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«eux des poules & des oifeaux ; elle tue & mange
aufli les petits crocodiles, quoiqu’ils foient déjà
très-forts peu de temps après qu’ils font fortis
de l’oeuf, & c’eft en vertu de cette antipathie
pour le crocodile, qu’on a prétendu fauffement
que la mangoujle entroit dans fon corps lorfqu’il
.étoit endormi , &. n’en fortoit qu’après lui avoir
déchiré les entrailles.
La mangoujle a dû, comme les autres animaux
domeftiques, fubir des variétés. Il y en a de
plus grandes, dé plus petites, & de poils diffé-
rens; mais cette diverfité de couleur & cette
différence de grandeur ne fuffifent pas pour conf-
tituer des'efpèces, comme l’ont fait les Natura-
liftes. En Egypte, où les mangoujles font, pour-
ainfi-dire, domeftiques, elles font plus grandes,
qu’aux Indes , où elles font fauvages.
u Les habîtans d’Alexandrie , dit Belon' ,
ont une bête nommée ichneumon , qui eft
particulièrement trouvée èn Egypte ; on la peut
apprivoifer ès maifons tout ainfi comme un chat
ou un chien. Le vulgaire a celle de la nommer
par fon nom ancien , car ils la nomment
en leur langue rat de Pharaon. Or nous avons
vu que les payfans en apportaient de petits
au marché d’Alexandrie, où ils font bien recueillis
pour en nourrir ès maifons , à caufe qu’ils chaffent
les rats... les ferpens, &c. Cet animal eft cauteleux
& épiant fa pâture... Il fe nourrit indifféremment
de viandes vives , comme d’efcarbots,
lézards, grenouilles , rats & fouris ; il eft friand,
des oifeaux, des poules & poulets ; quand il eft
.courroucé, il hériffe fon poil.... Il a une particulière
marque, c’eft un grand pertuis tout entouré
de poil, hors le conduit de l’excrément,
reffemblant quafi au membre honteux des femelles
, lequel conduit il ouvre lorfqu’il a grand
chaud ».
Cet animal croît promptement & ne vit pas
long-temps. 11 fe trouve en grand nombre dans
toute l’Afte méridionale, depuis l’Egypte jufqu’à
Java, & il paroît qu’il fe trouve auffi en Afrique
jufqu au Cap de Bonne - Efpérance ; mais: on ne
peut l’élever aifément ni le. garder long - temps
dans nos climats tempérés, quelque foin qu’on en
prenne ; le vent l’incommode , le froid le fait
mourir; pour éviter l’un & l’autre & confiyver
fa chaleur, il fe met en rond & cache fa tête
entre fescuiffes.
Son utilité en avoit Tait un objet de vénération
chez les anciens Egyptiens , & il ^mériteroit
.encore bien aujourd’hui d’être multiplié, ou du
moins épargné, parce qu’il détruit un grand
nombre d’animaux nuifibles, & fur-tout les crocodiles
, dont il fait trouver les oeufs , quoique
cachés dans le fable ; la ponte de ces animaux
eft fi nombreufe , qu’il y auroit tout à craindre
de leur multiplication, fi la mangoujle n’en dé-
ÿruifoit les germes.
J.I paroît, au refte, qu’il y a variété dans, cette
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efpèce ; car on trouve des mangoujles qui ont
le mufeau plus gros & moins lo n g , le poil & la
queue plus hériîlés &,plus lon g s , auffi bien que
les ongles.
La mangoujle eft Ÿichneumon des Grecs & des
Latins. Elle s'appelle aux Indes mangutia ou
mango ; c’eft la viverra niango de Koempfer ; fer-
penticida Jive muncos de Rumphius ; mus Pharao-
nis de Profper Alpin ; meles icneumon de Haffel-
quift.
MANICOU, par les nègres de nos ifles
eft le farigue. Voyeç ce mot.
MANITOU, dans le père Dutertre, eft le
farigue. Voye£ Sa r ig u e .
MANTICHORE, nom d’un animal fabuleux,
que l’on fuppofoit être un quadrupède cruel &
terrible , & dont on trouve des defcriptions pleines
de merveilleux dans Ctéffas, Ariftote, Elien &
Pline. Les Latins ont appelle cet- animal manti-
chora , d’autres martickora, & d’autres martiora.
