
448 - d i s c o u r s
tière la forme qu’avoit le corps de l’oifeau.
Le coton fin Sc bien carde , tel que celui
dont on doit fe fervir pour bien réuflir, a
la commodité de fe lier , &i en quelque
forte de fe mouler comme on veut.
J’ai recommandé que le cou fut fouple :
il faut au contraire que la fourrure du
corps foit très - ferme. On 1 obtient telle fi
on n’a pas employé de très.-groffes maffes
de coton à -la -fo is , fi on les a preffées en
les plaçant, & , pour-ainfi-dire, pétri les
unes avec les autres. Mais il ne faut pas
non plus outrer & former un corps beaucoup
plus gros que n’étoit le véritable ; il
y a des peaux qu’on ne pourroit pas rapprocher
; il y en a d’autres qui s y prêteraient
, ôc l’on aurait la reffemblance d’un
oifeau beaucoup plus gros que n’étoit l’animal
vivant. C’eft l’habitude & le goût qui
font juger du point oii l’on doit s’arrêter ;
il eft impoflible de donner là-deffus une
règle precife.
La peau étant remplie, on en approche
les deux bords ; fi la fourrure eft bien dif-
pofée, les deux bords de la peau ne peuvent
pas fe joindre tout-à-fait ; mais en
G É N É R A U X :
le corps diminue des ailes à la queue y lé
ventre eft plus exprimé dans le vivant qu on
n’a coutume de le rendre dans l’oifeau
bourré : C’eft encore ce fur quoi l’on eft
obligé de recourir à l’habitude Si au goût
de celui qui exécute.
preffant un peu du plat de chaque main
des deux côtés, on met les deux bords de
la peau en contaff; alors on peut être affuré
que l’on a rempli fuflifamment ; il ne refte
qu’à rapprocher les deux bords de la peau
& à les contenir. Avant de parler de cette
manipulation, je remarquerai que l’art en
rempliffant une peau, ou en formant en-
dedans une forte de morde de coton, con-
fifte à donner à ce moule la^ forme du
corps véritable ; il doit donc etre applati
du côté du dos, ou très-peu convexe, arrondi
fur les côtés, déprimé fur les flancs ;
il doit être faillant & gros, mais en même-
temps légèrement arrondi au haut du corps
à la partie qui répond à celle où s’articu-
loient les ailes ; il doit aller en diminuant
de cette partie vers la queue ; il faut cependant
prendre garde de ne pas affez remplir
la peau qui couvrait le ventre , ce
qui eft un défaut affez ordinaire : lorfque
l ’animal étoit v iv an t, la maffe des intefi-
tins, le mouvement de la refpiration distendent
cette partie de la peau , quoique
On rapproche les deux bords de la peau
de la manière fuivante, & on les contient par
une couture. On a foin d’avoir une eguille
garnie d’uni fil très-long, fort & proportionne
cependant à la peau qu’on veut fixer par
fon moyen. On paffe ce fil à travers la
peau d’un bord à l ’autre , en commençant
parle haut du corps & continuant jufquà
l’extrémité de l’ouverture. On le conduit
alternativement du côté droit au gauche,
du gauche au d roit, en zigzag , precife-
ment de la même manière que le lacet
dont on fe fert pour approcher les deux
côtés d’un eorcet. Il ne faut pas, quand
on a fait deux points, dont l’un eft au-
deffus de l’autre , vouloir en tirant le hl ,
rapprocher les deux bords de la peau qu il
traverfe ; il la couperait ou il cafferoit ;
il faut continuer , fans ferrer, de coudre
de manière que le fil foit un vrai lacet,
attaché à un des côtés au haut du corps
& defeendant jufqu’au bas, en paffant
alternativement d’un bord à l’autre de la
peau. Quand le fil eft paffe dans les trous
à travers lefquels l’éguille l’a conduit,
comme le lacet à travers les oeillets d’un
corcet, alors on applique la main gauche
à la partie fupérieure de la couture ; on
rapproche les deux bords de la peau, en
preffant entre le pouce, d’un cote , & les
doigts de l’.autre , de la même manière
que fi l’on vouloit ferrer St preffer la peau
dans la main. Ce mouvement eft caufe que
plufieurs échelons- du lacet deviennent lâches
; on les ferre les uns apres les autres ,
en commençant par le fupérieur St en defeendant
graduellement ; on opçre de meme
en portant la main plus bas, St Ion continue
ainfi jufqu’à l’extrêmite de la couture.
