
fe pas trouver dans les pays étrangers. Les
infeâes deftruâeurs que j’ai diftingués à
Paris , font deux efpèces de dermejles un
anthréne, une bruche, plulieurs efpèces de
teignes.
Ce n’eft qu’autant qu’on aura obfervé
la manière dont ces infeâes v iv en t, agif-
fent, fe nourriflènt, qu’on connoîtra bien
les ravages qu’ils font capables d’exercer,
& qu’on pourra parvenir à trouver les
moyens, ou de les prévenir, ou de les
arrêter. C ’eft aulîi cette raifon qui m’engage
à indiquer ces infeâes , d’après la
defeription que M. Geoffroi en a faite , &
à donner un précis de leur hilloire. Les
dermeftes ont les antennes en maJTe per-
foliée & cinq articles à tous les pieds. Les
deux efpèces de ce tjenre , qui détruifent
les oifeaux defféches , font celles que
M. Geoffroi a nommées ,. le dermejle à deux
points blancs, SC celui du lard. Le premier
a environ, ( car les individus de cette ef-
pèce varient de grandeur ) deux lignes &
demie de long , une ligne & demie de
large. Il eft d’une couleur noirâtre , lui-
fante ; chacun des étuis qui couvrent fes
ailes ,* eft marqué vers le haut d’un point
blanc ; il y a trois points de la même
couleur , mais plus petits au milieu 4U
corce le t, près de l’ecuffon, à fes deux
côtés. Le ver ou la la rv e, fous la forme
de laquelle cet infeâe paffe la première
partie de fa v i e , & prend fon accroiffe-
ment, eft d’une formé allongée, velue ,
jaunâtre ; elle paroît comme compofée
d’anneaux mobiles, joints enfemble. Elle a
trois pattes ou pieds de chaque côté, à la partie
antérieure du corps, qui eft plus greffe
que la partie poftérieure : tout le corps eft
arrondi, & va en diminuant de la tête à la
queue, qui eft terminée par deux houppes ou
aigrettes dg poils fort longs. Le delfous du
corps eft lifte & blanchâtre. Ce ver court
fort v ite , & comme par façades, Lorfqu’on
veut le prendre , il gliffe & il s’échappe
à la faveur des poils longs $£ élaftiques ,
quoique doux au toucher, dont il eft: couvert.
Il fe nourrit de la peau , des reftes
des tendons , des membranes , de la chair
defféchée, qui font demeurés attachés aux
g île s . aux pattes, au croupion, à la tête,
ou à différentes parties de la peau ; il entame
même les cartilages & les écailles
qui entourent la bafe du b e c , ou qui couvrent
les pattes, & jufqu’au tuyau des
plumes qu’il coupe dans la portion qui
contient la fubftance médullaire. Il mange
beaucoup, & croît en peu de temps ; il
change plufieurs fois de peau, pendant qu’il
conferve fa première forme ; & comme
la peau qu’il dépouille à chaque fois a le
même afpeâ que l’animal entier, elle indique
fa préfence ,. lorfqu’on la découvre
fur le fond de la boëte , où elle tombe
ordinairement par l’effet des mouvemens
que le ver fe donne en la quittant : où il
fe change en cryfalide. fous les plumes
où il fe retire à cet effet fous les pieds
qui fervent de fupport aux oifeaux. L’in-
f e â e , parvenu à fon état de perfeâion ,
fe nourrit des mêmes fubftances que quand
il v ivo it fous la forme de v er ; mais alors:
il confomme moins , & il ne caufe pas
autant de dégât. Il s’accouple peu de temps
après avoir paffé de l’état de cryfalide à
celui d’infeâe parfait ; la femelle, dépofe
fes oeufs fur les fubftances dont la larve ôç
l’infeâe fe nourriffent ; ils éclofent plüs
promptement ou plus tard, fuivant la chaleur
de la faifon : la même caufe abrège;
ou prolonge le temps que les vers font à
prendre leur accroiffement. L’infeâe ne v it
pas long-temps fous fa dernière forme ;
mais les générations fe fucçèdent dans cette
efpèce, qui n’â befoin pour être en v igueur,
que d’une chaleur fort fôible. On
voit de ces dermeftes & de leurs larves
depuis le commencement de mars jufqu’à
la fin d’oâobre : l’efpèce fe conferve pendant
l’h iver, par le moyen des oeufs qui
n’éelofent qu’au printemps , ou par le
moyen des cryfalides , qui ne patient que
dans cette faifon à.l’état d’infeâes parfaits;
Il eft donc impoflible de fçavoir combien
de fois la génération du dermejle à deux
points fe renouvelle en une année, & de
fixer un temps où l’on foit sûr que toute,
l’efpèce exifte fous la forme de ver.
On verra par la fuite de quelle utilité
peuvent être ces dernières remarques.
Le dermefte dulard, nommé par M. Linné
orniïholoçis inimkwn çtjiitnA^ eft plus grand
que le précédent ; il a trois lignes de long.
