
vient à lui, & s’en laiffe approcher fans apparence
de crainte.
La chair du glouton eft très-mauvaife à manger
; on ne le cherche que pour en avoir la peau ,
qui fait une très-bonne & très-magnifique fourrure
, au-deffus de laquelle on ne met que celle
de la zibeline & du renard noir ; & l’on prétend
que quand elle eft bien choifie , bien préparée ,
elle a plus de luftre qu’aucun autre , & que fur
un fond d’un' beau noir , la lumière fe réfléchit
& brille par reflets comme fur une étoffe da-
mafféë.;
On trouve cet animal affez communément dans
toutes les terres voifines de la mer du Nord ,
tant en Europe qu’en Afie. On le retrouve fous
le nom de carcajou au Canada, & dans les autres
parties de l’Amérique, feptentrionale.
« Le carcajou, dit l'Hijlorien de l’^cadimic des
Sciences , quoique petit, eft très-fort & très-furieux;
& quoique càrnaffier, il eft fi lent & fi
pefant , qu’il fe traîne fur la neige plutôt qu’il n’y
marche. 11 ne peut attrapper en marchant que le
caftor, & il faut que ce foit en été , où le caftor
eft hors de fa cabane ; mais en hiver , il ne peut
que brifer & démolir la cabane , & y prendre
le caftor, ce qui ne lui réuflit que très-rarement,
parce que le caftor a fa retraite allurée fous la
glace ».
M Gmelin a décrit le glouton de Sibérie.
« Les ouvriers , dit-il, apperçurent de loin un
animal^ qui marchoit à eux gravement & à pas
comptés : quelques-uns le prirent pour un ours ;
ils allèrent àu-devant de cet animal , qu’ils reconnurent
à la fin pour un glouton, & après qu’ils
lui eurent donné quelques bons coups de perche
ils le prirent encore en vie , & me l’apportèrent
auffi-tôt.... D’après les rapports que les chaffeurs
de Sibérie m’avoient faits depuis plufieurs années
fur l’adreffe de cet animal, l'oit pour tourner les
' autres animaux, & fuppléer par la rufe à la légèreté
que la nature lui a refùfée , foit pour éviter
les embûches des' hommes, je fus très-étonné
de voir arriver celui-ci de propos délibéré au-
devant de nous pour chercher la mort. Isbrand-
Ides l’appelle un animal méchant qui ne vit que
de rapines. Il a coutume , dit-il, de fe tenir lur
les arbres tranquille , & de s’y cacher comme le
lynx, jtifqua ce qu’il paffe un cerf, un élan ,
un chevreuil, un lièvre , &c. alors il s’élance avec
toute la rapidité d’une flèche fur l’animal, lui enfonce
fes dents dans le corps , & le ronge jufqu’à
ce qu’il expire , après quoi il le dévore à fon
aife, & avale jufqu’au poil & à la peau. Un vai-
vode , qui gardoit chez lui, pour fon plaifir , un
glouton , le fit un jour jetter dans l’eau , & lâcha
fur lui un couple de chiens ; mais le glouton fe
jetta auffi-tôt fur la tête d’un dè ces chiens , &
le tint fous l’eau jufqu’à ce qu’il l’eût fuffoqué ».
« L’adreffe dont fe fert le glouton pour furprendre
les animaux ( continue M, Gmelin ) , eft confirmée
par tous les chaffeurs.... Quoiqu’il fe repaiffe de
tous les animaux, vivans ou morts, il aime de
préférence le renne.... 11 épie les gros animaux
comme un voleur de grand chemin , ou bien il
les ffirprend quand ils dorment au gîte....v 11 recherche
tous les pièges* que les chaffeurs tendent
pour prendre les differentes efpèces d’animaux ,
Ôc il ne s’y laiffe pas attraper... Les chaffeurs de
renards bleus ÔC blancs , ( ifatis ) qui fe tiennent
dans le. voîfinage de la mer Glaciale , fe plaignent
beaucoup du tort que leur fait le glouton..... On
l’appelle ainfi, parce qu’il eft incroyable ce qu’il
peut manger ».
Le glouton en latin moderne gulo , eft le rofo-
maka , de Rzaczinski ÔC de Nieremberg ; gulo
muflela de Linneus.
GNOU , qui doit fe prononcer mou , eft le
nom d’un animal d'Afriquetjui tient beaucoup
du cheval, du taureau Ôc du cerf ; fans néanmoins
être du genre d’aucun de ces trois animaux..
