
alongé ; les bords, en fe rapprochant &
en s’appliquant immédiatement l’un contre
l’autre, en ferment exactement l’ouverture.
La trachée-artère 8c les bronches, compo-
fées alternativement dans l’homme & dans
les quadrupèdes, d’anneaux cartilagineux 8c
d’anneaux membraneux , ne font formées
dans les oifeaux que d’anneaux cartilagineux;
ils font entiers 8c parfaitement circulaires,
au lieu que les anneaux cartilagineux, font
tronqués par derrière dans l’homme 8c dans
les quadrupèdes, 8c que ce qui manque de
cartilage eft remplacé par une membrane.
Cette différence n’eft pas la feule qu’il y
ait à remarquer dans la trachée-artère des
oifeaux ; elle eft en général plus longue à
proportion que dans les quadrupèdes ; ce
que les dimenfions du cou rendoient indif-
penfable ; elle eft d’une fubftance plus élaf-
tique ; 8c dans un nombre affez grand d’oi-
feaux, avant de s’engager fous le ftemum,
de fe bifurquer pour fe partager entre les
deux poulmons, elle fe dilate en une cavité
plus ou moins grande, irrégulièrement
arrondie, formée par un cartilage mince,
de conliftence à peu près offeufe, que fon
peu d’épaiffeur , fa fubftance, l’étendue
de fa furface rendent très-élaftique.
Dans d’autres oifeaux, comme le para-
qua, l’oifeau nommé le pierre , dans les enluminures
publiées par M. le comte de
Buffon, la trachée-artère, parvenue à l’entrée
de la poitrine, au lieu de s’y plonger,
fe propage fur un des côtés extérieurs du
fternum par-deffus les mufcles, defcend juf-
ques près du ventre , fe replie & remonte
vers la poitrine, dans laquelle elle ne s’engage
qu’après ce long contour.
■ ©n fent déjà en partie, d’après la longueur
plus grande de la trachée , d’après
fa texture toute cartilagineufe, plus mo-
bile‘& plus élaftique dans les oifeaux, pourquoi
leur voix eft plus for te, plus haute à
proportion que celle des autres animaux.
Dans plufieurs efpèces", le cri ou les accens
qui leur font propres r dépendent dupaffage
de l’air dans les renflemens de la trachée :
car fi, après avoir emputé 8c enlevé la
glotte dans ces oifeaux , on comprime 8c
on fouîève alternativement la poitrine, on
produit le même fon que ces animaux rendoient
étant vivans, ou avant qu’on eu
féparé la glotte d’avec la trachée.
Le poumon eft l’organe principal 8c immédiat
de la refpiration; on peut aufîi le
regarder comme le principal organe de la
v o ix , mais comme organe fecondaire qui
n’y contribue qu’en ce que l’air qui fert à
la former, eft exprimé de fes cavités. Ce
vifcère, très-ample dans l’homme 8c dans les
quadrupèdes, formé de canaux aériens 8c
de vaiffeaux fanguins, capable d’une grande
dilatation , eft contenu tout entier dans la
cavité de la poitrine.
Dans les oifeaux, le poumon eft d’une fiibf-
tance moins denfe; il n’eft pas fufceptible
d’une auflx grande dilatation ; il occupe
moins de placé dans la poitrine ; mais il
n’eft pas borné par fa cavité ; il s’étend au-
delà, & f e propage de chaque côté, jufques
dans le bas-ventre ; il y forme d’amples vé-
licules fufceptihles d’une grande expanfion ,
8c qui fuppléent de ce côté à la dilatabilité
dont manque la portion du. vifcère contenue
dans la poitrine.
Le poumon des oifeaux, moins ample
en apparence, 8c fi on fe borne à la partie
contenue fous les côtes, que celui des autres
animaux, ne l ’eft donc pas en effet ; il a’eft
pas, eu égard aux véficules par lefquelles
il fe termine, moins propre à fe dilater ;
il n’offre pas à l’air que fapefanteur y pouffe „
moins de capacité : il le reçoit, au contraire ,
en plus grand volume,. & il peut le contenir
plus long-temps.
Lorfqu’après l’infpiratîon , la poitrine
s’affaiffe, que la portion- du poumon eom-
prife fous les côtes eft compriméePair
n’en repaffe pas tout entier au - dehors par
la trachée, mais une partie pénètre dans
les véficules du poumon, fituées fur les
côtés du bas-ventre, les dilate 8c les remplit.
C’efî par cette raifon que le - ventre
des oifeaux, par un mouvement inverfe
de celui qui a lieu dans l’homme 8c dans
les. quadrupèdes , s’élève dans le temps
de l’expiration 8c s’affaiffe dans celui de
l’infpiration ; car dans cet inftant- les. v if-
cères 8c les raufcles du bas-ventre, que -ln
dilatation des véficules avoft comprimées ,
fe rétabliffant dans leur état, ils compriment
à leur tour les véficules , d’oh l’air
repaffe dans le poumon proprement dit,
au moment oh la poitrine fe dilate.
