
fourcils; ce qui paroît être un de leurs caractères
diftmftifs. Ils ont les yeux noirs &c
petits , quoique la portée’ de leur vue
s’étende fort loin. Chez les Caraïbes ou
Cannibales, cet organe, où fe peignent com-
munement avec tant d’énergie les divers
mouvement de l’ame , dont il eft comme
le langage vifible , paroît être abfolument
muet, & annoncer, par un regard fixe &
ftupide, la déplorable indolence où l’on af-
fure que leur raifon refie'plongée,
Tous ces peuples, fe reffemblent plus,
au rapport des voyageurs , que les habitans
d’aucune autre contrée. Cette com-
binaifon uniformeerde traits généraux qui
rapproche ailleurs les peuples d’un même
climat, & qui fe trouve encore plus marquée
dans les habitans d’un même pays ,
femble reftreinte ici à cette reffemblance
plus particulière que l’on appelle l ’air
de famille , & qui n’admet plus que les
différences individuelles. Ulloa qui avoit
parcouru les principales parties des deux
continens de l’Amérique, affure que quand
on a vu un feul Américain, on les a tous
vus. (a) *
Des po'ils de l'Homme.
L’Homme a naturellement lë corps velu.
La face, la poitrine & une grande pairie
des bras & des jambes font toutes parfe-
mées de poils. S’il y a quelques endroits
du corps qui en foient dépourvus , il paroît
que ce font principalement les plantes
des pieds & les paumes des mains.
Il y a une forte de monftruofité qui provient
d’im trop grand accroiffement des
poils , lorfque ceux qui relient ordinairement
courts, fe font allongés autant que
ceux des parties que l’on appelle velues.
On cite beaucoup d’exemples de femmes
barbues ; mais il ne paroît pas vraifemblable
qu’il y ait, comme on l’a dit, des Nations
entières d’Hommes tout-à-fait velus.
Les poils de l’Homme font cylindriques,
excepte à leur extrémité qui eft d’une forme
conique. Leur épaiffeur varie à peu près depuis
la 700e. jufqu’à là 300e. partie d’un
pouce. AYittof a compté dans une touffe
de cheveux de la groffeur d’un pouce, 572
cheveux trè s -n o irs , 608 .d’une couleur
brune , & 790 qui étoient pâles , & par
là même plus minces que les autres. .
La force d’extenfion d’un cheveu fec
eft à celle d’un cheveu humide dans le rap.-
port de 5 à 3.5 , ou de l’unité: à fept. On a
obfervé qu’un cheveu d’Homme foutë-
n o it, fans fe rompre , un poids de 2060
grains. Un crin de cheval, qui étoit fept
fois aufli gro s, ne portoit que 7970 grains.
L’eau chaude diminue confidérahlement la
force des cheveux, & la réduit à un: dixième
de ce qu’elle eft communément.
La nature des cheveux eft très-durable ,
puifqu’on en a trouvé dans les plus anciens
tombeaux , qui s’étoient bien confervés.-
Les cheveux du foetus font d’une couleur
prefque blanche, à laquelle l’âge n’apporte
aucun changement fenfible dans les pays
froids ; cependant, les habitans des contrées
où le froid eft très-rigoureux, ont les cheveux
bruns. La couleur blonde des cheveux
étoit très-commune chez les anciens
peuples, que l’on trouvoit depuis les climats
froids, jufqu’au cinquantième degré
de latitude , comme les Germains & les
Bourguignons, En général, plus, on avance
vers la Zone torride, & plus il.eft ordinaire
de voir des cheveux noirs. On n’en
trouve point d’autres chez les Ethiopiens,
fi on excepte les Albinos, dont les cheveux
ont, ainfi que le teint, prefque la blancheur
du lait, On a cru que dés flics qui renferment
beaucoup de flegmes , faifoient
prendre une couleur blanche aux cheveux ;
qu’un tempérament bilieux les teignoit en
roux, & qu’un tempérament chaud & fan-
guin les rendoit noirs. On a trouv é, dans
des minés de cuivre , des hommes qui
avoient les cheveux verts.
Dans tous les p a ys, les cheveux des
vieillards font blancs, parce que les fucs
qui les coloraient étant épuifés, il ne refte
plus que la couleur de l’épiderme: en même-
temps , ils deviennent prefque tranfpa-
rens comme du verre blanc. On trouve
( * ) Extrait en grande partie de l’Hiftoire Naturelle de l’Homme, par M, le Comte de Buffon,
dans beaucoup d’Auteurs des exemples de
perfonnes à qui l’on prétend que la peur
a fait blanchir tout-à-coup les cheveux. M.
