
couleurs, contre les oifeaux, & en excitant |
l’idée d’une chofe faûice, de la répandre en 1
partie fur les oifeaux mêmes.
La manière de difpofer les oifeaux, que
je viens d’indiquer, peut également convenir
, foit pour une collection deftinée à
l ’inftruûion, foit qu’on n’ait en vue que
d’en faire un objet d’agrément ; les oifeaux
pofés fur des arbres, à des diftances convenables
, font plus à découvert que de
toute autre manière ; il eft plus facile de
les bien voir en général, de les obferver
chacun en particulier, & de les comparer;
ils occupent moins de place ; & rangés
même dans une méthode claflique, ils forment
un enfemble dans lequel l’agrément
ell réuni à l’inftruûion.
Quelques perfonnes préfèrent cependant
des arbres faits de fils de laiton liés & contournés
enfemble , couverts d’une pâte de
carton qu’on colore quand elle eft sèche ; le
tronc eft compofé des fils réunis ; ils forment
les branches & les rameaux en fe divifant;
ces arbres, qu’on ne manque pas de charger
de beaucoup de feuilles, de fleurs, & quelquefois
de fruits, enfermés fous une cage
de verre étroite, plantés dans une planche,
ne m’ont jamais paru produire un bon effet;
à force de tendre à approcher de la nature,
ils s’en écartent , parce qu’ils reffemblent
trop & pas affez à de véritables arbres. Leur
reflemblance imparfaite , en avertiffant au
premier coup-d’ceil qu’ils font faûices, répend
quelque chofe de la même idee fur les
oifeaux ; d’ailleurs comme ils ont été préparés
d’avance, les branches ne fe trouvent jamais
à des diftances convenables,&àvoirla
manière dontles oifeauxyfontperchés,dont
ils font cachés par les feuilles & effacés par
les fleurs, on croiroit que ce font eux qui ont
été préparés pour orner les arbres plutôt
que les arbres pour les foutenir ; ils remplif-
fent encore très-mal ce dernier objet ; les
oifeaux vacillent fur des branches trop
foibles, elles fléchiffent fous le poids, elles
font entraînées de côté & les oifeaux y
paroiffent moins perchés qti’accrochés. Ces
arbres fo n t, comme il arrive dans bien
d’autres objets de luxe, une invention potir
exécuter fort mal, avec appareil, à plus
grands frais, ce qu’on rend beaucoup mieux
d’une manière Ample & avec peu de dé-
penfe. Ils peuvent convenir aux 'curieux
de belles cages, mais en aucune manière
à ceux qui le font d’üne colleûion bien
faite.
Après avoir indiqué la forme, les dimensions
des boëtes deftinées à recevoir
une colleûion, la pofition dans laquelle
elles doivent être placées, & la manière
d’y arranger les oifeaux, il me refte, pour
terminer ce difcours , à parler des foins
néceffaires pour conferver la colleâion.
Les oifeaux bien préparés, j’entends par
cette exprefîion ceux pour lefquels on n’au-
roit employé aucune fubftance capable d’altérer
à la longue leur peatt, ni leurs plumes
, comme on le fait quelquefois dans
la vue de les garantir de l’attaque des infeûes,
ces oifeaux , dis-je, enfermés dans
des boëtes bien clofes, pourroient fe conferver
très-long-temps. Chine fçauroitmême
prévoir qu’elle feroit leur durée , parce
que depuis le temps qu’on a commencé à
former des collections , les oifeaux , fi
fouvent détruits , ne l’ont pas été par leur
propre décompofition, mais toujours par
les ravages des infeûes. Ceux qui y ont
échappé, au bout de v in g t, de trente ans
& plus, n’offrent aucun indice d’après lequel
on puiffe calculer le temps qu’ils peuvent
encore durer fans perdre ni leur forme
ni l’éclat de leurs couleurs. Les oifeaux
pourroient donc fe çonferver un efpace de
temps très-long , & jufqu’à préfent indéterminé.
Mais leur durée eft fouvent
abrégée par des infeûes, dont les uns en
dévorent la peau, les autres les plumes.
Avant de parler des ravages que caufent ces
infeûes, je dirai un mot d’un autre accident
qui arrive quelquefois aux colleûions ,
& de la décompofition lente des parties de
quelques oifeaux.
Quand les pièces deftinées à contenir
une colleâion font humides par quelque
caufe que ce fo it, lorfque les boëtes font
appliquées contre des murs ou nouvellement
conftruits, ou vieux & imprégnés
de falpêtre , il arrive quelquefois en hiver
que l’humidité pénètre à l’intérieur des
boëtes, & que les oifeaux fe couvrent de
ces produûions végétales qu’on a nommées
tnoîjîflures. On peut prévenir cet inconvénient
ou y remédier quand il a lieu.