Si la peau eft affez remplie , on ne
parvient pas, fur-tout quand on préparé
un grand oifeau, à approcher les deux
bords de la peau par la première preffion
I de la main gauche ; il faut, apres avoir
y
opéré une première fois dans toute la
longueur de l’ouverture , recommencer
à preffer de nouveau la peau St à ferrer
le lacet ; quelquefois ce n’eft qu’après trois
ou quatre manipulations de ce genre, que
les deux bords fe trouvent approchés St
en contaâ:, alors on fixe le lacet à la partie
inférieure , en perçant la peau & en faifant
avec le fil qu’on y fait paffer une boucle ,
à travers laquelle on dirige l’éguille St le
f i l , on le tire St l’on fait un noeud qui
maintient la couture en état.
Il faut être attentif en tirant le lacet à
fuivre d’échelons en échelons , St à ne
pas mêler St entortiller enfemble les fils
qui deviennent lâches , St.fujets à s’em-
barrafl'er les. uns dans les autres, i
Après avoir achevé la couture., on s’occupe
à liffer les plumes qui ne peuvent
manquer d’avoir été dérangées par les
différentes manipulations qui ont-eu lieu ;
oa les releve .par le moyen d’un ftilet
d’une longueur, convenable qu’on paffe
deffous en approchant de la racine, St à
mefure qu’on en à relevé une partie, on
l’abaiffe du plat de la main , on la couche
fur le corps. Les plumes, entrelacées les
unes ..dans , les autres fe dégagent; leur
reffort lesi fait revenir chacunes à leur
place , Si le contaâ : de la main rapproche
les barbes qui.s’étoient défunies.' "
Il ne refte plus qu’à mettre l’oifeau en
pofition à l’y contenir 8t à remplacer les
yeux qu’on a enlevés en dépouillant le
corps de fa peau.
On commence par. courber 8t rapprocher
en devant l’une après l’autre chacune
des cuiffes : voici comment on s’y prend.
Si l’oifeau eft petit, on faifit la cuiffe à
fon origine, en arrière , avec le bout du
pouce & du doigt index; on appuie fur
la partie oppofée le bout de l’index de la
main gauche , 8t l’on fait un mouvementée
la droite pour courber la cuiffe que
l’on tient. Si l’oifeau eft gros , on em-
pogne la cuiffe en arrière de toute la
paume de la main droite , on appuie le
plat de la main gauche en devant de la
cuiffe fur le corps , 8t on releve la cuiffe
par l’effort de la main droite. Dans cette
Hijloire Naturelle. Tome I.
manipulation le corps demeure pofe fur
le dos. Après que les deux cuiffes ont été
relevées , St qu’on les juge à -p e u -p r è s
rappellées à leur pofition, on met l’oifeau
fur le côté ; on l’appuie de la main gauche
St de la droite avec le pouce St l’index
feulement, ou du plat de la main qu’on
courbe, fuivant la groffeur de l ’oifeau, on
releve le cou. On commence toujours par
le courber à fon infertion avec le corps.
La première attitude que . je Viens de
décrire St qui n’eft qu’une ébauche étant
donnée,, il faut pofer l’oifeau fur un pied
plat, fi il ne perchoit pas étant v iv an t,
& fur une branche horifontale convenablement
fixée' fur fon fupport, fi d perchoir.
Alors on mefure l’écartement qui
eft entre les deux pieds, qu’on a eu foin
de ne quitter qu’après les_ avoir amenés
à la pofition qu’on leur croit naturelle, Sc
qu’on.n’a pas plus avancés en devant l’un
que l’autre ; on fait ou fur le pied pour
l’oifeau qui ne perchoit pas , ou fur la
branche pour celui qui. perchoit, deux
trous dont l ’écartement & la direâion de
l’un à l’autre foient les mêmes-que l’écartement
d’un pied à l’autre, St qui fuivent
la même direâion. La largeur de; ces trous
doit être telle que les fils, de • fer,y: entrent
.avec un peu de gêne. L’oifeau en.aura un
maintien plus fixe. On . enlève donc le
corps Si on fait paffer les fils de fer dans
les trous qui leur ont été préparés ; en-
fuite on les replie deffous lé , fupport ou
.on les contourne autour de la branche;
de façon ou d’autre on a foin que la
plante du pied porte ck’à plomb. Si toutes
lès manipulations ont été. bien exécutées.,
l’attitude eft déjà fort avancée. On l’acheve
en pliant . plus ou moins le genou fur la
cuiffe , Si. en faifant prendre au cou la
courbure qû’il doit avoir. Mais j’ai -recommandé
de ne ■ le pas trop remplir , Si
j’ai dit qu’il falloit le . raccourcir en donnant
l ’attitûdè.'C’eft en partie pour cette
raifon que j’ai preferit que le fil de fer
excédât la tête de plufieurs pouces. L’oifeau
ayant déjà fa première attitude comme
j’ai confeillé de la donner , le cou n’eft
encore que relevé , mais il eft droit Si