Haller regarde ces faits comme deftitués
de vraifemblance : on croira plus volontiers
qu’une maladie peut produire le même
effet, mais avec lenteur.
Les peuples des pays feptentrionaux ont
lés cheveux droits : ceux des "contrées méridionales
les ont crépus. On a remarqué,
au contraire , que la laine des moutons
étoit crépue dans les pays froids , &
qu’elle étoit longue & en petite quantité
dans les climats chauds.
Les cheveux croiffent à tout âge. On
lit dans plufieurs Auteurs , qu’ils prennent
quelquefois de l’accroiffement après la
mort ; mais ce n’é to it, fans doute , qu’une
apparence qui venoit de ce. que la peau ,
en fe retirant, avoit laiffé plus de faillie
aux cheveux.
On fçait que les cheveux repouffent
quand ils oat été coupés. Les poils de la
barbe que l’on a rafée-, prennent à peu près
une ligne de longueur en fept jours. Kraft a
obfervé_que les cheveux coupés'revenoient
à leur première longueur en quatre-vingt-
un jours.
Les cheveux ne font ipoint fenfibles, &
la douleur qu’éprouvent ceux à qui on les
arrache, provient de ce que la petite bulbe
qui eft à leur racine, refiftant à ,l’extraction,
on enlève néceffairement un. peu dè
peau en même-temps que les cheveux (à). *
Des ongles.
* Les ongles de l’Homme diffèrent de ceux
de la. plupart des animaux , qui les ont
épais & d’une figure conique ; au lieu que
ceux de l’Homme, & d’un petit nombre
d’animaux , font minces & applatis.
M. Haller diftingue dans l’ongle de
l’Homme , l’épiderme , la fubftance propre
de l’ongle , le réfeau ftrié .qui en recouvre .
la furface inférieure , & les mamelons qui
font renfermés dans les cannelures du
( d ) Extrait de la Phyfiologie de Haller.
i k ) Wrigth Trayels, page 437.
réfeau, comme dans âutant de petits fourreaux.
L’ongle dans le foetus , afnfi que dans
l’adulte , lorfqu’il repouffe , eft d’abord
mou & flexible , enfuite élaftique, d’une
fubftance plus dure qu’un cartilage , &
plus approchante de la corne ; fa furface
fupérieure eft liffe, ce qu’elle doit à l’épiderme
qui s’étend deffus, & la furface inférieure
eft cannelée.
Toute la fubftance de l’ongle eft infen-
fible, comme l’épiderme , & dépourvue de
vàiffeàux. Les mamelons dont nous avons
parlé, font la,caufe des grandes douleurs
que reflèntent dans l’extraûion des ongles,
ceux que l’on condamne à ce fupplice barbare
, parce qu’on ne peut arracher l’ongle
fans arracher en même - temps ces mamelons
qui y . font adhérens.
Boerhaave ayant fa it , vers la bafe d’un
dé fes ongles , à l’endroit où l’on obferve
une efpèce de croiffant, une tache rouge
indélébile, avec une difl'olution d’or dans
de l’eau régale , v it cette taché, paffer
. infenfiblement vers l’extrémité libre dé
l’ongle -, jufqu’à ce qu’elle difparût avec,
les bords de l’ongle même , à mefure qu’il
le coupoit.
On lit dans quelques Auteurs que les
ongles croiffent même après la mort ; & ,
félon le rapport d’un Anglois (/>), on les
coupoit tops les ans au cadavre de Catherine
yig r i , que. l’on confervoit depuis
250 ans.
Les ongles contribuent' évidemment à
la perfeâion du toucher. Ce fens s’exerce
à l ’aide des papilles difpofées en ligne m
raie fur la partie charnue de 1 extrémité
des doigts. O r , l’os qui eft fitué vers cette,
extrémité ne fiiffiroit pas feul pour fou-
tenir ces papilles , parce qu’il doit être
néceffairement. plus court que la partie
charnue dont nous venons de parler, afin
de fe trouver affez garni de tegumens. Si
donc il n’y avoit derrière les doigts aucun
corps qui réfiftât aux papilles, celles-ci céderaient
à la preflion des objets extérieurs,
f I