
7 6 C O C
plus petit que le lapin. Son corps eft plus court
oc plus gros.: Tes oreilles font courtes , minces ,
tranlparentes , évafées , arrondies , prefqu’entiè-
rement dégarnies de poil ôc peu différentes de
celles des rats : il a le mufeau ôc les lèvres fem-
blables à celles du lièvre, la lèvre fupérieure fendue
comme celle du lapin. Il n’a point de queue. On
en voit de blancs, de roux ôc de noirs, ôc la
plupart font en partie blancs, .& en partie roux
oc noirs. Lorfcfu’ils fentent le froid, ils Te raffem-
blent & fe ferrent les uns contre les autres , ôc fouvent faifis par le froid , ils meurent tous en-
femble. Auffi , quoiqu’ils multiplient prodigieu-
fement , ne font-ils pas en grand nombre dans
nos climats, parce que les foins qu’ils demandent
ne font pas compenfés par le peu de profit qu’on
en tire. Leur peau n’a prefqu’aucune valeur, Ôc
leur chair , quoique mangeable , n’efi pas affez
bonne pour être recherchée.
Ces petits animaux font d’un tempéramment
fi précoce ôc fi chaud , qu’ils Te recherchent ôc
s’accouplent cinq ou fix lèmaines après leur nait-
fance, avant même qu’ils aient pris leur entier
accroiffement. Les femelles ne portent que trois
femaines' ôc mettent bas quelquefois à deux mois
d’âge. Les premières portées ne font pas fi nom-
breufës que les fuivantes qui font de fept à huit
ôc même de dix à onze petits. La mère ne les
allaite que pendant douze ou quinze jours ; elle
les chaffe dès qu’elle reprend le mâle , au plus
tard trois femaines après qu’elle à mis bas , ôc
s’ils s’obftinent à demeurer auprès d’elle , le père
les maltraite ôc les tue. Ainfi ces animaux pro-
duifent au moins tous les deux m o isô c ceux qui
viennent de naître , produifant de même , l’on
eft étonné de leur prompte ôc prodieieufe multiplication
, mais ils fe détruifent auui vite qu’ils
pullulent ; le froid ôc l’humidité , comme nous
avons déjà dit , les font mourir ; ils lailfent manger
leurs petits par. les chats , ôc fe laifTent manger
eux-mêmes fans réfiftance.
Ils font naturellement doux ôc privés , mais
fans prendre d’attachement ; ils n’ont de fentiment
bien diftinél que celui de l’amour ; ils font alors
fufceptibles de colère ; ils fe battent cruellement,
ôc fe tuent même quelquefois entr’eux, lorfqu’il
s’agit de fe fatisfaire ôc d’avoir la femelle. Du
relie , leur yie fe palfe à dormir ôc manger ; leur
fommeil eft court, mais fréquent ; ils mangent à
toute heure du jour ôc delà nuit; ils ne boivent
jamais , ôc cependant ils urinent à tout moment.
Ils fe nourriffent de toute forte d’herbes , fur-tout
de perfil , qu’ils préfèrent au fon, à la farine ôc
au pain ; ils aiment auffi beaücoup les pommes
ôc les autres fruits ; ils mangent précipitamment,
à-peu-près comme les lapins , peu à la fois , mais
très-fouvent. Ils frottent leur tête avec leurs pattes
de devant, ôc fe tiennent fouvent affis fur celles^
de derrière. Ils ont un grognement femblable à
celui d’un petit cochon de lait ; ils ont auffi une
C o C
efpèce de gazouillement qui marque leur plaifir
lorfqu’ils font auprès de leur femelle , ôc un cri
fort aigu , lorfqu’ils reffentent de la douleur.
Le cochon d’Inde eft le cuniculus Indus de
Gefner ; le cavia cobaya de Pifon , de Klein ÔC
de Ray : le lapin des Indes , de Brillon.
C o c h o n m a r r o n , cochon de la race commune
, tranfportée en Amérique ôc devenu faù-
vage dans les forêts du continent ou des ifles de 6e nouveau Monde. Les cochons marrons fe font
prodigieufement multipliés dans la plupart de ces
contrées ; ils vont par troupes quelquefois de
-plufieurs centaines , particulièrement pour palier
les rivières , ôc les chaffeurs Taififfent ce's oc calions
pour les tuer en grand nombre. On en diftingue
de trois efpèces :
Ceux de la première ont la taille raccourcie
la tête grolfe , le mufeau peu alongé ôc les dé-
fenfes fort longues : les jambes de devant plus
courtes que celles de derrière prefque d’un tiers ,
ce qui les fait fouvent culbuter , lorfqu’ils courent
en defeendant. Ils deviennent féroces Ô C très-
dangereux , quand ilsTont bielles par les chaffeurs.
