
en façon de jarretières, le tout avec tant d ordre
6c de mefure , qu’il n’y a point de peau de tigre
ou die léopard aufli belle '
Par tous ces témoignages l’on voit que les
parties orientales & méridionales de l’Afrique
font le feul pays natal des çèbres 3 que ces beaux
animaux font d’un naturel fauvage & farouche, &
qu’on a, jufqu’à préfent, effayé inutilement de
les rendre domeftiqués. Il y a cependant toute
apparence que fi on accoutumoit le çèbre , dès le
premier âge, à l’obéiffance & a la domefticite , il
deviendroit aufli doux que le cheval 6c l’âne, &
pourroit les remplacer tous deux.
M. Forfter, qui a eu occafion de bien examiner
ces animaux au Cap de Bonne - Efperance ,
a reconnu dans cette efpèce une variété qui diffère
du çebre ordinaire , en ce quau lieu de
bandes ou raies brunes 6c noires, dont le fond
de fon poil blanc eft rayé; celui-ci, au contraire,
eft d’un brun roufsâtre, avec très-peu de bandes
larges & d’une teinte foible & blanchâtre ; on a
même peine àreconnoître & diftinguer ces bandes
blanchâtres dans quelques individus, qui ont une
couleur uniforme de brun roufsâtre , 6c dont les
bandes ne font que des nuances peu diftin&es
d’une teinte un peu plus pile ; ils ont, comme
les autres \èbres, le bout du mufeau & les pieds
blanchâtres, & ils leurs reffemblent en tout, à
l ’exception des belles raies de la robe. |
« On feroit donc fondé, ajoute M. Forfter, à
prononcer que ce n’eft qu’une variété dans cette
efpèce du içèbre j cependant ils femblent différer
de ce dernier par le naturel ; ils font plus doux
6c plus obéiflans ; car on n’a pas d’exemple qu’on
ait jamais pu appriyoifer allez le %èbre rayé pour
l’atteler à une voiture , tandis que ces \tbres
à poil'uniforme & brun , font moins revêches,
6c s’accoutument aifément a la domefticite. J en
ai vit un dans les campagnes du Cap , qui étoit
attelé avec des chevaux à une voiture , oc on
m’affura qu’on élevoit un affez grand nombre de
ces animaux pour s’en fervir a l’attelage, parce
qu’on a trouvé qu’ils font à proportion plus forts
qu’un cheval de même taille ». .
M. le profeffeur Allamand cite, au fujet de
ces animaux, un fait fingulier, s’il eftexaél,
« Milord Clive , dit-il, en revenant de l’Inde ,
avoit amené avec lui une femelle tfbre dont on lui
avoit fait préfent au Gap de Bonne-Efperance ;
après l’avoir gardée quelque temps dans fon parc
en Angleterre, il lui donna un anç pour effayer
s’il n’y aurpit point d’accouplement entre ces
animaux; mais cette femelle ^èbre ne voulut point
s’en laiffer approcher; Milord .s’avifa de faire
peindre cet âne comme un %ebre 3 la. femelle, dit-
il , en fut la dupe , l’accouplement fe f i t , & il
^n eft né un poulain femblable a fa mère. « Dans
plus d’une efpèce la femelle n’eft-elle pas fujette
à fe laiffer prendre à l’hâbit ?
ZÉBU ? efpèce de petit boeuf à bo.ffe 9 ou de
bifon ~9 des contrées méridionales de l’ancien con^
tinent. Le \èbu femble être un diminutif du bifon ,
dont la race , ainfi que celle du boeuf , a fubi
de très-grandes variétés fur-tout pour la grandeur*
Le zébu 3 quoiqu’originaire des pays très-chauds ,
peut vivre 6c produire dans nos pays tempérés*
a J’ai vu , dit M. Colinfon, grand nombre de.
