
donnant la figure du bec du toucan, qui bien
certainement eft un oifeau américain-, il l’intitule,
bec d’oifeau étranger rarnajfé es terre*; neuves.
D ’un autre côté , M. Adanfom dit affirmativement
, qu’il a vu le çirquinçon au Sénégal : nous
n’avons rien à oppofer à un femblable témoignage
; mais ne fe peut-il pas que cette efpèce
de tatou ajt été apportée du Bréfil en Guinée’, 6c s’y foit naturalise, comme tant d’autres ef-
pèces en diftérens lieux? 6c n’çft-il pas très-
daufibie de l’imaoiner, yu que toutes les autres
ortes de tatous (ont conftammenç originaires de
l’Amérique , 6c qu’entre des efpèçes ou races
nufli voifinès les unes des autres que le font
celles de cette famille d’animaux ? il paroît bien
peu vrailemblablç que la nature pu ait jetté une
en Afrique, & l’y ait lfiffé ifoiéç , pour aller
produire toutes lé? &utre$ çn Amérique.
Les tatous font défignés dans lçs nomenclatures
de Linné Ôc de Briffon fous les dénominations
de dafypus , cataphraâlus, armadille.
T a t o u -Be l e t t e , çirquinçon. V. T a t o u s .
T a t o u -M ir i , cachicame. Voye^ T a t o u s .
TATOUrQuASSOU, dans les terr$s du ^îaragnon,
kabajfou. Voye^ T a t o u s .
T a t o u - o u in c h u m , çirquinçon. F . T a t o v s .
T a t o u -Pf b , félon le Père d’Abbeville , en-
foubert. Voyç{ T a t o u s .
T a t u , au Bréfil. Foye% T a t q u s ,
T a t u - A PAR A , félon Marcgrave, apar. V. T AT.
T a t u è t e , tatou à huit bandes. V. T a t o u s .
T a t u é t é , au Bréfil, tatuète. Voye\ T a t o u s .
T a t u p é b a , félonMarçgrav.e, encoubert. V, T a t .
T a t u s i a , au B ré fil, tatou. Voyeç ce mpt.
TAUP£, (}a) fans être ayeugle, a les yeux
fi petits, fi couyerts, qu’elle ne peut faire grand
ufage du fens dp la vue ; en dédommagement la
Nature lui a donné, avec magnificence, l’ufage
du fixième fçns, un appareil remarquable de
réfervoirs 6c de vaiffeaux compofant lés organes
de la génération, & tout cela fëerettement, cache
à l’intérieur, ôc par conféquçntplfts aéfif & plys
chaud. La taupe à cqt égard eft de tous les animaux
le plus ayantageufement doué ; elle a de
plus le touchgr délicat ; fpn poil eft doux comme
Ja foie j elle a l’ouie très-fine , 6c de petites .mains
a cinq doigts, prefque femblàbles aux mains de
l’homme ; beaucoup de force pour le yplume de
fpn corps, le cuir ferme , un embonpoint çqnftant,
un attachement vif & réciproque du mâle & de
la femelle , de la crainte ou du dçgpût pour
joute autre foçiété , lçs douces habitudes du
repos 6c de la folitude, l’art de fe mettre en
fureté , de (p faire en un inftgfit un §fyie 5 uu
domicile, la facilité de l’étendre, & d’y trouver,
fans en for tir , une abondante nourriture; voilà
ia nature, fes moeurs & fes talons,
C ’eft dans les ter’rçs d o u ce s , fpumies de racines
excellentes 6c bien peuplées d’infe&es & de
v er s dont elle puiffe fe n o u rr ir , que la taupe
pratique fa retraite. Elle en ferme l’entrée, n'en
ibrt prefque jamais qu’elle n’y foit forcée par
l’abondance des pluies d’été , lorfque l’eau la
remplit, ou lorfque le pied du jardinier en affaiffe
le dôme. Comme les taupes fortent rarement de
leur domicile fouterrein , elles ont peu d’ennemis
, 6c échappent aifément aux animaux carnaf*
(iers ; leur plus grand fléau eft le débordement
des rivières ; on les voit dans les inondations
fuir en nombre à la nage , & faire tous leurs
efforts pour gagner les terres plus élevées ; mais
la plupart périffent aufli bien que leurs petits
qui reftent dans les trous.
Elles s’accouplent vers la fin de l’hiver ; elles
ne portent pas long - temps ; car on trouve déjà
beaucoup de petits au mois de mai; il y en a
ordinairement quatre ou cinq dans chaque portée.
