
nom dromadaire ( en latin moderne dromedarius ) ,
eft encore originairement grec ; dromas 3 formé de
dromos , courfe , vîteffe : camelus dromas , chameau
coureur.
CHAMEIK, au Pérou, efpèce de fapàjou, la
même que celle du coaita. Voye£ C o a it a .
CHAMOIS ( le ) pourroit etre regardé comme
la tige fauvage de refpèce des chèvres , fi pourtant
cette race n’eft pas iflue du bouquetin, ou peut-
être du chamois & du bouquetin enfemble. Le
chamois eft de la grandeur de la chèvre dômel-
tique . & il lui reffemble en beaucoup dé
chofes. Ses deux beaux grands yeux pleins- de
feu représentent bien la vivacité de fon naturel ;
fa tête eft couronnée de deux petites cornes de la
longueur d’un demi-pied jufqu’à neuf pouces, d’un
beau hoir, pofées fur le front, prefque entre les
yeux , inclinées en avant dans leur partie inférieure
, & courbées en arrière à la pointe en forme
d’ham-eçon. Il y a derrière ces cornes deux ouvertures
qu’on a prétendu fervir à la refpiration,
Idée qui n’eft nullement fondée , puifqüe le crâne
fè trouve fermé au fond de ces ouvertures qui
font fans iflue. De chaque côté de la face font
deux bandes de poil noir ; le refte de la tête eft
d’un fauve blanc, qui ne change jamais de couleur
j & le corps eft couvert d’un poil court comme
celui de la'biche , & qui varie fuivant les faifons ;
if eft d’un gris cendré au printemps , en été d’un
fauve de biche, en automne d’un fauve brun
mêlé de noir, & en hiver d’un brun noirâtre.
Dans le temps du rut, ces animaux ont l’odeur
encore plus forte que le bouc ; ils s’accouplent
en oflrobre &'en novembre ; ils font leurs petits
en mars & avril. Une jeune femelle reçoit le
mâle à un an & demi ; elle fait un petit par portée
, & rarement deux. Le petit fuit fa mère juf-
qu au mois d’oâobre , & quelquefois plus longtemps.
On dit qu’ils vivent vingt à trente ans.
Ces animaux fie nourriffent des meilleures
herbes ; ils choififfent les parties les plus délicates
des plantes , comme la fleur < & les bourgeons
tendres ; ils aiment fur-tout beaucoup les
herbes aromatiques , telles que la carline & le
'génépi ; ils boivent très-peu quand ils mangent
de l’herbe verte ; ils fe plaifent aufli à lécher
les. pierres comme les chèvres, & on voit dans
les Alpes des rochers creufés par leur langue : ils
ont les fens de la vue , de l’ouie & de l’odorat
excellons. Quand un chamois apperçoit ou entend
quelque1 chofe, il fe met à fiffler ave.c tant de
force , que les rochers & les forêts en retentiffent.
Ce fifflement eft d’abord fort aigu & baiffe fur la
fin ; il fe repète d’intervalle à autre. Pendant ce
temps, 1 e chamois eft dans une agitation extrême;
il frappe la terre du pied de devant, grimpe fur
des éminences, & quand il a découvert l’ennemi ,
il s’enfuit. Le fifflement du mâle eft plus aigu que
celui de la femelle ; ce/fifflement fe fait par les
narines, & n’eft -proprement qu’un-: fouffle aigu
très-fort, femblable au fon que pourroit’rendre un homme en tenant la langue au palais, ayant les
dents à-peu-près fermées, les lèvres ouvertes &
un peu allongées , & qui fouffleroit vivement &
long-temps. Mais la voix ordinaire du chamois
n’elt qu’un bêlement fort bas, peu fenfible, &
affez femblable à la voix d’une chèvre enrouée.
