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huppe ne paroît compofée que d’une feule plume ;
mais 1 oifeau ecarte à volonté les trois plumes dont
fa tête eft parée.
La femelle diffère du mâle par les couleurs du
plumage & par le défaut de huppe ; le fommet
de fa tete eft brun ; la partie fupérieure du cou
& les co.tes font gris , avec des taches fauves
placées en long fiir le milieu de chaque plume;
tout le defïus du corps eft d’un cendré-roulfeâtre ;
les joues font variées de blanc 6c de brun ; la
gofge eft blanche ; le cou en-devant eft d’un blanc
mele de fauve qui colore le milieu de chaque
plume, 6c de gris qui en teint les bprds; à fa
partie inferieure pendent de longues plumes blanches
; la poitrine & le haut du ventre font d’un
blanc mêlé de gris , & le refte du deflous du
corps eft d’un blanc pur ; les pennes des ailes font
**un ”■cendré ; une partie de ces pennes eft
terminée de blanc ; celles de la queue font de la
meme couleur & bordées de blanc ; le bec eft
noir en - deffus, blanchâtre fur fes bords , brun
cn-deffous .& noir à fa pointe ; les pieds & les
ongles font d’un gris-brun. M. Briflon a décrit
cet oifeau lbus le nom de héron gris.
Le bihoreau a un cri rauque très-fort, & qui reffem-
ble au bruit produit par les efforts qu’un homme
fait en vomiflant. C’eft la nuit, fur - tout, qu’il
le fait entendre & iqu’il fe met en mouvement :
iffe tient caché là plus grande partie de la journée
; il fréquente également les rivages de la mer
& le bord des eaux douces ; il ne fe borne pas
aux lieux aquatiques ; il cherche aufli fa nourriture
fur les terreins fecs, & il vit également de
poilïbns, de reptiles , de grillons , de fauterelles ,
de "uers & d’infeâes. Bellon a écrit qu’il fait fon
nid fur les rochers, & il a penfé que c’étoit ce
qui lui avoir fait donner le nom de roùpeau ; il eft
plus probable, comme Wilhugby 6c Schwenckfel 1 ont écrit , que le bihoreau fait fon nid fur les
aulnes près des marais. Plufieurs auteurs le regardent
comme un oifeau de paflage ; je le crois
limplement un oifeau erratique. 11 eft toujours rare
dans nos campagnes ; on l’y connoît à peine ;
mais il n’y a pas de faifon réglée où on l’y voie.
J’ai reçu de différens endroits , dans l’efpace de
vingt —ans , au moins cinq à fix de ces oifeaux
qui avoient été tués dans des temps fort différens,
& qui n’annonçoient rien de ftable 6c de réglé
dans leur marche ; au lieu que c’eft toujours à
des époques marquées, dans la même faifon , que
les chaffeurs qui ont tué quelqu’oifeau qui leur
paroît rare & qui eft vraiment un oifeau de paf-
fage , l’adreffent aux perfonnes qui font des col- ;
levions.
M. Linné n’a pas parlé du bihoreau, d’où l’on
peut préfumer qu’il ne s’étend pas jufqu’aux pays
aufli feptentrionaux que la Suède ; mais il ne fe
trouve pas feulement dans l’ancien continent, il
habite aufli l’Amérique ; jè conferve un bihoreau
de la Louiftane ; j?en conferve un autre de
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Cayenne qui ne me paroiffent différer en rien
du nôtre. Il ne faut pas confondre ce bihoreau
avec celui que M. le comte de Buffon a nommé
bihoreau de Cayenne. Le premier eft un oifeau
très - différent, qui a échappé aux recherches de
ce célèbre naturalifte.
La plupart des auteurs ne comptent que trois
plumes à la huppe du bihoreau, 6c j’ai fuivi leur
defcription ; moi-même je n’y en ai trouvé que trois
fur la plupart des individus que j’ai examinés ; mais
j’en ai reçu l’automne dernier un vivant dont la
huppe étoit compofée de cinq plumes ; il les
tenoit la plus grande partie du temps roulées les
unes dans les autres , enforte que la huppe ne
paroiffoit compofée que d’un feul brin , mais quelquefois
il les épanouiffoit ; je l’ai nourri pendant
environ deux mois de viande crue , coupée par
petits morceaux .& de poiflons ; il digéroit fort
mal la viande & il la rejettoit fouvent : c’étoit
un animal très-trifte ; il paffoit des demi journées
entières dans la même pofition , foutenu fur un
pied , le cou replié fous la poitrine 6c la tête
pofée fur le haut du dos ; je ne lui ai jamais entendu
jetter aucun cri ; il ne faifoit prefque pas
d’autre mouvement que celui qui étoit indifpen-
fable pour prendre quelqu’aliment ; il ne changeoit
pas de place, fi on lui mettoit à manger près de
lui, quoiqu’il ait paffé plufieurs journées en liberté
dans un jardin ; par les temps les plus mauvais
il ne cherchoit point d’abri 6c il recevoit tranquillement
, fans changer d’attitude , la pluie la
plus abondante.
