
été, & que les époques en font incertaines
; qu’au contraire les bruches , les
anthrénes, les teignes ont un temps fixe &
déterminé pour leur génération ; d’où il
fuit que l’efpèce des dermeftes exifte en
tout temps foiis la forme d’oe ufs, fous celle
de chryfalides, tandis que les autres efpèces
d’ infeftes deftrufteurs n’exiftent fous ces
formes que pendant un temps limité qui
nous eft connu, 8c que , dans un avitre
temps, toute l’efpèce v it fous la forme de
larve. Ces connoifl'ances vont nous guider
fur les moyens de détruire les générations
entières de plufieurs des infeftes qui s’în-
troduifent dans les colleûions , fans qu’on
ait à craindre, après les avoir exterminées,
qu’ellespuiffent avoir laiffé des oeufs, à la
faveur defquels elles fe renouvellent. Car
fi nous avôns un moyen de frapper ces
infeftes fous une forme dans laquelle ils
ne pondent pas , & fous laquelle toute la
génération exifte en même temps à la fo is ,
en l’exterminant dans cet état, nous aurons
détruit toute l’efpèce par rapport aux’boëtes
oit elle s’étoit introduite, il n’y aura plus
à craindre que de l’ennemi qui pourrait
venir du dehors , & auquel il fera facile de
fermer l’entrée. La vapeur qui s’exhale du
foufre pendant qu’il brûle , ou l ’acide ful-
fureux v o la til, nous fournit le moyen
dont nous avions befoin. Cet acide agit
fur les infeftes dans leur état parfait 8c
fur les larves ; il les fait p é rir, fans qu’aucun
réfifte à fon action : mais il n’en a aucune
fur les oeufs ni fur les chryfalides ,
dont les infectes ne fortent pas moins,
fous leur dernière forme après les plus
fortes fumigations de foufre , que fi on
n’en eût fait aucune. On ne peut donc
exterminer les infeftes que dans deux états
par le moyen du foufre ; & je n’en connois.
pas de praticable pour les faire périr dans
l’état d’oeufs ou de cryfalides , au moins
par rapport à une colleftion.
En faifant périr par le foufre les infeftes
fous leur dernière forme , on n’eff pas
affuré qu’ils n’aient déjà dépofé des oeufs ,
& que d’autres infeftes de la .même efpèce
ne foient encore cachés fous les enveloppes
de^. cryfalide. C’eft par ces raiCons que
quelquefois fort-peu de jours après avoir
brûle du foufre dans une boëte oit l’on a
fait périr les papillons qui y voltigeoient,
on en voit voler de nouveaux dans la
même boëte, ou qu’au printemps fuivant
les oifeaux qu’elle renferme font dévores
par des teignes. Les papillons qui ont paru
peu de temps après la fumigation, etoient
encore en cryfalides quand .elle a eu lieu,
8c les teignes qui ont dévoré les oifeaux
au printemps fuivant , font provenus
d’oeufs qui étoient déjà pondus. Mais fi
on n’allume le foufre que dans un temps ou
tous les oeufs font éclos, oh il n’y a ni
cryfalides ni infeftes fous leur derniere
forme ; enfin , où toute la génération fub-
fifte fous la forme de vers ou de larves ,
alors on l’extermine en une feule fois.,
fans aucune crainte ni de ce quia pu précéder,
ni de ce qui pourra fuivre. Nous
fçavons que les anthrénes, les teignes nos.
ennemis les plus redoutables exiftent pendant
l ’hiver, dans les mois de décembre
8c de janvier fous la forme de larves
que pendant ces deux mois., il n’y a ni
oeufs ni cryfalides , ni infeftes parfaits de
ces deux efpèçes , qu’elles n’exiftent alors
qu’en larves ; c’eft donc dans ces deux mois
qu’il convient d’exterminer la génération
par le moyen du foufre.. Nous n’avons
pas le même avantage contre la bruche 8c
les dermeftes. Mais le premier dé ces infeftes
n’eft pas fort à craindre & fi il
s’étoit fort multiplié , .comme l’ete eft la
faifon où l’efpèce eft en larve , ce feroit:
le temps d’employer le foufre. Quant aux
dermeftes, comme il n’y a pas de temps
où toute l’efpèce exifte fous la forme de
la rv e,on ne peut jamais être affuré de les
détruire tous par une feule opération. Le
plus fûr à leur égard m’a paru d’employer
le foufre à deux fois différentes pour les
oifeaux qu’ils ont attaqués, dans le moment
où on les apperçoit, foit en état
d’infeftesparfaits,foitdans celui de larves,
& quinze jours ou un mois enfuite, félon
le dégré de chaleur. La première fumigation
tue les dermeftes fous leur dernière
forme, & fi ils ont laiffé des oeufs, un
mois après, la fécondé fait périr les larves
qui en font forties ; de même la première
fumigation détruit les vers qu’on a vus ; 8c
fi ils font petits , encore loin de fe méta-
. morphofer, il y a lieu de penfer que toute
la génération fera détruite ; mais fi'ils
étoient déjà fort avancés , on peut craindre
que quelques-uns n’euffent déjà paffé à
l’état de cryfalide ; alors la fécondé fumigation
exterminera les dermeftes qui
auront paru fous leur dernière forme ; mais
ils auront déjà pu pondre, où il pourra
en refter encore en cryfalides. Ces infeftes
font donc très - difficiles à extirper ; cependant
en répétant les fumigations , en
obfervant les oifeaux , en recourant au
foufre trois ou quatre fois au plus on
parvient à faifir , quoique fans le fçavoir ,
un moment où toute la génération étoit
fous la forme de larve , par conféquent
à l’exterminer complettement, & fi l’on
paffe enfuite un ou deux mois en été , au
printemps ou en automne, fans découvrir
de nouveaux indices d’une génération re-
nouvellée, on peut avec fûreté fe flatter
d’avoir détruit toute la race relativement
à la colleftion qu’on foigne.