Les Grecs l’ont nommé andropophage , mangeur
d’hommes. Suivant Ctéfias , cet animal eft de 1 couleur rouge, & a trois rangs de dents à chaque
mâchoire. Ariftote & Pline ajoutent qu’il a les
oreilles & lés yeux comme ceux de l’homtne ;
ils difent fon cri femblable au fon d’une trompette
, & aflùrent que l’extrémité de fa queue eft
hériffée de pointes, avec lefquelles il fe défend
contre ceux qui l’approchent , & qu’il darde
même au loin contre ceux qui le pourfuivent.
Enfin ils prétendent qu’il eft d’une telle agilité,
que fa courfe femble avoir la rapidité du vol.
Paufanias rapporte la plupart de ces contes , mais
fans y, donner confiance ; car il commence par
déclarer qu’il croit que cet animal n’eft autre
chofe qu’un tigre ; à quoi il y a toute apparence, &
fans doute que le danger d’approcher de ce terrible
animal, & la peur que fon afpeéf infpire , ont produit
ces fables populaires que les Naturaliftes n’ont
pas dédaigné de recueillir.
MANZAO ou MANZO, à Congo, eft l’éléphant.
Voye^ É l é p h a n t .
MAPACH, dans quelques endroits de l’Amérique
, eft le raton. Voye£ R a t o n .
MAPUR1T A , nom du zorille dans quelques
provinces de l’Orénoque. Voyeç Z o r i l l e .
MARAGUA ou MAR A GAI A , au Bréfil,
eft le margay. Voyeç ce mot.
MARAGUAO ou M ARA CAI A , dans Marc-
grave, eft encore le margay. Voye£ M a r g a y .
MARAPUTÉ , au Malabar, eft le même ani-*
mal que le fer val. Voyeç S e r v a l .
MARCASSIN, nom du- fanglier - jeune &
avant que fes défenfes n’aient ' pouffé. Voye^
S a n g l i e r .
MARGARZAHOC, nom fous lequel des relations
défignent un grând quadrupède de Mada-
gafcar, qui paroît être un onagre ou âne fauvage,
dont il a le braiement.
i MARGAY ( le ) , reffemble au chat fauvage
H par
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parla grandeur la figure du corps, il a feulement
la'tête plus quarrée, lé mufeau moins: court;
lesorérlles plus ^arrondies ; & la queue plus longue ;
fon poil eft auffi plus court que-• celui1 du ëhài
fauvage , !$l il eft marqué, de bandes , de rayes &
de' taches noires fur un fond de couleur fauve!
Le margày reffemble encore au ' chat- fauvage par
les habitudes naturelles , né vivant • que de petit
gibier ,-d’oiléaux &" de volailles ; il' eft- fort leftè
pour grimper fur lös arbresf, où il fe-tient caché;
Il ne court pasrvîte^'& toujours en Tautant.'1 Il
eft très-difficile à âpprivôifer, & ne :,perd‘ même
jamais fon naturel féroce.'
Les margay s produifènt en toutes faifons , &
font deux petits à la' fois , dans des-creux d’arbres
pourris. Ils font fort- communs à : la Guiane,‘
au : Bréfil , & danfs> {toutes ■ les autres ‘provîntes
de l’Amérique méridionale. ï^epickou de-la Loui-
fiane nous1 paroît être le même animal ; mais
l’efpèce en- eft moins commune 1-dans les pays
tempérés que dans lès climats chauds'..!
Le margay eû. le tepemaxtlaton. de Fernandez ;
maraguao five màracaia de Marcgrave ‘,feies fera
tigrina malakia de Barrère; chat fauvaze tirré de
Briffori. , . • ; ■ !'
MARIKINA, ( le) efpèce de finge de la
famille dés - fa^ouins , qui--a la- queue prefifue
une fois auffi longue que la tête & le corps pris
enfemble , les oreilles rondes & nues , de Idngs
poils d’un roux doré autour de la face, du-poil
prelque auffi long , cl’un blanc jaunâtre & lùifant
fur tout le reftè du corps, avec un flocon à
l’éxtrêmité. de la : queue : il marche à quatre
pieds. &l n’a qu’énviron. huit à neuf pouces de'
longueur. Il a les mêmes manières , la même-
vivacité & les mêmes inclinations que les autres
lagoums , , Ôc. ' il paroît être d’un tempérament
plus robufte , car il peut fubfifter pendant plusieurs
années, dans notre climat, pourvu qu’on
le garde pendant l’hiver dans une chambre à
feu. ! ..
