
fur la terre à l’aide de leurs pieds de devant ; mais
c’eft encore plus pefamment 6c de plus mauvaife
grâce ; il y en a qui font fi lourds , 6c ce font
probablement les vieux , qu’ils ne quittent pas
la pierre qu’ils ont choifie pour leur üége, 6c fur
laquelle ils paflent le jour entier à ronfler & à
dormir ; les jeunes ont auffi moins de vivacité
que lès jeunes ours marins : on les trouve fou.-
vent endormis fur le rivage ; mais leur fom-
meil eft fi peu profond, qu’au moindre bruit ils
s’éveillent , & fuient du côté de la mer. Lorfque
les petits font fatigués de nager , ils fe mettent lur
le dos de leur mère ; mais le père ne les y fouffre
pas long-temps, & les en fait tomber, comme
pour les forcer de s’exercer 6c de fe fortifier dans
l’exercice de la nage.
En général , tous, tant adultes que jeunes ,
nagent avec beaucoup de vîtefle & de légéreté ;
ils peuvent auffi demeurer fort long-temps fous
l’eau fans refpirer ; ils exhalent une odeur forte ,
& qui fe répand au loin ; leur chair eft prefque
noire 6c d’aflez mauvais goût, fur-tout celle des
mâles : la chair des jeunes eft blanchâtre , &.
peut fe manger, quoiqu’elle foit un peu fade &
allez défagréable au goût ; leur graille eft très-
abondante , & allez femblable à celle de l’ours
marin , & quoique moins huileufe que celle des
autres phoques , elle n’en eft pas plus mangeable.
On trouve des lions marins fur les côtes des
terres Magellaniques & dans quelques autres parties
de l’hemifphère auftral : on les retrouve dans
les mers du Nord, fur les illes Kouriles 6c au
Kamtschatka.
M. Forfter qui eut le temps d’obferver ces
grands animaux à la terre des Etats , confirme
tout ce. que l’on vient de lire de leurs habitudes
naturelles ; « ils vivent enfemble en groffes troupes,
dit-il, mais les mâles les plus vieux 6c les plus
gras fe tiennent à part ; chacun d’eux choifit une
large pierre , dont les autres n’approchent pas,
fans un combat furieux. Nous les avons vus
fouvent fe faifir avec un degré de rage qu’il eft
impoffible de décrire , 6c plufieurs portoient fur
le dos des balafres reçues dans ces attaques... Il
n’étoitpas dangereuxde marcher au milieu d’eux ,
car, ou ils s’enfuyoient, ou ils reftoient tranquilles
; feulement on couroit des rifques à fe
placer entr’eux & la mer ; car , fi quelque chofe
les épouvante , ils fe précipitent vers les flots
en fi grand nombre , que, fi l’on ne fortoit pas
de leur chemin , on feroit infailliblement terraffés ».
« Quelquefois, continue-t-il,lorfque nous les fur-
prenions tout-à-coup ou que nous les éveillions,
( car ils dorment beaucoup ) ils levoient leur tête,
ronfloient & montroient les dents d’un air fi farouche,
qu’ils fembloient vouloir nous dévorer ; mais
dès que nous avancions fur eux, ils s’enfuyoient. En
général , ils étoient fi peu fauvages ou plutôt fi
itupides, qu’ils nous permirent d’approcher affez
pour les. aflommer à coups de bâtons 5 mais nous
tirâmes les gros avec le fùfil , parce que nous
crûmes qu’il feroit peut-être dangereux de les
approcher ».
Ils.attendoient communément notre approche ;
mais dès que l’un de la troupe étoit tué, le
refte s’enfuyoit avec beaucoup de précipitation ;
quelques 'femelles emportoient alors un petit
dans leur gueule , mais la plupart étoient fi épouvantes
, qu’elles les abandonnoient par derrière.
Le bruit que produifoient tous ces animaux,
affourdiffoit nos oreilles ».
