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pas étonnant que l’on ait dit qu’il le ttouvoit des
linges en grande quantité dans les pays méridio-
naux de lun &.d e l’autre continent ; mais il
sagit de faveur fi les animaux que l’on appelle
Cnges en Afr.que & en Afie, font les mêmes
que les animaux auxquels on a donné ce même
nom en Amérique, & fi une feule de ces efpèces
le trouve egalement dans les deux continens.
1 orang-outang, ou l’homme des bois, grand &
L r fL ceft;.a_dlre’ le P°ngo & le jocko , qui ,
conformation , paraît moins différer de
ne fe trouve qu’en Afrique
Amérique me)ddaou:de > & n’exifte point en
braH f ^ boV , d° nt les iaraies de devant ou les
bras font auffi, longs que tout le corps , y commând
«eiTei eS ï mbeS grandes Indes & pointd ee nd eArrmièérrei q, ufee. trouve aux
phales r,” f S ProP.rement dits, tant les cynocé-
dont 1 qf Ceuï do,nt Ie oeufeau eft court , &
de celle deTh™ ® beaucoup
L f r 1 homme, & qui'font les vrais
' , -Ses 5 / onî tous naturels & particuliers aux
;fu“ t i t UdS re rancien. C°ntinePnt. Le b a U f r
d é fe n d « fe tr° ’^ eJ egalement que dans les
fine«. d P mendl0nales de l'ancien cond
e l Z ? kS e<Fè,ces de dnges qui n’ont point
- e ï “ ’ q,UI 11 ont qu’une queue très-courte,
Î - A ' T “Ventdonc point en Amérique ; & parmi
tous S I e ” * de lonSues queues, prefque
ous les grands fe trouvent en Afrique ; il y en
m f Z c r l “ “ T 6 q U i f ° i e n t d ’u n e t a i ! i e m ê ™
le 7 „ ! ■’ - S ,ej animaux qu’on a défignés par
y Z T e f T T É à longuZueL ,
y lont en grand nombre ; ces efpèces de petits
A es. a ^ngne <lueue font les iapajous i . les
fagoums; on peut voir dans l’hiftoire particulière
fontAff“ d' j CeS peWS fi"gesAméricains, qu’ils
font differens de ceux de l'Afrique & de i’Afie.
dont nous connoiffons trois ou
a ? fcd e fPf CeS ° " 7ariétés ’ & qni approchent
eeuuxx , ont dde8s“ m aa-i nl0sD, 8mUea isq udeoune t • leq umi .ucfoeamu mefet
beaucoup plus allongé & plus pointu, font encore
des animaux particuliers à l’ancien continent &
qui ne fe font pas trouvés dans le nouveau. Ainfi
tous les animaux de l'Afrique ou de l’Afie méri-
onale qu’on a défignés par le nom de fmges *
pplhia*ns , llees rrhïinPoacSé-Prol“s So eun lAesm téirgirqeus.e qué les é lé f
exaâes r J era- de * * erch“ ,jfc de comparaifons
les 6 î",e t’ P us ° ” fera convaincu que
T unauit des parties méridionales- de chacun
des continens, n’exiftoient point dans l’autra, &
gue Je petit nombre de ceux qu’on y trouve. jm-
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jourd’hui y ont été tranfportés par les hommes
comme la brebis de Guinée , qui a été portée
au Brefil ; le cochon d’Inde, au contraire, a éié
porte du Bçefil en Guinée, & peut-être encore
quelques autres efpèces de petits animaux, desquels
le voifinage & le commerce de ces deux
parties du monde ont favorifé le tranfport. Il y
a environ cinq cens lieues de mer entre les côtes-
du Brefil & celles de la Guinée, & il y en a
plus de deux mille des côtes du Pérou à celles des
Indes orientales. Tous ces animaux qui, par leur
nature ^ ne peuvent lupportçr le climat du Nord
ceux même quipouvant le fupporter, ne peuvent
produire dans ce même climat , font donc confinés,
de deux ou trois côtés par des mers qu’ils ne peuvent
traverfer, & d autre côté, par des terres trop froides-
qu ils ne peuvent habiter fans périr ainfi, l’on
doit ceffer d’être étonné de ce fait général, qui
d’abord paroît très-fingulier , & que perfonne ,
avant M. de Buffon , n’avoit même foupçonné,
favoir , qu’aucun des animaux de la zone-torride ?
de l’un des continens , ne s’eft trouvé dans 1 autre.