Le marikina eft le cercôpithecus acarhna de Bar-
rere ; le petit finge lion de Briffon.
. M ARMONT AIN, MARMOTAINE, MARMOT
AN , en vieux françois marmotte. Voyeç
M a r m o t t e .
MARMOSA, au Bréfil, marmofe. Voye^ ce
mot. . > .
MÂRMOSE, ( la ) paroît former une efpèce
voifine de celle du fariguè’ ; ces deux animaux
fe reffemblent par la forme du corps, par .la'
conformation des pieds,- par la queue prenante
qui eft . couverte d’écailles dans la plus, grande
partie de fa longueur, & n’eft revêtue de poil
qii’à fon'prigine , par l’ordre des dents qui font
au nombre'de cinquante dans l?un & dans l’autre ;
les parties de la génération, tant du . mâle que
de la femellei marmofe , reffemblent par la forme
& par la- pofition à celles du farigue ; le gland
de la.verge.du mâle, eft fourchu: il eft placé
Hifioire Naturelle, Tom. T.
dkns' l’anus,- ’& cet orifice dans la femelle paroît
être aùfli l’orifice de la vulve ; eafaâères également
propres au farigue ; -mais la marmofe eft
bien) plus .petite que la farigue : elle- a le, mufeau
encore plus pointu ; la femelle n’a pas de poche-
fous le ventre comme celle du farigue, il y a
feulement deux plis longitudinaux près des
cuiffes;, entre lefquels les petits fe placent pour
s’attacher'aUx mamelles;
La naiffânce de ces petits femble être encore
plus: précoce dans l’efpèce de la marmofe .que
dans celle du farigue ; ils font à peine auffi gros
qué - des petites fèves; iorfqu’ils naiffent & qu’ils
vont s’attacher aux mamelles. Les portées font
auffi plus nombreufes. Il femble que ces petits,
au ihornent de l’exclufion, ne foient encore que
des foetus, ’qui même, comme foetus, n’ont pas
pris le quaft idé leur accroiffêment ; i’accouche-
meitt de -la mère1 eft! donc toujours 'une fauffe
couche préinaturée , & les foetus ne fauvent leur
vie naifiantë qu’fen s’attachant aux mamelles fans
jamais les quitter jufqu’à ce qu’ils aient acquis
le même degré d’accroiffement & de force qu’ils
âuroient pris naturellement dans la matrice.
■ La inarmbfe a les mêmes inclinations & les
mêmes moeurs que le farigue ; tous deux fe creu-
lè'nt -des -ter-rîers pour fe réfugier , tous deux
saccroèhent aux branches des arbres par l’extrémité
de leur queue, & s’élancent de-là fur les
oifeaux & fur les petits animaux ; ils mangent auffi
des fruits , des graines & des racines, mais- ils
font encore plus friands de poiffofl & d’écreviffes,
qu’ils pêchent , dit-on, avec leur queue; ces;
animaux habitent les contrées méridionales &
tempérées de l’Amérique ; mais on ne les trouve
pas dans les pays froids* #
La Ttiarmoje. eft le didelphis marina de Linné ;
lephilandre d’Amérique de Briffon ; le mus fylvefiris
americanus fcalopès diElus de Seba. Nota que ce
nom grec fcalopès que Klein- & Briffon adoptent ,
eft -très-mal appliqué à la marmofe_, qui ne fut
point-connue des Grecs.
MARMOTTE, ( la) a le nez, les lèvres & la
forme de la tête du lièvre, le poil & les ongles
du blaireau, les dents du caftor, la mouftache du
chat, les yeux du loir, lés pieds de l’ours, la
queue courte & les oreilles tronquées : la couleur
de fon poil fur le dos eft d’un roux brun, plus
ou moins foncé ; ce poil eft affez rude ; mais celui
du ventre eft doux , touffu & roufsâtre.
Quoiqu’elle ne foit pas tout- à - fait auffi grande
qu’un lièvre, elle eft bien plus trapue, & joint
beaucoup de force à beaucoup de l’oupleffe. Elle
a les quatre dents du devant des mâchoires affez
longues & affez fortes pour bleffer cruellement.
Cepèndarit elle ne fait de mal à perfonne, à
moins qu’on ne l’irrite ; elle'ronge les meubles,
! les’ étoffes, & perce même le bois lorfqu’elle eft
; renfermée.
: Comme elle a les cuiffes très-courtes &. les
A a