Le chamois 3 comme le bouquetin, eft vêtu-, en
hiver, d’une double fourrure, d’un poil extérieur
affez rude , & d’un poil intérieur plus fin & plus
fourni. Lorfqu’on prend de petits chamois, & qu’on
les élève avec les chèvres domeftiques, ils s’ap-
privoifent aifément, vont avec elles paître en
troupeaux, reviennent de même-à l’étable-; mais
nous n’avons pu apprendre fi ces animaux pro-
duifent enfemble ; ce qui réaliferoit la conjecture
que nous formons fur l’identité originelle de leurs
efpèces. Les principales différences que l’on puifle
trouver entre le bouc & 1 & chamois font, après
les cornes, la forme & la grandeur du front ,
qui eft moins élévé & plus court dans le chamois
que dans le bouc, & la pofition du nez qui
eft moins reculé que celui du bouc. Mais , en
cela même, le chamois & le bouc diffèrent moins
entre eux que ne diffèrent le dogue & le lévrier ,
qui ne font pourtant que deux races dans la même
efpèce. D’ailleurs , on fçait que le bouc & la
brebis produifent enfemble : or , le chamois eft
certainement plus près de l’efpèce de la chèvre,
que celle-ci ne l’eft dé celle de la brebis-, néanmoins,
le bouquetin paroît être éacore plus voifm
que le chamois de l’efpèce de* la chèvre. Voyez l’article
B o u q u e t in . ,
Les chamois font aufli vifs, mais moins forts que
les bouquetins ; ils font aufli en plus grand nombre :
ils vont ordinairement en troupeaux ; les gros chamois
mâles le tiennent feuls & éloignés des autres,
excepté dans le temps du rut, qu’ils s’approchent
des femelles, & en écartent les- jeunes :■ ils s’ap-
privoifent aufli plus facilement que les bouquetins,
& ils viennent' quelquefois fe mêler: aux
troupeaux des chèvres domeftiques. Leur agilité
& les précipices dans lefquels il faut les aller
chercher , - rendent la chaffedé ces animaux extrêmement
pénible & difficile ; la manière la plus
ordinaire de les tuer eft en les furprenant à la
faveur de quelques rochers ou groffes pierres,
en fe gliffant adroitement derrière & fans bruit,
examinant encore fi le vent n’y fera pas contraire
; on fe- fert de carabines rayées, bien ajuftées
pour tirer de loin avec une feule balle qui eft
forcée dans le canon. On fait aufli cette chaffe
en poftant quelques, chaffeurs dans- les paffages ,
tandis que. les autres vont faire la battue & forcer
les chamois ; il eft plus- à propos de faire ces
battues avec des hommes qu’avec des chiens,
qui les. difperfent trop vite , & les font, fuir fort
loin.
Le chamois habite les mêmes: pays que le bouquetin,
c’eft-à-dire, les plus hautes Alpes ;, mais,
il ne s’élève pas comme lui jufqu’au fommet. Son
fang aies mêmes propriétés fpécifiques que celui
du bouquetin, fa chair eft bonne à manger. Un
chamois bien gras donne 'jufqu’à dix &. douze
livres de fuif plus dur & meilleur que celui de la|.
chèvre. La peau apprêtée eft très-forte , nerveuie' :
& bien fouple ; on en fait des habits de longue
durée ,& d’un grand ufage pour la fatigue. Les
cornes fervent aufli à quelques ufages ; les maréchaux
fe fervent de celles des feriielles, qui font
plus petites-& moins courbes, pour tirer du fang'
aux chevaux. Il paroît que ces animaux font moins'
communs aujourd’hui dans les Alpes'& dans les
Pyrénées, qu’ils ne l’étoient autrefois.
Nous penlons que l’on lira avec plaifir à la
fuite de cet article, les détails fuivanscommuniqués
par M. Perroud, que fès occupations d’entrèpre-'
neur des mines de cryftal dans'les Alpes, ont
mis à portée de bien obferver ces animaux.
« Le chamois , dit M.. Perroud , eft d’une vivacité
charmante &. d’une agilité admirable. Ces
animaux font fociables erître eux ; on les trouve
ordinairement deux. ,. trois quatre , cinq , fix
enfemble , & très-fouvent par troupeaux de huit
à dix, quinze ou. vingt & plus ; j’en ai vu même
jûfqu’à foixante & quatre-vingts , ou réunis , ou
difpérfés par divers petits troupeaux fur le penchant
d’une même montagne ; lés gros chamois
mâles fe tiennent feuls & éloignés des aùtres ,
excepté dans le temps du rut , que le. befoin les
force de .s’approcher des femelles-Ils ont alors
une odeur très-forte, comme les boucs, & même
encore plus forte ; ils bêlent fôuvent, & Courent
d’une môntagnç à l’autre ; le temps de leur accouplement
eft erl oftobre & novembre : le petitfiiit fa
mère jufqu’au mois d’oéiobre fuivant, quelquefois
plus long-temps , fi lés chaffeurs. ou lés loups ne
les difperfent pas : on affur.e qu’ils vivent entre
vingt & trente ans ».
