
fouvent il en couvre ces meubles, qui fervent
à garantir les mains de l’imprefhon
du froid. De tout temps, 8c chez toutes
le f nations fauvages ou policées, les plumes
ont fervi d’ornemens ; feroit - ce a caule
de leur éclat, 8c parce qu’ayant un volume
affez grand avec peu de poids, elles paroil-
fent ajouter à la hauteur de celui qui les
porte amplifier fon individu, fans avoir
[’ incommodité de le charger ? N’ell-ce pas
par cette raison que les caïques des anciens
guerriers étoient furmontés par un panache,
qu’on en ajoute encore aux bonnets
de certaines troupes , dans lefquelles on
eftime la hauteur de la taille, 8c n eft-ce
pas par le genre de vanité dont je parle
que les orientaux attachent à leurs turbans
des aigrettes de plumes, dont la hauteur,
la légèreté 8C l’ampleur font le p r ix , qui
eft quelquefois très-cohfidérable.
Les pennes fervent dans differens arts,
8c peut - être ne pourroit-on pas les remplacer,
Ge font celles des corbeaux qu on
attache aux touches du clayecin, 8c çe font
les mêmes pennes avec lefquelles on dei-
fine à l’encre de la Chine; celles de lo ie
ont unufage plus étendu, 8c que tout-le
monde connoît. Mais fi la facilite décrire
qu’elles nous procurent eft un avantage,
cette même facilité ne peut - elle pas etre
comptée parmi les torts que nous font les
oifeaux ; on en peut dire autant de 1 emploi
que les anciens faifoient, & que les fau-
vages font encore, de certaines parties des
plumes pour en armer les fléchés double
trajet en devient plus rapide & plus sur.
La flèche empennée fert à la defenfe de celui
qui la lance ; il l’emploie à la chaffe qui
ou des parties qui lui appartiennent ; il me
- i&efitiec c' i exam■i ner f_Ii d-”-’-e—--- mêmes, fi en
aftion, fi par leur manière d’être, ils nous
font utiles ou nuifibles, Je les diviferai,
pour réfoudre cette queftion-, en fnigi-
vores 8c carnivores, foit que les premiers
fe nourriffent de femences, de baies , de
fruits, ou de parties herbacées , foit que
les féconds donnent la chaffe à d autres
oifeaux, à certains quadrupèdes , aux poif-
fons, ou qu’ils faffent leur pâture des-vers
8c des infefles. , _ .
le nourrit; mais ilia décoche contre fon
femblable qu’il attaque, & contre les betes
innocentes dont il trouble le repos. Je ne
compterai pas parmi les avantages > que
pous devons aux oifeaux, 1 emploi qu?JJ a
prétendu faire en médecine de leurs differentes
parties ; ce font des erreurs anciennes,
publiées de nos jours, 8c qui ne
méritent pas d’être réfutées. Jufqu ici 1 utilité
pournous que j’ai attribuée aux oifeaux
pe dépend pas d’eu x , mais de l’emploi que
pops faifons, ou de leur individu entjer,
Les oifeaux qui fe nourriffent de grains, ■
caufent de grands dommages en deux,
faifons; dans celle oh l’on confie les femences
à la terre ; dans le temps ou les
grains viennent en maturité : ils en caufent
encore dans les greniers ou quelques-uns
s’introduifent par les ouvertures qu’on y
laifle pour la communication de l’air ; ceux
I qui ont du goût pour les mets herbacés,
rompent le germe au moment ou us fort
de terre ; fouvent ils déracinent la jeune
plante, 8c ils fe nourriffent 8c de la tige
8c du grain qui l’a produite : quand la
plante qu’ils ont épargnée dans les premiers
temps eft plus grande, ils-en rom-
penr la fommité, ils en bleffent la tige 8c
en déchirent les feuillës : plufieurs ont un
appétit particulier pour les boutons ou
bourgeons des arbres prêts à s épanouir,
ou qui commencent déjà à s’ouvrir ; 8c ces
oifeaux ont été nommes , dans plufieurs
provinces, èbourgeonneurs; tels font le gros
bec, le bouvreuil, 8cc. Un grand nombre
attaque les fleurs des arbres 8c fait de
grands dégâts dans les vergers; d’autres,
comme le grand. 8c le petit tétras, fe nourriffent
des fommités des branches de certains
arbres qu’ils gâtent 8c dont ils retardent
la crue : les baies, telles que le raifin,
la grofeille, 8cc, les fruits dont la faveur eft
douce, comme la figue, la prune, la peche;
plufieurs poires ont de l’attrait pour beaucoup
d’oifeaux qui dévorent les baies, 8c
qui gâtent les fruits : le beç croife, à la
laveur de fon bec tranchant, courbe, fait
én cifeau, ouvre les pommes 8c les poires
pour chercher dans leur intérieur le pépin
dont il eft friand; il fe nourrit dans d’autres
temps
temps de la femence de arbres conifères, dont
il cerne le fruit , très-difficile à ouvrir.
