
de ce climat ont toujours une légère teinte de
jaune.
Les hermines font très-communes dans tout le
Nord , fur-tout en Ruflie , en Norvège , en La-
ponnie ; elles y font, comme ailleurs , rouffes en
été ôc blanches en hiver. Elles fe nourriffent de
petits-gris , & d’une efpèce de rats très-abondante
en Norvège & en Laponie. Les hermines
font rares dans les pays tempérés, & ne fe trouvent
p.oint dans les pays chauds.
U hermine , en latin hermellanus. 3 animal ermi-
neum , eft la muflela alba de Gefner ; muflela
caud.ce apice atro de Linné ; muflela armellina de
Klein ; muflela candida 3 Jîve animal ermïneum ro-
.centiorum de Ray.
H I A M , à la Chine , eft l’animal du mufc.
Voye^ Musc.
HINEN-PAO , à la Chine , once. Voyeç ce
mot.
HIPPELAPHE , des anciens, eft le cerf des
Ardennes. Voyez à l’article C erf.
HIPPOMANe S. Voye£ l’article Ju m e n t .
HIPPOPOT AME , ( 1’ ) eft plus grand & aufli
grostpie le rhinocéros ; il a les jambes plus courtes,
la tête moins allongée, mais plus groffe à proportion
du corps ; les yeux petits , les oreilles
très-courtes, pointues ôc garnies en dedans de
poils épais , courts ôc fins ; les lèvres fupérieure
Sc inférieure garnies , à des diftances allez confi-
dérables , de petites touffes de poil, qui, comme
des pinceaux, fortent d’un tuyau ou racine ; la
peau très-épaiffe , très-dure , & prefqu’impéné-
trable fur le dos ; la croupe ôc la partie extérieure
des cuiffes & des feffes , mais moins dure
Sc moins forte fous le ventre ôc aux parties intérieures
des cuiffes. On apperçoit par-ci par-là
fur le corps quelques poils rares de couleur fauve ;
mais il ne s’en trouve prefque point aux jambes,
aux flancs ni fous le ventre. Sa queue eft courte ,
applatie depuis le milieu jufqu’au bout, & garnie
à l’extrémité , de poils ou pinceaux comme au
nez, mais un peu plus longs. Il a quatre doigts
aux pieds , ôc un ongle à' chaque doigt.
L’hippopotame ne porte point de cornes ni fur
le nez , comme le rhinocéros, ni fur la tête ,
comme les animaux ruminans ; mais ce qui fait fur-
tout remarquer cet animal, c’eft la grandeur énorme
de fa gueule, qui eft de forme carrée & garnie
de dents très-longues ôc d’une fubftance extrêmement
dure, fur-tout celles de la mâchoire inférieure.
Les dents incifives dans cette même mâchoire
-, font aufli très-longues , cylindriques &
cannelées ; les dents canines font courbées , prit
matiques ôc tranchantes comme les défenfes du
fanglier, les dents molaires font carrées ou bar-
longues , affez femblables aux dents mâchelières
de l’homme , & fi groffes, qu’une feule pèfe plus
de trois livres ; les plus grandes incifives & ca- ;
nines ont jufqu’à douze ôc même feize pouces de I
longueur, ôc pefent quelquefois douze ou treize
livres chacune. Toutes ces dents font communément
au nombre de trente - fix ; favoir, quatre
incifives ,‘ deux canines & douze mâchelières à
chaque mâchoire ; ce nombre varie fuivant l’âge.
En réuniffant les différentes defcriptions qu’on
! a données de cet animal, il paroît qu’il a environ
feize pieds de longueur depuis l’extrémité du
mufeau jufqu’à l’origine de la queue , quinze pieds
de circonférence , ôc fix à fept pieds de hauteur;
mais cette longueur varie ; il y en a de beaucoup
plus petits. La tête eft longue de trois à quatre
pieds , & en a huit à neuf de circonférence, la
gueule plus de deux pieds d’ouverture. La femelle
eft plus petite que le mâle dans toutes fes dimen-
fions.