Il n en eft pas ainfi des animaux quî peuvent
aifement fupporter le froid & fe multiplier dans
les climats du Nord; on en trouve plufieurs dans 1 Amérique feptentrionaîe, & quoique ce ne foit
jamais fans quelque différence affez marquée, on
ne peut cependant fe refufer à les regarder comme
les mêmes, & à croire qu’ils ont autrefois paffé
de 1 un à l’autre continent par des terres du Nord r
peut-eüe encore actuellement inconnues, ou pkr-
tot anciennement fubmergées, 8c cette preuve
tiree de 1 Hiftoire Naturelle , démontre mieux la-,
contiguïté prefque continue , a&uelle ou paffée y
des deux continens vers le Nord , que toutes
les conjectures de la géographie fpéculative.
Les ours des Illinois & de la Louifiane , pa~
roiffent être les mêmes que nos ours ; ceux - 1*
font feulement plus petits & plus noirs.
Le cerf du Canada, quoique plus petit qu®.-
notre cerf, n’en diffère , au refte', que par la plus
grande hauteur du bois, le plus grand nombre
d andouillers , & par la queue qu’il a plus longue.
Il en eft de même du chevreuil, qui fe trouve
an midi du Canada & dans la Louifiane , qui
eft aufti plus petit, & qui a la queue plus longue
que le chevreuil d’Europe ; & encore de l’orignal,
qui eft le même animal que l’élan , mais qui n’eft
pas fi grand.
Le renne de Laponie, le daim de Groenland
ot le caribou de Canada , paroiffent ne faire qu’une
feul 8c même animal. Le daim ou cerf de Groën-
lând, décrit & deffiné par Edwards , reffembte
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èrop au renne pour qu’on puiffe le regarder comme
faifant une efpèce différente ; & à l’égard du
caribou , toutes les indications font juger que c’eft
le même animal que le renne , quoique Briffon
ait cru devoir en faire une efpèce différente, en
rapportant le caribou au cervus burgundicus de
Jonfton puais ce cervus burgundicus eft un animal
inconnu, & qui fûrement n’exifte ni en Bourgogne
ni en Europe : c’eft fitpplement un nom
que l’on aura donné à quelque tête de cerf ou
de daim dont le bois étoit bifarre.
Les lièvres, les écureuils, les hériffons , les
rats mufqués , les loutres , les marmottes , les
mufaraignes , les chauve - fouris , les taupes ,
font auffi des efpèces qu’on pourroit regarder
comme communes aux deux continens , quoique
dans tous ces genres il n’y ait aucune efpèce
qui foit parfaitement femblable en Amérique à
celles de l’Europe; & l’on fent qu’il eft bien difficile
, pour ne pas dire impoflïble , de prononcer
fi :ce font réellement des efpèces différentes , ou
feulement des variétés de la même efpèce , qui
ne font devenues confiantes que par l’influence
du climat.
Les caftors de l’Europe paroiffent être .les mêmes
que ceux du Canada ; ces animaux préfèrent les
pays froids, mais ils peuvent auffi. fubfifteV & fe
multiplier dans les pays tempérés ; il y en a encore
quelques-uns en France dans les ifles du Rhône;
il y en avoit autrefois en bien plus grand nombre ,
8c il paroît qu’ils aiment encore moins les pays
trop peuplés que les pays trop chauds ; ils n’éta-
bliffent leur fociété que dans des déferts éloignés
de toute habitation ; & dans le Canada même,
qu’on doit encore regarder comme un vafte dé-
fert, ils fe font retirés fort loin des habitations de
toute la colonie.