On prétend qu’ils ont été apportés par les Ef*
pagnols dans le temps de la découverte de l’Amérique
, ôc qu’ils ont été tirés de Cadix où on en
voit encore qui leur reffemblent beaucoup.
Les cochons marrons de la‘ fécondé efpèce ne
diffèrent en aucune façon de nos cochons domestiques
, ôc il paroît qu’ils fe font échappés des
parcs où on les nourrilîoit après avoir été transportés
aux Illes.
Ceux de la troifième efpèce font appellés
cochons de Siam , parce qu’ils ont été apportés
aux Ifles par des vaiffeaux françois qui revenoient
de Siam Ôc des Indes.
C o c h o n - n o i r . Quelques-uns ont appellé ainfi
le pécari. Voye£ P é c a r i .
COENDOU, (le) eft un animal hériffé dé
piquans comme le porc-épic, avec lequel néanmoins
il ne faut pas le confondre. Il en diffère ,
foit par la conformation , foit par les habitudes
naturelles, foit par l’oppofition des climats qu’ils
habitent l’un ôc l’autre. Le coendou eft de beaucoup
plus petit que le porc-épic ; il a la tête à proportion
moins longue , ôc le mufeau plus court;;
il n’a point de panache fur la tête ni de fente
à la lèvre fupérieure ; fes piquans font trois ou
quatre fois plus courts ôc beaucoup plus menus
que ceux du porc-épic ; il a la queue longue , au
lieu que celle du porc-épic eft très-courte.
Il y a deux efpèces de coendous. Les plus grands
pèfent douze à quinze livres. Ils fe tiennent fur
le haut des arbres ôc fur les lianes qui s’entrelacent
dans les plus hautes branches. Ils fe nourriffent
des feuilles de ces arbres ôc ne mangent
que de nuit. Leur odeur eft très-forte , ôc on les
lent de fort-loin. On ne les trouve deux à deux
que lorfqu’ils font en chaleur ; dans les autres
temps, ils fe tiennent feulg. Les femelles font
deux
C O E
deux petits ÔC les dépofent dans le trou d’un
arbre qui, eft pour elles un domicile qu’elles ne
quittent jamais. Ces animaux mordent quand on
s’y expole , mais fans ferrer beaucoup. Leur chair
eft bonne à manger.
Lés coendous de la petite efpèce peuvent pefer
fix livres. Les tigres leur font la guerre, ôc on ne
les trouve jamais à terre pendant le jour. On dit
que les deux efpèces ne fe mêlent pas. Ni l’une
ni d’autre n’eft nombreufe. On peut apprivoifer
ces animaux. Ils fe trouvent dans toute l’étendue
de l’Amérique, depuis le Bréfil ôc la Guiane
jufqu’à la Louifiane, Ôc aux parties méridionales
du Canada.
Il eft très-vraifiemblable que le coendou eft le
même animal que celui qu’on nomme au Mexique
hoit^lacuat^in , ôc que la différence des idiomes
a feule donné lieu à l’erreur des Naturaliftes qui
en ont fait des efpèces différentes.
Le coendou eft le cuandu de Marcgrave ôc Pifon ;
ïhoit^lacuatçin de Hernandez ôc de Nieremberg ; le
chat épineux de Defmarchais le porc-épic d’Amérique
, grand porc-épic d’Amérique ôc porc-épic de
la Nouvelle Êfpàgne, de Briffon.
COES-COES. Nom vraifemblablement altéré ,
fous lequel différens Zoologift.es ont défigné un
animal des Indes Orientales, qui paroît être le
même que celui que nous indiquons fous le nom
de eufos. Voyeç ce mot.
COESDOES , q u i f e d o i t p r o n o n c e r coudous,
e f t l e n o m q u e l e s H o t t e n t o t s d o n n e n t a u c o n -
d o m a . Voye^ C o n d o m a .
