
pofées , comme elles le font communément
dans toutes les plumes.
M. Vicq Dazyr, auquel je communiquai
dans le temps qu’il travailloit fur l’organe
de l’ouïe des oifeaux ,les obfervations que
j’avois faites fur les plumes qui couvrent
le méat auditif, les vérifia fur un grand
nombre d’efpèces , 8c en a parlé dans un
mémoire imprimé dans le recueil de ceux
de l’académie.
Dans les oifeaux de nuit, dont la partie
antérieure de la tête, plus exprimée, plus
large que dans les autres oifeaux , repréfente
une forte de face, fi l’on me permet
cette expreffion, les yeux 8ç les deux côtés
de la tête font entourés d’un large cercle de
plumes longues 8c unies, douces au toucher,
courbées d’abord de devant en arrière , 8c
ramenées en avant à leur extrémité. Ces.
plumes ne font ni tout - à - fait droites ni
couchées , mais à demi inclinées ; elles
entourent l’oeil de chaque côté Sc le méat
auditif plus ample , plus ouvert que dans
les autres oifeaux , dont .l’ouverture qui
eft: tortueufe eft entourée des duplicatures
de la peau qui peuvent s’approcher 8ç
s’écarter; les plumes inférées fur cette peau
& prefque perpendiculaires ne couvrent
donc pas le méat, comme dans les oifeaux
diurnes, mais elles l’entourent 8c je crois,
par cette raifon , qu’on peut les, regarder
comme tenant lieu de la conque de l’oreille
des quadrupèdes ; cette difpofition favo-
rifée par le rapprochement ou l’écartement
de la peau qui foutient les plumes, étoit
la plus favorable pour des animaux, qu’il
importoit de garantir durant le jour qu’ils
fe repofent de l’impreffion des fons , 8c
auquel il étoit utile de procurer un organe
très - fenfible la nuit, durant laquelle ils
veillent, oîi le bruit eft moins général &
peut leur être très-important à'difcerner.
En effet, les duplicatures de la peau qui
foutiennent les plumes, venant 3 fç rapprocher
& couvrant exaftement le méat
auditif, il ne pouvoit pas être mieux garanti
de l’impreffion des ions que par une
couche épaiffe d’un ou deux pouces de
plumes douces, dont la molleffe amortit
& arrête nécsffairement ks <Je
l’air. Au contraire , les duplicatures de la
peau venant â s’écarter 8c entraînant né-
ceffairement avec elles les plumes qu’elles
foutiennent, l’ouverture que celles-ci laif-
fent entr’elles, devient une conque externe
très - prolongée propre â abforber une
grande quantité de rayons fonores. Les
plumes font donc difpofées dans les oifeaux
diurnes, de façon à couvrir exaâement le
méat auditif, en permettant un paffage
libre aux vibrations fonores 8c arrêtant les
molécules qui peuvent voltiger dans l’air ;
celles qui entourent le méat auditif dans
les oifeaux de nuit, félon l’écartement ou
le rapprochement des duplicatures de la
peau qui les foutiennent , ou empêchent
le fon de pénétrer dans le méat , ott
forment une conque qui raffemble les
rayons fonores 8c les dirige vers le conduit
auditif.
Les plumes qui revêtiffent l’aîle depuis
fon infertion avec le corps jufqu’au pli
qui répond au poignet, font appellées les
couvertures des ailes. Les unes font placées
en deffus de l’aîle &-les autres en deffous.
On diftingue celles qui font en deffus en
grandes, moyennes 8c petites. Les petites
couvertures revêtiffent le haut & le pli de
l’aîle, les grandes font les plumes qui, en
recouvrement de celles qui fervent au vol,
font les plus éloignées du corps, 8c les
moyennes couvertures méritent ce nom
par leur pofition entre les grandes 8c les
petites, 8c encore en ce qu’elles tiennent
le milieu par leur volume.
Outre les couvertures , on diftingue à
l’égard des allés les plumes fcapulaires, elles
naiffent près de l’infertion de l’aîle avec
le corps, de la partie qui répond à l ’omo*
plate, d’où leur vient le nom de fcapulaires ;
elles font beaucoup plus nombreufes &
plus amples dans certaines efpèces que
dans d’autres ; elles font dirigées fuivant la
longueur du corps, interpolées de chaque
côte 8c flottantes entre l’aîle & le dos
qu’elles couvrent en partie ; dans phtfieurs
efpèces elles font aufli longues que les aîles
& les excèdent dans d’autres. Cette forte
de luxe eft affez ordinaire dans les efpèces
du genre du héron ; ce font quelques-unes
3e ces plumes très - prolongées , à barbes
fort longues , fines 8c défunies, qui dans
l’efpèce de héron nommée aigrette, font
recherchées pour en faire des ornemens 8c
des panaches.