Avec de puiffantes armes & une force de corps
prodigieufe, Y hippopotame poûrroit fe.rendre redoutable
à tous les animaux ; mais il eft naturellement
doux, ôc d’ailleurs, il eft fi pefant & fl
lent à la courfe , qu’il ne poûrroit atteindre aucun
des quadrupèdes ; il nage plus vite qu’il ne court ;
il chaffe le poiffon , & en fait fa proie ; il fe plaît
dans l’eau , & y féjourne aufli volontiers que fur
la terre ; cependant il n’a pas de membrane
entre ' les doigts , ôc il paroît qu’il ne^ nage
aifément que par la grande capacité de fon ventre,
qui fait que , volume pour volume, il eft à-peu-
près d’un poids égal à l’eau ; d’ailleurs il fe tient
long-temps au fond de l’eau , ôc y marche comme
en plein air, £* lorfqu’il en fort pour paître , il
mange des cannes de fucre , des joncs , du millet,
du-riz, des racines, Sec. il en confomme & détruit
une grande quantité , & il fait beaucoup
de dommage dans les terres cultivées ; mais comme
il eft plus timide fur terre que dans l’e au on vient
aifément à bout de l’écarter.
Il a les jambes fi courtes , qu’il ne poûrroit
échapper par la fuite , s’il s’éloignoit du bord des
eaux ; fa reffource , lorfqu’il eft en danger, eft
de fe jetter à l’eau , de s’y plonger, ôc de faire
un grand trajet avant de reparoître ; il fuit ordinairement
lorfqu’on le chaffe ; mais fi l’on vient
à le bleffer, il s’irrite, ôc fe retournant avec fureur
, fe lance contre les barques , les faifit avec
les dents, en enlève fouvent des lambeaux , ôc
quelquefois les fubmerge. Il a la vie fort dure,,
& ne fe rend pas facilement ; c’ëft pourquoi l’on
cherche à lui caffer les jambes, en le tirant avec
de gros moufquets chargés dè lingots. Quand on
y reuflit, on, eft , ,pour amfi dire, sûr de l’animal.
On le prend aufli avec des harpons auxquels
eft attachée une corde, ôc on laiffe l’animal
fe débattre dans l’eau, jufqu’à ce qu’il perde le
mouvement avec la vie ; alors , à force de boeufs
ou de bras , on le tire fur le rivage.
Un hippopotame qui a pris tout fon accroiffement
donne ordinairement deux mille livres de lard ,
qu’on faie & qu’on vend fort cher. On affure que
ce lard eft très-bon , & qu’il furpaffe toutes les
autres grailles pour le goût. Il ne caufe jamais
d’aigreurs, ôc en l’exprimant, on en tire une
huile douce ôc blanche comme de la crème : on
recommande même ce lard en Afrique comme
un remède fouverain contre les maux de poitrine.
La peau fert aux Nègres à faire de grands boucliers
ôc des lanières ; les peintres Indiens fe
fervent, dit-on , du fang pour leurs couleurs ,
ôc la blancheur, la netteté Ôc la dureté des dents
canines les rend préférables à l’ivoire, pour faire
des dents artificielles ôc poftiches.
La voix de Y hippopotame eft , dit-on , moyenne
entre le mugiffement du buffle Sc le henniflement
du cheval, ôc c’eft peut-être de-là que vient fon
nom, qui veut dire cheval-marin. 11 y a cependant
des relations qui affurent que fon cri ref-
femble plus à celui de l’éléphant, ou aux fons
roulans ôc bégayans d’un fourd de naiffanee. Quoi
qu’il en foit, Y hippopotame forme encore une efpèce
de fon ronflant lorfqu’il dort, ôc c’eft ce qui
le fait découvrir de loin. Pour prévenir le danger
qu’il court par là , il fe couche pour l’ordinaire
fur des terreins marécageux , dans les rofeaux,
dont on ne peut approcher que difficilement.
Dans le mâle , les parties de la génération font
habituellement cachées fous la peau ; dans la femelle
, au-deffous de l’entrée du vagin , eft un
follicule qui a environ deux pouces de profondeur
, mais où l’on ne peut voir aucune ouverture
en dedans. Elle n’a point de mamelles pendantes
, mais feulement deux petits mamelons ;
quand on les preffe , il en jaillit du lait aufli doux
ôc aufli bon que celui de la vache.
Quoique ces animaux ne mangent guère que de
l’herbe , ils ne ruminent point. Quelquefois quittant
les fleuves , ils vont dans la mer. Lorfqu’ils
fe rencontrent au fond de l’eau , ils cherchent
à s’éviter, ôc fur terre , il leur arrive fouvent de
fe battre entre eux d’une manière terrible. En fe
battant, ils fe dreffent fur leurs pieds de derrière
, ôc c’eft dans cette attitude qu’ils fe mordent.
