
rentes efpèces m’engageroient dans des détails
qui deviendroient trop longs ; c’eft
fur-tout dans quelques-uns de ces oifeaux
que le principal organe de la digeftion rétréci
en certains points , plus épais dans
certaines parties, paroît partagé en deux,
quelquefois en trois eftomacs.
Les inteftins font dans les oifeaux ,
comme dans tous les animaux, un long
canal cylindrique, membraneux, fortifié
par quelques fibres mufculaires &c par un
grand nombre de vailfeaux fanguins, formant
des circonvolutions q u i, différentes
dans les diverfes efpèces, ne peuvent être
décrites en traitant des généralités ; mais
ce long canal admet dans les oifeaux, ainfi
que dans les autres animaux, la première
divifion en inteftins grêles & en gros inteftins
: il peut être partagé idéalement en
autant de portions ; & de même que dans
les Quadrupèdes qui ne fe nourriffent que de
végétaux, le canal entier eft bien plus long
à proportion que dans ceux qui fe nourriffent
de chair, il eft plus court dans les oifeaux
carnivores & pifcivores, & il a plus
d’étendue dans les granivores ; ' mais il y a
dans les oifeaux, qui ne font pas en général
aftreints, comme les quadrupèdes, à
un feul genre d’alimens, des variétés nom-
breufes dans la longueur du canal inteftinal,
comme il y en a dans la texture de l ’ef-
tomac, foit que ces variétés dépendent
des différentes habitudes des oifeaux dans
la manière de fe nourrir, fo it , comme il
eft plus probable, que ces variétés dans
l’organifation foient la caufe de l ’indifférence
pour le choix des alimens dans beaucoup
d’oifeaux.
On a long - temps cru, d’après la
forte ftruâure du géfier, d’après les frag-
mens de pierres dures qu’on trouve dans
fa cavité, qu’il rempliffoit la fonction des
dents ; que la digeftion dans les oifeaux
qui ont un géfier, s’opéroit par la feule
aâion de ce vifcère qui trituroit les alimens.
On a regardé ces oifeaux comme
fervant de preuves que la digeftion fe fait
par trituration. Ce fentiment, dont .les
fectaîciirs devenoient moins nombreux ,
a été totalement détruit depuis peu par les'
G É N É R A U X
expériences de M. l’abbé Spallanzani. Ce
phyficien a prouvé que la digeftion ne
s’opère pas par la feule force triturante du
géfier, quoiqu’elle y contribue &C qu’elle
l’accélère; mais quel eft l’effet de l’aâion
de différens fucs. Il me refte à ajouter,
relativement aux inteftins, que le cæcum
eft fouvent double dans les oifeaux, ôi
qu’en général cet inteftin a plufieurs appendices
dans ces animaux; que le rectum fe
termine en un épanouiffement ou une poche
qu’on nomme en latin cloaqua, dans laquelle
les excrémens s’amaffent 8c fe moulent, &C
s’y mêlent à l’urine qui y eft verfée par
les uretères ; qu’enfin l ’oviduclus s’ouvre
dans cette poche qui aboutit à l’anus.
§. I V .
Du pancréas, du foie, de la véfeule du fiel,
de la rate.
Les vifeères dont j’ai parlé dans le paragraphe
précédent fervent immédiatement
à la digeftion ; ceux dont je parle dans cet
artidey contribuent fecondairement, ou en
féparant, & verfant dans le canal inteftinal
des liqueurs qui agiffent fur la maffe alimentaire
, ou en préparant d’avance la fe-
crétion de ces fluides ; différens par la
forme, le volume, dans les divers oifeaux,
leur defeription particulière nepeut trouver
place dans un difeours général. Il fuffit
qu’on fçache que les anatomiftes ont reconnu,
dans les oifeaux, les vifeères dont
je parle; qu’ils ont jugé, d’après leur ref-
femblance dans la conformation, qu’ils ont
les mêmes ufages que dans les autres animaux
; que dans quelques efpèces, comme
le pigeon, il n’y a pas de véficule du fiel,
ou qu’on n’en a pas reconnu.
§• V.
Des reins.
