
& particulièrement fur les pins; qu’il fe nourrit
de fruits &. de graines ; qu’il en fait provifion pour
l ’hiver , & les dépofe dans le creux d’un arbre 3
où il fe retire lui-même pour paffer la mauvaife
faifon &. faire fes petits , &ç. Si cet animal
n’e ft, comme nous le préfumons , autre chofe
que notre petit-gris, il diffère encore par ces habitudes
de l’écureuil , lequel fe conftruit un nid
au-deffus des arbres , comme font les oifeaux ; &
ce qui nous induit à croire que cet écureuil noirâtre
de Fernandez eft, ainfi que Y écureuil gris de
Virginie, le même animal que le petit-gris d’Europe
, c’eft que ces trois animaux font à-peu-près
de la même grandeur, delà même couleur & du
même climat froid ; qu’ils font précifément de la
même forme , & qu’on employé également leurs
peaux dans les fourrures qu’on appelle petit-
gris.
«La plus fine pelleterie du pays des Iro-
quois , dit le père Charlevoix, eft la peau des
écureuils noirs. Cet animal eft gros., comme un
chat de trois mois , d’une grande vivacité, fort
doux & très-facile à apprivoifer. Les Iroquois en
font des robes qu’ils vendent jufqu’à fept ou
huit piftoles ».
Le petit-gris eft le fciurus virginianus cireneus
major de Ray ; le grand écureuil gris de Çatesby ;
.l’écureuil de Virginie de BrifTon.
PHALANGER ( le ) , eft ainfi nommé, parce
qu’il a les phalanges fingulièrement conformées,
n’ayant que quatre doigts qui correfpondent
aux cinq ongles dont fes pieds de derrière font
armés ; le premier doigt eft foudé avec .fon
voifin ; enforte que, ce double doigt, fait la fourche
& ne fe fépare qu’à la dernière phalange pour
arriver aux deux ongles ; cara&ère unique qui
le diftingue de toutes les autres efpèces d’animaux
auxquelles on voudroit le rapporter ; le
pouce eft féparé des autres doigts , & n’a point
d’ongle à fon extrémité.
Il par oit du refte que ces animaux varient entre
eux pour les couleurs du poil. Ils, font de la
taille d’un petit lapin ou d’un très-gros rat , &
font remarquables par l’exceflive longueur de leur
queue , l’alongement de leur mufeau tk. la forme de
leurs dents* Cette efpèçe appartient à l’Amérique j
méridionale, & i l l’on peut la rapprocher de quel-
qu’autre , c’eft aux farigues , marmoles , cayopol-
lins, qu’elle paroît le plus apparentée.
PHATAGEN, aux Indes orientales. Voyer
Phatagin.
PHATAGIN ( le ) , ne diffère du pangolin
que par les caractères fuivans ; il eft beaucoup
plus petit & a néanmoins la queue plus longue,
il a les pieds 3 & même une partie des jambes
de devant couverts de poils, tandis que le pangolin
a ces mêmes parties garnies d’écailles. Les
écailles du phatagin font plus courtes -, plus i
minces, plus plattes & plus cannelées que celles
du pangolin, qui font fans pointe & uniformement
tranchantes, au lieu que celles du phatagin
font armées de trois pointes très-piquantes. Ct!
dernier a du poil aux parties inférieures du corps ,
& le pangolin n’en a point. Ces différences
confiantes & générales excluent toute identité
d’efpèce entre ces deux animaux, quoique fous
tous les autres rapports ils fe reffemblent parfaitement.
Voye{ PANGOLIN.
Le phatagin eft le lacertus fquamofus peregrinus
de Çlufius ; lacerta indica y vanna, congener d’Àl-
drovande ; le pholidote à longue queue de BrifTon.
PHET , en arabe once. Voye£ ce mot.
PHILANDRE des Nomendateurs, eft le farigue.
Voye£ ce mot.