Comme on trouve des petits depuis le mois
d’Avril jufqu’au mois d’Aofit, il eft à croire
qu’elles produifentplus d’une fois par an, à moins
que les unes nç s’accouplent plus tard que les
autres.
Le domiçile oh elles font leurs petits eft formé
avec beaucoup d’art. Elles commencent par pouffer
, par élever la terre & former une voûte allez
élevée ; elles laiffent des cloifons, des efpèçes
de piliers de diftance en diftance ; elles preffent 6c battent la terre , la mêlent, avec dçs racines ÔC
des herbes , & la rendent fi dure ôc fi folide par-
deflbus, que l’eau ne peut pas pénétrer la voûte
à. caufe de fa convexité ôc de fa folidité ; elles
élevent enfuite un' tertre parrdeffous 9 au fommet
duquel elles apportent de l’herbe ôc des feuilles
pour, faire un lit à .leurs petits ; dans cette iitua-
tion ils fe trouvent au-deffus du niveau dp ter-
rein , & par conféquent à l’abri des inondations
ordinaires , ôc en même-temps à couvert de la
pluie par la voûte qui en recouvre le tçrtre
fur lequel ris rçpofent.
Ce tertre eft percé tout-autour de plufieurs
trous en pente , qui defcendent plus bas ôc s’étendent
de tous côtés , comme autant de routes
foutçrreines par oh ]a mere taupe petit fprtir ôc
afiet chercher la fubfiftance néceffaire à fes
petits ; ces fentiers. fouterreins font fermes ôt
battus , s’étendent à douze ou quinze pas , ôc
partent tous du domicile comme des rayons
d’un; centre. Qn y trouve, aufli bien que fous
la voûte, des débrjs . d’pignpns de colchique,
qui font apparemment la première nourriture
qu’elle donne à fes petite»,
Qn voit bien , par cette difppfition , que la
(aupe ne fçrt jamais qu’à une diftançe çpnfidé-
rable (de fqn domicile , & que la manière la
plus fimple ôc la plus lûre de la prendre avec
fçs. petits ? eft de faire-autour une tranchée qui
eh coupe toutes les communications ; /n&is comme
là taupe fuit au moindre bruit' Ôc qu’eue tâche
d’emmener fes petits , il faut trois ou quatre
homqies, qui travaillant enfemblç avec la fiççhç?
Enlèvent la mote toute entière > ou faffent une
tranchée prefque dans un moment, 6c qui enfuite,
les faififfent ou les attendent aux iffues.
On a dit mal - à - propos que ces animaux dor-
moient fans manger pendant l’hiver entier. La
taupe dort fi peu pendant tout l’hiver, qu’elle
pouffe alors la terre comme en été. Elle cherche , à
la vérité , les endroits les plus chauds, & les jardiniers
en prennent fouvent autour de leurs couches
aux mois de décembre > janvier & février.
L’efpèce commune de nos taupes n’habitc ni
les déferts' arides , ni, les climats froids. Elle ne
fe trouve en abondance que depuis la Suède
jufqu en Barbarie. Elle renferme plufieurs variétés.
Qn peut diftinguer en Europe cinq taupes differentes^
; i° . celle de nos jardins, dont le poil eft
fin & d’un très-beau noir.
2 . La taupe blanche, qui ne diffère de la
taupe ordinaire que par la couleur ; elle eft plus
commune en Hollande qu’en France , & plus
commune encore dans les pays feptentrionaux. 3 • La taupe fauve, qui eft un peu plus groffe
que la precedente, & qui a le poil d’un roux clair
tirant fur le yentre-de-biche, fans aucune, tache
^ paroît que c’eft une nuance dans
J’èfpèce de la taupe blanche : on la trouve dans
le pays d’Aunis.
4°. La taupe jaune-verdâtre , qui fe trouve
entre le bourg ÜAulas, & les hameaux qu’on
appelle les Carrières , dans le diocèfe d’Alais en
Languedoc. Elle eft d’une bell^ couleur de citron,
& l’on prétend que cette coifieur n’eft due qua
la qualité de la terre qu’elle habite.
5 . La taupe tachetée ou variée qu’on trouve
«ans plufieurs contrées de l’Europe. Celles de
rOftfrife ont tout le corps parfemé de taches
Blanches & noires : en Suiffe, en Angleterre ± &
dans le pays d’Aunis, elles ont le poil noir varié
de fauve.
