6c le devant du corps lont d’un pourpre
, brillant, 8c. dont la nuance eft plus ou moins
vive dans différens individus ; le refte du plumage
eft d’un pourpré , fombre , foncé, & prefque
noir : l’iris eft brune ; les pieds 8c les ongles font
noirs : la partie fupérieure du bec eft de la même
couleur, ainfi que l’extrémité de la partie inférieure
; mais la bafe de cette même partie eft beaucoup
plus large qu’elle n’a coutume de l’être ; elle
forme une expanfion ou plaque, qui fe propage
vers la partie fupérieure , en s’arrondiffant, 6c
dont la couleur., lorfque l’animal eft vivant, a la
teinte 6c l’éclat de l’argent poli. C’eft la raifon qui
a fait donner par les créoles, à cet oifeau le nom
de bec-d’argent. Cette belle .couleur s’efface quand
l’animal eft mort, 6c le bec paroît alors entièrement
noir. Cet ornement n’appartient qu’au mâle ;
le bec de la femelle eft entièrement noir, 6c n’eft
que très-peu dilaté à fa bafe ; „elle diffère encore
par fon plumage, qui eft d’un brun rougeâtre,
fans l’éclat 6c le velouté qui brillent fur celui du
mâle. Ce dernier a les ailes 6c la queue d’un noir
luftré 6c velouté ; la femelle ne les a que d’un
noir terne 6c décoloré.
Le bec-d’argent varie pour l’intenfité de fes couleurs
; il y a des individus qu’on prendroit a
peine pour être d’une même efpèce , tant leur plumage
a peu d’éclat, en comparaifon d’autres individus
, qui ne diffèrent qu’à cet égard. Cette
diverfité dépend peut-être de l’âge.
Le b ec-d’argent fe nourrit de fruits 6r de baies j
il fréquente les lieux découverts, 6c n’évite pas
ceux qui font habités: il ne,va pas par bandes ;
mais deux-à-deux par paire : il donne fix pouces
de long 6c quatre de large à fon nid, qu’il fufpend
entre les branches des arbres peu élevés , l’ouverture
tournée en bas : il le çonftruit de paille à
l’extérieur, 6c de feuilles de bafilier defféchées. La
femelle ne pond que deux oeufs blancs, charges
au. gros bout de petites taches d’un rouge léger.
Je conferve un individu de l’efpèce du bec-
d’argent x dont le plumage eft en entier d’un
rouge pâle, Ce n’eft , fans doute, qif une variété
individuelle ; car parmi un très- grand nombre
de bec-d’argents que j’ai été à portée d’obferver,
je n’ai vu cette différence dans le plumage qu’une
feule fois. Bec-en-ciseaux.
B r is s , tom. Vl,pag. 223. PL XXI, figure 2. Bec-en-ciseaux
B e c - en- c i s e a u x de Cayenne. Pl. enl. 357. j
Coupeur d’eau. C a t e s b . tome 1 3page 6cpl. 90.
M M. Briffon 6c Barrere nomment cet oifeau
en latin rygchopfalia 3 M. Linné rhynchops , 6c
d’autres auteurs l’ont appellé plotus , phalacro-
corax.
Le bec-en-cifeaux eft un de ces êtres caraéfé-
rifés par un trait faillant, qui n’appartient qu’a
eux, qui les diftingue de tous les autres ; qu’une
conformation particulière reftreint à un genre de
vie qu’ils fuivent feuls. M. le comte de Buffon,
en commençant l’hiftoire du bec-en-cifeaux , fait
des réflexions fur la réciprocité entre la conformation
des animaux 6c leur manière de vivre ; il
prouve que, bornés dans leurs facultés par l’orga-
nifation, ils font néceflités dans leurs habitudes :
j’affoiblirois trop ce paffage des écrits, du philofophe
naturalifte , fi j’entreprenois d’en donner un extrait.
Il faut lire en entier ce difeours , duquel il ne
faut rien retrancher , comme on n’y fçauroit rien
ajouter.
Le bec-en-cifeaux eft un oifeau palmipède , unique
jufqu’à préfent dans fon genre , qui eft le CIV®.
Il diffère des autres oifeaux à pieds palmés, par
la conformation de fon bec : il eft compofé de
deux pièces minces, moufles à leur extrémité,
applaties 6c déprimées fur les côtés : la partie
fupérieute eft la plus courte ; elle eft arrondie
en - deflus, en - deflous' elle eft tranchante, en
forme de lance ; elle s’abaiffe fur la partie inférieure
qui eft plus longue, fillonnée 6c creufée
dans fa longueur, relevée 6c tranchante fur fes
bords , 6c dans les filions de laquelle le coupant'
de la partie fupérieure eft reçu, comme le tranchant
d’un couteau entre les deux c^tés du
manche. C ’eft avec ce bec, qui paroît d’un ufage
fi difficile, que le bec-en-cifeaux prend le poiffon
dont il fe nourrit ; il le faifit, en rafant d’un vol
lent la furface de l’eau, d’affez près pour que la
partie inférieure de fon bec plonge dans l’eau
par fon extrémité ; c’eft de-là qu’on a donné -à
cet oifeau le nom de coupeur d’eau , comme celui
de bec-en-cifeaux exprime le mouvement ou
le jeu des pièces de fon bec.
