
tous ces animaux, tant babouins que guenons
dont la queue Toit dégarnie de poil ; & c’eft par
cette raifon que les auteurs qui en ont parlé,
l ’ont défigné par la dénomination..de Jînge à queue
de cochon , ou de Jînge à queue de rat.
Voilà les animaux de l’ancien continent auxquels
on a donné le nom commun de Jînges,
quoiqu’ils foient non-feulement d’efpèces éloignées,
mais même de genres allez différens ; & , ce qui a
mis le comble à l’erreur & à la coiifufion, c’eft
qu’on a donné ces mêmes noms de Jînge, de
cynocéphale , de kèhe & de cercopithèque y noms
faits il y a quinze cents ans, par les Grecs, à des
animaux du nouveau monde , qu’on n’a découvert
que depuis deux ou trois fiècles. On ne fe doutoit
pas qu’il n’exiftoit ~ dans les parties méridionales
de ce nouveau continent, aucun des animaux de
l ’Afrique & des Indes orientales. On a trouvé en
Amérique des bêtes avec des mains & des doigts;
ce rapport feul^a fuffi pour qu’on les ait appellées
Jînges, fans faire attention que pour transférer un
nom, il faut au moins que le genre foit le même,
& que pour l’appliquer jufte, il faut encore que
l’efpèce foit identique ; or ces animaux d’Amérique',
dont nous ferons deux claffes, fous les
noms de fapajoits & de fagoins , font tr ès-différens
de tous les Jînges dé l’Afie & de l’Afrique ; & dé
la même manière qu’il ne fe trouve dans le nouveau
continent ni Jînges , ni babouins , ni guenons
, il n’exifte aulîi ni fapajous, ni fagoins dans
l’ancien.
Quoique nous ayons déjà pofé ces faits en
général ( voyeç l’article Q uadrupèdes ) , nous
pouvons les prouver ici d’une manière plus particulière
, & démontrer que de dix-fept efp’èces
auxquelles on peut réduire tous les animaux appelles
Jînges dans l’ancien continent , & de douze
ou treize auxquelles on a transféré ce nom dans
le nouveau , aucune n’eft la même , ni ne fe
trouve également dans les deux.
Car fur ces dix-fept efpèces de l’ancien continent,
il faut d’abord retrancher les trois ou quatre
-,Jînges qui ne fe trouvent certainement point en
Amérique, & auxquels les fapajous & les fagoins
ne reffemblent point du tout. 2°. Il faut en retrancher
les trois -ou quatre babouins , qui font
beaucoup plus gros que les fagoins ou les fapajous,
& qui font aufti d’une figure très-différente :
il ne refte donc que les neuf guenons auxquelles
on puiffe les comparer. Or toutes les guenons
ont auffi bien que les Jînges & les babouins,
des cara£fères généraux & particuliers qui les
féparent en entier des fapajous & des fagoins.
Le premier de ces caractères eft d’avoir les
feffes pelées , & des callofités naturelles & inhérentes
à ces parties ; le fécond, c’eft d’avoir des
abajoues , c’eft - à - dire > des poches au bas des
joues , où elles peuvent garder leurs ali mens ; &
le troifième, d’avoir la cloifon des narines étroite,
& ces mêmes narines ouvertes ~ au-deffotfs du
nez comme , celles de l’homme. Les fapajous &
les fagoins n’ont aucun de ces cara&ères ; ils
ont tous la cloifon des narines fort épaiffe, les
narines ouvertes fur les côtés du nez , & non
pas au - deffous ; ils ont du poil fur les feffes ,
& point de callofités ; ils n’ont point d’abajoues
; ils diffèrent donc des guenons non-feulement
par l’efpèce, mais même par le genre , puifqu’ils
n’ont aucun des cara&ères généraux qui leur
font communs à toutes ; & cette différence dans
ce. genre , en fuppofe né.ceffairement de bien
plus grandes, dans les efpçces , &. démontré qu elles
font très-éloignées.- : •
C’eft donc mal-à-propos que l’on a donné le
nom de Jînge & de guenon aux fapajous Ô£ aux
fagoins j il°falloit leur ccnferver leurs noms, &
au lieu de les affocier aux Jînges y commencer
par les comparer entr’eux : ces deux familles
diffèrent l’une de l’autre par un cara^ère remarquable
; tous les fapajous fe fervent de leur
queue, comme d’un doigt, pour sacciocher,
même pour faifir ce qu’ils ne peuvent prendre
avec la main : les fagoins au contraire ne peuvent
fe fervir de leur queue pour cet ufage»
leur face, leurs oreilles , leur- ,poil font aufti
différens ; ôn peut donc èn faire aifement deux
genres, diftinéis & -féparés.
