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L’autruche appartient à l’ancien Continent, 8c
fe trouve dans l’Afrique 6c la partie la plus
chaude de l’Afie : fa grandeur , fa forme 8c les
fingularités qu’elle prélente , ont été autant de
eaufes que Yautruche a été un des premiers animaux
qui aient fixé l ’attention de l’homme ; il-en
eft queftion dans le plus ancien des livres facrés 6c dans les ouvrages d’Hérodote, le plus ancien
des auteurs profanes.
L’autruche pèfe de foixante & quinze à quatre-
vingt livres : une malfe auffi l’ourde la rapproche
des grands quadrupèdes , 8c femble l’éloigner des
oifeaux ; des auteurs célèbres l’ont comparé avec
les uns 8c les autres, lui ont trouvé tant à l’extérieur
qu’à l’intérieur beaucoup de rapports avec
les quadrupèdes , 8c de fortes diffemblances avec
les oifeaux. D’autres, au contraire, penlènt que
Xautruche ii’a avec les quadrupèdes que les rapports
généraux qu’on trouve également entr’eux 8c tous les oifeaux. Mais ces rapports font exprimés
d’une manière plus fenfible dans un ‘animal
beaucoup plus grand , 8c deviennent plus frappans
par cette raifon. Il n’appartient qu’à l’anatomie
comparée , qui n’entre pas dans mon plan , de fixer
l’opinion fur cette diverfité de fentiment.
SJ autruche eft très - féconde ; M. de Buffon dit
qu’elle fait plusieurs pontes par an, de douze ou
quinze oeufs chacune ; il ne fixe pas le nombre
des pontes ; elles commencent vers le folftice
d’été’, enforte qu’elles ont lieu en.juillet dans
l’Afrique feptentrionale , & en décembre dans
l’Afrique méridionale.
\2autruche fous la zone torride dépofe fes oeufs
fur un amas de fable qu’elle a ramaffé, les confie
pendant le jour à la feule chaleur du foleil 8c
jie les couve que la nuit ; mais elle ne leur
en eft pas moins attachée ; elle ne s’en éloigne
jamais 8c ne les perd pas de vue un infant. Il
eft probable qu’elle couve , 8c avec plus d’afli-
duité à proportion que la chaleur eft moins forte
dans la contrée qu’elle habite. Ses oeufs font très-
ros , la coque èn eft fort épaiffe J ils font d’un
lanc teint légèrement de jaunâtre.
te s jeunes autruches font ea état de marcher
au fortir de l’oeuf 8c de chercher leur nourriture.
Dans des régions très-chaudes la mère n’en prend
aucun foin ; ils n’en ont. pas befoin, 8c elle les
abandonne peu de temps .après qu’ils font nés ;
mais dans les pays ou la chaleur eft moins forte,
pu l’incubation leur eft néçeffaire , elle continue
pendant quelque temps de les tenir aftemblés
auprès d’elle.
On a vu des autruches pondre dans la ménar
gerie de Verfailles ; mais quoi qu’on eût procuré
à leurs oeufs le dégré de chaleur artificielle qui
pouvoit être néçeffaire , ils n’ont rien offert, 8’après qupi l’on pût penfer qu’ils étoient féconds.
Les jeunes autruches font couvertes la première
jannée par des plumes d’un gris cendré fur tout le
porps ; mais à b première piuç il rçpouffe dç
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plumes que fur les parties que j’ai dit plus haut
en être couvertes dans les autruches adultes.
Les végétaux font la principale nourriture des
autruches ; cependant elles avalent avec voracité
tout ce qu’elles rencontrent, mêmes les fubftances
les plus dures, comme les pierres, les métaux, 8cc. ; on croit communément qu’elles digèrent ces
fubftances-, qui par leur nature ne peuvent leur,
fournir d’aliment., 8c qui ne font qu’en partie altérées
par la force compreflive des mufcles du
ventricule & par l’aélion du fuc digeftif. Ce n’eft
donc point pour fe nourrir que les autruches avalent
tout ce qu’elles rencontrent, mais peut-être
par le défaut de fenfibilité dans l’organe du goût;
en effet, les anatomiftes n?ont point trouvé fur
leur langue les houpes nerveufes , defquelles
dépend la délicateffe de ce fens ; peut-être âuflt
les autruches n’avalent - elles des corps durs que
comme les autres oifeaux avalent des grains de
fable, pour fuppléer à la trituration dont elles
font privées par le défaut des dents. Elles habitent
les lieux les plus folitaires 8c les plus
arides ; fi l’on en croit les Arabes, elles ne boivent
jamais : elles vivent en troupes nombreufes
dans les déferts ou l’homme les pourfuit , pour,
fe nourrir de leur chair , de leur fang , de leur,
graille , 8c -fe parer ou trafiquer de leurs dépouilles.
