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marais. Sa retraite eft infe&ée de la mauvaife
odeur des débris du poiffon quelle y laiffe
pourrir ; elle fient elle - même mauvais. Les
chiens la chaffent affez volontiers ÔE l’atteignent
aifément lorfqü’elle eft éloignée de Ion gîte ou
de l’eau ; mais quand ils la faififfent elle le défend
, les mord cruellement , & quelquefois
avec tant de force & d’acharnement, qu’elle
leur brife les os des jambes, & qu’il faut la tuer
pour la faire démordre. Le caftor cependant,
qui n’eft pas un animal biçn fort, la chalfe ÔE
ne lui permet pas d’habiter fur les bords , qu’il
fréquente.
Cette efpèce, quoique peu nombreufe , eft
généralement répandue en Europe , depuis la
Suède jufqu’à l’Italie, ôe fe trouve vraifembla-
blement dans tous les climats tempérés, dans les
lieux fur-tout où il y a beaucoup d’eau. Le cari-
frucibeju ou loutre du Bréfil de Marcgrave , paroît
etre d’une efpèce voiline , mais néanmoins différente
& que nous rapporterons à la faricovienne ;
au lieu que la loutre de l’Amérique feptentrionale
refiemble en tout à celle d’Europe , fi ce n’eft
que fa fourrure eft encore plus belle Ôe plus noire
que celle de la loutre de Suède & de Mofcovie.
Pontoppidan affure qu’en Np.rwège la loutre
fe trouve également autour des eaux falé,.es comme
fur les eaux douces ; qu’elle établit fa .demeurer
dans des monceaux .de pierres, d’où les chaffeurs
la font for.tir en imitant fa voix, au moyen d’un
petit fifflet : il ajoute qu’elles ne mangent qùeles
parties graffes du poiffon, ÔE qu’une loutre appri-
voifée à laquelle on donnoit tous les jours un
|>eu de lait , rapportait continuellement du poiffon
a la maifon.
Il y a à Cayenne, fuivant quelques relations, trois
efpèces dzLoutres : la noire qui eft très-grande & peut
pefer quarante pu cinquante livres ; la fécondé qui
eft jaunâtre ôe qui peut pefer yingt ou vingt-cinq
livres j Ô£ une tfôifième eipèce beaucoup plus
petite dont le poil eft grifatre ôe qui .ne pefe que
trois ou quatre livres. On ajoute que ces animaux
font très-communs à la Gy iane., le long de toutes
les rivière.s & des marécages, parce que le poiffon
y eft fort abondant ; elles vont même par troupes
quelquefois fort nombreufes ; elles font farouches 6e nefe laiffent point approcher ; pour les avoir ,
il faÿt les furpreydre ; elles ont la dent cruelle
&. fe défendent bien contre les chiens : elles
font leurs petits dans des trous qu’elles creufent
au bord des eaux ; on en élève fou vent tdans les
inaifons.
MM. Aublet Ôe .Olivier aflurent même qu’il
y a à Cayçnne ÔE dans le pays d’Oyapock., des
loutres fi groffes , qu’elles pèfent jufqu’à quatre-
yingt-dix & cent livres , que leur poil eft fort
çloux, mais plus court que celui du caftor ; leur
couleur ordinaire d’un brun minime .; outre
le poiffon, elles mangent aufli les grains qui
£omf>ent .dans l’eau fur le bord des fleuye$»
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v On chalfe la loutre, non-feulement podr avoir
la fourrure , mais aufli pour détruire un animal
deftruéleur du poiffon dans toutes les eaux qu’il
fréquente. On la chalfe différemment, félon qu’elle
fe trouve dans les petites ou dans les grandes eaux.
Lorfque la loutre fe trouve dans les petites
eaux , tels que les ruiffeaux & les petites rivières ,
les chaffeurs, au moins au nombre de cinq,
tous armés de longs bâtons avec des fourches
de fer au bout, fe partagent de côté ôe d’autre
avec les chiens.