Indépendamment de ces ,cinq races de taupes
qui fe voient en Europe , on en trouve dans
i’ifle de Java, dont les quatre pieds font blancs ,
ainfi que la moitié des jambes ; en Amérique ,
celles de Virginie ont le poil noirâtre & luiiant, ■
m^e./r^unAPourPre foncé. Toutes ces taupes ne
paroiffent être que de fimples variétés de l’efpèce
de la taupe commune, parce qu’elles n’en diffèrent
que par les couleurs ; mais il y en a d’autres
qui femblent conftituer des efpèçes différentes,
parce qu’elles diffèrent de la taupe commune ^
non-feulement par les couleurs > mais par la forme
«u corps & des membres.
Telles font :
taupe rouge d’Amérique , qui a le poil roux
mêlé de cendré clair, & qui n’a pas les piecls confor-
mes comme ceux de la taupe d’Europe n’ayant que
U-ois doigts aux pieds de devant quatre à ceux de
derrière, qui font à-peu-près égaux, tandis que
#eux des pieds de devant font très-inégaux;, le
doigt extériëur étant beaucoup plus long que les
deux autres, & armé d’un ongle plus fort 6c plus
crochu : le fécond doigt eft plus petit, & le troisième
l’eft encore beaucoup plus.
20. La taupe dorée de Sibérie reffemble à la précédente
par la conformation des pieds ; elle a le
nez plus court que la taupe de ce* pays - ci i
mais elle eft de la même grandeur. Le poil a diver-
fes couleurs ; le vert & la couleur d’or y dominent.
30. La taupe du Cap de Bonne-Efpérance. jCette
taupe reffemble affez à la taupe ordinaire par la
forme du corps, par la petiteffe des yeux, par le
défaut d’oreillés apparentes , & par la queue ; mais
elle en diffère effentiellement par un grand nombre
d’autres caractères. Elle a la tête plus,, groffe,
prefque aufli haute que longue , & terminée par
un mufeau applati, & femblable au boutoir du
cochon d’Inde ; elle a à chaque mâchoire deux
dents incifives , fort longues , qui paroiffent
même quand la gueule eft fermée ; celles d’en
bas font les plus longues. Il y a des tache*
blanches autour des yeux, des oreilles, & au-
deffus de la tête. Les pieds ont tous cinq doigts
munis de forts ongles ; ils font fans poils en-
deffus, mais ils en ont d’affez longs en-deffous j
ceux de devant font faits comme ceux de derrière*
Le poil eft d’un brun minime, qui devient plus
foncé & prefque noir fur la tête ; vers les côtés ,
fous le ventre & fur la queue il eft d’un blanc
cendré ou bleuâtre.
Ces taupes reffemblent encore aux nôtres par
leurs habitudes ; elles vivent fous terre , elles y
. creufent des galeries, & elles font beaucoup de
mal aux jardins. Fort avant dans l’intérieur du
pays on trouve une efpèce beaucoup plus petite
&de couleur d’acier, mais du refte parfaitement
femblable à la précédente.
4°. La taupe de Canada. Elle n’a de la taupe
commune que quelques parties ; dans d’autres '
elle porte un cara&ère.qui la rapproche beaucoup
plus de la clafle des rats ; elle en a la forme 6c
la légèreté ; fa queue, longue de trois pouces,
eft noueufe 6c prefque nue, ainfi que fes pieds,
qui ont chacun cinq doigts, ils font couverts
par-deffus de petites écailles brunes 6c blanches : cet
animal eft plus élevé de terre que la taupe d’Europe '9
il a le corps effilé 6c couvert d’un poil noir, grofiier ,
moins foyeux 6c plus long ; il a aufli les mains moins
fortes 6c plus délicates que notre taupe ; les yeux
font cachés fous le poil.
Le mufeau eft relevé par une mouftache d’une
efpèce particulière ; il n’eft pas pointu ni terminé
par un boutoir ; mais il eft bordé de mufcles
charnus 6c très-déliés , qui ont l’air d’autant
d’épines; toutes ces pointes font nuancées d’une
belle couleur de rofe , 6c jouent à la volonté de
l ’animal, de façon qu’elles fe rapprochent 6c fe
réunifient au point de ne former qu’un corps
aigu ÔC très-délié ; quelquefois aufli ces mufcles
épineux s’ouvrent 6c s’épanouiffent à la manière