COND OM A ou, coëfdoës, ( prononcez coudous )
bel animal d’Afrique*, qui., par là grandeur de fa
taille, la légéreté de fa marche, la firieffe de fes
jambes , ôc la manière haute dont il porte fa-
tête , a beaucoup de rapport au cerf, mais qui
en diffère néanmoins effentiellement en ce qu’il
ne porte pas un bois, mais des cornes , ôc par
plufieurs autres cara&ères. Cet animal a environ
quatre pieds de hauteur ; fes cornes en ont trois
à quatre de longueur ; leurs extrémités font
éloignées l’une de l’autre de plus de deux pieds ;
elles font grifes, blanchâtres à la pointe ; fteur
arête fuit toutes leurs inflexions ou courbures, ôc
elles font un peu comprimées ôc torfes ; la femelle
porte des cornes comme le mâle ; les oreilles font
larges ôc la queue eft brune à fon origine , blanche
fur le milieu ôc noire à l’extrémité qui, eft terminée
par une touffe de poils affez longs. Le
poil eft court ôc raz fur la plus grande partie du
corps, ôc le pelage ordinairement gris Ôc quelquefois
rouffâtre ; il y a fur le dos une ligne
blanche .qui s’étend jufqu’à la queue ; il defeend 4e cette ligne fept barres de même couleur
blanche, .dont quatre fur les cuiffes ôc trois'fur
les flancs ; dans quelques individus, ces barres
defeendantes font au nombre de huit , ôc même
de neuf ; il y en a d’autres qui n’en ont que fix ;
ruais ceux qui en ont fept font les plus communs.
Hijloirc Naturelle. Tom. 1.
C O N 97
Sur l’arête du cou eft une efpèce de crinière
formée de longs poils ; le devant de la tête eft
noirâtre, ôc du coin antérieur de chaque oe il,
il part une ligne blanche qui s’étend fur le mufeau ;
le ventre ôc les pieds font d’un gris blanchâtre ;
il y a des larmiers fous les yeux.
Ces animaux fe trouvent dans l’intérieur des
terres du cap de Bonne-Efpérartce ; ils ne vont
point en troupes comme certaines efpèces de
gazelles ; ils font des fauts ôc des bonds furpre-
nans ; on peut les apprivoifer ôc les nourrir de
pain, de riz , d’avoine , d’herbes , de foin , de
carottes, ôcc. Dans leur pays natal ils broutent
l’herbe ôc mangent les boutons ôc les feuilles
des jeunes arbres. Leur voix reffemble, dit-on ,
à celle de l’âne.
CONEPATE , ( le ) appellé par les Anglois
polecat, ôc par les Suédois fifkatte, eft une efpèce
de mouffette, diftinguée en ce que le conepate a „
fur un fond de poil noir, cinq bandes blanches
qui s’étendent longitudinalement de la tête à la
queue. Du relie, il a les,mêmes habitudes Ôc la
même puanteur que les autres mouffettes. ( Voye^
ce mot ). Il fe trouve , comme le coafe, à la
Louifiane , à la Caroline, à la Nouvelle Efpagne ,
ôc le tepemaxtla de Fernandez nous paroît être
le même animal.
CONIN , conil, en vieux françois , lapin.
COQUALLIN , ( le ) animal que l’on a rapporté
à l’écureuil , ôç qui lui reffemble , mais
qui eft beaucoup plus grand. Il eft joli ôt très-
remarquable par fes couleurs : il à le ventre d’un
beau jaune, ôc la tête, auffi bien que le corps,
variés de blanc, de noir, de brun ôc d’orange ;
il fe couvre de fa queue comme l’éciireuil ; mais
il n’a pas , comme lui, des pinceaux de poil à
l’extrémité des oreilles ; il ne monte pas fur les
arbres ; il habite , comme l’écureuil de terre ou
l’écureuil fuiffe , dans des trous ôc fous les racines
des arbres ; il y fait fa bauee , y élève fes petits,
ôc remplit auffi fon petit domicile de grains ôc
de fruits pour fe nourrir pendant l’hiver ; il eft
défiant ôc même affez farouche pour ne jamais
s’apprivoifer. Il paroît être particulier aux contrées
méridionales de l’Amérique.
Coquallin eft formé par contraélion de coçtio-
totequallin, qui eft fon nom Mexicain dans Fernandez.
1 . A .
C O R I , d’Oviédo, paroît être le même animal
que l’apérea. Voye£ A p è r e a . |j
CORINE, ( la ) eft une gazelle du Sénégal qufi
reffemble beaucoup à la gazelle commune ôc au
kevel, mais qui eft encore plus petite que le
kevel, Ôc qui a les cornes beaucoup plus menues,
plus courtes ôc plus liffes que celles de la gazelle
Ôc du kevel. Cet animal n’a que deux pieds Ôc
demi de longueur, ôc moins de deux pieds de
; hauteur ; il a les oreilles longues de quatre pouces
ôc demi, la queue de trois pouces , les cornes
. de fix , Ôc de fix lignes feulement d’épaiffeur ;