Comme les objets dont je viens de
rendre compte font très-importans , 8c que
c’eft de leur exécution ftrifte que dépend
la confervation des colleftions , je récapitule
en peu de mots ce que j’en ai dit.
Lorfqu’on a vu dans une boëte des papillons
ou des anthrénes pendant l’été ,
où lorfque par les indices que j’ai donnés
on reconnoit en automne ou en hiver les
larves de ces infeftes, en quelque temps
qu’on ait fait l’obfervation, il faut différer,
attendre le mois de décembre ou de janvier
, 8c employer alors le foufre. La fin
de décembre 8c le commencement de
janvier font le temps le plus convenable.
Si cependant le nombre des infeftes étoit
~très-confidérable, il feroit à propos de faire
périr par le foufre ceux qui exifteroient,
n’importe en quel temps ; mais la première
fumigation qu’on auroit faite , ne difpen-
feroit pas d’une fécondé en décembre ou
en janvier ; celle-ci au contraire, fi elle
eft bien exécutée, fuffit pour exterminer
toute la génération.
Si les bruches étoient très-multipliées ,
il faudroit faire une fumigation au milieu
de l’été.
Enfin , pâr rapport aux dermeftes , il
faut les détruire par le foufre aufli-tôt qu’on
les apperçoit, dans quelqu’état qu’ils foient ;
répéter une fumigation environ un mois
après, & quelquefois en faire trois à-quatre
de quinze jours à trois femaines de difi-
tance, félon qu’on apperçoit les indices
d’une génération renouveilée.
Il me refte à donner la manière d’employer
le foufre. Le mieux 8c le plus commode
eft de fe fervir des fleurs de foufre ;
on les -verfe dans une terrine de terre , 6c
l’on y met le feu en deux ou trois endroits,
avec un papier allumé ; on place la terrine
fur le fond de la boëte qui contient les
oifeaux ; on refeime la couliffe de cette
boëte ; l’acide fulfureux fe dégage fous la
forme d’une vapeur ou fumée q u i, en s’accumulant,
devient blanchâtre ; on doit employer
affez de foufre pour que la vapeur
qui fe dégage pendant la combuftion, rem-
pliffe toute la boëte & l’obfcurciffe au point
qu’on ait de la peine, en regardant à travers
les verres , à diftinguer les oifeaux
les plus gros ; on ne doit au moins les
voir que très-imparfaitement. On obtient
cette vapeur d’un quarteron de fleurs de
foufre mis en combuftion dans une boëte de
cinq pieds de haut, trois de large , un de
profondeur. Peu de temps après la combuftion
, la vapeur s’affaiffe, tombe , 8c
l’on commence à diftinguer de nouveau les
objets contenus dans la boëte. Il faut la
laiffer fermée ; mais cinq à fix heures après ,
on peut en retirer la terrine dans laquelle
le foufre a brûlé. En ouvrant la boëte ,
il faut avoir foin de détourner la tête ,
d’enlever la couliffe qui la ferme, 8c éviter
la vapeur qui en fort ; elle feroit beaucoup
touffer , fans caufer d’autre accident , à
njoins qu’on y reftât imprudemment 8c
inutilement expofé. On doit ou avoir porté
la boëte dans un lieu aéré, o u , avant d’en
enlever la couliffe , avoir ouvert les croi-
fées 8c la porte de la chambre, pour établir
un courant d’air qui diflipe la vapeur au
moment où elle s’exhale de la boëte.
N n n ij