
en s’attachant des aîles aux cuifles & non
aux bras , parce que c’eft au tour de fes
cuifles que la nature a raffemblé les mufcles
les plus volumineux qui fe trouvent fur
fon corps , tandis qu’elle a placé fur .le '
fternum, & attaché aux ailes , les mufcles
les plus grands des oifeaux. Il me femble
que c’eft fe tromper à beaucoup d’égards. Je
lie ferai que deux remarques à ce fujet. Le
vol dépend , fans doute , -beaucoup des
mufcles peâoraux ; mais les mufcles diftri-
bués fur l’étendue des os de l’aile , quoique
moins volumineux , ne concourent pas
moins au même but par les mouvemens
d’extenfions, de flexion, d’élévation, d’a-
baiffement, qui font l’effet de leur contraction.
La maffe & la puiffance importent,.
fans doute beaucoup pour agir ; mais
l’aâion ne dépend pas moins de la longueur
des leviers , de leur direction, du renvoi
des forces mouvantes & de la manière dont
elles font mues. Les mufcles peâoraux ne
font donc pas tout, ou la plus grande partie,
pour le vol, comme on pourroit accufer'
les auteurs de l’avoir penfé, d’après la manière
dont ils s’expriment , & les autres
mufcles moteurs des ailes ne méritoient pas
moins de fixer l’attention. Le leâeur curieux
de les connoître en détail , pourra
confulter le Dîâionnaire d’Anatomie comparée
& la Defcription faite par M. Vicq-
Dazyr & inférée dans les Mémoires de l’Académie
des Sciences. Quantà l’idée de "Wil-
hugby, d’attacher, aux cuifles les ailes que
l’homme voudroit fe procurer , & dont
il paroît que la nature lui a interdit l’ufage
pour jamais., je ne la crois pas jufte ; d’abord
, parce que c’efl; mal apprécier la force
des mufcles que d’en juger par leur volume,
comme tous les phyfiologiftes en conviennent
aujourd’hui ; fecondement, parce
qu’il eft impoflible que les cuifles , d’après
leur conformation , exécutent des mouvemens
propres affaire agir des ailes ; pour
ne rien omettre de ce qxti les concerne,
je remarquerai, avec les auteurs, qu’elles
ont été placées de manière que le corps
■ eft en équilibré entre le plan qu’elles forment
étant étendues ; que dans les oifeaux, dont
les pieds font fitués vers le centre d’équilibre
, les ailes y font aufli attachées ; que
dans ceux dont les pieds font placés plus
en arrière, & dont .la partie poftérieure
du corps eft plus ample St plus prolongée ;
elles font placées plus en arrière, en forte
qu’elles font toujours fituées de façon que
fuivant que le devant ou le derrière du
corps a plus de poids| elles le foutiennent
toujours en équilibre lorlque l’oifeau vole.
Après avoir reconnu la flruâure des
* ailes & de leurs différentes parties, fi'nous
les conlidérons étendues, telles qu’elles le
font lorfque les oifeaux volent, nous ferons
les remarques fuivantes. Les plumes
:qui naiffent fur le bord interne de 1 os qui
-répond à celui du bras ne font pas parfaitement
planes ; elles ont, au contraire ,
une légère courbure de devant, en arriéré,
& de haut en bas dans leur longueur;
cette courbure eft- caufe. que l’aile étant
étendue, la partie qui eft entre le corps
& le pli paroît en deffus, légèrement convexe
, & en deffous un peu concave ou en
voûte vue de l’intérieur : cette convexité
eft plus ou-moins apparente; elle l’eft beaucoup
plus dans les oifeaux dont le vol eft
plus lourd ou moins foutenu, qui volent
communément vent arrière, & ne le forcent
que difficilement : cette partie.de l’aile
convexe eft, par fa pofition,par fa_courbure
, par la texture des plumes, appliquées
les unes fur les autres, & formant un tout
continu, une voile foulevée en haut, &
pouffée en avant par le vent qui 'fouffle
de l’arrière. La rangée de plumes tranf-
verfales, appellée par Wilhugbi, la faujfe
aile, intérieure, eft une fécondé voile op-
pofée perpendiculairement au vent; cependant
l’aile, de fon pli à fon extrémité ,
eft parfaitement plane & fortement tendue
; elle n’offre à l’air , en s’élevant,
qu’un bord mince & tranchant , & en
s’abaiffant elle le frappe de toute l’étendue
de fa furface ; c’eft une rame qui, par
fa flruâure, eft très-'engue,- très-légère,
& cependant très-forte, qui , en s’abaiffant,
fuivant les angles quelle forme, &
félon les temps de fon mouvement, frappe
de haut en bas, dè devant en arrière, &