Le mantèque, met fort eftimé des Arabes, eft
le fang de Xautruche mêlé à fa graiffe. Pour l’ob-,
tenir, lorftme les chaffeurs ont pris une autruche
il la reffaflent comme on feroit une outre qu’on
voudroit rincer ; puis par une ouverture faite à
la gorge, ils reçoivent le mantèque qui coule fous
la confiftance d’une huile figée ; il paroît que c’eft
le fang mêle, avec la graille qui couvre les in-
teftins ; on en obtient quelquefois jufqu’à vingt
livres d’une feule autruche. Leur chair eft eftimée
par„ les habitans de la'Lybie 8c de la Numidie.
Tout le monde fçait quel eft l’ufage des plumes
d’autruche, à quels ornemens elles fervent même
parmi nous. On- y ait par des monumens fort
anciens , que les mêmes ufages remontent aux
temps les plus reculés.
Quoique les autruches n’habitent que les lieux
déferts , elles fe font facilement à la vue de
l’homme 8c s’apprivoifent fans peine, mais pas
affez pour contraéler de la docilité 8c de l’obéif-
fance. On en a vu dont des hommes fé fervoient
comme de monture , piais fens pouvoir régler
leur marche , ni l’arrêter. Leur force eft fi grande
que le poids de deux hommes ne paroît ni trop
les charger , ni retarder leur courfe ; elles fur-
paffent le cheval en vîteffe , 8c cependant c’eft
avec le cheval qu’on les i court ; mais on ne les
force pas d’abord; il feroit impolfible.de les at-
teindrè fi elles prenoient une fuite précipitée ; on
les inquiette feulement affez pour les empêcher
de s’arrêter à prendre de la nourriture, 8c lorf-
qu’qh Içs croit épuifées* au bout d’un jour oy,
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deux de pourfuite , le chaffeur fond deffus au
grand galop 8c les affomme à coup de bâton ,
pour que le fang qui pourroit couler , fi on em-
ployoit un autre moyen , ne gâte pas les plumes.
A utruche a c a pu ch o n . Vbyei D ronte.
A y tR ucH E d ’o c c id e n t . V'oye^ T o u y o u .
A utruche v o l a n t e . V. O u ta r d e d’Afrique.
AVERANO.
Cotinga tacheté. B R iss. , tom. lljp ag . 334.
u4ve de verano en Portugais.
Guira punga par les Brafiliens. UlAB.CG.pag. 201.
Cet oifeau eft du XXIII genre ; fa taille approche
de celle d’un pigeon ; il eft remarquable
par des appendices charnus , noirs , longs d’un
pouce qui pendent fous la gorge 8c dont la forme
eft celle d ’un fer de lance.
La tête du mâle eft couverte de plumes d’un
brun foncé; les pennes des ailes font noirâtres ;
les petites couvertures 8c les grandes le font auffi ;
mais les dernières font mêlées de verd brun ; le
refte du plumage eft cendré, mêlé de noirâtre
fur le dos , de verdâtre fur le croupion ; la queue
eft de la même couleur 8c excède les aîles de
toute fa longueur qui eft de trois pouces; l’iris
eft d’un noir bleuâtre ; le bec 8c les pieds font
noirs ; la couleur eft plus foncée fur le bec :
l’averano mâle ne fait entendre fa voix, qui eft
très-forte , que pendant les mois de décembre 8c de janvier, qui font ceux des plus fortes chaleurs
au Bréfil. Tantôt c’eft un ion femblable à
celui d’une cloche fêlée , tantôt un bruit femblable.
a celui qu’on feroit en frappant fur un coin de fer
avec un inftrument tranchant.
La femelle , plus petite que le mâle, n’a point
d’appendices fous le cou. Son plumage eft un
mélangé de noirâtre, de brun 8c de verd clair ;
le brun domine fur le dos , le verd clair fur la
gorge, la poitrine 8c le deffous du corps.
La chair de Xaverano eft ün comeftible agréable
& nourriffant.