Sans nous fervir * de dénominations qui ne
peuvent s’appliquer qu’aux jînges., aux babouins-
& aux guenons ; fans employer des noms qui leur
appartiennent, nous indiquerons tous les fapajous
& tous les fagoins par les noms propres qu’ils
ont dans leur pays natal. Nous connoiffons fix
ou fept efpèces de fapajous & fix efpeces de
fagoins' dont la plupart ont des v ariétésces-
douze ou treize efpèces de fapajous & de fagoins-,
font Youarine , 'Y-alôuate, le coaita , 1 exquima, le
faj'ou, le faï , le faïmiri , le tamarin , Youiftiti ,
le marikina , le pinche , le mico.
On lira leurs articles , ainfi que ceux àeïflhges
de l’ancien continent , fuivant 1 ordre rabonne
qu’offre la difcuffion précédente;
S in g e a q u e u e d e r e n a r d . Vbye%_ 'Sa k i *
S in g e - L io n . Voye^ M a r i k in a .
S in g e - c a p u c in . Voye^ S a jo u - b r u n ^
S in g e - v a r i é . Vbyei M o N E .
SlNGE-VERD. Voyel C a l l i t r i .c h e ,
S in g e - v o l a n t , n om fous lequel o n . a quelquefois
défigné le taguan oug ran d écureuil volant.
Voyez T a g u a n . . 1 x ,
SINSIN, à la Chine, eft le pithe'que. Voye^
Pi THÈQUE: '
SIR APH AH , en arabe , giraffe-
SIY AH-GUSH , en larfgue Perfane , eft le
caracal. Voyeç C a r a c a l .
SMITTEN ,.par. les Hoîîandofs , grand orang-
outang ou pongo. Voy% O r a n g - o u t a n g «.-
SNAK ,des Tartares, eft le faïga. Voyei Sàiga„
SOBOL, des Polonois, eft la zibeline. Voyez
Z-IBELINEv
5 0 GUR ou SUROK , nom que l’on donne à
la marmotte en Tartarie & en Sibérie. Voye%
M a r m o t t e -.
SOLHAC, en Pologne, eft le faïga. Voyeç ce
m o t.
SONDAREINTA, en langue huronne , eft
l’orignal ou élan. Voye^ É l a n .
SORA, à Madagafcar., forte de.hériffon. Voyez
H é r i s s o n .
SOURIS ( la ) beaucoup plus petite que le rat,
eft aufti plus nombreufè & plus généralement
répandue. Elle a le même inftinét, le même tempérament
, &. ne diffère guères du rat que par la
îoibleffe & les habitudes qui en font la fuite :
timide par nature , familière par néceflité , la peur
ou le befoin font tous fes mouvemens. Elle ne fort
de fon trou que pour chercher à vivre ; elle ne s’én
«carte guère, ne va pas de maifons en maifons ,
comme le rat, à moins qu’elle n’y foit forcée , fait
aufti'moins de dégâts, aies moeurs plus douces
& s’appiivoife jufqu’à un certain point , mais fans
s’attacher.
Plus foible que le rat, elle a plus d’ennemis
auxquels elle ne peut fe fouftraire. que par fon
agilité,, fa petitellè même. Les chouettes, tous
les oifeaux de nuit , les, chats, les fouines, les
belettes , les rats même lui font la guerre ; elle
fe laiffe prendre aifément à tous les pièges , &
depuis long-temps l’efpèce ne lubfifteroit plus fans
fon immenfe fécondité.
Les fouris produifent dans toutes les faifo.ns ;
les portées ordinaires font de cinq ou fix petits ;
en moins de quinze jours ils prennent allez de
force & de eroiffance pour aller chercher à vivre;
Ainfi, la durée de leur vie eft fort courte.
Ces petits animaux ne font point laids ; ils ont
l’air yif& même affez fin ; l’efpèce d’horreur qu’ôn
a pour eux,-n’eft fondée que fur les petites fur-
priies & fur l’incommodité qu’ils nous caufent.
