
d’Hiftoire Naturelle , contenant l’Hiftoire
des animaux, des végétaux Si des minéraux,
Si celle des corps célelles, des météores
Si des autres principaux phénomènes de
la Nature, &c. par M. Valmont de Bomare.
On trouvera dans l’Encyclopédie Méthodique,
par ordre de matières, non-feulement
la commodité de l’ordre alphabétique des
Diftionnaires, mais de plus, l’ordre Scientifique
, puifque cette Encyclopédie eft
divifée en plufieurs parties, relatives aux
différentes Sciences , Si aux Arts & .Métiers
, & que chacune de ces grandes parties
efl fous-divifée en plufieurs Diétionnaires ,
fuivant lêsdiverfes natures des objets qu’elle
comprend. Par ce moyen, les connoiffances
de mérite genre font rapprochées les unes
des autres, & forment un enfemble plus
fufceptible d’exactitude & de précifion ,
qu’un mélangeid’articles, qui feroient relatifs
à toutes les Sciences , & qui fe fui-
vroient les uns les autres, fans autre règle
que l ’ordre alphabétique de leurs titres.
Il y a dans Paris ', dans les provinces de
France,'& dans les pays étrangers, un grand
nombre de cabinets qubrenferment des col-
leâions d’objets d’Hiftoire Naturelle ; mais
il n’y* a-péuts-être que'.le. cabinet du Jardin
du Roi ou ces colleûions foient fuivies
dans tfous lésiRègiies, dedans prefquetous
les genres des produirions de la Nature.
I l ’faùt-avoir béaiicoup de connoiffances
pour r ranger 1 méthodiquement des collections'
d’Hiftoire Naturelle ; de l’induftrie
& du' goût pour les difpofer d’une manière
agréable,: de un foin continuel pour les
maintenir ' ën bon état. Il y a différens
moyens de préparer, de placer, de confer-
v er les' différens genres d’objets qui font
dans les cabinets d’Hiftoire Naturelle : on
ne peut expliquer ces moyens qu’en traitant
• chaque genre en particulier. Je ne ferai-ici
qu’une feule obfervation fur la manière
d’éclairer les falles des cabinets d’Hiftoirç
Naturelle,
Il eft néceffaire • qu’il y ait des fenêtres
au levant de au couchant, & qu’elles foient
fur les plus longues faces. S’il n’y avoit des
fenêtres que d’un c ô té , le cabinet ne feroit
pilez éçlairç que le matin ou le foir. Il faut
que le foleil donne fur quelques fenêtres
d’une falle , pour que l’on puiffe voir dif-
tinâement les objets d’Hiftoire Naturelle
qu’elle renferme , de pour appercevoir
leurs caractères. Moins les falles ont de
largeur, plus ces mêmes objets font éclairés.
Un cabinet d’Hiftoire Naturelle eft un
fpeûacle intéreffant, même pour ceux qui
ne font pas initiés dans cette fcience. Il
y a tant de variété, d’élégance de de beauté
dans les productions de la Nature, que l’on
ne peut les voir fans les admirer. Mais ,
lorfqu’on veut les v o i r , pour les connoître
de les étudier, les cabinets font très-commodes.
On y trouve des objets de tous
les pays ; on peut les obferver , les
comparer les uns aux autres , fans etre
obligé d’aller les chercher au loin.
Le temps des voyages n’eft pas favorable
aux premières études de l’Hiftoire Naturelle
: elles demandent la tranquillité néceffaire
potir apprendre les élémens de
cette Science , pour méditer fur fes principes
, de pour en faire une jufte application.
Il faut voir les productions de la Nature
, de les comparer les unes aux autres,
pour bien entendre lés préceptes qui fe
trpuyent dans les liv re s, ou qui font tranff
mis par la voix des Maîtres. Les ’objets
les plus faciles à trouver, font les premiers-
qu’il convient d’obferver. En allant en
chercher d’autres plus loin, on perdroit un
temps précieux pour l’étude , Si de longues
diftraCtions en arrêteroient les progrès.
Il n’y a point de pays où la Nature ne
nous préfente des productions affez variées
pour nous exercer dans nos premières
études. En contemplant ces premiers objets ,
en confidérant les rapports qu’ilsont entre
eux, Si principalement les différences qui
les caraCtérifent chacun en particulier, nous
apprenons à obferver tout le relie de la
Nature. Ces premières obfervations étant
méditées, fumfent pour nous inftruire dans
l ’art des divifions méthodiques , fi commode
, fi utile, fi néceffaire , pour faciliter
Si pour affurer les premiers pas que nous
faifons dans la carrière de l’Hiftoire Naturelle.