Les loups & les renards font auffi des animaux
communs aux deux continens ; on les trouve dans
toutes les parties de l’Amérique feptentrionaîe,
mais avec des variétés ; il y a fur-tout des renards
& des loups noirs , 8c tous y font en général plus
petits qu’en Europe, comme le font auffi tous les
autres animaux, tant ceux qui font naturels au
pays, que ceux qui y ont été tranfportés.
Quoique la bçlette 8c l’hermine fréquentent J.es
pays froids de l’Europe , elles font au moins très-
rares en Amérique ; il n’en eft pas abfolument de
même des martes, des fouines 8c des putois,
La marte du nord de l’Amérique paroît être la
même que celle de notre nord ; le vifon de Canada
relfemble beaucoup à la fouine , & le putois
raye de l’Amérique feptentrionaîe , n’eft peut-
etre qu’une variété de l’efpèce du putois de l’Europe,
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Le lynx bu loup - cervier qu*on trouve en
Amérique, comme en Europe, nous a paru le
même animal ; il habite les pays froids de préférence
; mais il ne laiffe pas de vivre & de
multiplier fous les climats tempérés, & il fe tient
ordinairement dans les forêts 8c fur les montagnes.
Le phoque fe trouve également fur les côtes de
l’Europe 8c de l’Amérique feptentrionaîe.
Voilà tous les animaux, à très-peu près , qu’ort
peut regarder comme communs aux deux continens
de l’ancien 8c du nouveau monde ; & dans
ce nombre , qui, comme l’on voit, n’eft pas con-
fidérable , on doit en retrancher peut-être encore
plus d’un tiers , dont les efpèces, quoiqu’affez fem-
blables en apparence, peuvent cependant être
réellement différentes. Mais en admettant même
dans tous ces animaux l’identité d’efpèce avec
ceux d’Europe , on voit que le nombre de ces
efpèces communes aux deux continens eft affez
petit en comparaifon de celui des efpèces qui font
propres & particulières à chacun des deux : on voit
de plus qu’il n’y a de tous ces animaux que ceux
qui habitent ou fréquentent les terres du Nord qui
foient communs aux deux mondes, & qu’aucun de
ceux qui ne peuvent fe multiplier que dans les
pays chauds ou tempérés ne fe trouvent à-la-fois,
dans tous les deux.
Il ne paroît donc plus douteux que les deu3ë
continens ne foient ou n’aient été contigus vers le
nord , 8c que les animaux qui leur font communs
n’aient paffé de l’un à l’autre par des terres qui
nous font inconnues. On feroit fondé à croire,
fur - tout d’après les nouvelles découvertes des
Ruffes au nord de Kamtschatka, que c’eft avec
l’Afie que l’Amérique communique par des terres
c.ontigues, 8c il femble au contraire que le nord
d’Europe en foit & en ait toujours été féparé par
des mers affez confidérables pour qu’aucun animal
quadrupède n’ait pu les franchir.
Cependant les animaux du nord de l’Amérique
ne font pas précifément ceux du nord de l’Afie 9
ce font plutôt ceux du nord de l’Europe. Il en
eft de même des animaux des contrées tempérées
: l’argali, la zibeline, la taupe dorée de
Sibérie, le mufe de la Chine , ne fe trouvent
point à la baie d’Hudfon, ni dans aucune autre
'partie du nord-oueft du nouveau continent ; on
trouve au contraire dans les terres du nord-eft de
l’Amérique, no.n^feulement les animaux communs
à celles du nord en Europe 8c en Afie, mais auffi
ceux qui femblent être particuliers à l’Europe
feule, comme l’élan, le renne, &c. néanmoins
il faut avouer que les parties orientales du nord
1 gfe l’Afiç font encore fi peu connues , qu’on n g