« La viande du chamois eft bonne à manger ;' un
chamois gras aura jufqu’à douze livres de fuif,
meilleur que celui de la chèvre ; le fang du chamois
eft extrêmement chaud ; on prétend qu’il approche
beaucoup du fang du bouquetin pour les qualités
& les vertus ; ce fang peut fervir aux mêmes ufages
que celui du bouquetin ; les effets en font les mêmes
■ en en prenant une double dofe ; il eft très-bon
contre les pleuréfies ; il a la propriété de divifer
le fang caillé & d’ouvrir la tfàmpiration ; les chaffeurs
mélangent quelquefois le fang du bouquetin &
du chamois, d’autres fois ils vendent celui dvc chamois
pour du fang dû bouquetin ; il eft très-difficile
d’en faire 1a différence ou la féparation ; cela
paroît annoncer que le fang du chamois diffère
très-peu de celui du bouquetin ».
« On ne connoît point de cris au chamois ; s’il
a de la voix, c’eft très-peu de chofe ; car on ne.
lui connoît qu’un bêlement fort bas, peu fenfible,
reffemblant un peu à la voix d’une chèvre, enrouée
; c’eft par ce bêlement qu’ils s’appellent entre
eux, fufîtout les mères & lès petits : mais quand
; ils ont peur ou qu’ils apperçoivent leur ennemi
. ou quelque chofe qu’ils ne peuvent pas diftinguer,.
ils s’avertiffent par un fifflement dont je vais parler
tout-à-l’heure ».
a La vue du chamois eft. des plus perçantes ;
il n’y a rien de fi- fin qué fon odorat, quand il
; voit un homme diftinftement ; il le fixe pour un
inftant , &. s’il en eft près il s’enfuit ; il a l’ouie
âufli fine que l’odoratcar il entend le moindre
bruit ; quand le vent fouffle un peu , & que ce
vent vient du côté d^ün Homme , il le fentira de
plus d’une demi-lieuë ; quand donc il fent ou
qu’il entend quelque chofe, & qu’il ne peut pas
; en faire la découverte par les yeux , il-fe metr
à fiffler- avec tant de forcé, que’ les échos dès rochers
en retentiffent ; s’ils" font plufieürs , tous prennent
l’épouvante' : ce fifflement eft aufli long qué.
. rhaleine peut tenir fans reprendre1- ; il eft d’abord
fort aigu &. baiffe fur la fin ; lé chamois fe- répofe
un inftant, regarde de tous côtés , §t recommence'
à fiffler ; il continue d’intervalle en intervalle ; il
eft dans une agitation extrême ; il frappe la terre
du pied dé dévant SC quelquefois des deux ;. if
; fe jette fur' des .pierres :grandes- St 'hautes ; il regarde,
il court1 fur des'"éminences, ôf quand il a
; découvert quelque chofe, il s’enfuit ». -
« On admire en cet animal deux beaux grand#
yeux ronds qui ont du feu , repréfentant la vi-"
vacité de fon naturel ; l'a tête eft couronnée de;
deux petites cornes, d’un beau noir, pofées dans le
■- front, prefque entre lés yeux , au contraire dé celles-
<fe.s autres animaux qui fe jetteht eh arrière ; celles-
ci forteht eri avant füf les yeux, & fe recourbent à-
lè'ùrs extrémités très -irohdemènt, Sc finiffént en-
pointe fort aigue ;. il ajufte fort jplîmèîit fies oreilles ,
à la pointe de fès cornes ; il y a deux lames de poil
noir à coté de la face en defcèn'dànt dés cornes ; le
refte de la tête .eft d’un fauve blanc t on fait ufagé
de,s cornésde châmbis pour les porter fiir des cannes ;;
les cornes des fernèllés font pïus 'petites' & moins»
courtes. ; les maréchaux s’en fervent en- façon dé
• làneettes, pour tirer du.fang' aux' chevaux ».
‘ ii. Les peaux dé chamois que Ton fait paffer à F apprêt
de la champiferië fprit très-fortes ,fouplés& ner--
veufes : on en fait de très-bonnes culottes- en jaune;
du en noir pour monter à cheval';.' ©n en fait aufli.
de très-bons gains.&.dès y,èft.és pour fa fatigue': ces»
fortes d’habiHèmens font d’une longue durée , &
d’un très-grand'ufage pour lès àrtiians ».-
« Les chamois n’habitent que lés pays froids
on les trouve plus volontiers- dans les rochers»
efcarpés. & fourcilleux que par-tout ailleurs; ils-
fréquentent lés Bois ; mais cé ne. font que les
forêts hautes & de la dernière région ces- fo~
■ rets. font, plantées de fâpins ,. dé mélèfes & de;
hctres.; ces animaux craignent fl fort la chaleur
que pendant l’été on ne lès trouve jamais que. dans-
» les antres des rochers., à l’ombre ,. foùvent parmi
des tas. dé neiges congelés, ou-de glaces ^ou dans dés»