par ce double mouvement élève à ,1a fois
& pouffe en avant ; l’oifeau à qui cette
double aâion eft néceffaire, frappe fortement
& rapidement, l’air de fés ailes ,
s’élève & s’élance en avant en mêma»temps ;
mais lorfque, content de la hauteur où il
eft parvenu , il ne veut- que gliffer fur la
furface de l’air, il ne fait que porter obliquement
en avant la partie de l’aile qui
forme la rame , fans beaucoup l’élever, &
la ramener en arrière en la baiffant ; s’il
veut fe foütenir à la même hauteur, &
planer fur le même efpace, il.ralentit &
il adoucit fes mouvemens dont les uns
lui font regagner ce qu’il perd en hauteur
par fon poids dans un temps donné, & les
autres le pouffent lentement au-deffus du
lieu fur lequel il domine : il y a donc dans
le vol trois aâions, s'élever, s'élancer en
avant, planer au-dejfus du même lieu. L’élévation
& l’abaiffement alternatif de l’aile
qui frappe l’air, qui le refoule de haut
en bas , fur-tout, de la rame , élèvent; fon
impulfion de devant. en arrière porte en
avant, & l’un & l’autre mouvement combinés
, procurent à l’oifeau la faculté de
planer. Celui dont lamartie de l’aile qui
forme la rame, eft compofé de pennes
entières, en qui elles forment un tout
continu, a un grand avantage fur celui
dont la même partie contient des plumes
échancrées qui laiflent entre elles des vuides
plus ou moins larges, plus ou moins profonds
: le premier frappe l’air par une fur-
face plus etendue qui ne lui permet aucune
iffue dans les points de la couche qui eft
frappée ; elle réagit en raifon -de la force
& des dimenfions du coup qui lui eft porté,
& l’oifeau eft pouffé très-haut : c’eft celui
qui, s’élevant dans les hautes régions, en
a reçu le nom dloifeau de haut vol. Celui en
qui la même partie laiffe des vuides à fa
forface, frappe une moindre étendue d’air,
perd une partie de fes efforts qui portent à
vuide, & ne pouvant s’élever qu’à une
hauteur moyenne, enareçulenom d'oifeau
de bas vol. On peut voir à cet égard ce qui
a été déjà dit au fujet des pennes.
Quoique les ailes foient les parties effen-
tielles pour le vol, il- n’en dépend pas uniquement;
la queue y contribue aufli beattcoup
; elle fert à élever, à régler la direction
du vol, à modérer ou précipiter la
defeente de l’oifeau.
Nous fçavons déjà que les pennes de la
queue,.-rang’ées en cercle à leur bafe fur
le coccix, peuvent s’écarter à la volonté
de l’oileau , & former, depuis leur origine
jufqu’à leur extrémité, un fegment
de ’cerclé. plein & applati ; qu’elles peuvent
de même fe refferrer : lorfque l’oifeau
prend fon vol il les écarte ; c’eft une voile
à peu près horifpntale qu’il déploie, & au
moyen de laquelle il amplifie fa furface;
mais cette voile, inclinée en bas plus ou
.moins, formant un angle par-deffous avec
le corps, eft enflée en deffous parle vent
qui fôüffle d’en bas, & qui fe portant à
l’angle, formé, avec le corps, le pouffe
en avant, fi ce vent fouffle de l’arrière ;
fi, au contraire, il fouffle de l’avant, rencontrant
la queue inclinée , que fon paffage
tend à relever, fon aâion elève l’oifeau,
qui., fuivant fes befoins, abaiffant la queue
ou l’approchant davantage de la direâioii
horjfontale, donne fur elle plus de prife
au vent,: en la portant d’un côté ou de
l’autre plus ou moins, il s’en fert pour
diriger fon vol, comme le mouyement du
gouvernail règle celui du navire ; s’il veut
defeendre, rapprochant fes ailes, les tenant
élevées &c prefque perpendiculaires
au corps, refferrant les pennes de la queue,
& pliant pour ainfi dire en partie ' toutes
fes voiles, il laiffe agir le poids de fon
corps qui l’entraîne ; s’il veut defeendre
d’un mouvement doux, il diminue de peu
l’étendue de fes voiles ; &c s’il veut fe
précipiter, il lès ploie pour que le poids
entier de fon corps accélère fa chute ; la
queue eft la dernière voile qu’il ploie , &c
il ne la ferme qu’en atteignant le point
ffur lequel il veut fe pofer, parce que demeurant
étendue pendant que les autres
voiles font en partie ployées , elle fait
baiffer & tourner en bas le devant" du
corps, fituation favorable pour la defeente
; mais au moment de fe pofer,. la
queue fe ployant tout à coup,' le corps
reprend fon équilibre, & les pieds fe pré-
fentent au point de contaâ.