Dans les lieux où ils font peu inquiétés , ils ne
font pas fort craintifs ; quand on tire, fur eux ,
ils viennent voir ce que c’eft ; mais quand une
•fois ils ont appris à connoître l’effet des armes à
feu , ils fuient devant les hommes , en trottant
lourdement comme le cochon ; quelquefois même
ils galoppent , mais toujours peiamment. Cependant
un homme a de la peine à les fuivre a la
courfe.
La femelle fait fon petit à terre , & l’y allaite;
elle lui apprend de bonne heure a fe réfugier dans
l’eau au moindre bruit.
Cette efpèce majeure ôc la fécondé ou troi-
fième en grandeur entre les quadrupèdes, paroît
être confinée à des climats particuliers , & ne fe
trouve guère que dans les grands fleuves de l’Afie
méridionale Sc de l’Afrique , comme l’Indus, le
Gange , le Nil , le Sénégal , la Cambra , le
Zaïre, Sec. Y hippopotame eft même très-rare dans
le bas N il, Sc ne fe trouve communément que
depuis le Sénégal Sc l’Ethiopie jufqu’au cap de
Bonne-Efpérance.
Les Nègres de toute la côte occidentale de
l’Afrique regardent Y hippopotame connue une de
ces divinités fubalternes qu’ils nomment fétiches ;
ils ne font cependant aucune difficulté d’en manger
la chair. Ils croient aufli que cet animal eft
plus ennemi des blancs que des Nègres.
Un voyageur ( M. Boyer de Calais ) nous parle
d’un hippopotame qui s’étoit habitue depuis deux
ans dans la rade de Louangue : « Son plaifir ,
dit-il, étoit d’enfoncer toutes les petites chaloupes
ou canots ; Sc après qu’il avoit mis a la nage
tout le monde qu’elles contenoient , il s en ce-
tournoit fans faire de mal aux hommes ; mais
comme il ne laiffoit pas que d’etre incommode
ôc même nuifible, on prit le parti de le détruire.
On ne put en venir à bout avec les armes a feu ;
il avoit le coup d’oeil fi fin , qu’a' la feule lumière
de' l’amorce , il étoit auff«;ôt plongé. On le bleffa
fur le nez d’un coup de hache , tant il fe laiffoit
approcher , étant prefque familier : alors il devint
fi furieux, qu’il renverfa toutes les chaloupes ÔC
canots fans exception. » .
« On ne réuftjt pas mieux avec un piège^ de
groffes cornes , parce qu’il s’en apperçut, ôc que
dès-lors il fe tenoit au loin. On crut pouvoir le
joindre à terre , mais il n’y venoit que la nuit,
s’en retournoit avant le jour, Sc paffoit tantôt
dans un endroit, tantôt dans un autre. Cependant
comme on avoit remarqué qu’il avoit fuivi
un paffage pendant plufieurs jours de fuite , nous
allâmes cinq nous y embufquer, armes de fufils
chargés de lingots, Sc munis de fabres. L animal
ayant paffé , nous tirâmes tous enfemble fur lui ;
il fut bleffé dangereufement, mais il ne refta pas
fur le coup, car il alla encore fe jetter dans un
étang voifin , où nous le perdîmes de vue ; Sc ce
ne fut que le furlendemain que les Nègres vinrent
dire qu’ils l’avoient trouvé mort fur le bord de
l’étang. Je pris deux dents de cet animal, longues
d’un pied Sc groffes comme le poing ; il en avoit
fix de cette taille. Ces dents font d’un très-bel
ivoire. ».
Les anciens ont connu Yhippopotame ; les hippopotames
de l’Indus renversèrent plufieurs barques
de la flotte d’Alexandre , ôc ce conquérant écrivit
là-deffus à fon maître Ariftote une lettre qu’Arien
I nous a confervée , ôc où il lui demande quels
j pouvoient être ces monftres du grand fleuve qui
avoient jetté le trouble dans fa flotte. A Rome ,
Scaurus fut le premier qui préfenta Yhippopotame
en fpe&acle dans les jeux du cirque ; Ôc depuis
on rapporte , comme un trait de fiomptuofité remarquable
, que l’Empereur Philippe en fit voir
plufieurs dans les jeux féaffaires qu’il célébra.
Comme Yhippopotame n’a plus été vu en Europe
depuis ces dernières époques de la magnificence
romaine , ôc que les Naturaliftes n’ont pu
completter leurs connoiffances fur ce grand qua-
S ij