Les oifeaux boivent peu en général, &
fur-tout ils boivent peu â la fois ; mais il
y en a , comme certains oifeaux aquatiques,
qui par des actes répétés, prennent une:
grande abondance de boiffon , cependant
ils ne paroiffent pas rendre d’urine ; ils
n’ont pas d’organe extérieur qui ferve à
lui donner d’iffue : c’en eft affez, pour que
le commun des hommes imagine que les
oifeaux n’urinent pas ; mais les anatomiftes
fçavent qu’ils ont deux reins, fitués, un
de chaque côté, à la partie interne, latérale
& fupérieure du baflin, immédiatement
deffous la partie externe qu’on nomme
le croupion; que les reins font fort amples,
applatis, compofés d’un grand nombre de
portions réunies les unes aux autres ; que
î’urine qu’ils féparent defeend de chaque
côté par un uretère ou tuyau membraneux
qui la verfe à peu de diftance de l’anus,
dans le renflement du cæcum qui eft 'aufîi
le réceptacle des matières fécales, folides,
auxquelles l’urine fe mêle ; c’eft par cette
raifon que les excrémens des oifeaux, de
ceux-meme qui ne fe nourriffent que de
grains, font toujours mois, fort humides
& fouvent délayés. La defeription des reins
des oifeaux & la comparaifon avec les
reins des autres animaux appartiennent
à l’anatomie comparée.
$. V I ,
Des organes qui fervent à rendre des fons , &
de ceux de la refpiratittn.
Des animaux q u i, tantôt placés à la fur-
face de la terre, tantôt élevés dans la
moyenne région, refpirent alternativement
un air pefant ou léger, chaud ou froid,
humide ou fec, chargé d’exhalaifofts ou
dégagé de vapeurs étrangères, dont la ref-
piration eft auffi libre quand ils font emportés
au haut des airs par un mouvement
violent & de longue durée; que
quand, fixés pour quelque temps fur la
terre, ils s’y tiennent dans l’état de repos
ou n’y prennent qu’un exercice doux
& modéré, dont les aecens font aigus ,
perçans, dont la voix forte, d’une longue
tenue, flexible, rend des fons variés; de
tels animaux doivent néceffairement avoir
les organes dë la refpiration, & ceux qui
fervent à rendre des fons, autrement modifiés
que les animaux q u i, fixés à la fur-
face de la terre, y refpirent toujours le
même a ir, dont la courfe la plus rapide,
comparée au vo l des oifeaux, n’eft qu’un
mouvement fans vîteffe, dont les , accens
font graves & Lourds; qui, à proprement
parler, n’orit point de v o ix , & ne rendent
que des fons rauques, défagréabtes, entrecoupés
: c’eft ce que nous allons avoir lieu
d’obferver par rapport aux oifeaux.
La trachée-artère, les bronches, les poumons,
le diaphragme, les mufcles intercof-
taux & abdominaux, font les organes qui
fervent à la refpiration & à la formation des
fons que rendent les animaux, foit que ces
organes contribuent immédiatement à ces
deux fondions , ou qu’eHes en dépendent
fecondairement.
La trachée-artère dans l’homme & dans
les quadrupèdes eft couronnée par le larynx,
qui en eft regardé comme la partie ftipe-
rieure ; c’eft une protubérance & une cavité
dont les parois font formées par plufieurs
cartilages, & au fond de laquelle eft fituée
l ’ouverture de la trachée qu’on nomme la
glotte.
Lors dû paffage des alimens de la bouche
dans l’oefophage, la glotte eft couverte &C
bouchée par un des cartilagès du larynx que
la bafe de la langue y applique, &C qu’on
■ nomme épiglotte. Cette précaution étoit né-
ceffaire dans l’homme & dans les quadrupèdes,
parce que l’cefophage étant placé
derrière la trachée, les alimens feroient
tombés dans fon ouverture , fi elle n’eût
pas été couverte au moment de leur paffage :
mais dans les oifeaux il n’y avoit pas befoin
d’épiglotte, & il n’y en a pas , parce que
l’oefophage étant fitué latéralement, & non
derrière la trachée, il y a moins de rifque
que les alimens ne s’y engagent, & que d’ailleurs
la glotte, dans les oifeaux, le ferme
elle-même exactement par une contraction
qui lui. eft propre.
L’épiglotte n’eft pas la feule partie qui
manque aux oifeaux ; ils n’ont point de laryn
x , à moins qu’on ne laiffe ce nom, mais
fort improprement, ce me femble, aux
bords fupérieurs de la glotte. Son ouverture
eft oblongue ; elle forme urj ovale très-
Tt i j