
de régler fes mouvemens de manière que
leur impulfion foit toujours en ligne droite ;
car fi ils font vaçillans, brufques , que la
verge d’acier foit pouffée de côté , elle ne
pliera pas, mais elle fe caffera très-aifément.
Quand on a percé avec le ftilet, de la
manière que je viens d’expofer, les deux
os des jambes, ôç qu’on a fait gliffer, à
plufieurs reprifes , le ftilet de toute fa lon-
gueur à travers la cavité de l’os de chaque
jambe , on prend les fils de fer qu’on a
préparés, ôç avec un peu d’adreffe on les
fait très - aifément paner à travers le conduit
que le ftilet leur a ouvert. On les
introduit par.l’extrémité qui a été ajguifée;
lorfque les fils de fer font pâlies à travers
les os des jambes , on les pouffe au - delà
de quelques pouces de plus ; alors on fait, à
celle de leur extrémité qui eft du côté du
corps, une boucle ou un anneau, connue
on a fait par rapport au fil de fer qui enfile
l ’intérieur de la peau fuivant la longueur
; on approche de cette dernière
boucle, celles qq’on vient de former ; on
les difpofe toutes trois de façon qu’elles
ayent la même fituatiori, c’eft-à-dire, que
leur faillie foit tournée en-deffus, ou à
l ’intérieur dit corps ; on lie fortement ôc
étroitement ces trois boucles en ju x ta pofition
, ou appliquées les unes contre les
autres, par un grand nombre de circonvolutions
, avec du fil très-fort, ou fuivant la
groffeur des oifeaux , avec de la ficelle ou
du fil de fer.
Quand les trois boucles font fi bien liées
qu’elles ne peuvent s’écarter, ni changer
refpeclivement de pofition, foutenant de
la main gauche, l’un après l’autre, les fils
de fer pafles à-travers les os des jambes,
on tire de la main droite chaque jambe ,
ôc on la met en extenfion ; puis tenant bien
ferme avec une pince plate les trois boucles
des trois fils de fer, on faifit avec tine autre
pince, l’un après l’autre, chacun des fils de
fer qui paffent à travers les jambes ; pn les
prend chacun au - deffous de la boucle qui
les termine , ôc on les courbe de dedans en.
dehors, ôc en même-temps de bas en hayt,
par le même mouvement ; enforte qu’après
çette manipulation la boucle de chacun de
ces fils de fer fe trouve un peu plus élevee
que la tige qui la foutientôc forme avec elle
un angle.On mefure idéalement la longueur
que pouvoit avoir l’os de la cuiffe ; on en
juge par la grandeur de l’oifeau qu’on préparé
, ÔC par l’habitude. De l’angle de la
boucle avec fa tige , on courbe chaque fil
de fer en le relevant de dedans en dehors ; ôc
le portant fur le cô té , la courbure allongée
qu’on lui fait décrire repréfente l’os de la
cuiffe dont elle doit égaler la longueur, i
Il fuit de la préparation que je .viens
d’indiquer, que le fil de fer paffé dans les
pattes, lorfque le corps fera en pofition,
aura fon point d’appui à la réunion des trois
boucles, ôc que les fils de fer qui fuppléent
aux cuiffes ôc qui paffent par les jambes, fe
trouveront dans le même écartement avec
le point d’appui qu’avoient les parties
mêmes dont ils rempliffent les fonâions.
Toutceque je viens de dire étant achevé,
on aura foin de bien étendre la peau ; on
approchera les deiqc pattes l’une de l’autre
pour mefurer fi elles font d’égale longueur ;
on alongera l’une ou l’autre, fuivaht qu’il
fera néçeffaire, non pas en tirant la patte ôc
le fil de fer enfemble, mais en faifant gliffer
la patte qui aura befoin d’être alongée
fur le fil de fe r , qu’on tiendra ferme de la
main gauche pour qu’il ne baiffe pas, tandis
que de la main droite on tirera la patte
en-bas.
Il eft très - important d’être attentif à ce
que les deux pattes foient parfaitement
d’égale longueur, fans quoi l’oifeau ne. fera
jamais en équilibré ôc en bonne pofition ;
mais quand on y aura donné l’attention
néçeffaire, ainfi qu’à tout ce qui a été dit
jufqu’à préfent,, il ne reftera plus qu’à remplir
la peau.
On fe fert pour cet objet de coton ,
d’étpupe ou de mouffe. De ces trois matières
le coton eft de beaucoup préférable,
parce qu’il eft plus fouple, plus aifé à bien
arranger ; qu’il s’infinue mieux dans les
cavités étroites , ôc qu’il s’arrange fans
former d’inégalités, comme il eft difficile
de l’éviter en employant l’étoupe ou la
mouffe.