Mais cet art eft fouvent trompeur ;
il nous donne de faux indices ; il nous
entrain?
entraîne darts des routes où nous croyons
.fuivre la marche de la Nature , tandis :
qu’il nous livre à des preftiges. Que de
jeunes gens, que de gens-plus expérimentés, ,
trop avides de connoiffances1, marchent à
grands pas , Si s’égarent, parce qu’ils ont
plus d’ardeur qu’ils ne font de réflexions. ]
Conduits par la chimère de l ’ordre .direâ
& du fyftême de. la Nature , ils perdent
bientôt la lumière de la fcience, Si tombent
dans l’obfcurité. ■ ;
Une étude profonde Si réfléchie eft lè
feul moyen de nous préferver de ces dangers.
Il faut y donner tout le temps néceffaire
dès les commencemens , pour, bien
connoître le génie de la fcience avant de
parcourir un grand nombre de fes objets ,
de détail.
Lorfqu’on eft en état de les comparer les
uns aux autres dans leurs rapports , Si dans j
leurs différences, c’eft alors qu’il faut vifiter i
les trois Règnes de la Nature.
Heureux le Naturalifte déjà initié dans la
fcience, qui fe trouve à portée d’étudier ■
dans ces cabinets, où l’on raffemble des
produâions de la Nature de tous les pays
& de tous les genres. S’il eft éloigné de ces
collections, fon premier voyage doit être
pour s’en approcher.
Si l’on entreprenoit d’étudier dans ces
■ cabinets, fans avoir acquis affez de connoiffances
préliminaires, on feroit fatigué par
la multitude des objets, fans pouvoir les
connoître par leurs caractères diftinétifs.
Cependant, il y a un moyen de faciliter
l ’étude dans les plus nombreufescolleétions,
c’eft de les ranger méthodiquement. Il faut
féparer non-feulement les règnes: de la
Nature, mais aufli leurs ordres , leurs
claffes& leurs genres ; ne préfenter fuccef-
fivement qu’un individu de chaque efpèce,
ou que les principales variétés de chaque
forte. De cette manière, la plus grande col-
leâion des productions de la Nature, de-
. vient une fuite méthodique. Le plus vafte-
càbinet d’Hiftoire Naturelle eft un livre
ou ve r t, dont vous n’avez jamais fous les
yeux qu’une page à la fois. C’eft un livre
élémentaire , qui eft compofé de chofes
réelles, qui montre les objets de la Nature
Hiftoire Naturelle. Tom. I,
Si rappelle les principes de - la fcience.
Ceux qui fe propofent d’aller obferver,
Si recueillir des productions de la Nature ,
en différens pays, doivent préluder, fur ces
recherches dans les cabinets d’Hiftoire Naturelle.
On y a prévenu leurs defirs ; on y
a raffemblé des chofes qu ils .ne rencontreront
qü’aprjès, avoir parcouru les deux
mondes : ils peuvent fe famiiiarifer d’avance.
aveedes objets qu’ils ont intention de v o ir
dans le fein de la Nature. • ;
L’étude des cabinets ne difpenfe pas de
celle des:livres. La defeription qu’un bon
Naturalifte a faite d’une prqduâion de la
Nature , nous y fairâvoir des .cara&èrey
qui auraient peut-être échappp à nos yeux..
Mais il eft fouvent très-difficile de recon-
noître l’objet qui a été décrit.
On eft arrête par deux grands obftacles,
dans l’étude de la plupart des Auteurs qui
ont fait des divifions méthodiques ou des
defcriptjions. Il y a dans les uns plus ,de
dénominations qu’il ne fe trouve de chofes
réellement exiftantes dans la Nature. Les
autres ont fait des deferiptions incomplettes
Si fautives, en ce qu’elles n’indiquent pas les
caraétères propres à leurs objets. Ces deux
fautes rendent l’étude tres-penible, défont
perdre beaucoup de temps, parce qu elles
nous engagent dans de longues Si fafti-
dieufes'recherches, pour cpmparer les deferiptions
faites par différens Auteurs. Cette
difeuflioneft plus difficile pour les minéraux
que pôur les végétaux & les animaux, parce
qu’il y à des figures de ceux-ci qui aident à
les faire reconnoître ; mais on a beaudefliner,
graver ou enluminer la plupart des minéraux,
ils font encore moins reconnoiflables par
leurs figures que par leurs deferiptions.
Quels feront donc les moyens d’éviter
une fi grande perte de temps ? Il n’y en a
qu’un : ç’eft de profiter des connoiffances
, acquifes par un N aturalifte vivant, qui puiffe
déterminer Si Amplifier les principes dè la
fcience ; qui faffe l’application de fes préceptes
, Si qui montre les chofes qu’il dénomme.
Tel eft l’objet des cours d’Hiftoire
Naturelle qui fe font chaque année dans
Taris & dans d’autres villes du Royaume
& des pays étrangers, T elfe a été l’intention