<c L’a&e d! amour eft précédé de plufieurs
careffes étranges ; la femelle fe tapit aux pieds
du mâle, rampant cent fois autour de lui, & de
temps à autre rapprochant fon mufeau du lien,
comme pour le baifer ; le mâle, pendant cette
cérémonie , fembloit avoir de l’humeur ; il grondoit
& ruontrpit les dents à fa femelle, comme s’il
eût voulu la mordre : à ce lignai , la fouple
femelle fe retira 6c vint enfuite recommencer fes
careffes 6c lécher les pieds du mâle. Après un
long préambule de cette forte , ils fe jettèrent
tous deux dans la mer 6c y firent plufieurs tours
en fe pourfuivant l’un & l’autre; enfin la femelle
fortit la première fur le rivage où elle fe ren-
verfa fur le dos ; le mâle , qui lafuivoit de près , la
couvrit dans cette fituation ».
te H n’y a , dit Kracheninikoff, dans • fon histoire
de Kamtschatka, que des,gens agiles qui
s’adonnent à la chaffe du lion-marin ; ils s’approchent
à la dérobée & lui plongent un couteau
dans la poitrine au defïous de l’aiffelle ; ce couteau
eft attaché à une longue courroie faite de cuir
de veau - marin , & arrêtée à un pieu ; le
chaffeur s’enfuit au plus vite , & les autres jettent
de loin à l’animal des flèches ou des couteaux
pour le bleffer dans plufieurs endroits du corps ,
& lorfqu’il a perdu fes forces, on l’acheve à coups
de maflùes ».
et On leur tire’ auffi dès flèches en mer,
lorfqu’on les voit endormis & flottants fur l’eau.
L’animal fe fentant bleffé &.ne pouvant fùpporter
la douleur que lui caufe l’eau de la mer, qui entre
dans fa plaie, gagne le rivage où on achevé de
le tuer à coups de dards, ou fi l’endroit n’eft pas
fûr, on attend qu’il meure de fa première bleffure,
ce qui arrive au bout de vingt - quatre heures ,
fi la flèche eft empoifonnée ; cette chaffe eft fi
honorable,, que celui qui en a tué le plus paffe
pour un héros, 6c c’eft ce qui fait que plufieurs
s’y adonnent, bien moins pour fa chair qui paffe
pour être très - délicate , que pour acquérir de
l’honneur ».
et Le lion-marin des côtes du Bréfil, eft-il dit
dans les Lettres Edifiantes , ne diffère du loup-
marin ( Phoque ) , que par de longues foies qui
lui pendent fur le cou : nous en vîmes d’auffi
gros que des taureaux ; on en tua quelques-uns.
Leur corps n’eft qu’une maffe de graiffe dont
on tire quantité d’huile »,
, « En revenant du port de Défiré, dit Jacques
Lemaire , nous relâchâmes à l’ifle du R o i, où
on prit de jeunes lions - marins qui étoient de
bon goût ; ces lions font de la grandeur d’un
petit cheval, ayant la tête femblable à celle d’un
lion, avec une crinière longue 6c rude , mais
les lionnes n’en ont point, & ne font pas de la
moitié fi groffes que les mâles ; on ne les pouvoit
tuer qu’en leur donnant fous la gorge ou dans
la tête des coups de moufquets charges à balles ;
on leur donnoit cent coups de levier , jufqu’à
leur faire rendre le fang par la gueule & par
le nez , qu’ils ne laiffoient pas de s’enfuir & de
fe fauver ».
Le lion-marin eft appellé phoca leonina , par
Steller, dans les Mémoirés de Pétersbourg ; phoque
à crinière , par M. Forfter ; fiwutcha , par les
Ruffes ; fiout par les Kamtchadales.
L io n -m a r i n , de l’amiral Anfon , n’eft pas
le véritable lion-marinmais une grande efpèce
de phoque. Voyeç P h o q u e s .
L io n -m a r in , de Biervillas , eft le dugon.
Voyei D u g o n .
LIONNE ( la ) eft la femelle du lion. Voyeç
L io n .
L1RON , en Efpagnol 6c en vieux François,
loir. Voyez L o i r .
LIVRÉE ; porter la livrée eft pour les jeunes
bêtes de chaffe , ou faons des cerfs, des daims
& des chevreuils , la robe du premier âge ,
laquelle eft rayée 6c coupée de diverfes bandes ;
les faons portent la livrée tant qu’ils n’ont pas
fubis la mue qui leur donne le pélage uniforme
& propre de leur efpèce. Voye£ lès articles C e r f ,
D a im & C h e v r e u i l .
LO CH A, dans quelques endroits de la Lap-
ponie ; renne. Voyeç R en n e .
LOERIS , par les Hollandois des Indes Orientales.
Voye% L o r i s .
