
milieu eft dentelé comme la lame d'une fcie du côté
intérieur , Si les trois doigts antérieurs font joints
enfemble par une membrane qui s’étend juiqu’à
la première articulation. Ces cara&ères conviennent
egalement à tous les engoulevents connus jufqu’à
préfent ; ils ont tous auffi des couleurs fombres,
à-peu-prés dans les mêmes nuances, & répandues
fur leur plumage par raies ou jettées confufément
par taches. Cette reffemblance entre tous les engoulevents
, & le mélange des couleurs fur leur
plumage , en rend la description très-difficile, &
c’êftjun obftacle à pouvoir donner de chacun une
idée affez nette pour les faire diftinguer les uns
des autres. On n’en connoît jufqu’à préfent qu’une
efpèce en Europe, Si. meme dans l’ancien continent;
car ceux qui ont été apportés des pays éloignés
, & des extrémités de l’Afie même, ne paroiffent
pas différer du nôtre, & cette efpèce, la même
par-tout, n’eft abondante nulle part ; en Amérique,
au contraire , les engoulevents font communs , &
les efpèces font fort Variées. Cette différence pa-
roit tenir à ce que ces oifeaux ne vivant que
d’infeéles, & devant néceffairement en confom-
mer beaucoup , ayant befoin d’en trouver de proportionnés
à leur grandeur , ils ont dû être placés
dans les régions qui nourriffent les plus grands
infeéies & en plus grande quantité. _
L’engoulevent d’Europe eft un peu plus gros qu’un
merle ; il a dix pouces & demi du bout du bec
à celui de la queue , un pied neuf pouces lix lignes
de vol. Tout l'on plumage eft varié de lignes tranfverfales
, grifes & noirâtres , tracées en zigzags ;
il y a quelques taçhes rouffeâtres, d’autres taches
plus grandes & noires fur les plumes fcapulaires ;
la gorge Si les jouçs font rayées de noir Si de
rouffeâtre ; le bec eft bordé en-deffous par une
raie blanche qui s’étend jufque derrière la tête ?
les couvertures du deffus des ailes font noirâtres
& maculées par des taches rouffes, les unes plus
foncées, les autre» plus claires ; les pennes de
l’aile font noirâtres, tachetées de rouffeâtre ; les
deux plumes dù milieu de la queue font grifes,
rayées de noirâtre ; les latérales font de cette dernière
couleur, & traverfées de bandes variées de
gris & de noirâtre ; les deux extérieures de chaque
côté font terminées de blanc : la portion fupé-
rieure du bec eft garnie de poils noirâtres, roides,
tournés en-devant; ces poils attachés à la partie
fupérieure du bec, font un des caraélères des en-*
goulevents en général: le bec Si les ongles font
noirâtres ; les pieds font bruns.
L’engoulevent eft, dans nos climats ? un oifeau
de pafïage ; il arrive vers le mois d’avril, & s’en
vaxlans les premiers quinze jours de feptembre;
il vit d’infe&es qu’il prend en volant ,& particulièrement
de phalènes. Ce font des efpèces d’in->
feéies ^oél urnes, comme Y engoulevent eft oifeau
de nuit; le .jour il fe tient caché dans les taillis
épais Si fourrés, Si comme fes couleurs font
jfortN fombres, il eft très t difficile à découvrir ;
maïs lé foïr atf êrépufcule il fe met en mouvement
Si en chaffe ; c’eft alors qu’il fait entendre
fon cri , affez perçant, quoique filé, Si qu’il
répète, ordinairement trois fois de fuite ; il recommence
fouvent, Si le bruit qu’il fait Si qu’il continue
pendant toute la nuit, eft fort incommode
aux environs des bâtimens qui donnent fur les
parcs , ou des bofquets affez vaftes pour que les
engoulevents les adoptent. La femelle pond à
terre , prefqu’à nud , & choifit feulement un
lieu un peu déprimé, un trou peu enfoncé, ou
une cavité entourée de pierrailles : fa ponte eft
de deux ou trois oeufs brunâtres. Beaucoup de
perfonnes prétendent que la chair de Y engoulevent
eft très - délicate & un manger fort bon ;
mais c’eft un gibier peu connu , Si qui ne l’eft
que des chaffeurs. Ces oifeaux font très-gras au
mois d’août & au commencement de feptembre.
Je conferve un engoulevent envoyé de la Chine
par M. Sonnerat. Il diffère de celui d’Europe, en
ce qu’il eft un peu plus grand : fes couleurs font
un peu plus foncées ; la différence la plus con-
ftdérable, confifte en ce que les pennes de l’aile
font noirâtres, marquées de taches jaunâtres,
avec un point noirâtre à leur centre, 6t difpofées
de façon que le milieu de l’aile paroît rayée en
travers alternativement de fept bandes jaunâtres,
Si d’autant de bandes noires : mais malgré ces
différences, il y a tant de rapport entre cet
engoulevent Si le nôtre, qu’on ferait peut-être
moins bien fondé à les regarder comme deux
efpèces différentes., qu’à être furpris de tant de
reffemblance entre deux oifeaux qui fe trouvent
à une fi grande diftance.