ces animaux dans les parcs des Ducs de Ri-
chemont 6c de Portland ; .ils y multiplioient &
faifoient tous les ans des veaux , qui étoient les
plus jolies créatures du mondé. Les pères & meres
venoient de la Chine ôc des Indes orientales »•
La loupe qu’ils portent fur les épaules , continue
le même Obfervateur, eft une fois plus groffe
dans le mâle que dans la femelle qui eft aufli
d’une taille au-deffous de celle du mâle. Le petit
çe'bu tette fa mère comme les autres veaux tettent
les vaches, mais le lait de la mère s^ébu tarit
bientôt dans notre climat , & on achève de le
nourrir avec de l’autre lait. On tua un de ces
animaux chez M. le Duc de Richemond, mais
la chair ne s’en trouva pas aufli bonne que celle
du boeuf ~
Il fe trouve aufli dans la race des boeufs fans
boffe , de très-petits individus , &. qui, comme
le sçébii, peuvent faire race particulière. Gemelli
Careri v i t , fur la route d’Ifpahan à Schiras ,
deux petites vaches que le Bacha de la province
envoyoit au R o i, & qui n’étoient pas plus groffes
que des veaux. Ces petites vaches , quoique
nourries de paille pour tout aliment, font néanmoins
fort graffes , & il paroît qu’en général les
3(êbus ou petits bifons, aiiïfi que nos boeufs de
la petite taille, ont le corps plus charnu & plus
gras que les bifons & les boeufs de taille ordinaire.
V o y e£, du refte , l’article Boeuf.
ZEMNI, animal du même genre que le zizel,
(Voye^ Ziz e l ) , mais plus grand, plus fort 6c
plus méchant ; il eft un. peu plus petit qu’un
chat domeftique ; il a la tête affez groffe, le
.corps menu , les oreilles courtes- & arrondies ;
quatre grandes dents inciflves qui lui fortent de
la gueule , dont les deux de la mâchoire infé-*
rieure font trois fois plus longues que les deux
de la mâchoire fupérieure ; les pieds trèsrcourts
& couverts de poils divifés en cinq doigts 6c
armés d’oçgles courbes ; le poil mollet, court &
de couleur de gris de fouris , la queue médiocrement
grande, les yeux petits 6c aufli cachés
que ceux de la taupe.
Il a à-peu-près le même naturel & les mêmes
habitudes que le hamfter & le zizel ; il mord
dangereufement, mange avidement & dévafte les
moiffons & les jardins ; il fe fait un terrier ; Il
vit de grains , de fruits & de légumes dont il
fait des magafins dans fe retraite où il paffe tout
le temps de l’hiver. Cet animal eft fort commun
en Pologne & en Ruflie.
ZENLIE, au cap de Bonne-Efpérance, çhaçafe
V o y e z C h a c a l ,
ZIBELINE ( la); eft un animal très-recherché ,
très-connu pour fa belle fourrure , & qui ref-
femble à la marte par la forme du corps & les
habitudes naturelles, comme à la belette pour
les dents; elle a fix dents inciflves affez longues
6c un peu courbées , avec deux longues dents
canines à. la mâchoire inférieure , de petites dents
tres-aigues à fe mâchoire fupérieure, de grandes
mouftaches autour de la gueule, les pieds larges
■ 6c tous armés de cinq ongles.
L’efpèce varie pour la grandeur 6c pour les
couleurs. Les plus noires font les plus recherchées.
La différence qu’il y a de' la fourrure de
la gibeline à toutes les autres , & ce qui la rend
plus précieufe , c’eft qu’en quelque fens. qu’on
pouffe le poil, il obéit également , au lieu que
les autres poils pris; à rebours , font fentir quelque
roideur par leur réflftance.
Les gibelines fe choiflffent ou fe forment des
abris des nids pour fe retirer , ou dans des
creux d’arbres, ou fous leurs racines , ‘ou même
fur leurs branches. Ces nids font conftruits de
moufle , de branchages ou de .gazon. Elles y
relient, dit-on , la moitié dë la journée , le refte
du temps , elles vont chercher leur nourriture.
Elles vivent de chaffe pendant une partie de
l’année , & font la guerre aux belettes, aux hermines
, aux écureuils &, fur-tout aux lièvres. Mais,
dans le temps des fruits , elles mangent des baies',
& plus volontiers, que tout autre le fruit du
forbier ; mais ce fruit leur caufe des déman-
geaifons qui les obligent de fe frotter contre les
arbres. Par-là , leur peau s’ufe & devient défec-
tueufe , & «i’on- remarque que quand les for-
biers ont beaucoup de fruits , les chaffeurs, ont
de la peine à fe procurer de belles fourrures.
En hiver , elles attrapent des oifeaux & des coqs I
-. de bois. Quand il fait de la neige , elles fe recèlent
dans leurs trous , où elles relient quelquefois ;
trois femaines fans^ fortir.