Les oifeaux de proie donnent la chaffe
à un grand nombre d’autres oifeaux 8c à
plufieurs efpèces de quadrupèdes ; ils nui-
fent beaucoup au gibier dont ils diminuent
la quantité , 8c qu’ils rendent rare dans les
lieux où l’on ne s’oppofe pas affez â leurs
dévaftations en les detruifant eux-mêmes :
quelques-uns, d’un caraâère lâche 8e pa-
reffeux, rodent autour de nos habitations
8c épient l’occafion d’enlever les oifeaux
domeftiques, ou dans les baffe-cours, ou
au moment qu’on en fait fortir quelques-
uns , comme le dindon, le canard, l ’oie
pour pâturer dans la campagne; d’autres
établiffent leur chaffe aux environs des
colombiers, 8c nuifent plus encore par
l ’effroi général qu’ils y répandent, par la
crainte que les pigeons ont d’en fortir ou
d’y rentrer, par la défertion qui eft la fuite
de leur acharnement, que par la perte des
individus qu’ils facrifient à leur appétit.
Le poiffon caché fous l’eau, à travers
laquelle il eft pourfuivi par fes femblables,
a auffi des ennemis qui planent dans l’air
au-deffus de lui , qui épient le moment
de le furprendre, dont les uns l’enlèvent
hors de fon élément à l’inftant oh il paroît
à fa furface ; d’autres s’y plongent avec
lui 8c l’y pourfuivent : le balbuzard, quel-
• quefois l'orfraie , l'o ie , le canard fauvàge
dans nos climats , 8c dans les pays moins
cultivés, le pélican, le cigne, 8cc., con-
fomment beaucoup de poiffons , dépeuplent
les lacs, les étangs 8c les rivières ;
d’autres oifeaux moins grands, comme le
martin pécheur, l’hirondelle de mer , 8ce.,
ne font pas moins de tort en enlevant le
frai 8c les jeunes poiffons.
Je crois avoir fait à peu près l’énumération
des différentes fortes de dommages que
nous caufent les oifeaux ; apprécions-les ,
& voyons s’ils font auffi confidérables
qu’on le penfe communément ; fi de ces dommages
mêmes, ou du moins de la plupart
il n’en réfultepasdes avantages qui les com-
penfent; s’ils font un vice dans l’ordre naturel,
ou fic’eft parce que nous l’avons chang
é , qu’ils nous femblent y être contraires.
Hijioire Naturelle. Tome I,
La nature eft fi féconde, les germes des
plantes font fi abondans, que ce qu’il en
tombe chaque année fur la furface de la
terre, fuffit 8c pour la reproduûion 8c
l’entretien des végétaux, 8c la nourriture
des animaux; s’ils n’en confommoient pas
la plus grande partie ; fi divers accidens
n’en diminuoient l’abondance, la furface
de la terre ne pourroit contenir tous les
produits de quelques efpèces , de l’orme
par exemple; il n’en eft aucune qui ne
fut trop multipliée, 8c toutes en fe pref-
fant fe nuiroient, s’intercepteroient l’a ir ,
fe raviroient les fucs nourriciers, 8c s’en-
tredétruiroient réciproquement.
La confommation que les oifeaux font
des grains, le tort qu’ils caufent aux plantes
ou a leurs différentes parties, n’eft donc
point un vice dans l’ordre établi par la
nature qui répand avec profufion les femences,
8c qui les difperfe indifféremment
fur la furface de la terre ; qui a
prévu l’emploi qui en feroit fa it, 8c qui
y remédie par fa fécondité ; mais c’en eft
un à nos y eu x , parce que nous avons
raffemblé les végétaux , que nous chargeons
la terré de certaines efpèces, par
préférence à d’autres, 8c que nous lui
confions les femences dans un efpace cir-
confcrit ; alors les oifeaux, pour qui nous
travaillons, profitent de la commodité de
trouver au meme lieu une nourriture qu’il
eut fallu chercher en beaucoup d’endroits,
8c ils la confomment, en ne contrariant
que nos deffeins, fans dépenfer davantage ,
& fans prendre plus qu’ils ne doivent fur
le fond de la nature; mais la plupart de ces
oifeaux, qui nous font un tort réel en
confommant ou gâtant des fruits que nous
nous réfervions, nous rendent des fervices
relatifs à la chofe même dans laquelle ils
nous caufent du dommage, 8c leurs fervices
furpaffent peut-être le tort qu’ils nous font.
En effet, îi le grain 8c les différentes parties
des végétaux font la bafe de leur nourriture
, ils ont d’ailleurs un appétit fort
v i f pour les vers 8c les infeftes qui font
pour eux un mets de goût, 8c dont ils dé-
truifent une grande quantité. Si d’un côté
l’on pouvoit porter en maffe le nombre