Ils par biffent fuivre l’homme & fuir les pays inhabités,
par l’appétit naturel qu’ils ont pour le pain,
le fromage, l’huile, le lard, le beurre & les autres
alîmens que. l’homme prépare pour lui-même.
T outes lès fouris font blanchâtres fous le ventre ;
il y en a de toutes blanches ; il y en a aufti de
p in s ou moins brunes, de plus ou moins noires.
La fouris■ a environ trois pouces & demi, de
longueur depuis le bout du mufeau jufqu’à la
.queue qui eft longue de trois pouces un quart ;
.elle a la queue plus velue que le rà t, & le poil
plus court & plus doux. L’efpèce eft généralement
répandue dans les deux continens , mais on prétend
tque celles, qui fe trouvent dans le nouveau continent
y ont été apportées du nôtre.
- La fouris s’appelle en latin mufculus , mus
tninor, forex ; & on la trouve aufti défignçe fous
le nom. commun & générique de mus.
S o u r i s d e t e r r e . Voye% M u l o t .
SOUSL1K , ( le ) petit animal qui parojt devoir
vêtre rangé .dans la famille des rats Ô£. qui reffemble
beaucoup ,au campagnol par la figure ôç
en ce qu’il a de même la- queue courte ; mais ce
qui diftingue le fouflik du campagnol & de tous
les autres rats , outre fa grandeur, c’eft que fa robe,
qui eft d’un gris-fauve , eft femée par-tout de petites
taches d’un blanc vif & luftré, lefquelles n’ont
guère qu’une ligne de diamètre , & font à deux ou
trois lignes de diftance les unes des autres ; ces
taches font plus apparentes & mieux terminées
fur les lombes de l’animal que fur les épaules &
la tête.
On fait de la robe du fouflik d’àflez jolies fourrures
; ces petits animaux fe trouvent à Gafan &
le long du cours- du Volga; il s’en trouve aufti
dans l’Autriche.- Les Ruffes leur ont donné le
nom de fouflik qui veut dire , friand, parce qu’ils
font très-avide,s de fel ; auffi , on en prend un
grand nombre fur les barques chargées de fe l,
& dans les terres voifines des rivièresr fur lefquelles
ces barques flottent.
SOUTANDA, dans l’Amérique feptentrionale,
eft le nom du lièvre. Voye^ L i è v r e .
SPRINGBOK ou chèvre fautante, efpèce d$
gazelle qui fe trouve au cap de Bonne-efpérance,
Elle eft de la grandeur de Y axis ou cerf du Gange ,
mais le corps & les membres en font plus délicats
& plus déliés,, les jambes font plus hautes , le
pélage en général eft d’un fauve-jaunâtre ou d’une
couleur de canelle vive ; la partie poftérieure des
pieds , une partie du cou , la poitrine , le ventre
& la queue font d’un affez beau blanc à , Tex-
ceptipn de l’extrémité de la queue qui eft noire ;
le blanc du ventre eft bordé par une bande de
brun-rougeâtre qui s’étend tout le long du flanc ;
il y a auffi une : bande de brun - noirâtre qui
defcend depuis les yeux jufqu’au coin de la
bouche, & fur leffront une autre bande triangulaire
de fauve-jaunâtre qui defcend quelquefois jufqües
fur le mufeau où-elle finit en pointe, & qui en
remontant fur le fommet de la tête- où elle s’élargit
, fe joint au fauve-jaunâtre du deffus du
corps.
Le refte de la tête eft de couleur blanche;
elle eft de forme oblongue ; les narines font étroites
& en forme de croiflant ; leur cloifon répond à
la divifion de la lèvre fupérieure qui eft fendue ;
on y remarque un amas de petites éminences
hémifphériquesnoires , nues & toujours humides ;
les yeux font grands , vifs & pleins de feu ;
l’orifice de leurs larmiers eft prefque rond ; les
oreilles font auffi longues que la tête entière ôt
finiffent en pointe moufle. Les jambes de devant
paroiffent moins hautes que celles de derrière qui
font divergentes , de manière qu’en marchant,
fanimal femble fe balancer de côté & d’autre ;
les fabots dés pieds font petits & noirs , de même
que les cômes qui ont environ un pied de longueur
pivec douze anneaux à compter depuis la bafe,
ôç qui fe terminent en une pointe lifte.
Là femelle , dans cette efpèce , a des cornes
O o ij