AVILLONER. ( F a u c . ) Donner de l’avillon
ou , ferre de derrière.
AYILLONS. ( Fauc.) Serres ou doigts de
derrière.
AYOCETTE.
SJavocette eft’un oifeau palmipède : elle a quelque
rapport avec le. phænicoptère, 8c elle diffère des
autres oifeaux palmés par la longueur de fes jambes,
mais elle ne fe rapproche d’aucun oifeau 8ç
elle s’éloigne de tous, au contraire, par la forme
fingulière de fon bec. C’eft une efpèce ifolée ,
on des effais de la nature ,iuivant l’exprelfio.n de
M. de Buffon, dont elle n’a pas multiplié les
Variétés.
M. Briffon a placé Xavocette dans le CXIV
genre de fa méthode ; il dit que fa longueur , du
bout du bec à celui de la queue , eft d’un pied cinq
pouces ; qu’elle a deux pieds près de quatre pouces-
de vol , que la longueur de fon bec eft de trois
pouces cinq ligues.
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La. partie fupérieure de la tête 8c du cou jufqu’à
moitié de fa longueur font noires, tout le refte
du plumage eft d’un beau blanc, excepté une
large bande d’un npir luftré qui s’étend lur l’aîle
de chaque côté ; les grandes pennes des aîles font
blanches à leur origine 8c noires dans leur Ion-»
gueur : cette couleur commence d’autant plutôt
lur chaque plume de l’aîle, qu’elle eft plus extérieure
; le bec eft noir, d’une fubftance tendre,
prefque membraneufe à fa pointe ; elle m’a paru
fort reffemblante à de la baleine ; il eft difpofé,
pour ainfi dire , à contre-fens, fléchi de manière
que fa courbure tournée en haut présente un arc
de cercle relevé , dont le centre eft au-deffus de
la tête, 8c dont la pointe revient en-devarit.
Avec un bec tel que celui que je viens de
décrire , Xavocette eft fans défenfe , ne peut ni
becqueter ni prefque rien faifir , 8c il eft difficile
d’imaginer comment elle fe nourrit ; on croit que
c’eft au frai des poiffons 8c de vers qu’elle cherche
parmi l’écume des eaux 8c la vafe. On trouve
dans fon eftomac une matière gélatineufe dans
laquelle on peut reconnoître les débris des deux
fubftances qui lui fervent d’aliment. Elle fréquente
les rivages de la mer, 8c de préférence les embouchures
des. fleuves 8c des rivières ; quelquefois
cependant, mais rarement, elle s’enfonce dans les
terres en fuivant le bord des eaux ; elle eft de
paffage 8c féjourne très-peii ; elle paroît venir des
pays Méridionaux au printemps , éc y retourner
à l’automne ; fes mouvemens font prompts -, agiles 8c ont dè la gracé; elle eft craintive, difficile à
approcher 8c ne donne dans aucun piège, parce.
que fans doute il n’y en a pas dans lefquels on lui-
préfente un appas qui lui convienne. M. de Sa-
lerne affure que l’efpèce en eft fort abondante
en Poitou ; qu’elle y fait fon nid 8c que les payfans
en ramaffent les oeufs par milliers ; il n’en eft pas
de même des autres provinces du royaume ; on
y voit rarement Xavocette 8c elle n’y paroît qu’en
paffant; elle s’avance iufques dans les provinces
du nord de l’Europe. Jufqu’ici les naturaliftes
avoient borné XavocetteJa. cette partie du monde;
mais je l’ai reçu de la Louifiane plufieurs fois ;
elle appartient donc au nouveau comme à l’ancien
Contient, 8c il paroît que dans l’un 8c l'autre ,
elle fe renfermé fous les, climats tempérés.
Les différences qui fe trouvent entre Xavocette
de la Louifiane 8c celle d’Europe, confiftent principalement
dans la grandeur. Celle de la Louifiane
eft d’un tiers environ plus grande ; elle n’a point
de noir ni fur la tête , ni fur le cou. Il eft dans
toute fa longueur, en arrière , d’un blanc fal’i de
grifâtre , ainfi que le derrière de la tête ; la ref-
femblance eft d’ailleurs parfaite entre les deux
avocettes.
AZUR (petit).
Gohe-mouche lieu des Philippines. PI. enl. 666.
Ceftun gohe-mouche ou un oifeau du XXIV genre;