Si l’on prépare un très-gros oifeau ôç
qu’on veuille épargner, on pourra fe fer-
vir d’étoupe ou de mouffe , mais pour
Remplir feulement la place du corps ; il
faudra n’employer que du coton pour le cou
ôc les cuiffes , ôc en couvrir d’une couche
épaiffe toute la furface interne de la peau,
enforte que l’étoupe ou la mouffe foient
enveloppées de tous cotés par le coton.
On commence par remplir le cou, ce
qui fë fait de la manière fuivante :
La peau étant- étendue de toute fa longueur,
for une table, ôc armée, comme je
l ’âi indiqué, des fils de fer qui tiennent lieu
de la charpente offeufe, on foulève de la
main gauche la peau qui eft au bas du cou ;
de la main droite on pofe un peu de coton ,
plus ou moins, fuivant la taille de l’oifeau,
deffous le fil de fer qui traverfe le cou ; on
pouffe ce coton du bas du cou vers le haut
avec une baguette, ou un fil de fer droit ôc
bien poli ; ori fent de la main gauche fi le
coton eft parvenu en contait de la tête ;
on recommence à introduire de nouveau
coton ; on n’en met que peu à - la - fo is, ôc
on tâche de l’introduire d’abord entre la
peau ôc le fil de fer ; quand le derrière dti
cou eft rempli de la longueur de quelques
travers de doigts, on remplit de même les
deux côtés du cou l’un après l’autre, ôc on
finit par la partie fupérieure ou la furface
interne, c’eft-à-dire, qu’il faut d’abord placer
le coton entre la peau ôc le fil de fer le
fofig du cou, enfuite fur fes côtés, ôccnfin
en couvrir en-dedans le fil de fer ; de cette
façon il fe trouve au centre du coton qui
l ’enveloppe de tous côtés, ÔC qui, quand
on donnera l’attitude, l’empêphera de distendre
la peau, <Sy former aucune afpérité.
On remplit fucceflivcment toute la longueur
du cou, en commençant toujours
par interpofer le coton entre le fil de fer
ôc la peau par-deffous, ou la peau du côté
du dos, en rempliffant les côtés ôc finiffant
par la partie qui eft en-devant. Il faut être
attentif à ce que toutes les parties de coton
qu’on introduit foient pouffées affez
avant pour fe toucher les unes les autres
ôc ne pas laiffer de vuide entre elles; il
faut les preffer légèrement les unes contre
les autres du bout de la baguette qui fert
à les introduire ; fi on employoit beaucoup
de force pour les fouler, la peau céderoit,
ôc le cou finiroit par paroître beaucoup
plus gros qu’il ne doit être; d’ailleurs on
le racourcira en mettant en attitude, ce
qui le rendra plus gros ; il faut donc ne
-bourrer le cou que médiocrement, ôc que
le coton qui le remplit n’offre au toucher
qu’une molle réfiftânce, à-peu-près celle
d’une éponge mouillée qu’on preffe. Si
en bourrant le cou on avoit -laiffé dans fa
longueur quelque vuide dont on ne fe fût
pas apperçu, ou que n’ayant 'pas apporté
affez d’attention à ne pas remplir les points
correfpondans plus les uns que les autres,
il fe trouvât quelque endroit plus gros
d’un côté que de l ’autre, enfin que le cou
ne fût pas filé ôc uni dans toute fa longueur
, il n’y auroit de moyen de réparer
cette mauvaife befogne que de retirer le
coton de la manière que j’ai indiquée en
parlant de la façon de vuider lés peaux
sèches , dé recommencer enfuite ; tout ce
qu’on feroit d’ailleurs pour corriger les
défauts qui exifteroient, ne feroit que les
augmenter.
Après le cou on bourre la peau des
cuiffes, enfuite on remplit le vuide qui eft
autour du croupion. On a toujours foin
que le fil de fer fe. trouve enveloppé par
le coton, qu’il en occupe le centre, ôc on
n’introduit le coton que peu-à-peu. Sans
çette précaution il eft impoflîble de bien
faire : on perd même du temps , parce que
le coton introduit en trop grande quantité
à-la-fois, ne produifant qu’un ouvrage mal
fa it , on eft obligé de le défaire pour recommencer.
Enfin, pour remplir le corps, on étend
une couche épaiffe de coton entre la peau
du dos ôc le fil de fer qui traverfe la longueur
du corps ; on arrange enfuite du coton
fur les côtés ; on le place' par fragmens
plus ou moins gros ; onpreffe les fragmens
les uns contre les autres, ôc on a foin d’en
mettre alternativement un nombre égal de
chaque côté; on difpofe enfuite du coton
-au-deffus du fil de fe r , ôc on l’applatitvec
les mains; on le foule ôc on le moule en
quelque forte pour donner à la maffe en