Les couvertures inférieures de l’aîle, la
revêtiffent en deffous, depuis fon infertion
avec le corps jufqu’à fon pli; elles font
oblongues , douces au toucher , légèrement
courbées de devant en arrière , & de
dehors en dedans ; leurs barbes font plus
courtes du côté extérieur ; leur tuyau eft
fort petit; leurs barbes font peu ferrées,
&C ces plumes font molles en général ; elles
ne s’étendent guères au-delà de l’origine
des premières grandes plumes de l’aîle.
Au-deffous des couvertures inférieures,
à la jonûion de l’aîle avec le corps, naiffent
des plumes qui ont été peu obfervées, &
qui cependant méritent de l’être. Il eft
vrai qu’elles ne font pas également remarquables
dans tous les oifeaux ; & leur peu
de volume dans beaucoup d’efpèces-, eft
fans doute la caufe du peu d’attention qu’on
y a donné ; mais leur grandeur, leur ufage
dans certains oifeaux, dans ceux de prçie
en général, dans les oifeaux voyageurs,
dans ceux qui, fans changer de demeure,
entreprennent de hauts 8c longs vols ,
font des motifs bien fondés de les ob-
ferver.
Ces plumes ont le plus ordinairement
une forme alongée ; elles n’ont qu’tme largeur
médiocre ; elles font roides ; leiir
tuyau eft gros & très-fort; leur extrémité :
eft arrondie ; leurs barbes font de Ion- '
gueur égale des deux côtés, & très-ferrées
; leur direction eft de devant en arrière
, & leur pofition fur une même ligne
tranfverfale par rapport au corps : leur
nombre, leur longueur, leur forme même
varient dans certaines efpèces. Quand l’aîle
eft pliée, elles font couchées contre le corps ;
mais elles s’en écartent quand l’aîle eft étendue
; alors fi l’oifeau vole vent devant, les
plumes dont la direction eft de devant en
arrière, n’arrêtent pas le cours de l’air ;
mais fi i’oifeau- vole vent arrière, l’air rencontrant
ces plumes , les pouffant contre
kur direêlion, tend à les relever, 8i elles. .
deviennent une véritable v o ile , contre la*
quelle il exerce fon impulflon.
Ce font les plumes que je viens de décrire
, q u i, très-multipliees& très-prolon*
gées dans l’oifeau de Paradis, forment de
chaque côté le panache qui accompagne ,
qui cache 8c qui excède fa queue : ce font
e lle s , dans le R o i des oifeaux de Paradis ,
qui, chargées des plus riches couleurs,contre
ce qui eft ordinaire, car ces plumes font
communément, d’un ton de couleur pâle
& lavé , forment comme une fécondé aile
tranfverfale pa'r rapport à l’aîle véritable ;
les mêmes plumes dans l’aigrette concourent
avec les couvertures fupérieures à fournir
les panaches qui font fi recherchés.
On donne encore le nom de couv ertures
aux plumes qui enveloppent la queue
■ à fon origine , tant en deffus qu’en deffous.
Les premières font en général longues &
la rg e s , arrondies à leurs extrémités ; elles
font fouples 8c douces au toucher. D e s
couvertures inférieures , celles qui fo n t
moins en a r r iè re , qui entourent l’anus ,
font encore plus molles 8c plus douces ;
mais celles qui font plus en arrière , 8c
qiti s’étendent davantage fous la q u eu e ,
font plus fermes , plus longues 8c plus
larges ; ce font les couvertures fupérieures
de la queue q u i, dans l ’oifeau appellé la
v e u v e , fe prolongent ex ceffivement, &
forment cette fauffe queue fi longue &
flottante, qui entoure 8c qui cache la v é ritable.
Ce font de même le s couvertures
fupérieures de la q u eu e , qui fe p rolongeant 8c prenant une forme étroite dans le coq r
forment ces plumes flottantes qui accompagnent
des deux côtés l ’origine de fa queue ;
ce font encore les mêmes plumes qu i, p ro longées
exceffivement dans le paon , 8c
terminées par un épanouiffement arrondi ,
compofent la riche parure qu’il d ép lo ie ,
qu’on prend pour fa queue qu’elle co u v re
& qu’elle cache , & qu’on ne v o it qu’em
regardant le paon, par derrière ; elle y f t
brune 8c fert de foutien au: pompeux
ornement q u i la dérobe aux regards du
fpeûateur.
Les plumes qui nous relient â obferver.,
font telles des allés & de- la queue- O »