On le prévient, en plaçant un poêle
dans les endroits humides par leur pofition
, ou Amplement en ayant foin d’ouvrir
les fenêtres , de renouveller l’air lorfqu’il
eft frais & fec ; quand les murs font nouvellement
conftruits, ou imprégnés de falpêtre
, il ne faut pas y appuyer immédiatement
les boëtes ; mais, entre elles & le
mur, il convient de laiffer un efpace vuide,
de quelques pouces , à travers lequel l’air
circule & difîipe l’humidité dont il fe
charge.
Lorfque, malgré les précautions dont
je viens de parler, ou parce qu’on les a
négligées, on s’apperçoit que les oifeaux
font couverts de moiliffure , il faut, ou
allumer le p o ê le , s’il y en a un dans la
pièce , ou profiter d’un jour où l’air foit
frais & fe c , pour ouvrir les boëtes, attendre
que l’air de la pièce foit defféché , ou
par l’effet du poêle , ou par le renouvellement
de l’air introduit du dehors par les
croifées. Alors , en paffant fur les oifeaux
une plume à écrire , qu’on tient horifon-
talement, & qu’on fait agir du côté où les
barbes font les plus courtes, on enlève
aifément la moififlùre , fans qu’il en refte
aucune trace : mais fi on vouloit l’enlever
avant que l’air fut bien defféché , elle fe
pelotonneroit, fe rouleroit autour des plumes
, & on ne l’enleveroit qu’imparfaite-
ment : les parties qui en font le plus chargées
ordinairement, & qui en font couvertes
les premières , font le bec à fa
racine, les pieds, le deffus du croupion ,'
les côtés de la tête-, le moignon des aîles.
Il arrive fouvent, au bout de quelque
temps , que fans qu’aucun infeûe ait endommagé
les oifeaux , on apperçoit fur le
fond des boëtes une pouflière fine; fouvent
même les plumes en font chargées. Cette
pouflière fe montre plutôt, & eft plus abondante
fur les oifeaux d’eau, fur ceux qui font
grands , que fur les oifeaux de terre &
ceux qui font petits. J’ai voulu fçavoir ce
qu’elle pouvoit être ; je l’ai ramaffée avec
les barbes d’une plume. Réunie en maffe
fuflifante, elle m’a paru grisâtre à la vue :
je l’ai trouvée onûueufe au toucher, & elle
exhaloit une odeur d’huile rance : jettée fur
les charbons allumés, elle répandoit une
odeur animale, & fe bourfouffloit en brûlant.
J’ai c ru , à ces indices , y reconnoître
des détrimens de la fubftance médullaire
qui remplit le tuyau des plumes, de la
moëlle que contiennent les relies des os
qu’on conferve., des parties graiffeufes qui
demeurent attachées à la peau. Dès - lors
cette pouflière ne m’a plus inquiété pour
la confervation des oifeaux. Sa formation
eft trop lente pour craindre qu’elle annonce
une deftruûion prochaine , & il ne m’a pas
d’ailleurs paru qu’elle fut en rien le produit
de la peau& des plumes, qui font les feules
parties dontla confervation foitintéreffante.
Une pouflière d’un autre genre pourroit
auflî caufer de l’inquiétude aux perfonnes
qui n’en auroient pas remarqué l’origine.
Celle-ci eft brune ou noirâtre ; elle eft com-
pofée de parcelles femblables à de petites
écailles, & rude au toucher, quand on la
preffe entre les doigts. Ce font des fragmens
détachés par une forte de reffort, & par
l’effet de l’humidité, des fils de fer qui
excèdent les pieds, & qui fervent à fixer les
oifeaux ; auffi cette pouflière eft plus abondante
près des pattes que par-tout ailleurs ;
cependant quelquefois elle en eft à une
affez grande diftance , ce qui m’a fait dire
que les fragmens en étoient élancés par
une forte de reffort.
Je n’ai décrit les deux efpèces de pouf-
fière dont je viens de parler, que pour
raffurer les perfonnes qui pourront les
obferver , & apprendre à les diftinguer
d’autres pouflières qu’il eft très-important
de connoître , parce qu’elles indiquent la
préfence des infeûes deftruûeurs, & que
tandis qu’ils font couverts & cachés par
les plumes , on peut, fans les v o i r , juger
de leur efpèce, d’après les pouflières qu’ils
produifent.
Depuis vingt & quelques années que
j’ai obfervé des oifeaux préparés & réunis
en co lleâ ion, je n’ai reconnu qu’un petit
nombre d’infeûes qui les détruifent dans
nos climats ; car ailleurs il peut y avoir
des infeûes deftruûeurs des oifeaux deffé-
chés, différens de ceux que j’ai remarqués à
Paris ; de même que ceux-ci peuvent ne