Le nombre différent des plumes de la huppe
étoit-il dans ce bihoreau fimplement individuel ,
ou indiquoit-il une race différente dans le genre \
Bihoreau de Cayenne.
PI. enl. 8gç.
Cet oifeau eft du genre LXXXI*, à-peu-près de
la taille de notre bihoreau ,* il a de même le b e c ,
à proportion plus court, 6c beaucoup plus gros
que la plupart des hérons : le fommet de la tête
eft blanc : une ligne tranfverfale de la même couleur
s’étend au-deffous de l’oeil de chaque côté, depuis
l’origine du bec , jufqu’au derrière de la tête :
une autre bande noire couvre le côté de la tête par-
derrière l’oeil : le derrière de la tête, la gorge , 1e haut
du cou en deffus font noirs ; cette dernière .couleur
defcend en pointe jufqu’au milieu du cou par-
derrière : le refte du cou & tout le deffous du
corps font cendrés : le dos & les couvertures des
ailes font couverts de plumes d’un noir d’ardoife
mêlé de cendré, qui entoure chaque plume fur fes
bords & à fa pointe : des plumes , dont le nombre
varie.dans les différens individus, foit naturellement
, foit par accident dans ceux que j’ai vus,
& au nombre de fix ou fept, attachées au derrière
de la tête , forment une aigrette qui n’a ni la
longueur , ni l’élégance de celle dont la tête de
notre bihoreau eft parée : ces plumes font fort
étroites ; elles font çtagées : les plus longues, qui
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Ont environ trois pouces , occupent le centre ;
les latérales vont en décroiffant : Tes unes font
entièrement blanches , les autres tout-a-fait noires,
6c il y en a de mi-parties. Le bec eft noirâtre : les
pieds , autant qu’on peut juger d’après un animal
defféché, font d’un jaune verdâtre ; les ongles
noirâtres. ' '
Le grand nombre de ces oifeaux qu on envoyé
de Cayenne , donne lieu de prefumer qu ils y
font fort communs. J’ai aufli trouve cette meme,
efpèce plufieurs fois parmi des oifeaux envoyés
de la Louifiane , mais pas aufli communément
que parmi les oifeaux qu’on envoie de la Guiane.
Comme le bihoreau d’Europe fe trouve* aufli a
Cayenne & à la Louifiane , il faudroit , pour
diftinguer celui-ci , qui habite la Guiane 6c la
Louifiane, le nommer bihoreau cendré d’Amérique.
Voyez Bihoreau.
BÏMBELÉ ou FAUSSE LINOTTE.
Le bimbelé n’eft connu que. par la defcription
que nous en a donné M. de Montbeillard ; c’eft un
des oifeaux dont il fait une feriion particulière,
6c qu’il nomme demi-fins. Voyeç D em i- f in s .
Le bimbelé a la partie fupérieure du corps de
couleur brune , plus claire fur le dos 6c plus foncée
fur la tête ; la gorge, le devait du cou, la poitrine
6c le haut du ventre, font d’un blanc-fale,
teint de jaune ; le bas-ventre 6c les couvertures
inférieures de la queue font d’un jaune ffoible :
les pennes, les couvertures fupérieures des ailes,
6c les pennes de la queue font brunes, bordées
extérieurement d’une couleur plus claire , excepte
les deux pennes les plus extérieures de la queue
qui font bordées intérieurement d’une large
bande de blanc qui eft pur vers leur extrémité,
Le bimbelé a cinq pouces de long , fept pouces
de v o l, dix-huit pennes à chaque aile , & douze a
à la queue. On le trouve à Saint-Domingue, où
il eft connu fous le nom de bimbelé 6c de faujfie
linotte, quoiqu’il n’ait aucun rapport ave.e la
vraie linotte. Le nom de bimbelé lui a été donné
par les Nègres , fur quelque reffemblance qu’ils
lui ont trouvé avec un oifeau d’Afrique : fon
chant ne roule que fur quatre ou cinq notes ;
mais les tons en font, pleins , doux 6c moelleux.
