
tité que dans les co n tré e s les plus Septentrionales ,
& ils font trè s -ra re s en F r a n c e » o ù l’on n’en v o it
g u è re qu’en L an g u ed o c & dans le s iiles du R h ô n e .
C e qui eng age l’h om m e à faire la gu erre à c e t
Animal in n o c e n t, c ’e ft fu r-tou t la belle & précieufe
fo u rru re don t il e ft c o u v e r t. C e t te fou rru re eft
e n c o r e plus belle & plus fou rn ie que celle d e la
lo u tre . E lle eft com p o fé e de d eu x fortes de poils ;
l ’un plus c o u r t , mais tr è s -to u f fu , fin com m e le
d u v e t , im pénétrable à l’e a u , r e v ê t im méd iatemen t
l a p eau ; l’au tre plus lo n g , plus f e rm e , plus lu f t r é ,
m a is plus ra re , r e co u v re c e p rem ie r v ê t em e n t , le
défend des o rd u r e s , de la pouflière & de la fange.
C e fé co n d poil n’a que peu de v a le u r ; ce n’eft que
le p rem ie r qu’o n em p lo ie dans nos manufa&ures.
L e s fourru res les plus noires font o rd in airemen t les
p lu s fournies , & p a r con féq u en t les plus eftimées ;
ce lle s des cajlors te rrie rs font fo rt inférieures à celles
d e s cajlors caban és. L e s cajlors font fùjets à la mue
p en d an t l’é t é , com m e tous les autres quadrupèdes ;
auflï la fou rru re de ce u x qui font pris dans ce tte
fa ifo n , n’a que peu de v a le u r , & c ’eft principalem
e n t en h iv e r que les chaffeurs les ch e r c h e n t,
p a r c e que leu r fourru re n’eft p a rfaitemen t bonne
q u e dans c e tte faifon. C e lle des cajlors blancs eft
e f tim é e à caufe de fa r a r e t é & les parfaitemen t
n o irs font prefque auflï rares que les blancs.
M a is ind ép en d ammen t de la fou rru re que~fe~
cajlor fo u rn it, il d on n e en co re une ma tiè re don t
o n a fait g ran d ufage en m éd e c in e . C e t te m a t i è r e ,
ap p e llé e cajloreum , e ft co n ten u e dans d eu x groffes
v é ficu le s o u p o ch e s que les anciens a v o ien t prifes
p o u r les fefticules de l’animal. C e t te liq u e u r , qui
a des qualités re co n n u e s en m é d e c in e , fe rt au x
S au v ag e s p o u r a ttire r dans les p ièg es différens anim
a u x ca rn a flïe rs , com m e m a r te s , renards , ca rc a jo
u x , qui chaffent au x cajlors , en o ign an t ces
p ièg e s de ca fto reum . O n dit auffi que ce s m êm e s
S au v a g e s tiren t d e la queue du cajlor, une huile
d o n t ils ufent com m e de topique p o u r différens
m a u x . S es dents leu r fe rv en t de co u te au x p ou r
c o u p e r , creu fe r & p o lir le bo is. Ils s’h abillent de
p e a u x de cajlors, & les p o r te n t en h iv e r le poil
c o n tre la chair. C e font ce s fourru res imbibées de
l a fueur des S a u v a g e s , que l’on appelle cajlor gras,
d o n t o n n e fe fe rt que p ou r les ou vrag es les plus
g ro f lïe r s .,
Il fe fait un gran d com m e r c e de p e au x de cajlor.
L e s m a r ch a n d s , dit M . S a v a r y , les diftinguent en
cajlors neufs, cajlors fecs , & cajlors gras. L e s cajlors
n eu fs font les p e au x des cajlors qui o n t é té tués à
l a chaffe p en d an t l’h iv e r & av an t la m u e . C e font
le s meilleures & les plus p ro p re s à faire de belles
fo u rru re s . L e s cajlors fecs , qu’o n n om m e auflï
fajlors m a ig re s , font le s p e au x des cajlors p ro v en an t
.de la chaffe d’é té , dans le tem p s que l’animal eft
jen mue & a p erdu une p a rtie de fon p o il. L e s
cajlors fecs p eu v en t auflï ê tre em p lo y é s en fourru
re s , quoique bien inférieurs aux premiers ; leur
jpjiis g ran d ufage eft p o u r ^ ch ap e au x , cajlor
gras vaut mieux que le cajlor feç ; on ne s’en fert
cependant que pour la fabrique des chapeaux.
Outre les chapeaux & les fourrures auxquels on
emploie le poil & les peaux de cajlor, on a tenté
d’en faire des draps ; mais les draps ordinaires font
préférables à ceux de cajlor. L’expérience a fait
voir que les étoffes fabriquées avec le poil de cajlor»
quoique mêlé avec de la laine.de Ségovie , ne gar-
doient pas bien la teinture , & devenoient fèches
& dures comme le feutre.