Ph i l a n d r e de Surinam. Animal d’une efpèce
voifine de celles du farigue, de la marmofe ,
du cayopollin , du phalanger , & du même
climat. Cet animal a les yeux très - brillans &
environnés d’un cercle de poil brun foncé ; le
corps couvert d’une efpèce de laine d’un jaune
roux, éclairci fur le dos ; le front, le-mufeau,.le
ventre & les pieds font d’un- jaune blanchâtre';
les oreilles font nues .& affez rôides ; il y a de
lon^s poils en forme de mouftaches fur la lèvre
fuperieure de même qu’au-deffus des yeux; fes dents
font pointues & piquantes ; fur la queue , qui eft
nue & d’une couleur pâle., il y a dans le mâle
des taches d’un rouge obfcur qui ne fe remarquent
pas fur la queue de la' femelle-;' ‘les. pieds' reffemblent
aux mains d’un fmge ; ceux de devant
ont les quatre doigts & le pouce garnis d’ongles
courts & obtus, au lieu que dés cinq doigts des
pieds de derrière, il n’y a que le pouce qui ait
un ongle plat & obtus , les quatre autres font
armés de petits ongles aigus. Les mamelles de la
femelle reffemblent à celles de la marmofe.
Ces phïlandres ont la queue très- longue &
prenante ; ils produifent cinq ou fix petits qui ont
un grognement affez femblable à celui d’un cochon
de lait. Ces petits montent fur le dos • de leur
mère & s’y tiennent en accrochant leur queue à
la fienne ; dans cette fituation, elle les porte &
tranfporte avec autant de fureté que de légèreté.
PH O Q U E S , nom générique qui fert à
défigner différentes efpèces d’animaux amphibies
qui paroiffent faire la nuance entre les quadrupèdes
& les cétacés. Les phoques en général
ont la tête ronde comme l’homme , le mufeau.
large comme la loutre , les yeux grands &
placés haut , peu ou point d’oreilles externes ,
& feulement deux trous auditifs ; des' dents affez
femblables à celles du loup , la langue échancrée
à la pointe , le cou bien defliné ; le corps, les
mains & les pieds couverts d’un poil court & affez
rude.; point de bras ni d’avant-bras apparens,
mais deux mains ou plutôt deux membranes renfermant
cinq doigts & terminés par cinq ongles ;
deux pieds fans jambes, tout pareils aux mains,
feulement plus larges & tournés en arrière, comme
pour fe réunir à une queue très^courte qu’ils accompagnent
des deux côtés, le corps alo'ngé comme
celui d’un poiffon , mais renflé vers la poitrine ,
étroit à la partie du ventre , fans hanches , fans
croupe & fans cuiffes au-dehors.
Ces amphibies, quoique d’une nature très-
éloignée de celle de nos animaux domeftiques,
ne laiffent pas d’être fufceptibles d’une forte d’éducation
; on les nourrit en les tenant fouvent dans
l ’eau ; on leur apprend à faluer de la tête & de
la voix ; ils s’accoutument à celle de leur maître ;
ils viennent lorfqu’ils s’entendent appeller , &
donnent plufieurs autres fignes d’intelligence & de
docilité.
Le phoque a le cerveau & le cervelet proportionnellement
plus grands que l’homme , les fens
aufli bons qu’aucun des quadrupèdes , par con-
féquent le fentiment aufti vif & l’intelligence aufli
prompte : l’un &l’autre fe marquent par fa douceur,
par fes habitudes communes , par fes qualités
fociales, par fon inftinél très-vif pour fa femelle
&C très-attentif pour fes petits , par fa voix plus
expreflïve & plus modulée que celle des autres
animaux.
Il a aufli de la force & des armes : fon corps
eft ferme &. grand ; fes dents font tranchantes,
fes ongles aigus ; d’ailleurs , il a des avantages particuliers
, uniques, fur tous ceux qu’on voudroit
lui comparer ; il ne craint ni le froid ni le chaud ;
il vit indifféremment d’herbe , de chair &. de
poiffon ; il habite également l’eau , la terre &
la glace ; il eft, avec le morfe , le feul des quadrupèdes
qui mérite proprement le nom d’am-
phybie , le feul qui ait le trou ovale du coeur
ouvert , 1e feul, par conféquent, qui puiffe fepaffer
de refpirer , & auquel l’élément de l’eau foit
aufli convenable., aufli propre que' celui de l’air.
Mais ces avantages, qui font très-grands , font
balancés par des imperfections encore plus grandes.