Il ne faut jamais commencer la quête de la
loutre zn defcendant avec l’eau, mais toujours en
montant contre l’eau, ÔE toujours au delfous de
l’endroit où l’on imagine qu’elle peut être , en
faifant quêter les chiens de l’un ÔE de l’autre côté fous
les racines & les fouches dans lefquelles on aura
grand foin de fourrer fon bâton , pour ne pas
s’expofer à palier l’animal que l’on cherche. Lorfque
les chiens trouvent la voie de la loutre , il faut
examiner avec beaucoup d’attention de quel côté
elle a la tête tournée. Il eft facile de s’en affurer
pas les traces qui feront imprimées fur la boue ,
dans un endroit ou dans l’autre. Lorfqu’on trouve
aufli de fon épreinte , ( fiente ) au bord de la
rivière, il faut la faire flairer aux chiens 6e les,
bien carelfer.
Auflï-tôt que la loutre eft lancée, les chaffeurs
fe divifent. Deux fe placent à cent pas au environ
au-deffus des chiens, 6e fe mettent à l’affût
l’un devant l’autre à l’endroit où l’eau eft la plus
baffe, afin de frapper de leurs bâtons. Deux
autres relient derrière les chiens également à
l’affût à l’endroit le plus favorable à leur deffein ; 6c le cinquième appuie les chiens. De cette manière
ils renferment la loutre entr’eux.
Dans les grandes rivières , on tend deux grands 6c forts filets contrémaillés , de la largeur de
la rivière 6e de la hauteur de l’eau , & dont les
mailles aient deux pouces en quarré, bien garnis
de liège en haut 6e de plomb en bas. Les cordes
du haut 6e du bas o ù tiennent le liège 6e le
plomb, doivent être affez longues pour que,
le filet tendu, un homme fur fes pieds puiffe
en tenir les deux bouts fans l’ébranler. Il faut
quatre hommes pour tendre ôe fervir ces filets ;
ils en tendent un à la brifée de haut, 6e l’autre
à la brifée de bas. Cette opération fe fait à petit
bruit ; 6e on doit avoir l’attention de faire tenir
6e joindre eontre les rives chaque filet de manière
que la loutre ne puiffe trouver jour à s’échapper,
Lorfque les filets font tendus , les chaffeurs
armés de fufils fe diftribuent chacun de leur côté
de la rivière. Quant aux chiens, ils marcheront
tous , du côté où fera la brifee d’attaque.
Les quatre hommes dçftinés au fervice des
filets p fe faififfent des deux cordes qui font à
çhaque bout, 6e les tiennent à diftance convenable
afin d’être dans toute leur force, lorfqu’il
eft queftipn d’opérer, Ceux qui font armés de
fufils.
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fufils, fe placent de diftance en diftance auprès
des fepées de bois 6c des touffes d’herbes , pour
tâcher de tuer la loutre, quand elle y vient prendre
l’air.
On frappe d’abord à la brifée avec le limier.
Quand on le voit fe rabattre 6e goûter chaudement
la voie , il fau,t fe tenir de court 6C
l’exciter à crier. Dès que les autres chiens le
voient faire ôc l’entendent , ils tirent de toute
leur force pour aller à lui ; mais il ne faut les
découpler qu’après avoir avalé la botte ( ôté le
collier) du limier; c’eft J ’affaire d’un inftant ;
de, cette façon,, les chiens fe jettent à l’eau tous
à la fois, 6e s’en vont de compagnie trouver la
Loutre 6c l’engagent dans lés filets.
Dans les étangs, un feul filet placé au milieu
fuffit, parce que tout ce que peut faire la loutre,
eft d’aller d’un- bout de l’étang à l’autre bout. Si
un des filets eft trop court pour la largeur de
l’étang, on lés met tous deux bout à bout; s’ils
ne fuiftfent pas encore , oîi les tend eft forme d’y
grec, l’un à une rive 6e ■ l’autre à l’autre ; <§E
dans ce cas , on alonge les cables de l’ouverture
de l’y grec. Les chiens , à force de tourmenter
la loutre, l’obligent de donner dans, les filets.
Pour la tirer à coups de fufil, on doit charger à
poftes ou à chevrotines.
Lâ loutre a des terriers d’endroit en endroit,
où elle fe retire, foit pour .dormir , foit pour
fe mettre à l’abri de fes ennemis. Elle s’y
retire quand elle fent les chiens à fes trouffes ; 6e quand elle y eft une fois retranchée, elle s’y
défend avec tant de fureur , qu’elle fend le nez 6e les oreilles des ’chiens. Le parti le plus fage eft
de les faire retirer, 6e de bien boucher le terrier,
qui n’a jamais plus de*,trois a quatre pieds de
profondeur , après quoi on fait unë tranchée pour
la découvrir ; on l’en tire avec des tenailles qu’on
lui paffe dans la gueule, ÔÈ on la fait étrangler
aux chiens.