, Comme fi ce n’étoit pas allez des merveilles de
l’inflinéf du cajlor } les écrivains & les voyageurs
toujours difpofés à exagérer, ont, en parlant de
cet animal, entaffé fables fur fables, rêveries fur
rêveries. Ils ont fuppofé aux cajlors des idées de
police & un code de gouvernement ; ils ont dit
qu’ils réduifoient à l’efclavage les cajlors vagabonds ;
qu’ils s’en fervoient pour porter leur terre & traîner
leur bois ; qu’ils forçoient au travail les paref-
feux, quoiqu’il n’y ait point de pareffeux parmi
les cajlors ; qu’ils ne s’affembloient qu’en nombre
impair , afin que dans leurs confeils il y eût toujours
une voix prépondérante ; que la fociété avoit
un préfident, & chaque tribu fon Intendant ; qu’ils
avoient des fentinelles établies pour la garde publique
; que quand ils étoient pourfuivis , ils s’ar-
rachoient les tefticules pour fatisfaire à la cupidité
des chaffeurs , & fe montraient ainfi mutilés pour
trouver grâce à leurs yeux. Tous ces faits font
merveilleux , mais ils n’ont jamais exifté que dans
l’imagination de ceux qui les ont écrits ; les cajlors
n’ont réellement d’autre induftrie , d’autres talèns
que ceux dont nous venons de donner le détail.
C’en eft bien allez pour exciter notre admiration
: république dont tous les membres font
égaux , où tous les citoyens font heureux ; fociété
paifibie & Ample, unie par le fentiment »
régie par la nature , & qui n’a pas ces brillante»
perfections de la nôtre, qui fuppofent des défauts
plus grands.
Le nom du cajlor eft originairement grec ; Celui
de fiber défigne. cet animal chez les Ecrivains
latins modernes.
CAVIA COBAYA , au Bréfil, eft le cochon
çTinde. Voye£ ce mot.
CA Y , au Bréfil, fa i 3 efpèce de fagoin. Voyer
S aï. ‘
CAYMIRI , dans les terres du Maragnon ,
faimiri , jolie petite efpèce de fapajou. Voye£
S a im i r i .
CAŸOPOLLIN ( le ) eft un petit animal des
montagnes de la Nouvelle-Efpagne, un peu plus
grand qu’un rat , reffemblant au farigue par le
mufeau , les oreilles & la queue , qui eft plus
ép.aiffe & plus forte que celle d’un rat , & de
laquelle , d’ailleurs, il fe fert comme d’une main ;
il a le ventre , les jambes & les pieds blancs.
Les petits, lorfqu’ils ont peur , tiennent la mère
embraffée ; elle les porte ainfi avec elle & les
élève fijr les arbres^
L e caÿopollin eft plus g ra n d , a le rru féau moins
pointu &. la queue plus longue que la marmofe ,
& en t o u t , il ap p ro ch e en co re plus que la marmofe
de l’e fp è ce du farigue. C é s trois animaux
fe reffemblent b e au cou p par la co n fo rma tio n des
parties intérieures & e x té rieu re s , p a r les os fu r-
numéraires du baflin , p a r la fo rm e des p ie d s ,
par la naiffance p rém a tu ré e , la longue & co n tinuelle
adhérence des petits au x m am e lle s , &
enfin , p ar les autres habitudes de n atu re . Ils font
auflï tous trois du n ou veau monde & du m êm e
climat : ils font naturels au x co n tré e s méridionales
de l’Am é riq u e .
D u r e f t e , ce font tous des animaux très-laids ;
leur g u eu le ,, fendue com m e ce lle d’un b r o c h e t ,
leurs o reilles de ch au ve-fou ris , leur queue de
couleuvre & leurs pieds de Ange , préfentent
une fo rme bifarre , qui d ev ien t en co re plus dé-
fagréable p ar la mauv aife od eu r qu’ils e x h a le n t,
& par la len teu r & la ftupidité dont leurs actions
& leurs m o u v em en s paroiffent a ccom p ag n é s.
L e caÿopollin eft le philander africanus de
Briffon ; dénomination fautive , c e t animal n’étant
pas naturel à l’A f r iq u e , mais à l’Am é riq u e .
C A Y O U A S S O U , au B r é f il, fapajou. Voyeç la
fuite de l’a rticle sing e , fur la famille des sapa
jous.
C A Y O U - O U A S S O U , dans les terres du
Maragnon, J'ajou 3 efpèce de fapajou. Voye^ Sa jo u .
C É B A L , de C h a rle ton , eft la gibeline. Voye£
Z ib e l in e .
C E M A S , dans B e lo n , c e nom- défigne le chamois.
Voye£ Ch am o is .
C É P H A L O T E , dénomination fous laquelle
•nous indiquons une efpèce particulière de chauve-
foüris. Voyer l’article C h a u v e - so u r is .