La defcription de cet oifeau n’eft pas affez dé-
taillée pour pouvoir déterminer, d’une manière
prëcife fon genre , d’après les principes de la
méthode de M, Briflon. 11 eft probable qu’il eft
du XLe genre.
BINERY. Voye£ Bruant.
BIS-ERGOT. X ’
perdrix du Sénégal. PI. enlum. 13%.
M. le comte de Buffon eft jufqu’à pré-fent le
fiéul auteur qui ait parlé du bis-ergot. Il le place à
la fuite du francolin, avec lequel il lui paroît avoir
du rapport par fa grofféur , par la longueur du bec
$C des ailes , par les éperons dont fes pieds font
armés. Mais ce qui eft particulier à cet oifeau, ou
çp qu’il ne partage qu’avec un petit nombre d’oib
i s 3 3 *
!i féaux, il a à chaque pied deux ergots. Son plumage
eft mêlé de gris & de brun : la première de ces
! deux couleurs occupe le centre 6c les bords de
! chaque plume, 6c la fécondé forme un cercle ou
un ovale entre deux. Je ne peux donner, de cet
oifeau une defcription plus détaillée , parce que je
ne le connois que par la repréfentation qui en eft
donnée, pl. enl. 137 > & ftue M‘ de Buffon n eft
pas entré dans les détails relatifs au plumage : le
bec 6c les pieds paroiffent grisâtres d’après la planche.
Cet oifeau fe trouve au Sénégal. Son plumage
• reffemble beaucoup à* celui du Iraucolin femelle.
Mais ce dernier oifeau a le bec 6c les pieds rouges
6c n’a pas deux ergots. Le bis-ergot eft., fuivant la
méthode de M. Briflon, du genre VI .
BISET. Briss. torn, l.pag.81>•
Pl. enl. $ 10.
Pigeon de montagne.
Pigeon de roche, ou rocheraye. Briss. t. I ,p . 84. Biset. Bel. Hifi. nat. des oif.pag. 3ih fig-P‘ 312* Biset ; croifeau. Bell. port, d oif. pag. 77*
Palumbella en italien. _
Loch-tub ; holtz-taube ; klein-wilde - tur en allé-,
mand.
Stock-dore en anglois. t
Le bifet eft du Ier genre. C’eft le pigeon aans
l’état libre , 6c probablement la fouche de toutes
les variétés de cette efpèce produites par la
domefticité, au moins de celles qui vivent en
Europe. Le pigeon domeftique le moins éloigné
de fon naturel, celui de nos colombiers, reffemble
plus au bifet qu’aucunes des autres races de pigeons,.
& la reffemblance eft prefque parfaite,
même dans les couleurs du plumage , entre la
plupart des pigeons de colombiers 6c les bifets*
Les pigeons domeftiques qui défertent nos habitations
, reprennent les habitudes du bifet 6c Jeur
race revient à fon plumage, d’autant plus qu il y
a plus de temps qu’elle eu libre ; enfin le bifet produit
avec les différentes variétés que nous avons
formées par art. Il eft donc plus que probable quit
eft la fouche primitive du pigeon domeftique Sides
variétés que celui - ci a fournies.
Le bifet eft de la même grofféur que le pigeon
de colombier. Le cendré tirant fur le bleu eft la
couleur dominante de fon plumage : fa gorge eft
changeante , d’un verd doré brillant ; elle a 1 eclat
6c les reflets du cuivre de rofette ; le bas du dos ou
du croupion eft couvert de plumes blanches ; les
ailes 6c la queue fpnt cendrées ; mais les ailes font
traverfées par une double bande noire ; le bec eft
d’un rouge pâle , les pieds d’un rouge v if, 6c les
ongles font noirs. Quoique le bifet vive dans 1 état
de liberté j fon plumage va r ie -quelquefois. Ce
font ces variétés qui ont été prifes par les auteurs
pour différentes elpècés , 6c qu’ils ont nommes
pigeon de montagne y pigeon de roche ou rocheraye,
fuivant les lieux où ces oifeaux -avoient fait leur
nid 9 au moment où ils les ont obfervés. La déier*
X x xij