Il eft à-peu-près de la grandeur d’un âne ; fa hauteur
eft de trois pieds ôc demi ; fa tête eft groffe
Ôc femblable à celle du boeuf; tout le devant eft
garni de longs poils noirs qui s’étendent jufqu’au
deffous des yeux, & qui contraftent fingulière-
ment avec des poils de la même longueur, mais
fort blancs , qui lui forment une bande à la lèvre
inférieure. Il a les -yeux noirs ôc bien fendus ,
les paupières garnies de cils formés par de longs
poils blancs, qui font une efpèce d’étoile au milieu
de laquelle eft l’oeil. Au-deffus. font placés ,
en guife de fourcils , d’autres poils de la même
couleur & très-longs ; au haut du front font deux
cornes noires de dix-huit ou dix-neuf pouces de
longueur, dont les bafes fe touchent, ôc font
appliquées au front dans une étendue de fix pouces,
ôc qui fe courbent enfuite vers le haut , ôc fe
terminent en une pointe perpendiculaire.
Entre ces cornes , prend naiffance une crinière
épaiffe de longs poils roides, blancs à la racine ,
& noirs ou bruns à la pointe , ôc qui s’étend
tout Je long de la partie fupérieure du cou juf-
qu’au dos ; derrière les cornes , font les oreilles
couvertes de poils noirâtres ôc fort courts ; le
dos eft uni, & la cfoupe reffemble à celle d’un
jeune poulain.; la queue eft compofée de longs
crins blancs ; fous le poitrail , il y- a une fuite
de poils noirs qui s’étend depuis les jambes de
devant, le long du cou ôc de la partie inférieure
de Ja tête, jufqu’à la barbe blanche de la lèvre
de deffous : tout 'le refte du corps eft couvert
d’un poil court comme celui du cerf, de couleur
fauve , mais blanchâtre à la pointe , ce qui lui
donne une légère teinte de gris-blanc; Les jambes
font femblables à celles de la biche & 1 d’une
fineffe égale ; il a., comme elle , le pied fourchu ;
les fabots en font noirs , unis , & furmontés en
arrière d’un feul ergot placé affez haut.
Cet animal n’a point de dents incifives à la mâchoire
fupérieure, mais il en a huit à l’inférieure^
Quoiqu’on puiffe l’apprivoifer, il eft cependant
toujours un peu farouche ; il ne fe laiffe ni approcher
ni toucher. L’efpèce en eft npmbreufe ôc fort
répandue en plufieurs endroits de l’Afrique ,
comme aux environs du cap de Bonne - Efpé-
rance & en Abyljinie. Il paroît même qu’elle fe
trouve aux Indes ÔC à la Chine , ôc que l’animal
appelle taureau-cerf par Cofmas , ÔC le cheval-cerf
des Chinois, ne font autre chofe que notre gnou.
a J’ai vu , dit un voyageur très-diftingué ,
( M. le Vicomte de Querhoënt , dans des mémoires
communiqués à M. de Buffon ) , j’ai ,vu
à la ménagerie du Cap, un quadrupède que les
Hottentots appellent nou ; il a tout le poil d’un
brun très-foncé ; mais une partie de fa crinière,
ainfi que fa queue , ôc quelques longs poils autour
des yeux, font blancs. 11 eft ordinairement
de la taille d’un grand cerf ; il a été amené au
Cap de l’intérieur des terres, où on en voit
beaucoup...... Celui qui eft à- la ménagerie du
Cap , paroît affez doux ; on le nourrit de pain ,
d’orge ôc d’herbe ».
« Le gnou ne s’eft trouvé » dit M. Forfter ,
qu’à cent quatre-vingts ou deux cents lieues du
Cap, dans l’intérieur des terres de l’Afrique. J’ai
vu une femelle de cette efpèce en 1775 ; elle
étoit âgée de trois ans ; elle avoit été élevée par
un colon dont l’habitation étoit à cent foixante
lieues du Cap , qui l’a voit prife fort jeune avec
un autre jeune mâle ».
« Cette jeune femelle, qui étoit privée, fut
foignée dans une étable , ôc nourrie de • pain bis
Ôc de feuilles de choux ; elle n’étoît pas tout-à-
fait fi grande que le mâle de la même portée ;
fa fiente étoit comme celle des vaches communes ;
elle ne fouffroit pas volontiers les careffes ni les
attouchemens , ôc quoique fort privée , elle ne
laiffoit pas de donner des cornes Ôc aufli des coups
de pieds ».