E n g o u l e v e n t a a c u t i - p e n n e delaGuiane.^
Crapaud-volant ou tette-chèvre de la Guiane. PU
enl. 732.
Il n’a guère que fept pouces & demi de long ;
fes ailes pliées excèdent la queue de quelques
lignes ; fes couleurs font celles des oifeaux de
fon même genre, mais elles font plus décidées , le
noir & Je roux font plus foncés : ces indications
ne fuffiroient pas , & il ne feroit pas plus^ aifé de
donner , pat la defeription , une idée jufte de
cet engoulevent que des autres oifeaux du même
genre, fi celui-ci n’étoit reconnoiffable à un trait
qui le diftingue ; c’eft la conformation des pennes
de fa queue, dont la tige finit en pointe dénuée
de barbes; enforte que la queue paroît comme
épineufe ; elle eft de plus terminée par une large
bande noire. Ces deux traits, le premier fur-tout ,
difpenfent d’entrer dans un plus grand détail*
Genre XXIX,
E n g o u l e v e n t a l u n e t t e s ou H a l e u r .
Tette-chèvre de la Jamaïque. B r i s s . tom. I l ,
ppg, 480.
Les auteurs ne s’accordent pas fur les dimenfions
de cet oifeau. M. Sloane fixe fa longueur à fept
pouces ; M. Briffon la porte à onze , M. Ray en
parle cdmme d’un for? petit oifeau il n’en faut
pas
p a s d av a n ta g e p o u r q u ’o n fo it c o n v a in c u q u e c e t |engoulevent n ’e ft c o n n u q u e trè s - im p a r fa item e n t. ;
C e p e n d a n t les au te u rs s’a c co rd e n t à d ire q u e fo n ,
p lum a g e e ft v a r ié d e g r i s , d e n o ir & de c o u le u r
d e feuille morte c e p lum a g e n e diffère p a s , o u
b ie n p e u , d e c elui d e p lu iié u rs a u tre s engoulevents
,* mais c elui - ci n e p o u r r a i t m a n q u e r d ’ê tr e
r e c o n n u à la c o n fo rm a tio n d e fes n a r in e s , q u i re f -
fe ra b le n t à d e u x tu y a u x c y lin d r iq u e s é le v é s au-
deffus d u b e c d e d e u x lignes Si d em ie . O n le
t r o u v e , fu iv a n t M . S lo a n e , à la J am a ïq u e , Si de
p lu s , fu iv a n t B a r re re , à là G u ia n e , o ù il d it
q u ’on, l’a p p e lle haleur. G e n re X X IX .
E n g o u l e v e n t d e la C a ro lin e .
T.ette -chèvre d e la. C a ro lin e . B r i s s . tom. I l y
Pag; 475*
Idem. C a t e s b . tom. /, pag. 8 , pl. 8. t
I l a b e a u c o u p d e r a p p o r ts a v e c le n ô t re ; fa
taille e ft à -p e u -p rè s la m êm e : to u t fo n p lum a g e
e f t v a r ié d e gris Si d e n o i râ t re : c e s d e u x co uleu
rs fo n t tra c é e s fu r les p a rtie s fu p é r ie u re s e n
z ig z a g s , & fo rm e n t des lignes tra n fv e r fa le s , ainft
q u e lu r les p a rtie s fu p ér ieu re s d e Y engoulevent q u e
n o u s a v o n s e n E u ro p e ; m ais fu r le deffous d u
c o r p s , le gris Si le n o irâ tre fo n t difpofés p a r lignes
lo n g itu d in a le s , Si c’e ft l a p lu s g r a n d e diffé ren c e
a v e c n o t r e engoulevent ,• .i l y a e n o u t re d’affez
g ran d e s ta c h e s ja u n â tre s fur la p a r tie fu p é r ieu re
d e la tê te ; mais la p o r tio n in fé r ie u re d u b e c e ft
b o r d é e d ’u n e ligne b lan c h e q u i s’é te n d des d e u x
cô té s ju fq u ’aux coins des d e u x m a n d ib u le s , Si ce
t r a i t ra p p ro c h e Y engoulevent d e la C a ro lin e d e
c e lu i d’E u ro p e . 'Genre XXIX.
E n g o u l e v e n t g r i s .
L ’engoulevent gris a tre iz e p o u c e s d e lo n g : le
gris e ft la c o u le u r d om in a n te d e fo n p lum ag e ;
les p e n n e s d e l’aile fo n t p a y é e s t ra n fv e r fa lem e n t
d e g r is - c la ir , c elles de la q u e u e de b ru n fu r u n
fo n d gris ta c h e té d e b ru n ; le b e c e f t d e c e tte
d e rn iè re c o u le u r en-de ffus & ja u n â tre e n -d e f fo u s .