Elles s’accouplent au mois dë janvier. Leurs
amours durent un mpis-, ,6ç fôuvent; excitent des ,
combats fanglans entre .les,mâles. Elles ont , dans ’
ce temps , une odeur très-forte , & en tout temps
leurs excrémens fentent mauvais. Après l’accouplement
, elles gârdent leurs nids environ quinze
jours. Elles mettent bas vers la fin de mars, Sc
font depuis trois jufqu’à cinq petits qu’elles allaitent
pendant cinq ou fix femaines. -
rendez - vous , afligne à chaque bande fon
quartier, fon canton , fixe le temps du retour , 6c
tous les chaffeurs doivent lui obéir.
^ La grande capture des. gibelines fe fait aux"
pièges ; pour les dreffer, on écarte la neige ;
chaque chaffeur en dreffe vingt par jour ; il choifit
un petit efpace près des arbres * on l’entoure à une
certaine hauteur de pieux pointus, & on le couvre
de petites planches , afin que la neige ne tombe
pas dedans, en y laiffant une entrée fort étroite
âu-deffus de laquelle eft placée une poutre qui
n’eft foutenue que par un trébuchet ; fitôt que
la -gibeline y touche pour preadre le morceau de
viande on de poiffon qu’on a mis pour amorce ,
la bafcùle tombe & la tue.
On cache les gibelines dans des trous d’arbres ,
de peur que les Tunguïes érrans ne les enlèvent.
Avec les pièges , on emploie aufli les filets :
quand un chaiïeur a trouvé la trace d’une ÿbe-
. line , il la fuit jufqu’à fon terrier ou fon nid, &
l’oblige d’en fortir au moyen de la fumée du feu
qu’il allume à l’entrée. Son ‘filet eft tendu à l’en-
toùr ; la gibeline fortant de fon trou , manque rarement
Ce n’eft jamais qu’en hiver que l’on va à la
chaffe des. gibelines : la raifon en eft que leur poil |
tombe au printemps, 6c qu’il eft très-court en été
6c pendant l’automne, n’étant point encore affez
fourni. Les habitans du pays appellent ces fortes de
gibelines, nedafobili , ou gibelines imparfaites ; elles
fe vendent à bas prix. Les chaffeurs partent en-
femble jufqu’au nombre- de trente & quarante.. Ils
s’embarquent en canots fur les rivières & prennent
des provifions pour trois ou quatre mois. Ils .ont
un chef qui P lorfqu’on eft arrivé -au lieu du
de fe prendre, & quand elle eft bien em-
barraffée dâns le filet, les chiéns l’étranglent. Lorfqu’on
en voit fur les arbres , on les tue à coup de
flèches dont la pointe eft émouflee , pour ne point
endommager la peau.
Lorfque le temps de la chaffe eft fini, toutes les
bandes fe raffemblent auprès du chef commun, à
qui l’on rend compte de la quantité de gibelines x
où d’autres bêtes que l’on a prifes ; on lui dénonce
ceux qui ont fait quelque chofe de contraire
aux règles ; le chef les punit. Ceux qui ont volé
•des peaux font battus & privés de leur part au
butin. En attendant le temps du retour qui eft
cèlui du dégel des rivières y on prépare les peaux
des gibelines.
Arrivés, chez eux les chaffeurs donnent d’abord
à réglife quelques-unes de leurs fourrures , fuivant
le voeu qu’ils en ont fait avant que de partir ; ces-
gibelines fe nomment gibelines de Dieu_ Enfuite-
. üs payent leur tribut en fourrures aux receveurs-
du fouverain ; ils vendent le refte, & les profits-
fe partagent également entr’eux.
Les fourrures- de gibelines les plus chères & Tes»
plus eftimées, font celles, qui font les plus noires v
6c dont-les poils l’ont les pjus longs.. Depuis la
conquête .de fe Sibérie, les fouverains de la Ruflie
fe font réfervé la meilleure partie du débit de
cette marchandife , dans laquelle les habitans
payent une partie de leur tribut. Le gouverneur
de Sibérie met fon cachet fur les gibelines prifes
dans fon gouvernement, & les envoyé au fénat
de Petersbourg on les affortit alors 'par paquets
de dix peaux , & l’on en fait des caiffes dont
chacune eft compofée de dix paquets. Ces caiffes
fe vendent à proportion de -leur beauté ;- les.
plus belles fe vendent jufqu’à 2500 roubles ( environ
125,00 livres), celles d’une moindre qualité'