« On nous dit que le gnou .mâle , dans l’état
fauvage, eft aufli farouche ôc aufli méchant que
le buffle , quoiqu’il foit moins fort ; néanmoins
cette jeune femelle étoit affez douce ; elle ne
nous a jamais fait entendre fa voix. Elle ruminoit
comme les boeufs ; -elle aimoit à fe promener
dans la baffe-cour, s’il ne faifoit pas trop chaud ;
car, par la grande chaleur, elle fe retiroit à l’ombre
ou dans fon étable ».
Ce gnou femelle étoit de la grandeur d’un daim
ou plutôt d’un âne ; elle avoit au garot quarante
pouces ôc demi de hauteur , mefure d’Angleterre,
ôc étoit un peu plus baffe des jambes de derrière ,
où elle n’avoit que trente-neuf pouces; la tête
étoit grande à proportion du corps.... mais elle
etoit* comprimée des deux côtés, & vue de face,
elle paroiffoit étroite ; le muffle étoit carré, &
les narines en forme de croiffant : il y avoit dans
la mâchoire inférieure huit dents incifives , femblables
par la forme à celles du boeuf commun ; les
yeux étoient fort écartés l’un de l’autre , & placés
fur les côtés de l’os frontal ; ils étoient grands ,
d’un brun noir , ôc paroiffoient avoir,un air de férocité
ôc de méchanceté , que cependant l’éducation
ÔC la domefticité avoient modifié dans
l’animal ; les oreilles étoient d’environ cinq pouces
ôc demi de lo n gu eu r , ôc. de forme femblable à
celle du boe uf commun ».
« La longueur des cornes étoit de dix-huit
pouces, en les mefurant fur leur courbure ; leur
forme étoit cylindrique ôc leur couleur noire ;
le corps étoit plus rond que celui du boeuf, ÔC
l’épine n’étoit pas fort apparente , c’eft-à-dire ,
fort élevée ; enforte que le corps du gnou fem-
bloit, par la forme , approcher beaucoup de celui
du cheval. Les épaules étoient mufculeufes ,
ôc les jambes ôc les cuiffes moins charnues ôc plus
fines que celles du boeuf ; la croupe étoit effilée
& relevée , mais applatie vers la queue , comme
celle du cheval ; les pieds étoient légers ôc menus
; ils avoient chacun deux fabots pointus en
devant, arrondis aux côtés, ôede couleur noire ;
la queue avoit vingt-huit pouces de longueur ,
y compris les longs poils qui étoient à fon ex?-
trêmité ».
« Tout le corps étoit revêtu d’un poil court
& ras , femblable à celui du ' cerf pour la couleur
; depuis le mufeau jufqu’à la hauteur des
yeux , il y avoit de longs poils rudes ôc rhérif-
fes en forme de broffe, qui entouroient prefque
toute cette partie ; depuis les cornes jufqu’au
garrot, il y avoit une efpèce de crinière formée
de longs poils , dont la racine eft blanchâtre &
la pointe noire ou brune ; fous le cou , on voyoit
une autre bande de longs poils, qui fe prolon-
geoit depuis les ‘jambes de devant jufqu’aux
longs poils blancs de la lèvre inférieure ; & fous
le ventre, il y avoit une touffe de très—longs
poils auprès du nombril ; les paupières étoient
garnies de poils d’un brun noir , ôc les yeux
entourés par-tout de longs, poils très-forts ÔC
de couleur blanche ».
GOMALÀ , dans quelques endroits des Indes
orientales , rhinocéros. Voye£ R h in o c é r o s .
GOULU DE LAPONIE, nom donné au glouton.
Voye% G l o u t o n .
GREDIN, nom donné à une race de petits
chiens. Voyeç leurs cara&ères particuliers ôc leur
filiation à l’article du C h ie n .
GRIMME , ( la ) ou chèvre de grimme , eft un
animal qui reffemble aux chèvres Ôc aux gazelles ,
non feulement par la forme du corps, mais encore
par les cornes , qui font annelées vers la
bafè, ôc ftriées longitudinalement comme celles
des gazelles ; ôc en même-temps dirigées horizontalement
en arrière ôc très-courtes , comme
celles de la petite chèvre d’Afrique. Ces cornes
n’ont que quatre pouces de longueur ; elles font
noires, ridées de quatre ou cinq anneaux peu
diftin&s , un peu comprimées avec une ftrie fans
rides fur la face poftérieure ; le refte, jufqu’à