O n le t ro u v e à la G u ia n e . Genre XXIX.
E n g o u l e v e n t r o u x d é ,C a y e n n e .
Crapaud-volant o u tette - chèvre d e C a y e n n e .
Pl. enl, 7 3 5 ,
J e ji’ai jam a is v u c e t engoulevent. 11 a , fu iv a n t
M . d e M o n tb e i l l a rd , le feu l a u te u r q u i e n a it
e n c o re p a r lé , d ix p o u c e s Si d em i de lo n g , Si fa
q u e u e d ép a ffe d e fix lignes les ailes pliées : du
ro u x b ro u illé d e n o irâ tre fait prefque to u t le
fo n d d u p lum ag e ; u n n o ir plus o u m o in s fo n cé
e n 'e f t p re fq u e to u t l ’o rn em e n t: q u e lq u e s , tach e s
b lan c h e s fo n t fem é e s ç à Si là fur le co rp s , t a n t ’
deffus q u e deffous : en g é n é ra l le n o irâ tre d om in e
f u r le h a u t d u v e n t r e , le ro u x fur le bas - v e n tr e ; la
p a r tie m o y e n n e d e s gran d e s p e n n e s des ailes , offre
u n c om p a r tim e n t de p e tits c a rré s a lte rn a tiv em e n t
ro u x & noirs, q u i o n t p re fq u e la rég u la rité des cafés
d ’u n é c h iq u ie r ; le b e c e f t b r u n - clair ; les p ied s
fo n t c o u le u r d e chair.
J e c o n fe rv e dans ma c o lle& io n u n engoulevent
Hifloire Naturelle. Tome I.
!
ta Louifiane , qui a beaucoup de rapports avec
le precedent, ainfi que M. de Montbeillard le
remarque. Il eft un peu plus grand : le noirâtre
domine davantage fur tout fon plumage ; il diffère
Si il eft reconnoiffable par un plus grand nombre
de taches blanches ap bas de la gorge, fur laquelle
leur réunion forme une éfpèce de. collier : les
bords des deux mandibules, fur-tout celui de
l’inférieure , font très-épais & fort larges ; ils font
une faillie longitudinale d’e'nviron un pouce de
long vers les angles du bec, & cette proéminence
reflemble à une raie blanchâtre : les pieds font
bruns, les ongles noirs, le bec grisâtre. Genre
XXIX. -
E n g o u l e v e n t v a r i é de Cayenne.
Crapaud-volant de Cayenne. Pl. enl. 760.
Les perfonnes qui ont obfervé cet engoulevent à
la Guiane , difent qu’il fe tient, dans les plan-
tages, les chemins Si. autres lieux découverts ;
qu’il a deux fortes de cris, l’un femblable à celui
du crapaud , l’autre à l’aboyement d’un chien ;
qu’il fe laiffe aifément approcher , Si qu’il ne
part que de très - près ; que c’eft l’efpèce & engoulevents,
la plus commune. De ces obfervations ,
les unes offrent quelque chofe de contraire à
l'habitude des engoulevents en général, & les autres
; n’ont rien qui foit particulier à celui-ci : il eft
! contre les habitudes de ces oifeaux de fe tenir en
lieu découvert en plein jour ; mais quand ils s’y
trouvent, il eft aifé de les approcher , ainfi. que
tous les oifeaux de nuit, qui voient mal par un
trop grand jour. Il fe peut que cette efpèce foit
la plus commune , cependant c’eft une de celle
.„qu on nous envoie le plus rarement. Celui-ci a
fept pouces de long environ, 5c fa queue dépaffe
d’un pouce les ailes pliées; le deffus de la tête
eft couvert d’une bande longitudinale noirâtre,
pointillée de brun - rouffeâtre peu apparent ;... il y
a , de chaque côté, une raie longitudinale grife,
tachetée de noirâtre , au haut du cou une efpèce
' cle demi-collier rouffeâtre ; le dos eft brunâtre ,
varié de lignes tranfverfales grisâtres ; les plumes
fcapulaires &les couvertures des ailes font noires ,
tachetées de rouffeâtre , & marquées à leur extrémité
dun point blanc, enforte que ces.taches
foi ment fur le haut de l’aile comme trois raies
blanches, mais entrecoupées dans leur longueur ;
fos grandes pennes des ailes font brunes, la plus
extérieure eft bordée de blanc en-dehors dans les
trois quarts de fa longueur : les deux pennes du
milieu de la queue font grifes , traverfées de
quelques bandes noirâtres, Sc de petites lignes de
ta m^me couleur en zigzags : les latérales font
blanches du cote interne, noirâtres du côté extérieur
, excepté la plus externe qui eft blanche
des deux cotes dans la dernière moitié de fa
longueur ; toutes font terminées de noirâtre ; le
haut de ta gorge eft blanchâtre , très.peu. rayé de 1 noirâtre; le devant du cou & le haut de. la poitrine
fçnt tachetés de blanc fur un fond rayé tranf- Rrrr . \ '