On fent, d’après la texture moins denfe
du poumon, comment un air plus léger peut
le dilater dans les régions élevées ; d’après
fa capacité, y compris celle des véficules,
d’après leur expanfion inverfe de celle du
poumon proprement dit , comment la
refpiration des oifeaux eft plus longue ;
double en quelque forte de la durée de
celle des animaux terreftres,. comment ils
ont befoin de refpirer moins fouvent, 8c
ils peuvent refpirer librement, emportés
par lé mouvement le plus rapide ; on fent
de même comment les oifeaux pouvant ou
pouffer plus d’air à-lâ-fois à travers un canal
plus long, plus élaftique, rendent des fons
plus forts, ou ayant la faculté de ménager
ce même air , de l’exprimer à volonté
8c de le pouffer à leur gré vers les parois
de la glotte plus ou moins ouverte qu’il
fecoue dans' fon paffage, leur voix eft plus
haute, a plus d’inflexions 8c de tenue ; car
c’eft la glotte, qu i, dans les oifeaux, eft le
principal organe du chant,, modifié fui--
vant qu’elle eft dilatée, ou refferrée, que
fes parois font tendues ou relâchées par
l ’aftion des mufcles qui les font mouvoir,
tandis que les agens qui compriment le
poumon 8c fes appendices véficulaires. expriment
à-la-fois , plus ou moins d’air ;
8c les mouvemens dont eft agité le gofier
de l’oifeau. qui chante , réfultent de la
dilatation ou de la contraftion dé la glotte,
des fecouffes qu’elle éprouve de la part
de l’air qui la traverfe, des mouvemens
des' mufcles qui agiffent fur elle pour la
dilater ou la refferrer..
Cependant, le méchanifme que je viens
d’expofer, d’après les auteurs, laiffe une
grande difficulté. Il eft malaifé de comprendre
comment l’air paffe des véficules
du bas-ventre dans le poumon foulev é,
au moment de l’infpiration , par un air
nouveau ; comment l’air exprimé des vé-
ficules n’eft pas refoulé par l’air qui s’introduit
dans le poumon,. ou ne rëpouffe
pas: l’air nouveau qui y pénètre. Cette
| m
difficulté eft en grande partie applanie par
la découverte de M. Camper, célèbre ana-
tomifte hollandois. Il a appris 8c fait voir
que l’air paffe, dans les oifeaux, du poumon
dafis l’os de l’aîle qui répond à l’os
du bras , 8c qu’il s’introduit jufque dans
les plumes. Si à la furface de cet o s , qui
eft fort grand, 8c creux à fon intérieur,
fans moelle ni autre fubftance qui rem-
plift'e fa ca vité, on pratique un trou , ôc
que foufflant avec un fiphon dans le poumon
, on préfente à l’orifice du trou une
bougie , il en fortaffez d’air pour qu’elle
foit éteinte.
Dès-lors on comprend comment, dans
l’inftant de l ’infpiration, un air nouveau
s’introduifant dans la partie du poumon
adhérente aux côtçs, qui n’eft, en quelque
façon, qu’un fimple canal, l’air qui eft
exprimé des véficules abdominales comprimées,
foulé entre la puiffance qui les
refferre 8c l’air frais qui s’introduit dans
le poumon, s’échappant par oii il ne trouve
pas de réfiftance, s’introduit dans l ’os de
l’aîle 8c pénètre jufques dans les plumes.
N’eft-il pas probable que ce cours de l’air
qui a été refpiré , a deux effets ? Que l’air
exprimé des .véhicules s’échappe par une
infinité de canaux ou de pores exhalans ,
ouverts à la furface de l’os de l’aîle 8c dans
le trajet des plumes ? Q ue, d’un autre côté ,
cet a ir , raréfié par la chaleur qu’il vient
d’éprouver , dilate la capacité des plumes,,
en remplit le tuyau 8c les pores, ainfi que
la cavité de l’os de l ’aile ; que cet air ,
moins pefant que celui de l’atmofphère ,
rend les oifeaux plus légers. Quoi qu’il
en foit de cette conjeâure, la découverte
de M. Camper applanit, en grande partie ,
8c diflipe peut-être tout-à-fait, la difficulté
qui reftoit fur la manière dont les oifeaux
refpirent.
Les mufcles intercoftaux, ceux du bas-
ventre , 8c le diaphragme, font les derniers
organes qui concourent au mouvement de
la refpiration.
Les mufcles intercoftaux font formés, de
deux plans. Ils fervent à élever, les côtes
ou. a les abaiffer. Dans le premier cas , 1m
poitrine eft amplifiée, Sc le poumon , qui