La moitié fupérieure de fes étuis eft couverte
d’une bande grifâtre , traverfêe par
des points noirs difpofés en zigzag ; le
refte du corps eft d’un noir terne. La larve
de ce dermefte , quoiqu’alongée , l’eft
moins que celle du précédent, elle a de
même fix pattes, le delfous du corps lifte
& pâle; le deflùs & les côtés font couverts
de poils longs, bruns & roides. Ce
que j’ai dit d’ailleurs , relativement au dermefte
précédent , convient également â
celui-ci. On eft de même averti de la préfence
de fa larve, par fa dépouille tombée
fur le fond de la boëte, ou reliée attachée
fur les plumes. Mais elle fe décèle encore
par un indice plus frappant. Ce font les
excrémens. Ils relfemblent à des.; brins de
fils bruns, longs, entrelacés les uns dans
les autres. L’un 8c l’autre dermefte , dans
l ’état de perfeâion , rendent des excrémens
qui ont la forme de grains oblongs , gri-
fâtres ; ils fe réduifent en poulîière fous le
doigt , quoiqu’on leur trouve quelque
chofe de vifqueux , & peuvent fervir à
faire connoître les animaux dont ils font
le produit. Le dermefte du lard attaque
les colleâions plus fouvent que le dermefte
à deux points ; & comme il eft beaucoup
plus grand , il fait beaucoup plus de
ravage.
Les bruches font de très-petits fearabés
qui ont fix articles à toutes les pattes , .lest :
antennes filiformes, le corcelet arrondi, le
corps fphéroïde & convexe en-deflùs.
M. Geoffroi en décrit deux efpèces qu’il
appelle,. l’une,. la bruche à bandes ; cerambix
fur. Linn. L’autre la bruche fous, ailes. Je
niai obfervé que la première dans les colleâions
d’oileaux, quoique la fécondé dé-
truife, comme la première, les.colleâions
d’infeâes auxquelles les bruches font en
général plus funeftes qu’à celles d’oifeaux.
La bruche à bandes a les antennes plus
grandes que fon corps qui n’a qu’une ligne
& demie de long; fon corcelet eft rempli
d’afpérités, & couvert fur les côtés de
poils blanchâtres : fes étuis font convexes
& traverfés par deux bandes de poils fort
courts ; ils font couverts de dépreflions ou
de points enfoncés qui les font paroîtrè
ftriés. La larve de cet infeâe eft un très-
petit ver à fix pattes, couvert de poils
qui forment des anneaux alternativement
bruns, & alternativement blanchâtres. Ce
v e r , pour fe métamorphofer, creufe ordinairement,
dans le bois, un trou dans
lequel il fe retire & s’enferme fous une
coque foyeufe, d’un tiflii ferré, grife en
dehors, blanchâtre & fatinée- à l ’intérieur,
d’une forme oblongue, arrondie.
Je n’ai jamais trouvé de bruches ni de
leurs larves en é té ; mais j’en ai vu fort
fouVent au printemps, en automne , & fur-
tout en hiver, C’eft même dans cette dernière
faifon que la bruche eft beaucoup plus
commune fous l’état d’infeâe parfait. Elle
ne fort guère de fa retraité pendant le
jour, mais la nuit eft le temps de les courtes,
& on, l’apperçoif aifément en obfervant à
■ la lumière. Les excrémens de fa larve confident
en une pouflière grifâtre & grenue ,
parmi' laquelle on apperçoit fouvent la
dépouille, ou la vieille peau que l’infeâe
a quittée ; il paroît que rongeant les parties
qui font autour de lui, -il change; peu de
place, ce qui le rend plus facile-à. recon-
noîtrepar les indices que je viens d’indiquer.
Comme-la bruche eft fort petite,
elle, ne caufe pas de grands dommages ;
d’ailleurs elle n’eft jamais fort abondante
dans les colleâions d’oifeaux; il n’en eft
pas, de même des infeâes qui fuivent, &
qui, quoiqu’ils ne^ forent pas plus grands „
ils exercent, à caufe de leur nombre, les ravages
les plus funeftes,
M, Geoffroi diftingue deux efpèces d’an--
thrênes : il appelle l’une anthtrêne à broderie ÿ
il donne à l’autre un nom qui ne s’accorde
pas avec fes habitudes malfaifantes, celui
d’amourette. L’une & l’autre font de fort-
petits fearabés qui ont cinq articles à toutes
les pattes, les antennes droites, en maffe
folide, un peu applaties. Leurs larves font
de tres-petits vers velus, remarquables
par deux appendices ou crochets, aufli longs
que k corps, & attachés à fon extrémité
poftérieure.
Les anthrênes dans l'état d’infeâes parfaits
, font aâifs & légers ; ils cherchent le
grand jour ; ilslfuient l’obfcurité ; ils feplai-
fent-fur les fleurs-, fur-tout fur celles qui