La loutre fe nomme en latin lutra où lytra,
6e quelquefois. lutris ou lutrix ; néanmoins le
premier nom lutra paroît être le véritable , 6e
c’eft celui fous lequel la plupart des Naturaliftes
ont défigné cet animal.
L o u t r e du Bréfil, Saricôvienne. Voye^ S a r i -
C O V I E N N E .
L o u t r e - m a r in e . ( grande ) Voye^ S a r i c o -
V I E N N E .
LOUVE ( la ) eft la femelle du loup. Voye^
L o u p .
LOUVETEAUX, m. p l., font les petits du
loup. Voyeç L o u p .
LOWANDO, finge de la famille des Babouins,
qui fe trouve dans le même climat que Youan-
■ derou, 6E n’en diffère qu’en ce qu’il a le corps
couvert de poils blanchâtres avec la chevelure 6e là barbe noires , enforte qu’il doit être con-
fidéré comme une variété dans.cette efpèc*;. Il
y a encore dans le même pays une troifième
fflftoire Naturelle. Tom. 1.
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face où variété .qui pourrait, bien être la tige
commune' des deux autres, parce qu’elle eft d«une
couleur uniforme 6e entièrement blanche, corps,
chevelure 6e barbe. x
Cès finges tout blancs ', ‘ font, à ce que difent
lès voyageurs , les plus forts 6e lès plus méchans
de tous; ils font très-ardents pour les femmes,
6e affez vigoureux, pour les forcer , lorfqu’ils les
trouvent feules , ,6e foiivent ils les outragent ou
les excèdent jufqu’à les faire mourir. Dans leur
état de liberté , ces animaux vivent dans les
bois ÔE fe nourriffent de feuilles 6e de bourgeons ;
mais pris 6e captifs , ils mangent de tout. Veye^
O u a n d e r o u .
LUPUS-CERVAR1US , de Pline , lynx. Voye^
L y n x .
LUPUS-CANAR1US , de Gaza, chacal. Voyeç
Cha cal.
LUPUS-ARMENJUS , des Latins modernes,
chacal. Voye£ C h a c a l .
LUPUS-AUREUS, de plufieurs Auteurs , eft
le chacal. Voyeç C h a c a l .
LŸCAON , des Anciens, eft l’hyène. Voye\*
H y è n e .1
LYN X , ( le ) vulgairement appellé loup-cervier,
n’a rien du loup qu’une efpèce de hurlement qui ,
fe faifant entendre de loin , a dû tromper en effet
les 'chaffeurs 6e leur faire croire qu’ils entendoient
un loup. Le lynx eft moins gros que le loup 6e
plus haut fur fes jambes ; il eft communément
de la grandeur du renard ; il a les y e u x brillans ,
le -re g a rd dou x , l’air agréable 6e gai , le poil
lo n g , marqueté de taches foibles 6e mal terminées
, les oreilles grandes 6e furmontées à leur
pointe , d’un pinceau de poils noirs , la queue
courte ÔE noire à l’extrémité , le tour des y e u x
blanc.
La robe du mâle eft mieux marquée que celle
,de la femelle. Il ne court pas de. fuite comme
le loup ; il marche ôe faute comme le chat dont
il a les moeurs ÔE la propreté , recouvrant comme
lui fon urine de terre. Il vit de chaffe & pourfuit
fa proie jufqu’à la cime des arbres. Les chats
fauvages , les martes , les hermines , les écureuils,
ne peuvent-lui échapper ; il faifit aufli les oifeaux ;
il attend les cerfs , les chevreuils , les lièvres ara
paffage, 6e s’élançant deffus , il les prend à la
gorge , 6e lorfqu’il s’eft rendu ’maître de fa victime
., il lui fuce le fang 6e lui ouvre la tête pour
manger la cervelle , après quoi fouvent m’abandonne
pour en chercher une autre ; rarement il
retourne à fa première proie.
Son poil change de couleur fuivant les climats
6e la faifon ; les fourrures d’hiver font plus belles,
meilleures 6e. plus fournies que celles d’été. Sa
chair n’eft pas bonne à manger.
Cet animal eft particulier aux contrées fep-
tentrionales des deux continens ; feulement il eft
plus petit en Amérique , où on lui donne le nom
dz chat-cefvier.
Z