Le phoque eft. manchot ou plutôt eftropié des
quatre membres; fes bras , fes cuiffes & fes
jambes font prefqu’entièrement enfermés dans
fon corps ; il ne fort au-dehors. que les pieds ,
lefquels font, à la vérité, tops divifés en cinq
doigts ; mais ces doigts ne font pas mobiles fépa-
rément les uns des autres , étant réunis par une
forte membrane, & ces extrémités font plutôt
des nâgeoires que des mains & des pieds ;
d’ailleurs, les pieds étant dirigés en arrière ,
comme la queue , ne peuvent foutenir le corps
de l’animal qui, quand il eft fur terre , eft obligé
de fe traîner comme un reptile & par un mouvement
très - pénible , enforte qu’il demeureroit
giflant au même lieu, fans fa gueule & fes mains
qu’il accroche à ce qu’il peut faiftr , & il s’en
fort avec tant de dextérité, qu’il monte affez promptement
fur un rivage élevé , fur un rocher , &
même fur un glaçon, quoique rapide & gliffant. Il
marche aufli beaucoup plus vite qu’on ne pourroit
l’imaginer, & fouvent, quoique bleffé , il échappe
par la fuite au chaffeur.
Les phoques vivent en fociété , ou du moins
en grand nombre dans les mêmes lieux ; ils s’accouplent
à terre , fur un rocher, fur un banc de
fable ou fur la glace ; dans l’accouplement, la
femelle fe couche fur le dos ; elle met bas en
hiver & fait (es petits à terre ; elle fe tient ailife
pour, les allaiter 6c les nourrit ainfi pendant douze
ou quinze jours dans l’endroit où ils font nés ,
après quoi elle les emmène avec elle à la mer
où elle leur apprend à nager & à chercher à
vivre ; lorfqu’ils font fatigués, elle les prend fur
fon dos..
Comme chaque portée n’eft que d’un ou de deux,
félon la grandeur de l’efpèce , fes foins ne font
pas fort partagés, & leur éducation eft bientôt
achevée ; d’ailleurs, ces animaux ont naturellement
affez d’intelligence 6c beaucoup de fentiment ;
ils s’entendent, ils s’entr’aident & fe fecourent mutuellement
; les petits reconnoiffent leur mère au
milieu d’une troupe nombreufe ; ils entendent fa
voix, & dès qu’elle les appelle, ils arrivent à
elle fans fe tromper. A juger du temps de la
geftation & de la durée de la vie par celui de l’ac-
croiffement, & aufli par la grandeur de l’animal, il
paroît que ce temps doit être de plufieurs mois, 6c l’accroiffement étant de quelques années , la
durée de la vie doit être affez longue , & peut-être
de plus de cent ans.
La voix duphoque peut fe comparer à l’aboiement
d’un chien enroué : dans le premier âge , il fait
entendre un cri plus clair , à-peu-près comme le
miaulement d’un chat ; les petits qu’on enlève à
leur mère miaulent continuellement & fe laiffent
quelquefois mourir d’inanition plutôt que de
prendre la nourriture qu’on leur offre. Les vieux
phoques aboient contre ceux qui les frappent, &
font tous leurs efforts pour mordre 6c fe venger.
En général, ces animaux font peu craintifs ,
& même ils font courageux. Le feu des éclairs ou
le bruit du tonnerre , loin de les épouvanter,
femble les récréer ; ils fortent de l’eau dans la
tempête ; ils quittent même alors leurs glaçons
pour éviter le choc des vagues, & ils vont à
terre_ s’amufer de l’orage & recevoir la pluie qui
fes réjouit beaucoup; ils ont naturellement une
mauvaife odeur & que l’on fent de fort loin
lorfqu’ils font en grand nombre ; il arrive fouvent
que, lorfqu’on les pourfuit , ils lâchent leurs
excrémens qui font jaunes 6c d’une grande
puanteur.
Ils. ont une quàntité de fang prodigieufe , &
comme ils ont aufli une grande furcharge de
graiflè , ils font, par cette raifon , d’une nature
lourde 6c pefante ; ils dorment beaucoup 6c d’un
fommeil profond; ils aiment à .dormir aufoleil,
fur des glaçons , fur des rochers, 6c on peut les
approcher fans les éveiller : c’eft la manière la
plus, ordinaire de les prendre. On les tire rarement
avec des armes à feu , parce qu’ils ne meurent
pas tout de fuite , même d’une balle dans la tête ;