Le bec-en-cifeaux a , du bout du bec à celui de.
la queue, un pied fept pouces , près de huit :
trois pieds huit pouces de vol ; fes ailes pliées
excèdent la queue^de trois pouces : le demi-bec
fupérieur a trois pouces quatre lignes de long,
l’inférieur quatre pouces trois lignes. Le fommet
de la tête , le derrière du cou, & le deflus du
corps font d’un brun-noirâtre : le devant de la
têt.è , près de l’origine du bec , le cou en-
devant , 8c le deffoûs du corps , font blancs :
rafle eft compofée de vingt-fept pennes, 8c pa-
Toît d’un brun-noir lorfqu’elle eft pliée, quoique
les pennes foient variées, les unes de gris , les
autres de brun plus clair 8c de blanc : cette dernière
couleur forme un trait apparent fur chaque
aile. La queue eft formée de douze pennes , dont
Hifloire Naturelle, Tome I.
les plus courtes font au centre, 8c les latérales
deviennent graduellement plus longues, ce qui la
rend fourchue ; elle eft variée de brun fur un fond
blanc. Le bec eft rouge #fon origine, 6cnoir dans
le refte de fa longueur ; les. pieds, les doigts, 8c
la membrane qui les réunit font rouges , les
ongles font noirs.
Catesby a obfervé le bec-en-clfeaux fur les côtes
de la Caroline ; il eft très-commun à la Guiane , 8c paroît n’appartenir qu’aux mers de l’Amérique.
M. Briffon décrit comme une variété un bec-
en-cifeaux qui ne diffère de l’ordinaire , que parce
que fon bec eft entièrement noir, & que ce qui
eft brun dans le plumage du prenfier, eft fauve
dans celui du fécond ; c’eft probablement un
jeune ; car Catesby affure qu’il n’y a pas de différence
entre le plumage du mâle 8c celui de la
femelle.
Be c - e n - c ise a u x f a u v e . B riss. tome VI,
pag. 227. Voye\[ Bec- en- c is e a u x .
BEC-FI D’HIVER. Voyez A lo u e t t e p i p i ,
BEC-FIGUE.
PL enl. 668 , fig. /.
Br is , tome 111, page 369.
Ficedula en latin.
Beccafico, becquefico en italien.
Grasz-mugg en allemand.
. Figoiadka en polonois.
Il eft peu de perfonnes qui ne connoiffent le
bec-figue au moins de nom, 8c qui n’en aient'entendu
parler comme d’un excellent gibier ; cependant
il n’y a pas d’oifeau qu’on_ confonde
plus généralement avec d’autres oifeaux de différentes
efpèces. Chaque province , chaque canton
a , pour-ainfi-dire, fes prétendus bec-figues ƒ on en
applique le nom aux différentes efpèces de cette
nombreufe claffe à bec effilé , qui, en automne ,
béquetent les figues , & en font une partie de
leur nourriture. Le bec-figue n’eft bien connu que
dans les provinces méridionales, où il eft beaucoup
plus abondant que dans, nos contrées. Sa
vraie patrie font les régions du midi ; les bec-
figues ne les quittent que tard au printemps , 8c y
retournent de bonne heure en .automne ; ils arrivent
en troupes dans nos provinces du midi, d’où
ils fe difperfent, pendant l’été, dans les régipns
tempérées , 6c pénètrent même fort avant dans
le nord ; car on en trouve jufqu’en Pologne 6c en
Suède : mais ils paroiffent alors en petit nombre
fur la vafte étendue de pays qu’ils occupent \ ils
ne fe réunifient pas par bandes, & ils ne vivent
qu’en fociété du mâle 6c de la femelle. Ils habitent
les bois} ils s’y nourriffent d’infeélés, ils s’y
tiennent dans les parties les plus fourrées , 6c ils
y cachent leur nid avec tant de foin 6c d’ar t,
qu’il eft fort rare de le découvrir. A l’approche
des prçmiers froids , ou plutôt à la fin des chaleurs
de l’été , les bec-figues fe rapprochent des
régions méridionales , ils fe réunifient, ils volent
par bandes. C’eft alors qu’ils font,communs dans