LOIR ( le ) eft le plus gros de trois petits
animaux qui , comme la marmotte , dorment
pendant l’hiver. Ces trois efpèces dormeufes font
celles du loir, du lérot 6c du mufeardin ; le
mufeardin eft le plus petit , 6c c’eft mal à propos
qu’on a quelquefois confondu l’une de ces
efpèces avec les deux autres , puifqu’eires font
toutes trois très-diftinâes.
Nous devons d’abord remarquer que ce n’eft
qu’improprement qu’on peut dire que ces animaux
dorment pendant l’hiver ; leur état n’eft point
celui d’un fommeil naturel, c’eft une torpeur ,
un engourdiffement des membres 6c des fens,
& cet engourdiffement eft produit par le refroi-
diffement du fang. Ces animaux ont fi peu de
chaleur intérieure, qu’elle n’excède guère celle
de. la température de l’air , au printemps ; il rt’ëft
donc pas étonnant qu’ils tombent dans l’éngour-
diffement, dès que cette petite quantité de chaleur
intérieure ceffe d’être aidée par la chaleur extérieure
de l’air, 6c cela arrive lorfque le thermomètre
n’eft plus qu’à dix ou onze degrés au
deffus de la congélation.
Lorfqu’ils fentent le froid , ils fe ferrent 6c fe
mettent en boule pour offrir moins de furface
à l’air & fe conferver un peu de chaleur. C’eft
âinfi qu’on les trouve en hiver dans les arbres
creux , dans les trous dès murs expofés au midi ;
ils y giflent en boule & fans aucun mouvement,
fur de la moufle 6c des feuilles ; 6n les prend ,
on les tient, on les roule fan-s qu’ils remuent,
fans qu’ils s’étendent ; rien ne peut les faire fortir
de leur engourdiffement qu’une chaleur douce
6c graduée ; ils meurent, lorfqu’on lès met tout-
à-coup près du feu. Il faut, pour les dégourdir ,
les en approcher par degrés ; 6c quoique dans
cet état ils foient fans aucun mouvement , qu’ils
aient les yeux fermés 6c qu’ils paroiffent privés
de tout ufage des fens, ils fentent cependant la
douleur, lorfqu’elle eft très-vive , une bleffuré
leur fait faire un mouvement de contraction 6c
un petit cri fourd qu’ils- répètent même plufieurs
vfois.
Cet engourdiffement dure autant que la caufe
qui le produit, & ceffe avec le froid ; quelques
degrés de chaleur au deffus de dix ou onze fuffilent
pour ranimer ces animaux, 6c fi on les tient
pendant l’hiver dans un endroit bien chaud , ils
ne s’engourdiffent point du tout ; ils vont 6c
viennent, mangent 6c dorment feulement de temps
en temps comme les autres animaux.
Mais , il n’eft point vrai , comme tous les
Naturaliftesle difent d’après Ariftote, que les loirs
paflent tout l’hivèr fans manger , 6c que dans
ce temps même de diète ils deviennent exceffi-
vement gras ; que le fommeil feul les nourrit
plus que les alimens ne nourriffent les autres
animaux, &c. : ce qui a pu faire tomber Ariftote
dans cette erreur , c’eft qu’en Grèce où les hivers
font tempérés, les loirs ne dorment pas continuellement
, 6c que prenant de la nourriture
peut-être abondamment toutes les fois que la
chaleur les ranime, il les aura trouvés très-gras
quoiqu’engourdis, perdant peu dè leur fubftance
par la tranfpiration qui eft alors prefque nulle.
Ce qu’il y a de vrai, c’eft qu’ils font gras ea
tout temps , 61 plus gras en automne qu’en été.
Leur chair eft allez femblable à celle de cochon
d’Inde. Les loirs faifoiént partie de la bonne
chère chez les Romains ; cet üfage n’a point été
fiiivi , foit qü’on ait eu du dégoût pour ces
animaux, parce qu’ils reffemblent aux rats, foit
qu’en effet leur chair ne foit pas de bien bonne
faveur. Au refte , il n’y a que le loir de' mangeable.
Le loir proprement dit eft un peu moins grand-
que réc'utèuil ; il a la tête & le mufeau moins
larges , les yeux plus petits & moins faillans,
lés oreilles moins longues , plus minces & prefque
nues, les jambes 6c les pieds plus petits , & les
poils de la queue moins longs, en tout plus de