C E R C O P I T H É C O S , C E R C O P I T H È Q U E ,
( finge à queue ) , dénomination g én é r iq u e , em plo
y é e p a r les G re c s , p ou r défigner tou tes les
guenons ou finges à longue queue. Voyeç s in g e s .
C E R F ( le ) eft le p rem ie r , le plus gran d &
t e plus diftingué des habitans des b o is : in n o c e n t,
d o u x & tranquille , il ne femble ê tre fait que pour
em b e llir, animer la folitude des f o r ê t s , & o c cu p e r
loin de nous les re tra ite s paifibles de ce s jardins
de la n atu re. S a fo rm e élég ante & lég è re , fa
taille auflï fv e lte que bien prife , fes memb res
flexibles & n e rv e u x , fa tê te p a ré e d’un bois v iv an t
qui fe ren o u v e lle to u s les ans , fa g ra n d e u r , fa
lég èreté , fa fo rc e le diftinguent affez du re fte des
animaux fauvages.
L e cerf a l’o d o ra t e x q u is , & l’oreille e x ce llen te .
Lorfqu’il é c o u te , il le v e la tê te , dreffe les o r e ille s ,
& alors il en ten d de fo rt loin. Lorfq u ’il fo rt de
l’epaiffeur du bois , & qu’il fe tro u v e dans un
taillis ou dans quelqu’autre en d ro it à demi déco
u v e rt , il s’a rrê te p ou r re g a rd e r de tous cô té s
& cherche enfuite le *deflbus du v e n t p o u r fentir
s il n’y a pas quelqu’un qui puiffe l’inqu iéter. I l :
s ft d’un naturel affez fimple , & cepen dant il eft
curieux : Lorfqu’on le fiffle ou qu’on l’appelle de
loin , il s’arrête tout court & regarde fixément &
avec une efpèce d’admiration les voitures , le
bétail, les hommes, & s’ils n’ont ni armes , ni
chiens , il continue à marcher d’affurance & pafle
fon chemin fièrement & fans fuir : il paraît auflï
écouter avec autant de plaifir que de tranquillité
le chalumeau ou le flageolet des bergers , & les
veneurs fe fervent quelquefois de cet artifice pour
le raffurer. En général il craint beaucoup moins
l’homme que les chiens , & ne prend de la
défiance & de la rufe qu’à mefuie & qu’autant
qu’il aura été inquiété.
Le cerf mange lentement ; il choifit fa nourriture
, & lorfquïl a viande 3 ( mangé ) il cherche
à fe repofer pour ruminer à loifir ; mais il paraît
qu’il rumine moins facilement que le boeuf;
comme il a le cou long & arqué , il lui faut
beaucoup plus d’effort pour faire remonter la
nourriture , & cet effort fe fait par une efpèce de
hoquet dont le mouvement fe marque au dehors
& dure pendant tout le temps de la rumination.
Il a la voix d’autant plus forte , plus groffe &
plus tremblante , qu’il eft plus âgé ; il rait ( crie )
d’une manière effroyable dans le tems du rut ;
il eft alors fi tranfporté , qu’il ne s’inquiète ni
ne s’effraie de rien ; on peut donc le furprendre
aifément , & comme il eft alors furchargé de
venaifon , il ne tient pas long-temps devant
les- chiens , mais il eft dangereux aux abois
( pouffé à bout & près d’être pris ) ; il fe jette
alors fur eux avec une efpèce de fureur, 6ç
fouvent il en tue ou eftropie plufieurs.
Le cerf ne boit guère en hiver & encore moin*
au printems ; l’herbe tendre & chargée de rofée
lui fuifit ; mais dans les chaleurs & les féchereffes
de l’été , il va boire aux ruiffeaux , aux mares ,
aux fontaines ; & dans le tems du rut, il eft ft
fort échauffé , qu’il cherche l’eau par-tout, non-
feulement pour appaifer fa foif, mais pour fe
baigner & fe raffraîchir le corps. Il nage parfaitement
bien & plus légèrement alors que dans
tout autre temps, à caulè de fa venaifon ( graiffe
ou embonpoint ) , dont le volume eft plus léger
quun pareil volume d’eau: on en a vu traverfer
de^ très-grandes rivières : on prétend mêmdSqu’at-
tirés par l’odeur des biches , les cerfs fe jettent
à la mer dans le temps du rut , & paffent d’une
ifle à une autre à des diftances de plufieurs lieues %
ils fautent encore plus légèrement qu’ils ne nagent ;
car, lorfqu’ils font pouriùivis , ils franchiffent aifément
une haie, & même une paliffade d’une toife
de hauteur. Leur nourriture eft différente fuivant
les diverfes faifons : en automne, après le rut,
ils cherchent les boutons des arbuftes verds , les
fleurs de bruyères , les feuilles de ronces ; en
hiver , lorfqu’il neige , ils pèlent les arbres &
fe nourriffent d’écorce , de moufle , & c. ; &
lorfqü’il fait un temps doux, ils vont viander
1 dans les blés ; au commencement du printemps ,